Facteurs de risque du paludisme dans la banlieue

La collecte de données sur le paludisme

Cette étude a nécessité une importante collecte de données biomédicales, environnementales et sociales. 

Les données biomédicales

Elles mettent en évidence les informations de morbidité et celles entomologiques à Guédiawaye et Pikine. Les premières nous ont été fournies par le laboratoire de parasitologie de l‟UCAD. Au cours de la période allant d‟août 2009 à janvier 2011, le service de parasitologie de la faculté de médecine de Dakar a mené un projet à Guédiawaye et Pikine : Efficacité et innocuité de 25 l‟association Artesunate-Amodiaquine versus Artemether-luméfantrine pour le traitement du paludisme à Plasmodium falciparum non compliqué dans les sites de Bagdad (District de Pikine) et Guédiawaye (District de Guédiawaye)4. Les registres de suivi des malades renfermaient les informations suivantes : l‟adresse des patients, le sexe, l‟âge, le poids, le diagnostic, la parasitémie, entre autres. Cette base de données a été notre source d‟informations sanitaires. Elle a été exploitée au courant de l‟année 2011 au sein des structures de santé pilotes. Son exploitation fut essentielle pour une géographie du paludisme, car permettant d‟établir des statistiques dans le temps et dans l‟espace. Les données de goutte épaisse et de test de diagnostic rapide ont été utilisées, car permettant de confirmer la présence du parasite responsable de la pathologie (morbidité diagnostiquée). Elles permettent aussi de mesurer la quantité de parasite présente dans le sang des patients (parasitémie). Ces variables biomédicales ont servi à calculer et à spatialiser l‟incidence du paludisme dans les quartiers de Guédiawaye et Pikine. Elles nous ont permis de distinguer les populations exposées aux piqûres de moustique, les disparités spatiales de l‟exposition et les zones à risque palustre. La combinaison de ces deux données permet de déterminer la répartition spatiale du paludisme au niveau des quartiers de Guédiawaye et Pikine (Voir chapitre 3, carte n°11, 12 et 13). Dans notre cas, la morbidité et la parasitémie qui varient selon les formes d‟exposition des populations aux vecteurs, constituent des indicateurs pertinents pour la transcription spatiale du paludisme dans la zone d‟étude. Pour les secondes, elles font référence aux peuplements de vecteurs palustres mais aussi à la localisation et observation des gîtes de reproduction de ces derniers. Ces données entomologiques permettent la mise en évidence des facteurs favorables à la maladie, en précisant la dynamique des peuplements des vecteurs et des gîtes. Ces informations sont constituées de deux types de données : celles de captures de moustiques issues d‟une étude dans la région de Dakar « Conditions of malaria transmission in Dakar from 2007 to 2010 »Evaluation de l‟efficacité et de la tolérance des combinaisons artésunate-amodiaquine, dihydroartémisinine-pipéraquine et artéméther-luméfantrine pour le traitement du paludisme à Plasmodium falciparum non compliqué au Sénégal.  A partir de l‟étude, six (6) sites représentatifs de la diversité de l‟environnement urbain des banlieues de Dakar (Gadiaga et al. 2011) ont été retenus. En revanche, les données relatives aux gîtes de moustiques sont des données originales qui ont été collectées pour, ce travail de thèse, à l‟occasion d‟une prospection systématique (rue par rue) de la zone d‟étude. Parmi les six (6) sites d‟étude sélectionnés dans la banlieue de Dakar : quatre (4) sont choisis dans le département de Pikine (Pikine Ouest, Pikine Est, Thiaroye Maire et Touba Thiaroye) et deux (02) à Guédiawaye (Roi Baudouin et Doro Aw) (Carte n°1). La banlieue de Dakar s‟est développée dans des espaces où les zones humides abondent, ces « Niayes » sont des affleurements des nappes de sub-surface (planche photos n°1). Elles constituent un site privilégié pour la reproduction des moustiques. Le choix des points de capture de l‟étude s‟est fait afin de couvrir une diversité d’environnements aussi grande que possible en termes de type d’urbanisation, de végétation, de niveau socio-économique etc. Les sites ont été délimités sur le terrain afin de couvrir une superficie d’environ 200 x 200m, en fonction des contraintes techniques et logistiques présentées par le paysage. Les zones étudiées sont présentées et répertoriées dans la figure n° 1, chaque point étant le centre de la zone (Gadiaga, 2011). En fonction de ces critères, les sites suivant ont été sélectionnés comme point de capture de moustique : Le site n°7 (Pikine Ouest), le site n°26 (Pikine Est), le site n°43 (Thiaroye Mairie), le site n°44 (Touba Thiaroye), le site n°33 (Doro Aw) et le site n°15 (Roi Baudouin). La collecte de données a débuté en septembre 2007 et s‟est terminée en juillet 2010, couvrant ainsi une période de trois (3) ans. Les sites ont été visités durant les deux (2) saisons de l‟année à savoir la saison sèche et la saison des pluies, afin de préciser la dynamique de reproduction des moustiques. Planche-Photo 1: Niayes à Guédiawaye et Pikine Source : Prospection terrain, Cissé 2011 et 2012 Carte1: Sites de capture de la banlieue de Dakar Source: The use of remotely sensed environmental data in the study of malaria (Machault, 2010). Réalisation: CISSE Birane 29 En complément des données précitées, nous avons également collecté des données de gîte à vecteur. La télédétection à travers le traitement numérique des images satellites a été utilisée afin d‟identifier les sites de reproduction des moustiques et de leur dynamique. Cet outil permet d‟avoir des résultats qui rendent compte des éléments de l‟occupation et de leur distribution spatiale (Bannari, 1999; Morant, 1999; Collet, 2001). Les traitements réalisés à l‟aide des outils de télédétection, se sont appuyés sur une scène Landsat couvrant notre zone d‟étude. Il s‟agit d‟une image issue du satellite Landsat  ETM + recueillie après le 31 mai 2003 mettant en évidence l‟ensemble des zones humides de Guédiawaye et Pikine avant l‟arrivée des travaux de l‟autoroute à péage (Dakar-Diamniadio). Cette scène fait partie des données Landsat ayant bénéficié des corrections radiométriques et géométriques. Elle nous permet d’avoir des sites d’observation qui ne sont pas impactés par les activités humaines. A partir de l‟image sélectionnée, nous avons réalisé une classification non supervisée qui consiste à segmenter la scène en classe à l‟aide du logiciel ENVI 4 (Barima et al.., 2010). Nous avons choisi entre cinq (5) et dix (10) et pour le nombre d‟itérations nous avons mis cinq (5) afin de réduire les marges d‟erreurs. Cette opération nous a permis d‟obtenir les éléments de l‟occupation du sol des départements de Guédiawaye et Pikine avec une mise en évidence des zones potentielles de développement de vecteurs du paludisme (carte n°2 : Sites d’observation et points de mesure à Guédiawaye et Pikine). L‟identification de ces milieux a été suivie par le choix des points de mesures et d‟observations. La combinaison des résultats de la télédétection nous a montré une infinité d‟endroits propices à la reproduction des moustiques. Pour limiter le coût de l‟échantillonnage, six (6) points d‟observation ont été sélectionnées afin d‟être suivis. Ces points sont localisés non loin des points de capture de moustiques. Sur ces différents sites, nous avons effectué des observations ainsi que des mesures sur ces collections d‟eau afin de décrire leur capacité de production de moustiques. Pour chaque site, nous avons pris trois (3) points de mesures afin de déterminer la qualité de l‟eau et les paramètres (tels que la température, la salinité et le pH) ont été mesurés. Les observations ont systématiquement consisté à la détection de larves de vecteurs du paludisme et de prédateurs comme les guppies (petit poisson d’eau douce). Cette phase nous a permis d‟identifier les zones humides propices à la mise en place de gîtes de moustiques.