Facteurs affectant la dynamique des populations de la mineuse de la tomate (Tuta absoluta) en saison des pluies

Facteurs affectant la dynamique des populations de la mineuse de la tomate (Tuta absoluta) en saison des pluies

La mineuse de la tomate, Tuta absoluta

Origine et répartition géographique 

Originaire d’Amérique du Sud, T. absoluta a été déclaré pour la première fois en Europe dans la province de Castellon en Espagne en fin 2006 (Urbaneja et al., 2007). Elle s’est répandue dans toute la région méditerranéenne (Italie, France, Grèce, Portugal, Maroc, Algérie et Tunisie) mais aussi dans le centre de l’Europe (Albanie, Roumanie, Bulgarie, Lituanie…) et même au Moyen-Orient (Israël, Koweït, Syrie, Irak, Arabie Saoudite…) (Urbaneja et al., 2013). Le ravageur a ensuite envahi plusieurs pays d’Afrique subsahariens (Brévault et al., 2014; Pfeiffer et al., 2013) (Fig. 1). Figure 1 : Propagation de la mineuse en Afrique (d’après Guimapi et al., 2016) Présence de la mineuse Origine de la propagation 

Caractéristiques de la mineuse

 Selon Urbaneja et al., (2013), le cycle de développement de T. absoluta comprend quatre stades : œuf, larve, chrysalide et adulte. Les œufs de forme cylindrique, mesurent 0,4 mm de longueur et 0,2 mm de diamètre. Ils sont blancs-crème dès leurs pontes et deviennent jauneorange près de l’éclosion. On note quatre stades larvaires. En L1, les larves sont de couleur crème, de tête sombre et mesurent 1,6 mm. Après l’éclosion, elles pénètrent dans les feuilles, les fruits ou les tiges de tomate pour s’alimenter et se développer. Leur couleur vire alors progressivement au vert. Elles se nourrissent uniquement sur les tissus du mésophile et laissent l’épiderme intact. En L2 et L3, les larves mesurent respectivement 2,8 mm et 4,7 mm de longueur. Lorsqu’elles atteignent le quatrième stade larvaire, une tâche longitudinale, rougeâtre apparaît au niveau dorsal. Au cours de ce dernier stade larvaire, elles peuvent atteindre 8 mm de long. La larve arrête de s’alimenter quand elle est prête à réaliser sa nymphose et généralement tombe en sol à l’aide d’un fil de soie. La nymphose peut aussi se réaliser sur les feuilles. Les chrysalides sont de forme cylindrique, verdâtre au début, mais deviennent plus foncées quand elles s’approchent de l’émergence. La chrysalide mesure 4,3 mm de longueur et 1,1 mm de diamètre. Elle est habituellement couverte d’un cocon blanc soyeux. Les adultes mesurent 7 mm de longueur et présentent des antennes filiformes. La couleur de leurs écailles varie de l’argent au gris. Leurs ailes antérieures présentent des taches noires. Généralement, les adultes sont cachés pendant la journée et montrent une très grande activité matinale et crépusculaire. Les femelles présentent un abdomen de couleur crème et elles sont généralement plus grandes que les mâles. 

Biologie de la mineuse

 La mineuse T. absoluta a un potentiel de reproduction très élevé. Chaque femelle peut pondre 40 à 250 œufs au cours de sa vie. Les œufs sont déposés le plus souvent sur la face inférieure des feuilles, sur les jeunes tiges tendres et les sépales des fruits immatures (Coleacp PIP, 2013). Le cycle de développement est d’environ 21 à 24 jours à une température de 26-27°C, et de 33 à 40 jours à 20-21°C (Barrientos et al., 1998). Les femelles sont capables de s’accoupler six fois au cours de leur vie. Dans les conditions du bassin méditerranéen, l’insecte peut faire jusqu’à 10 ou 12 générations par an (Desneux et al., 2010). La longévité de l’insecte est influencée par les conditions environnementales. La durée de vie moyenne est d’environ 10 à 15 jours chez les femelles et 6 à 7 jours chez les mâles (Estay, 2000; Desneux et al., 2010) Figure 2 : Cycle de vie de Tuta absoluta 

 Plantes hôtes de la mineuse

 Dans plusieurs pays d’Amérique du sud, ce lépidoptère est considéré comme l’un des principaux ravageurs de la tomate (Luna et al., 2012). Néanmoins, l’insecte attaque également plusieurs espèces de Solanaceae cultivées telles que la pomme de terre (Solanum tuberosum), Adulte -Femelle, 10 à 15 jours -Mâle, 6 à 7 jours Larve : – 08 à 10 jours – 4 stades larvaires Œufs -0,35mm de long -Éclosion 4 à 6 jours Chrysalide : -10 jours à 12 jours 5 l’aubergine (Solanum melongena), les piments (Capsicum sp), le tabac (Nicotiana tabacum), ainsi que les Solanaceae sauvages telles que Lycopersicon hirsutum, Solanum americanum, Solanum elaeagnofoliu, Solanum hirtum, Solanum lyratum, Solanum nigrum, Solanum puberulum, Datura stramonium, Datura ferox, Nicotiana glauca (Desneux et al., 2010). En Europe, T. absoluta a été trouvé occasionnellement sur plusieurs autres espèces de plantes, comme le coqueret du Pérou (Physalis peruviana) et le haricot vert (Phaseolus vulgaris) (Coleacp PIP, 2013). En Afrique sub-saharienne, l’insecte s’attaque aux Solanaceae locales cultivées du genre Solanum, comme les aubergines africaines (Solanum aethiopicum, Solanum anguivi, Solanum macrocarpon, Solanum scabrum, Solanum villosum) (Coleacp PIP, 2013). 

Dégâts causés par la mineuse

 Les dégâts sont importants et souvent spectaculaires. Les femelles préfèrent pondre leurs œufs sur les feuilles (73%), sur les tiges (21%), les sépales (5%), ou les fruits verts (1%) (Estay, 2000; Coleacp PIP, 2013). La chenille se nourrit du mésophile et affecte la capacité photosynthétique de la feuille réduisant ainsi le rendement de la culture (Urbaneja et al., 2012). Les premières attaques de T. absoluta sont localisées préférentiellement sur les parties jeunes des plantes. Elles se manifestent par l’apparition sur les feuilles de galeries blanchâtres (seul l’épiderme de la feuille subsiste, le parenchyme étant consommé par les chenilles) renfermant chacune une chenille et ses déjections (Coleacp PIP, 2013). Les tiges et les fruits sont aussi attaqués, ces derniers étant infectés secondairement par des pathogènes secondaires les rendant impropres à la consommation (Desneux et al., 2010). Figure 3 : Dégâts sur les feuilles de tomate Figure 4 : Dégâts sur les tiges de tomate (Photo S. Sylla) (Photo S. Sylla) 6 Figure 5 : Dégâts sur les fruits de tomate (Photo S. Sylla) 

 Les stratégies de contrôle

Mesures prophylactiques Selon Krid & Messati (2013), les mesures prophylactiques consistent à éliminer les plants et organes atteints ou suspects et les brûler ; à désherber l’intérieur et les alentours des serres ou des parcelles de plein champ pour supprimer les plantes refuges ; à désinfecter les sols entre deux plantations sous serre pour supprimer les pupes et à protéger les ouvertures des serres avec des filets insect-proof. Une surveillance et une détection précoce du ravageur dans les cultures sont importantes pour une bonne gestion du ravageur (Decoin, 2011). La gestion intégrée de T. absoluta est fondée essentiellement sur des mesures prophylactiques, sur la détection précoce par les pièges à phéromone sexuelle et sur l’utilisation d’insecticides sélectifs (Badaoui et al., 2010). 

 Lutte chimique 

Dans le bassin méditerranéen, la stratégie de lutte la plus courante contre T. absoluta est l’utilisation d’insecticides chimiques. Toutefois, leurs utilisations intensive peuvent conduire à l’apparition d’une résistance des populations de T. absoluta (Siquieira, et al., 2000; Bielza, 2010). Selon Lietti et al., (2005), l’emploi non raisonné d’insecticides a contribué à une baisse d’efficacité de la plupart des matières actives autorisées contre T. absoluta. Ainsi, T. absoluta a développé des résistances à la plupart des molécules utilisées telles que l’abamectine, le deltamethrine et le spinosad (Lietti et al., 2005; Siquieira, et al., 2000).

Table des matières

Résumé
Abstract
Sommaire
Introduction
Chapitre 1 : Synthèse bibliographique
I. La mineuse de la tomate T. absoluta
I.1. Origine et répartition géographique
I.2. Position taxonomique de la mineuse
I.3. Caractéristiques de la mineuse
I.4. Biologie de la mineuse
I.5. Plantes hôtes de la mineuse
I.6. Dégâts causés par la mineuse
I.7. Les stratégies de contrôle
I.7.1. Mesures prophylactiques
I.7.2. Lutte chimique
I.7.3. Lutte biotechnique
I.7.4. Lutte biologique
Chapitre 2 : Matériel et Méthodes
I. Zone d’étude
II. Sélection des parcelles
III. Piégeage des adultes de la mineuse
IV. Observations au champ et au laboratoire
V. Suivi des surfaces de cultures de Solanaceae
VI. Analyse statistique des données
Chapitre 3 : Résultats et discussion
I. Résultats
I.1. Données climatiques .
I.2. Dynamique des populations adultes de la mineuse
I.3. Dynamique des populations larvaires de la mineuse
I.4. Dynamique des ennemis naturels de la mineuse
I.4.1. Prédateurs
I.4.2. Parasitoïdes
I.5. Plantes -hôtes
I.6. Surfaces en Solanaceae cultivées
I.7. Facteurs de variation de l’abondance des adultes de la mineuse
I.8. Facteurs de variation de l’incidence de la mineuse
II. Discussion
III. Conclusion et perspectives
Les références bibliographiques

 

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