Exploitation du web sémantique pour la veille
technologique
La veille sur le Web
Dans un monde de la globalisation de l’économie, des échanges économiques autant que la transformation rapide et profonde des sciences et techniques, l’entreprise moderne, pour s’adapter, rester compétitive et prospérer, doit anticiper les évolutions de son environnement. L’information est au cœur d’une telle démarche d’intelligence stratégique, technique, économique et sociale. L’entreprise doit être constamment informée des dernières découvertes, inventions ou innovations. Elle doit pour cela s’imposer une constante observation des mutations scientifiques, techniques et technologiques. Dans les dernières années, l’essor d’Internet a favorisé l’apparition de nombreuses informations disponibles en ligne et le Web promet d’être une mine d’or pour toutes les organisations. En effet, un grand nombre de documents publics et disponibles sur Internet (dépêches de presse, bases de données bibliographiques scientifiques et techniques, etc.) ou en Intranet (mails électroniques, rapports techniques, rapports d’activité) contiennent potentiellement de l’information utile à la décision. Le volume croissant et l’hétérogénéité des informations posent de vrais obstacles à dépasser pour efficacement exploiter cette mine d’or. Dans ce contexte, la veille sur le Web est aujourd’hui un processus vital pour une entreprise. Le besoin d’être correctement informé et alerté est de plus en plus évident, et donne naissance à un domaine professionnel : la veille, avec en particulier la veille stratégique, la veille technologique, la veille concurrentielle.
Qu’est ce que la veille ?
Le terme « veille » est souvent utilisé pour désigner cette activité de surveillance de l’environnement des entreprises. Sous un effet de mode, une récente prolifération d’adjectifs est venue qualifier le terme de veille. On trouve ainsi les appellations veille industrielle, veille globale, veille environnementale, veille stratégique, veille informative, veille technologique, veille concurrentielle, veille commerciale, veille d’acquisition, veille des ressources humaines… Cette terminologie est employée selon des pratiques assez confuses. Toutes ces veilles ne sont pas censées couvrir les mêmes activités. On peut définir la veille générale comme l’ensemble des activités de surveillance sur l’environnement d’une entreprise pour fournir des données utiles à la définition de ses stratégies d’évolution. Cette surveillance récolte donc des informations de natures très variées: économique, financière, commerciale, scientifique, technique, technologique, sociologique, politique, juridique, les clients, les sous-traitants, les fournisseurs… Nous avons préféré l’appellation veille industrielle (utilisée par Martinet et Ribault dans [Martinet et Ribault, 1989]) à ses synonymes veille globale, veille environnementale, veille informative, veille stratégique parce qu’elle paraît mieux retranscrire la réunion de l’ensemble de ces activités et surtout parce qu’elle précise à qui elle s’adresse. Nous faisons le point sur les différents aspects de la veille et présentons en détail un aspect important concernant la thèse : la veille technologique.
Typologie de veille
Il existe plusieurs critères pour différencier les types de veille. Nous présentons ici la typologie de veille selon le domaine d’application, l’horizon de temps sur lequel porte la recherche d’informations, le mode de conduite de la recherche et l’attitude culturelle face à l’information.
Domaines d’application
Les divers types de veille sont souvent regroupés en quatre grands domaines d’application: veille technologique, veille concurrentielle, marketing ou commerciale, veille sur les autres facteurs de l’environnement (veille sociale, environnementale, …). La veille technologique Cette veille consiste à surveiller : les dépôts de brevets, l’évolution de normes, l’évolution des technologies, les ruptures technologiques, les procédés de fabrication, la recherche fondamentale, les articles scientifiques, les thèses, les rapports scientifiques. Cette activité est généralement située dans la direction Recherche et Développement. Son objectif est d’aider à améliorer les produits existants, créer de nouveaux produits, éviter d’être contrefacteur, connaître les projets des concurrents. Ses clients sont les ingénieurs des bureaux d’études et de production. La collecte de l’information est souvent du ressort du centre de documentation aidé par les ingénieurs de la propriété industrielle pour les brevets. La veille concurrentielle Cette veille permet de connaître parfaitement ses concurrents directs. Il s’agit de disposer d’une description la plus complète possible : identification (adresse, forme juridique), activité, effectifs, marques gérées, résultats financiers, rapport d’activité, publicité, productions, investissements, projets. Une bonne partie des informations est directement collectée par la direction Marketing en association avec la direction Financière. Le centre de documentation est cependant sollicité pour compléter par des sources formelles les informations sur les marques, la production et les projets. La veille commerciale Elle consiste à collecter des informations sur ses propres clients, leurs taux de satisfaction, leurs besoins, connaître la part de marché du produit, connaître les marges des produits concurrents ainsi que leurs techniques de vente. Réalisée généralement au sein de la direction Commerciale, la veille commerciale est un produit de l’activité du service Marketing et Commercial. La veille sociale Elle permet de suivre la réglementation sociale en cours et à venir par la présence dans des groupements professionnels. La direction de ressources humaines prend cette activité à son compte car elle a une grande pratique de l’analyse des textes juridiques. La veille environnementale Elle concerne la protection de l’environnement. Cette contrainte est actuellement forte. Elle fait partie des soucis de la recherche et du développement car ce problème concerne non seulement la production mais aussi la destruction du produit. Cette veille peut être associée à la veille technologique. La veille juridique Elle concerne les législations et règlements nationaux, européens et internationaux pour avoir une incidence sur l’offre ou sur les modes de fonctionnement de l’entreprise. La veille géopolitique Elle s’intéresse à l’environnement international, aux risques politiques, sociaux et économiques des pays instables ou des marchés émergents. La veille stratégique Elle coordonne les différentes veilles. Elle peut présenter une ou plusieurs facettes appelées : veille technologique, veille commerciale, veille concurrentielle, etc. Compte tenu de la nature des informations concernées, elle s’apparente au traitement du signal. Elle participe à l’information de la direction pour ses choix de développement. Elle exige une organisation globale, des outils appropriés et un animateur coordinateur. La veille stratégique est le processus informationnel par lequel l’entreprise peut s’informer de l’état et de l’évolution de son environnement économique en vue de survivre avec succès. La veille sur le Web 13 [Lesca et Blanco, 2002] a donné la définition suivante de la Veille Stratégique : « La Veille Stratégique est le processus par lequel un individu ou un groupe d’individus traquent, de façon volontariste, et utilisent des informations à caractère anticipatif concernant les changements susceptibles de se produire dans l’environnement extérieur dans le but de créer des opportunités d’affaires et de réduire des risques et l’incertitude en général ». Finalement l’objectif de la veille stratégique est de permettre d’agir très vite et au bon moment. La capacité de survie des organisations dépend pour partie de leur aptitude à anticiper les changements extérieurs et à s’adapter.
Horizon de temps sur lequel porte la recherche, le mode de la recherche et l’attitude face à l’information
La séparation des diverses veilles basées sur la nature des informations traitées, favorise une exploitation localisée des données au détriment d’une vision globale : par exemple, une veille technologique nécessite la connaissance des acteurs du marché, notamment ceux dont la technologie domine. Il s’ensuit des problèmes de circulation de l’information, de redondance, de perte d’efficacité. L’hétérogénéité de la population concernée et la diversité des problématiques expliquent la complexité de la mise en oeuvre d’une approche globale de la veille. [Degoul, 2001] propose d’adopter un angle d’observation nouveau basé sur la performance globale. Il privilégie trois axes d’analyse : l’horizon de temps sur lequel portent la recherche d’informations, le mode de conduite de la recherche et l’attitude culturelle face à l’information. Trois horizons de temps sur lequel porte la recherche caractérisent les informations recherchées : – Recherche d’informations rétrospectives : la recherche concerne des évènements totalement réalisés, des faits accomplis. – Recherche d’informations concernant le passé récent : La recherche concerne des évènements qui viennent juste de se produire ou qui sont en cours de réalisation. – Recherche d’informations concernant le futur : L’objectif est de repérer, cette fois sur un horizon de temps probabilisable (au-delà nous rentrerions dans la prospective), des évènements en préparation, non encore réalisés. Les modes de conduite de la démarche de la recherche d’information sont : – Recherche ponctuelle : La recherche est menée pour répondre à une préoccupation immédiate. L’objectif étant de trouver une réponse, elle s’arrête lorsque les éléments de réponse sont trouvés. – Recherche permanente : La recherche est menée de façon récurrente. L’objectif est ici de suivre au « fil de l’eau » les évolutions des composantes de l’environnement. – Recherche en vue de formuler des conjectures : La finalité de certaines recherches est de conduire à des suppositions fondées sur des indications, des apparences, des probabilités d’occurrence d’évènements. Il s’agit d’exprimer des hypothèses qui n’ont encore reçu aucune confirmation. L’intérêt de ces hypothèses s’estompe avec le temps : il s’arrête lorsque l’hypothèse est confirmée ou infirmée. L’attitude culturelle face à l’information est distinguée en deux niveaux suivants : – Individualisation : Très souvent, l’information est captée d’une façon très individualiste et reste peu diffusée. – Mutualisation : Dans d’autres cas, plus rares, l’information collectée à l’extérieur est portée à la connaissance du plus grand nombre d’acteurs concernés.
Introduction |
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