Toute prolifération désordonnée des cellules ou tissus peut aboutir à la constitution d’une tumeur. Quand une cellule se divise de façon anormale mais demeure néanmoins fonctionnellement et structurellement proche de la cellule normale, elle entraîne la formation d’une « tumeur bénigne » refoulant les tissus environnants,ans les envahir. Ces tumeurs bénignes peuvent prendre des proportions importantes. Leur ablation chirurgicale assure en général, la guérison du patient. En revanche, si les cellules se divisent de façon anarchique et acquièrent la capacité d’envahir des tissus voisins, de migrer en d’autres sites du corps (formation de métastases), elles se multiplient en détruisant I’architecture tissulaire et finalement la fonction de l’organe envahi, elles sont appelées « tumeurs malignes » ou cancers.
Les cancers peuvent apparaître dans la plupart des tissus, en reproduisant en général de façon plus ou moins bonne la structure tissulaire où ils ont pris naissance. Selon I’origine des cellules dont ils sont issus, ils sont classés en différentes catégories dont les principalesont : les carcinomes, de structure épithéliale, les sarcomes nés des tissus de soutien (os, muscles, vaisseaux sanguins, tissu conjonctif…) et les leucémies et lymphomes qui sont des cancers des lignées hématopoiétiquest lymphoides
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. Une femme sur dix en est atteinte dans les pays développés (Wooster et Stratton, 1995). ll s’agit essentiellement de carcinomes, nés de l’épithélium glandulaire mammaire. L’incidence du cancer du sein est particulièrement élevée en Europe de I’Ouest, en Amérique du Nord, en Australie où elle représente 20 à 30 l » de tous les cancers observés chez les femmes (Parkin et coll., 1988). En revanche, I’incidence la plus faible est observée au Japon (10,3 %), dans la plupart des pays en voie de développement, en Europe de l’Est et en Asie (Adami et coll., 1990). Dans ces régions à taux faible de cancers du sein, t’incidence de ces cancers progressent de manière régulière de 15 ans à 50 ans, âge à partir duquel un plateau est observé (Ellman, 1987). Dans tous les pays l’incidence du cancer du sein augmente. Celle-ci peut être partiellement imputée à une augmentation de la durée moyenne de vie, ainsi qu’à une détection plus précoce des tumeurs (Blot et coll., 1987). Pourtant le cancer du sein reste une des causes principales de mortalité chez la femme dans les pays développés, spécialement parmi les femmes de moins de 45 ans.
La glande mammaire est une glande exocrine, dérivé ectodermique apparenté aux glandes annexielles cutanées. Sa fonction est de sécréter le lait permettant de nourrir les nouveaux nés. Chaque glande mammaire est constituée d’une vingtaine de lobes indépendants séparés par un tissu conjonctif dense. Chaque lobe possède un canal excréteur distinct s’ouvrant individuellement au mamelon. Chaque lobe est formé de lobules, constituant les unités sécrétrices, soutenues par un abondant tissu conjonctif. La structure histologique des glandes mammaires varie avec le sexe, l’âge et l’état physiologique
La glande mammaire apparaît chez l’embryon humain de quelques semaines sous la forme d’un épaississement épidermique constituant initialement la crête mammaire, puis l’ébauche mammaire. Cette ébauche mammaire de forme sphérique comporte des bourgeons épithéliaux d’abord pleins puis creux, qui vont se multiplier et croître progressivement vers le tissu conjonctif pour devenir les canaux mammaires.
Chez les hommes, la glande mammaire reste à ce stade rudimentaire. Chez les femmes, à la puberté, !’augmentation de la sécrétion hormonale ovarienne va induire une prolifération des canaux galactophores avec constitution de formations tubulo-acineuses à leurs extrémités et accumulation de tissu adipeux intra et interlobulaire provoquant une augmentation du volume mammaire
Chez la femme adulte, chaque lobe est constitué de canaux galactophores ramifiés avec à proximité de l’orifice mamelonnaire une zone de dilatation à contours sinueux-correspondant au sinus lactifère . Ces canaux se divisent progressivement, du revêtement cutané jusqu’à la profondeur du sein, pour constituer des canaux de moyen et petit calibre et aboutir à l’unité terminale ducto-lobulaire (UTDL).
L’UTDL comporte des canaux extra- et intralobulaires qui se terminent par les acinii ces acini sont fonctionnels essentiellement pendant la grossesse et la lactation. On sait maintenant (Wellings, 1975) que la plupart des lésions mammaires bénignes ou malignes prennent naissance dans ces UTDL .
L’ensemble du réseau glandulaire est tapissé d’un revêtement épithélial cubocylindrique associé à une couche discontinue de cellules myoépithéliales, reposant par t’intermédiaire d’une membrane basale sur un fin réseau conjonctif.
Au cours du cycle menstruel, en dehors de la grossesse, ilexiste de discrètes modifications, minimes mais constantes, de la structure histologique de la glande liées aux variations du climat hormonal.
Pendant la grossesse, la glande mammaire atteint son développement maximal avec mise en place du tissu sécrétoire proprement dit. Sous l’influence des hormones de grossesse, il existe une importante prolifération des canaux galactophoriques, formation active de tubes et alvéoles sécréteurs et raréfaction du tissu conjonctif et adipeux. La sécrétion lactée n’apparaît véritablement qu’après la naissance de l’enfant. A I’arrêt de la lactation, ilexiste une involution naturelle du tissu sécrétoire et retour à la situation antérieure à la grossesse .
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