FACTEURS ANTINUTRITIONNELS DES FEUILLES
DES 7 ESPECES DE BAOBABS
Bref historique de la découverte des baobabs
Le baobab est originaire de l’Afrique tropicale. Indiscutablement, c’est en 1354 que les récits des voyages d’Ibn Battuta, célèbre explorateur arabe, mentionnent cet arbre dans le bassin du Niger. Au 16ème siècle, les fruits se trouvaient au marché du Caire où ils étaient utilisés pour leur propriété fébrile mais ont de nos jours disparu des étals du marché. Le baobab fut décrit pour la première fois par un européen, Prospero Alpino, en 1592 dans De plantis Aegypti liber (Livre des plantes d’Egypte). C’est également dans ce même livre que le nom de baobab a été employé pour la première fois sous la graphie « ba hobab » qui est devenue au XVIIe siècle « baobab ». Il semble bien que « ba hobab » provienne du terme arabe « bu hibab » qui signifie « fruit aux nombreuses.graines ». En 1750, Michel Adanson (1727-1806) découvre cet arbre que l’on nommait « l’arbre aux calebasses » dans les îles du Cap-vert et au Sénégal. Ce botaniste français fut le premier à en publier une description botanique détaillée avec illustrations en 1757 et en rapporta des échantillons à Paris. Il réalise alors le lien avec les fruits déjà décrits par Alpino en 1592 et nomme cet arbre baobab. Mais Carl von Linné et Bernard de Jussieu n’ont pas retenu ce nom pour le genre de cette espèce d’arbre et proposèrent à cette époque le nom scientifique définitif Adansonia en référence au botaniste. A Madagascar, les premières planches de description de baobab sont publiées en 1605 : variété Adansonia rubrostipa. En 1952, Perrier de la Bâthie propose une première nomenclature des 8 espèces, révisée en 1995 par David Baum. (www.futura-sciences.com) II. Position systématique La classification des espèces d’Adansonia est fondée sur des études systématiques, écologiques, morphologiques, phénologiques et certains aspects génétiques, effectués par BAUM (BAUM, 1991, 1995, 1996 et 1998). Règne : VEGETAL Embranchement : ANGIOSPERMES Groupe : DICOTYLEDONES Classe : ROSIDAE Sous classe : EUROSIDS Ordre : MALVALES Famille : MALVACEAE Genre: Adansonia La famille de MALVACEAE regroupe 271 genres et 4025 espèces incluant les BOMBACACEAE, les STERCULIACEAE et les TILIACEAE. Le genre Adansonia est composé de huit espèces dans le monde qui sont réparties dans trois sections: – La section des BREVITUBAE qui comprend deux espèces endémiques malgaches : Adansonia grandidieri Adansonia suarezensis Synthèse bibliographique 4 – La section des LONGITUBAE qui contient cinq espèces dont quatre espèces endémiques malgaches et une espèce endémique d’Australie : Adansonia rubrostipa Adansonia za Adansonia madagascariensis Adansonia perrieri Adansonia gibbosa (espèce endémique représentant le genre en Australie) – La section ADANSONIA qui ne comprend qu’une seule espèce commune en Afrique, à Madagascar et aux îles Comores : Adansonia. digitata. III. Description du genre Adansonia La description du genre Adansonia a été faite a partir des travaux de BAUM (BAUM, 1995) et de SCHATZ (SCHATZ, 2001). Les baobabs sont des arbres longévifs, de petite à grande taille, décidus au tronc renflé massif s’effilant du bas vers le haut ou en forme de bouteille. L’écorce est lisse ou foliacée, brun rougeâtre à grise, présentant souvent une couche photosynthétique verdâtre juste sur la surface. Les feuilles sont alternes, composées palmées, caduques. Les folioles sont entières ou dentées, penninerves, dont le nombre varie suivant les espèces et permet de les distinguer. Les fleurs sont de type pentamères, axillaires, solitaires, régulières, grandes. Le calice est vert ou marron, soudé, enfermant la fleur dans le bouton. Les baies ont de forme sphérique à ovale. Les graines sont enfouies dans une pulpe spongieuse blanche. IV. Répartition géographique du baobab dans le monde et à Madagascar IV.1. Aire de répartition dans le monde Il existe 8 espèces du genre Adansonia dans le monde. Une seule espèce se trouve au nord-ouest australien (Adansonia gibbosa ou gregori), sept espèces à Madagascar dont six sont endémiques (Adansonia grandidieri, Adansonia madagascariensis, Adansonia perrieri, Adansonia rubrostipa, Adansonia suarezensis et Adansonia za) et une introduite (Adansonia digitata). Cette dernière est la seule se trouvant dans les savanes africaines. Le Baobab d’Afrique, Adansonia digitata est le plus répandu des 8 espèces. A l’Ouest, elle s’étend du Cap – Vert aux plaines côtières du Ghana, du Bénin et du Togo. Au Nord, elle est limitée par le Sahara. Les Baobabs ont depuis longtemps été exportés hors d’Afrique principalement en tant que culture ornementale. Ils sont ainsi localement implantés dans de nombreuses régions d’Asie (Inde, Sri Lanka, Malaisie, Java, Philippines, Taiwan), dans le Sud de la péninsule arabique et dans bon nombre d’îles de l’arc Caraïbes, en Floride ou à Hawaï. Synthèse bibliographique 5 . Figure 1: Aire de répartition des 8 espèces de baobab en Afrique, Madagascar et Australie (DIOP, 2006)
. Aire de repartition à Madagascar
BAUM (BAUM, 1996) a établi l’aire de répartition des baobabs à Madagascar et celleci est complétée par les prospections de RAZANAMEHARIZAKA (RAZANAMEHARIZAKA, 2009). Les cartes 1 et 2 illustrent les distributions géographiques des éspeces de baobab à Madagascar. Synthèse bibliographique 6 Carte 1 : Répartition d’Adansonia suarezensis, A. perrieri, A. za et A. grandidieri. Source : RAZANAMEHARIZAKA, 2009 Synthèse bibliographique 7 Carte 2 : Répartition d’Adansonia madagascariensis, A. digitata, et A. rubrostipa Source : RAZANAMEHARIZAKA, 2009 A. rubrostipa Synthèse bibliographique 8 On peut classer les espèces en deux groupes suivant l’étendue et la discontinuité de leur aire de répartition.
Espèces à répartition étroite
Adansonia suarezensis : cette espèce se localise uniquement dans l’extrême nord de Madagascar à la périphérie de la Baie d’Antsiranana. Elle est largement répartie dans la ville d’Antsiranana et dans les villages avoisinants. Adansonia perrieri : elle se trouve uniquement dans la province d’Antsiranana, sur les sols basaltiques et sur les sols calcaires du plateau de l’Ankarana, ainsi que dans le parc national de la Montagne d’Ambre. Adansonia grandidieri : cette espèce est limitée dans deux secteurs du Sud-Ouest malgache : – dans le secteur de Morondava : à Bekonazy, à Andranomena et à Marofandilia sur la route qui mène à Belo sur Tsiribihina ainsi qu’à Antonga ; – dans le secteur de Morombe : entre la rivière Mangoky et le lac Ihotry, à Befandriana-Sud et à Andavadaoka. Adansonia madagascarensis : elle a une aire de répartition un peu plus large et discontinue. Les zones où cette espèce est présente sont : – la région du Boina : dans la forêt de Betsalo, dans le bassin de Majunga – dans le Sambirano – à proximité d’Antsiranana et sur le plateau de l’Ankarana. Adansonia digitata : elle se localise dans l’Ambongo et dans le Boina (BAUM, 1996 & RAZANAMEHARIZAKA, 2008)
Espèces à large répartition
Adansonia rubrostipa : elle se rencontre le long de la côte Ouest de Madagascar, allant d’Itampolo (Sud-ouest) à Soalala (Nord–ouest). Son aire de répartition est discontinue dans trois secteurs : – le secteur de Tuléar, dans différents types de substrat : dunes, plateaux calcaires aux environs de Tuléar – le secteur de Menabe et de Morombe – le secteur d’Ambongo, de Besalampy à Soalala où elle est inféodée généralement aux sols sableux. Adansonia za : elle se rencontre du nord au sud ouest de Madagascar de façon discontinu, elle est distribuée le long des versants sud et ouest de l’île, de l’Androy à Sambirano. On peut distinguer 5 secteurs : – le secteur de l’Androy et de l’Anosy – le secteur de Sud-ouest de Madagascar sur le plateau de Mahafaly, ainsi que dans les régions de Tuléar et de Sakaraha – le secteur du Menabe et de Morombe où elle est parfois accompagnée d’A. rubrostipa. Tel est le cas de la forêt de Kirindy Synthèse bibliographique 9 – le secteur du Boina – le secteur de Sambirano.
Partie I : Synthèse bibliographique |