EXTRAIT DE LA LOI SUR L’EDUCATION PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
Loi LOI N° 2008-011 modifiant certaines dispositions de la loi n°2004-004 du 26 juillet 2004 portant orientation du Système d’Education, d’Enseignement et de Formation à Madagascar. TITRE PREMIER PRINCIPES FONDAMENTAUX Section I Droits à l’éducation et à la formation Art 1 : l’éducation est une priorité nationale a solue et l’enseignement est o ligatoire à partir de l’âge de six ans. Art 3 : l’Etat s’engage à instaurer un système d’éducation, d’enseignement et de formation capa le d’assurer l’épanouissement intellectuel, physique, moral, civique et artistique de chaque individu. Certaines valeurs culturelles spécifiques au pays, telle que les notions de « aina », de « fanahy maha-olona, de « hasina » ou de « fihavanana » sont prises en considération.
FLUCTUATION POLITIQUE CONCERNANT L’EDUCATION A MADAGASCAR
En 1810 Radama, jeune prince de 18 ans, succède à son père et devient roi de l’Imerina, région d’Antananarivo. Il o tient l’appui des anglais de l’Ile Maurice, qui envoient des instructeurs pour moderniser l’armée, et des missionnaires ; ceux-ci fondent en 1820 la première école de Madagascar et en 1823 l’écriture du malgache en caractères latins est définitivement codifiée. Le statut de l’école malgache est am igu dès l’origine ; Radama voulant l’écriture pour administrer son royaume, tandis que les enseignants missionnaires ne pensaient qu’à convertir. En 1828 Radama meurt et sa femme, la reine Ranavalona lui succède ; mais, c’est en 1835 qu’éclate la crise : Ranavalona chasse les missionnaires européens, ferme les écoles et persécute les chrétiens malgaches. Cette année-là, quelques milliers d’élèves fréquentaient une centaine d’écoles et la première i le en malgache venait d’être imprimée. En 1862, après la mort de Ranavalona, les missionnaires peuvent revenir, et l’année suivante, presque toutes les écoles sont rouvertes par les missions anglicanes, catholiques, luthériennes et presbytériennes. En 1869 le gouvernement interdit les cultes traditionnels et ordonne à tous les hommes li res de l’Imerina de choisir l’une des quatre religions chrétiennes et d’inscrire leurs enfants dans l’école de la mission correspondante. L’invasion française en 1895 marque la fin du monopole des missions. La colonie fonde des écoles laïques, d’a ord pour les enfants des français, puis pour les jeunes malgaches. En 1907, il existait 389 écoles du premier degré affectées à “l’enseignement des indigènes” ; en principe, l’enseignement est o ligatoire pour tous les enfants de 8 à 13 ans. Cet objectif ne sera jamais atteint, cependant la scolarisation se développe pendant la colonisation et le protectorat postcolonial jusqu’en 1972 ; tous les niveaux d’enseignement, technique, secondaire, supérieur, furent créés. Mais cet enseignement qui privilégiait le français, et où le malgache était réduit au rang de langue secondaire, heurtait les aspirations de nombreux malgaches. Après les troubles qui agitèrent Madagascar de 1972 à 1975, le nouveau gouvernement décréta la malgachisation de l’enseignement primaire. Les parents qui le pouvaient envoyèrent leurs enfants dans des écoles privées qui enseignaient le français, langue maintenue pour le secondaire et le supérieur, tandis que les écoles primaires publiques dont les enseignants étaient de plus en plus mal payés et dont les équipements se détérioraient, s’enfonçaient dans la misère, plus encore que l’ensem le de la société malgache. Les cantines scolaires disparurent. Les écoles de formation des V instituteurs disparurent et le gouvernement imposât à tous les nouveaux bacheliers un Service National de deux ans pour suppléer au manque d’enseignants. Le français fut de nouveau enseigné à partir de la troisième année du primaire. En 1991 Madagascar signe la convention internationale des droits de l’enfant dont l’article 28 précise que « Les États parties reconnaissent le droit de l’enfant à l’éducation, et en particulier, en vue d’assurer l’exercice de ce droit progressivement et sur la base de l’égalité des chances ; ils rendent l’enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous. » En 1992, la chambre des députés, dans la politique de passage du socialisme au li éralisme, supprime le Service National et la gratuité de l’enseignement ; l’école reste o ligatoire de cinq à seize ans, mais, les parents d’élèves de chaque école primaire pu lique, réunis en association (FRAM), devront désormais recruter et rémunérer les enseignants, et aussi financer les fournitures scolaires et les dépenses de fonctionnement de l’école. Cette mesure présentait le dou le avantage de réduire les dépenses pu liques, et d’assurer la scolarisation de tous les enfants puisque les parents qui, faute de ressources, ne peuvent pas payer l’école sont dans l’illégalité. Ces réformes ont été difficiles à appliquer, et des aménagements ont été nécessaires ; des aides internationales soutiennent l’école pu lique depuis plusieurs années ; les écoliers reçoivent chaque année un kit scolaire, des vermifuges et des vitamines. Les enseignants fonctionnaires, recrutés il y a plus de 35 ans, forment un corps en extinction. Les enseignants FRAM représentent aujourd’hui plus de 80% des enseignants des écoles primaires publiques de Madagascar ; la plupart ont au moins le BEPC ; ils sont recrutés à chaque rentrée avec un CDD de 10 mois et ne touchent pas de salaire mais une gratification. Un financement international spécial leur permet de toucher en principe 50000 ariary (17,5 €) par mois dix mois par an, mais seuls les plus anciens ont cette chance, et pour l’année scolaire 2009-2010, ils n’ont touché cette indemnité que pendant huit mois, soit 140 € pour l’année ; cette indemnité est complétée par la part versée par le FRAM qui s’élève au maximum à 17,5 € par mois. Au total, leur rémunération s’élève en principe à 350 € par an, en fait eaucoup moins pour le plus grand nombre. Dernière mesure administrative concernant l’école, en 2009, le gouvernement éta lit une taxe sur les écolages versés par les parents des élèves de l’enseignement privé. D’institutions internationales financées par des gouvernements étrangers, des organisations philanthropiques et des ONG apportent leur aide aux écoles malgaches, mais les écoles privées VI sont les principales bénéficiaires, et les écoles publiques qui accueillent les enfants les plus pauvres restent très démunies. Source : Simon Duteil, « Un instituteur colonial à Madagascar au début du XXe siècle », Histoire de l’éducation [En ligne], 128 | 2010, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le éà avril 2016. URL : http://histoire-education.revues.org/2271 ; DOI : 10.4000/histoireeducation.
RETROSPECTIVE SUR L’EDUCATION A MADAGASCAR : ENTRE DECADENCE ET DEFIS DE REDRESSEMENT
Deux rapports d’études sur l’état de l’éducation ont été sortis en 2013. Ces documents ont mis en lumière une détérioration rapide de la situation éducative, qui n’a cessé de s’aggraver depuis la crise. Mais, en même temps, un grand pas vers l’amélioration de l’accès à l’éducation de ase a également marqué l’année dernière. La crise a interrompu une décennie de progrès en matière de scolarisation. Cette conclusion a été tirée du rapport de la Banque mondiale, pu lié le 18 juin 2013. Intitulée « l’éducation primaire en temps de crise », cette étude constitue la toute première analyse sur l’impact de la crise politique durant quatre années successives sur la scolarisation des enfants. Une situation attestant la négligence de ce secteur aussi crucial auquel dépend l’avenir du pays. A travers cette étude, la Banque mondiale a décidé de tirer la sonnette d’alarme. Elle a invité le pays à prendre des mesures drastique pour inverser la tendance actuelle, qui fait état d’un demi-million d’enfants non scolarisés. L’augmentation du udget alloué à ce secteur figure parmi les résolutions que le pays devrait prendre de toute urgence. Car selon les enquêtes menées par l’équipe de la Banque mondiale, 26% des ménages évoquent les pro lèmes financiers comme étant la principale raison de l’a andon scolaire et de la non-scolarisation de leurs enfants. De là, faut-il espérer la motivation des parents avec une charge supplémentaire, à titre de cotisations Fram, alors qu’ils ont même de la peine à équiper leurs enfants ? Certes, on ne peut pas répondre à cette question par l’affirmatif, vu la diminution du taux de la scolarisation primaire qui est passé de 63 % en 2008, à 50 % en 2011. Le manque d’infrastructures et de manuels scolaires ne font qu’empirer la dégradation de l’enseignement. D’ailleurs, la compétence de ces maîtres Fram remet en question la qualité de l’éducation. Cependant, ils forment les 2/3 des enseignants dans les établissements scolaires publics. L’éducation dans la liste rouge de la corruption VII Outre le problème financier, le poids de la corruption anéantit également le secteur de l’éducation. A travers son rapport, présenté le 2 octo re 2013, Transparency international a montré com ien l’intensification de la lutte contre la corruption dans le secteur de l’éducation est nécessaire. A ce propos, les résultats du baromètre mondial montrent que la corruption dans le secteur éducation est placée en 7è position avec un taux de 56% pour Madagascar et un taux de 41% pour la moyenne mondiale. Les bases de données du Cajac Madagascar, parmi les principaux domaines où est signalée la corruption, l’éducation arrive en 4è position ; ce qui représente 9% de la totalité des signalements de cas de corruption reçus au niveau du centre. Recrutements frauduleux, détournement de fonds, pot-de-vin…Ce sont entre autres les formes et modes de corruption pratiquées dans le secteur éducation à Madagascar. Nouveaux défis fixés par le plan intérimaire 2013-2015 Face à tous ces indicateurs qui virent tous au rouge, le ministère de tutelle a bénéficié d’un appui de ses partenaires techniques et financiers afin qu’aucune génération ne soir sacrifiée par les impacts de cette longue crise politique. Ainsi, une vaste campagne nationale de scolarisation a été lancée au mois d’août 2013. L’événement a été accompagné de l’inauguration officielle du plan Plan intérimaire pour l’éducation 2013-2015. La campagne et le Plan intérimaire ont pour objectif de maintenir l’accès des enfants malgaches à l’éducation primaire et d’éviter tout particulièrement que le nombre d’enfants déscolarisés n’augmente. Le Plan a préconisé ainsi un ensemble de mesures, notamment la prise en charge des subventions de la plupart des enseignants communautaires des écoles primaires publiques (EPP), le développement des cantines scolaires dans les zones à risque alimentaire élevé, la mise en place d’une campagne de scolarisation et de cours de remise à niveau pour les enfants déscolarisés, la construction de nouvelles salles de classe, et la distribution de kits scolaires à tous les élèves des EPP. Par ailleurs, la campagne nationale de scolarisation invite chacun à participer aux efforts de scolarisation des enfants et rappelle la nécessité d’inscrire les enfants au cours préparatoire (CP1) dès l’âge de 6 ans. Avec cette première campagne, le ministère de l’Education nationale et ses partenaires prévoyaient 50.000 enfants supplémentaires qui vont rejoindre les EPP lors de la rentrée scolaire 2013-2014. Un engagement à renouveler annuellement, vu qu’environ 80.000 nouveaux enfants sont en âge d’être scolarisés chaque année.