Évolutions de la famille cadrage démographique

Évolutions de la famille cadrage démographique

L’évolution des naissances et du nombre d’enfants

Dans cette section, j’analyse l’évolution de la famille en fonction des naissances et du nombre d’enfants. 1.1. L’évolution de l’âge moyen à la première maternité Contrairement aux couples des années 1980 qui mettent au monde leur premier enfant tôt après leur union (Blum & Lefèvre 2006, Blum 2004), les jeunes adultes de la fin des années 1990 fondent une famille de plus en plus tard. Ce phénomène est mis au jour par l’augmentation progressive de l’âge moyen des mères à la naissance de leur premier enfant, qui passe de 22,7 à 25,5 ans entre 1990 et 2015 (127). Cette augmentation est également observée pour les naissances suivantes à l’exception des cinquièmes naissances (et plus).

L’évolution du nombre d’enfants par famille

Avant l’introduction de la politique familiale, la part de foyers102 avec deux enfants mineurs ou plus diminue : celle-ci passe de 23 % à 14,6 % pour les familles avec deux enfants et de 5,7 % à 3,3 % pour les familles avec trois enfants et plus. À l’inverse, le nombre de familles avec un enfant mineur ou sans enfants augmente : il passe de 29,7 % à 33,8 % pour les familles avec un seul enfant, et de 41,6 % à 48,3 % pour les familles sans enfant : Cette diminution du nombre de familles ayant deux enfants et plus reflète la crise démographique que traverse le pays dans les années 1990, qui se traduit notamment par une chute des naissances et une baisse de l’indice conjoncturel de fécondité atteignant son point le plus bas en 1999 (1,2 naissances par femme) (voir partie 1, chapitre 5). La famille russe tendait alors dans les années 1990 vers un modèle européen. En effet, la fécondité a baissé progressivement dans tous les pays d’Europe à partir des années 1960 (Munoz-Perez 1986, p.447). Le nombre moyen d’enfant par femme a passé au-dessous du seuil de remplacement des générations dans la majorité des pays européen au tournant des années 1990. Le tableau en (130) montre que l’indice de fécondité de la Russie (1,9) en 1990 est comparable à celui de la France (1,8), de la Finlande (1,8) et de l’Angleterre (1,8).Toutefois, après l’introduction de la politique familiale, une inversion des tendances précédemment observées peut être constatée. Alors que le nombre de famille avec un seul enfant diminue entre les recensements de 2002 et 2015 (celles-ci passent de 61,9 % à 55,6 %), le nombre de familles ayant deux enfants et plus augmente légèrement en passant de 30,9 % à 34,2 % pour les familles avec deux enfants et de 7,2 % à 10,2 % pour les familles avec trois enfants103 : Certains chercheurs formulent l’hypothèse que cette augmentation peut être le résultat de la mise en place du capital maternel en 2007 (Mironova & Prokofieva 2018, p.113, voir également la partie 1, chapitre 5, sections 3). Sans toutefois trancher au sujet de cette hypothèse, il convient néanmoins de constater que l’évolution du nombre d’enfants est plus marquée entre 2010 et 2015 qu’entre 2002 et 2010, et que ce changement de structure tend vers la définition de la famille traditionnelle valorisée par l’État. En résumé, on constate une influence potentielle de la politique familiale sur la structure de la famille au regard de l’évolution des naissances et du nombre d’enfants. Malgré une baisse du nombre d’enfants par famille au cours des années 1990, on observe une stabilisation puis une augmentation de celui-ci après l’introduction de la nouvelle politique familiale. Il est possible de parler d’une inversion de tendance dans la mesure où le nombre de familles avec deux enfants mineurs et plus se met à augmenter de nouveau, alors que celles avec un seul enfant mineur diminue. 

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L’évolution du noyau parental

Dans cette section, j’analyse l’évolution du noyau parental en fonction du type d’union et du nombre de parents. 221 Partie 2 | Les transformations de la famille 2.1. L’évolution du type d’union On observe dans les années 1990 une augmentation des unions libres attestée par la croissance du nombre d’enfants nés hors mariage : leur part a plus que doublé en passant de 14,6 % à 30 % entre 1990 et 2005. Cette augmentation est cependant suivie d’une diminution progressive pour atteindre 21 % en 2016 : L’union libre n’est pas un phénomène nouveau en Russie. Contrairement à d’autres pays européens, cette forme d’union apparaît dès le début du XXème siècle suite à la mise en place de la nouvelle législation révolutionnaire par les bolcheviques dans les années 1920 (Stankuniene et al. 2009, p.169). Ces derniers adoptent tout d’abord un nouveau « Code de la famille » en 1918 qui reconnaît comme égaux en droit les enfants nés dans le mariage et ceux nés hors mariage (Yvert-Jalu 2008, p.125). Puis, un deuxième « Code de la famille » promulgué huit ans plus tard, en 1926, confère à l’union libre un statut équivalent au mariage enregistré (Yvert-Jalu 2008, p.127). Ce dernier redevient toutefois une forme d’union prédominante après la Seconde guerre mondiale lorsque le gouvernement supprime la 222 Chapitre 7 | Évolutions de la famille : cadrage démographique reconnaissance des unions libres. Ce n’est qu’aux alentours des années 1960 que l’union libre commence de nouveau à se répandre (Stankuniene et al. 2009, p.176). En 2005, on observe 30% de naissances hors mariage. La diminution subséquente ensuite du taux de naissances hors mariage s’accompagne d’une hausse du taux de nuptialité (de 6,8 à 9,2 pour mille habitants entre 2004 et 2011). Bien que ces deux phénomènes et l’introduction de la nouvelle politique familiale soient à peu près concomitants, l’influence de celle-ci sur la structure de la famille n’est pas évidente.

L’évolution des divorces

La Russie se distingue des autres pays européens par son taux de divorce particulièrement élevé (4 divorces pour 1000 habitants, soit un mariage sur deux) (Sakevitch et Denisov 2012), comme l’illustre le graphique suivant Selon Sinelnikov (2017, p.116), le taux de divorce important de la Russie s’explique par une législation « trop libérale » 104. On observe en effet une corrélation entre le taux de divorce et la législation le concernant : alors que l’assouplissement de la procédure de divorce dans les années 1920 entraîne une augmentation considérable du taux de divorce, la politique restrictive des années 1930 et 1950 entraîne sa diminution (Yvert-Jalu 1981, Zakharov 2015). Toutefois, le nombre de divorces varie selon les régions. Par rapport à la moyenne des divorces sur l’ensemble de la Russie (4 divorces pour 1000 habitants), les couples divorcent environ 1,5 fois plus souvent dans l’oblast de Sakhaline (5,6 divorces pour 1000), alors que le nombre de séparations est huit fois moins fréquent en république de Tchétchénie (0,5 divorces pour 1000 habitants) (134). Dans les trois régions étudiées (la République d’Oudmourtie, la République du Tatarstan et l’oblast d’Oulianovsk), le taux de divorce est légèrement inférieur à la moyenne en Russie : on observe 3,7 divorces pour 1000 dans l’oblast d’Oulianovsk, 3,6 divorces pour 1000 en République d’Oudmourtie, et 3,5 divorces pour 1000 en République du Tatarstan.

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