Longtemps les théories du développement ont reposé sur l’émergence de l’économie; accumulation de capital était synonyme de réussite. Selon cette théorie, l’injection massive de capitaux représente le levier adéquat au développement régional (Jean, 2008). Aujourd’hui, on priorise de plus en plus l’approche locale dans le développement ; des projets qui satisfont directement les besoins des communautés. On préconise une approche ascendante et l’État-nation approuve une configuration territoriale à multiples échelles (Klein, 2008). Le développement se construit autour du « local ». Les dynamismes locaux sont désormais respectés dans l’élaboration d’un projet de société. Pour la communauté, le local représente la base pour la mise en œuvre de projets et initiatives de développement ; l’action locale est favorisée. La diversité des réalités régionales est, elle aussi, mise de l’avant.
Le changement de paradigme qui centre l’attention sur le local est profitable tant aux communautés qu’à l’État. Vraisemblablement, cela autorise l’État à se départir de certaines responsabilités sociales et à les transférer aux acteurs de la société civile (Klein, 1998, 2008). Les collectivités locales conçoivent les projets et les gouvernements deviennent des partenaires ; moins chers pour l’État et plus efficaces pour la collectivité. La décentralisation et le retour à l’échelle locale de l’après-fordisme mettent en lumière la nécessité d’un sentiment d’appartenance au territoire et à la communauté comme facteur de développement ; les communautés sont motivées par cette appartenance et s’engagent à la réalisation de projets communs dans l’espace qu’ils ont construit (Tremblay et Gagnon, 1995).
La définition du développement local peut varier en fonction la position des acteurs. Il peut être perçu comme un modèle alternatif de développement, une nouvelle stratégie de développement ou encore, une stratégie de dernier recours (Prévost, 1993). Néanmoins, tous s’entendent pour affirmer que le développement local implique une communauté qui tend à devenir maître de son environnement afin d’en améliorer la qualité. Le développement local est la partie opérationnelle du développement territorial. Sa réussite requiert donc la participation, la concertation et la mise en commun des parties prenantes. Il serait utopique de croire que le développement local peut se limiter aux ressources locales. Au contraire, son succès repose sur la combinaison de ressources endogènes et exogènes (Klein, 2008). Les interactions et le partenariat entre les différents acteurs sont essentiels au développement local.
Le développement endogène, souvent associé au développement local, est une approche volontaire, une démarche partant de la base pour revitaliser économiquement et socialement les communautés. En se développant par ellesmêmes et en répondant à leurs besoins, les collectivités deviennent plus outillées pour faire face à l’économie actuelle et minimisent leur dépendance vis-à vis les métropoles et la grande entreprise (Hassink, 2010). Elles deviennent plus résistantes aux périodes de stress économique et elles évoluent vers des communautés résilientes. La résilience d’un territoire est sa capacité à s’adapter, résister et se préparer aux chocs économiques, sociaux, politiques ou environnementaux l’affectant. « La résilience territoriale s’inscrit donc dans la lignée de concepts comme l’espace vécu, l’appropriation de l’espace ou l’identité territoriale. » (Martin et Brisson, 2013 : 7) La relation entre territoire et communauté est vue comme une force interne influençant la volonté d’un développement local.
FACTEURS DE SUCCÈS DU DÉVELOPPEMENT LOCAL
Selon Prévost (2001), l’objectif ultime du développement local se situe dans l’accroissement du patrimoine collectif d’une communauté : « Pour s’assumer, une communauté doit retrouver sur son territoire sinon le maximum, du moins suffisamment de leviers économiques, décisionnels, financiers et culturels pour influencer son avenir de façon positive et assurer elle-même une grande partie de l’accroissement de son bien-être. » (p.7).
Ainsi, le succès du développement local s’inscrit dans le patrimoine de la communauté, la dynamique sociale, les initiatives de développement, l’enrichissement collectif et l’environnement même de la collectivité. Le patrimoine d’une communauté est composé de la population, de l’appareil financier, de l’appareil décisionnel, de l’appareil économique et des aspects socioculturels liés au développement. La population est la principale ressource d’un territoire et enracine la base du développement ; plus son sentiment d’appartenance, son esprit d’initiative et son goût de l’innovation sont développés, plus elle sera impliquée dans son propre développement. L’appareil financier (les entreprises et les ménages) finance le développement et l’appareil décisionnel facilite ce dernier.
Bref, le développement local trouve son succès dans l’existence d’un sentiment d’appartenance, des leaders servant de catalyseurs à l’action, un esprit d’entrepreneuriat, des entreprises et des initiatives locales, un effort soutenu et une stratégie axée sur les petits et les grands succès (Prévost, 2001). Le renouvellement du développement d’un territoire est engendré par une somme de facteurs endogènes (Hassink, 2010). Afin d’introduire les dimensions géographique et sociale de ce concept, l’identité et l’ancrage territorial ainsi que le capital social ressortent comme deux notions importantes à étudier, spécialement dans le cas des villes minières. En effet, de par les particularités des villes minières, le sens donné aux lieux par les résidents ainsi que les caractéristiques des interactions dans la collectivité sont d’intérêts pour cette étude.
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