Enracinement assis
Exercice d’enracinement léger
Vous êtes assis aussi confortablement que possible. Les yeux fermés, vous sentez du dedans le poids de chaque partie du corps en contact avec la surface de support. Vous effectuez cette exploration en partant de la tête. Vous finissez avec les pieds sans avoir oublié les bras et les mains. Certaines parties du corps transmettent une plus grande partie du poids corporel que d’autres. Essayez d’établir une carte aussi exacte que possible de la répartition de votre poids.
Sentez bien les pieds, le bassin et le dos. Réévaluez maintenant le confort de votre posture de base. Réajustez les parties du corps, en recherchant un confort intérieur maximum pour vos muscles et votre respiration. Bougez les parties du corps qui en ont besoin. Ouvrez les yeux et reprenez lentement contact avec ce qui vous entoure. Essayez de rester en contact avec vos points d’ancrage pendant que vous communiquez avec votre entourage.
Assis correcte, sur les ischions
Il existe deux critères de base pour caractériser un assis : 1. Un assis est plus ou moins sain du point de vue orthopédique. Il s’agit alors de savoir si une façon de s’asseoir est bonne pour la santé. Par exemple, croiser les jambes inhibe la circulation veineuse des jambes, ou une colonne recourbée vers l’avant inhibe la respiration. 2. Un assis est plus ou moins confortable. Le confort se mesure avec deux critères : (A) un sentiment subjectif qui nous permet d’oublier de penser à comment nous sommes assis, (B) le temps que met une personne avant de bouger. Plus ce temps est long, plus la position est considérée comme confortable. Du point de vue orthopédique il n’y a qu’une seule façon d’être assis, qui est en gros celle qui se met automatiquement en place chez une personne qui s’assied dans la posture du lotus, et qui y trouve du confort : la personne est assise par terre, le pied droit sur le haut de la cuisse gauche, le pied gauche sur le haut de la cuisse droite, de façon à ce que le talon droit soit près du nombril. Le kinésithérapeute1 propose typiquement à une personne de s’asseoir sur un siège horizontal, un peu plus élevé que les genoux. La position «correcte» du bassin est de s’imaginer que la base du bassin est un tabouret à trois pieds, qui porte le poids du haut du corps. Les deux «pieds arrière» sont les ischions, et le troisième est le prolongement d’un périnée aussi proche que possible du siège. La face dorsale du bassin est rigoureusement verticale. Les deux arêtes du pelvis qui encadrent le bas ventre et la région sexuelle sont, elles, légèrement penchées vers l’avant2. Cette position du bassin est la meilleure base possible pour soutenir la flexibilité de la colonne vertébrale quand quelqu’un est assis, et ne bloque aucun mouvement respiratoire couramment utilisé. De plus, la position verticale de l’os coxal de la hanche soutient la verticalité du bas du dos, et impose la cambrure nécessaire. Cette position tonifie aussi les muscles grands droits et obliques de l’abdomen, juste ce qu’il faut. En Europe, de nombreuses personnes restent difficilement dans cette position longtemps. En discutant avec elles de leur inconfort, il est possible d’obtenir de nombreuses informations sur leurs habitudes et leurs tensions musculaires. Il est parfois utile de leur conseiller une démarche qui renforce leur dos (Hatha-Yoga, Rolfing, Alexander technique, Pilates, Feldenkrais, etc.). (Heller 2008, p. 579f) I.2. Enracinement debout La position d’enracinement debout (pieds parallèles légèrement écartés, genoux pliés) est souvent utilisée dans les arts martiaux d’extrême orient, ou dans des approches de psychothérapie corporelle comme l’Analyse Bioénergétique (Lowen, 1978a). Lorsqu’une personne n’a plus de tension musculaire chronique, cette position dite d’enracinement devient une position de relaxation profondément efficace et tonifiante, comme le savent tous ceux qui pratiquent les arts martiaux. Mais pour la plupart des patients en psychothérapie, cette position est d’abord douloureuse si elle est maintenue de façon statique plus de cinq minutes. Au bout de quelques minutes cette position crée de légères vibrations dans les jambes, qui apparaissent indépendamment de notre volonté. Plus une personne est détendue, plus ces vibrations montent vers le haut du corps. Apprendre à apprécier ces vibrations fait partie de ce travail. Les personnes qui veulent tout contrôler ne les supportent pas. Pour les autres, elles agissent comme un nettoyage profond des tissus. Dans certaines salles de gymnastiques, il existe des machines qui génèrent ces vibrations. Ce phénomène est aussi utilisé dans les exercices de transe.
Voici une façon de pratiquer l’enracinement avec cette posture
1. La personne est debout.
2. Chaque pied est sous l’épaule qui lui correspond. Les pieds sont parallèles. Le poids du corps est à mi-chemin entre les orteils et la cheville, le centre de gravité du corps est au-dessus de l’espace entre les deux pieds, au milieu de l’axe droit — gauche. Pour sentir la dimension d’enracinement que Lowen associe à cette position. Il est souvent suggéré à la personne qui prend cette position de s’imaginer que des racines sortent de la plante des pieds, et qu’elles traversent tout ce qui sépare les pieds de la terre, et qu’ensuite ces racines s’enfoncent dans le sol.
3. Les genoux sont pliés à un angle de 1350 environs. L’angle est de 180o lorsqu’une personne se tient parfaitement droite, et de 90o lors ce qu’une personne se met dans un assis orthopédique.
4. Pieds, bassin, épaules et oreille sont disposés en suivant la règle du «fil à plomb». La personne est donc aussi droite que possible.
5. Le bassin est en position orthopédique. Lowen demande souvent que la personne avance et recule le bassin jusqu’à ce que la position la plus détendue soit trouvée. Ce travail est souvent fait en coordination avec la respiration (le bas du dos est droit dans l’expire, cambré dans l’inspire). Cette position ne peut être prise que si l’aine (la jonction entre l’avant du haut des cuisses et le bas ventre, autour du sexe) se creuse un peu. La mobilité de l’aine est toujours un endroit intéressant à travailler. Une image couramment proposée par des professeurs de Tai Chi et par Lowen est celle de la queue de kangourou. La queue qui prolonge le coccyx arrive entre les talons. La personne s’imagine pouvoir s’asseoir sur cette queue.
6. Les bras sont détendus. Je vous propose de tenir cette position le temps que vous le pouvez, sans forcer. Si vous sentez une petite tension, essayez de la détendre et de «respirer autour». Dès que la position devient inconfortable, allongez-vous, bougez ce qui a besoin de bouger. Fermez les yeux et, pendant quelques minutes, sentez ce qui se passe en vous (Heller 2008, p. 458f et 577).