Evolution démographique et urbaine
Types d’abris et espace
Le terme kebbé est employé par les d’habitat spontané né de l’éclatement de « kebb » qui signifie en arabe vidoir des rejets ménagers littéralement par le terme dépotoir. Cette appellation marque le début d khaïma, jugées moins adaptée décrit ce genre d’abris précaire comme suit « La baraque est une cabane de bois recouverte d’un toit de tôles ondulées de zinc ou de fûts de deux cents litres déployés. Les parois so récupération dont le Wharf est le principal pourvoyeur. La face intérieure des parois est doublée de toiles, de cartons baraque ne comporte généralement qu’une seule pièc porte, et a de petites fenêtres à volet plein qui permettent la ventilation et l’entrée de la lumière. Ces fenêtres sont centimètres du sol, pour ouvrir l’horizon et pouvoir hauteur du corps, car les gens sont habituellement assis ou couchés sur des matelas posés à même le sol. Certaines baraques sont construites avec de grands panneaux de contre-plaqué plus étanches mais aussi plus coûteux. par cloisons entières en quelques minutes. Sa protection thermique n’est réelle que durant les nuits d’hiver333 . Types d’abri dominant dans les Fig. 19 : Baraque Source: O. D’Hont, p. 74 Comme elle l’était en 1983 d’espace, 3×4 ou 4×5 m qui offre un abri à un ménage pour entrer et sortir). Dans le passage caractéristiques de cet habitat: « C’est l’habitat en tant qu’objet qui sera décrit ici. D’emblée que nous utiliserons notre propre concept quant à l’habitat. Dans différents La cartographie et l’évolution de l’habitat précaire restent, en l’absence de statistiques et récentes difficiles à élaborer et à analyser. Vu l’ancienneté de l’étude avons conduit une enquête sur les kebbé dont les résultats 5.3. Types d’abris et espace est employé par les Nouakchottois pour désigner les quartiers d’habitat spontané né de l’éclatement de hellett charwita, évoquée plus haut. Le mot signifie en arabe vidoir des rejets ménagers, peut être traduit littéralement par le terme dépotoir. le début d’utilisation des baraques (Fig. 27 jugées moins adaptées, moins stables et moins résistantes. Olivier décrit ce genre d’abris précaire comme suit: « La baraque est une cabane de bois recouverte d’un toit de tôles ondulées de zinc ou de fûts de deux cents litres déployés. Les parois sont construites en planches de récupération dont le Wharf est le principal pourvoyeur. La face intérieure des parois de cartons, ou de vieux journaux qui en améliorent l’isolation. La baraque ne comporte généralement qu’une seule pièce. On y pénètre par une et a de petites fenêtres à volet plein qui permettent la ventilation et l’entrée de la lumière. Ces fenêtres sont, souvent, placées très bas, à quarante ou cinquante pour ouvrir l’horizon et pouvoir organiser la circulation de l’air à car les gens sont habituellement assis ou couchés sur des matelas sol. Certaines baraques sont construites avec de grands panneaux de plaqué plus étanches mais aussi plus coûteux. La baraque peut être démontée entières en quelques minutes. Sa protection thermique n’est réelle que Types d’abri dominant dans les kebbé Photo 11 : Baraquement Photo prise par le chercheur (kebbé de mensia 2009) en 1983, la baraque est l’unité la moins exigeante en termes 3×4 ou 4×5 m qui offre un abri à un ménage, souvent sa ). Dans le passage suivant Olivier D’Hont nous décrit les caractéristiques de cet habitat: « C’est l’habitat en tant qu’objet qui sera décrit ici. D’emblée, il convient de préciser que nous utiliserons notre propre concept quant à l’habitat. Dans différents en l’absence de statistiques et de Vu l’ancienneté de l’étude d’Olivier les résultats sont exploités ouakchottois pour désigner les quartiers évoquée plus haut. Le mot peut être traduit 7) à la place des résistantes. Olivier D’Hont « La baraque est une cabane de bois recouverte d’un toit de tôles ondulées de zinc ou de nt construites en planches de récupération dont le Wharf est le principal pourvoyeur. La face intérieure des parois ou de vieux journaux qui en améliorent l’isolation. La e. On y pénètre par une seule et a de petites fenêtres à volet plein qui permettent la ventilation et l’entrée de la à quarante ou cinquante organiser la circulation de l’air à car les gens sont habituellement assis ou couchés sur des matelas sol. Certaines baraques sont construites avec de grands panneaux de La baraque peut être démontée entières en quelques minutes. Sa protection thermique n’est réelle que : Baraquement Photo prise par le chercheur (kebbé de mensia 2009) baraque est l’unité la moins exigeante en termes souvent sans suites (sauf suivant Olivier D’Hont nous décrit les il convient de préciser que nous utiliserons notre propre concept quant à l’habitat. Dans différents 159 travaux, la description de l’habitat est limitée à une fiche technique sur la tente ou la baraque ; cette réduction de l’habitat aux liaisons d’un espace clos, nous paraît insuffisante. Les individus soulignent par des marques, la projection sur le sol d’un volume différencié et consacré aux multiples manifestations sociales communes au groupe résident. L’habitat apparaît, par l’aménagement d’une portion d’espace, comme une sélection des activités individuelles ou communautaires prises en charge collectivement par le groupe de co-résidents, activités conditionnées à priori par la disposition de l’espace adéquat. Il y a donc de façon concomitante dans l’habitat, une dimension d’exclusion de ce qui ne relève pas de l’unité domestique, ou que cette dernière ne peut ou ne veut assumer. C’est le cas par exemple de l’aire de prière, commune à plusieurs unités d’habitat. De même, dans les unités d’habitat des kebbé, l’individu ne dispose pas d’un lieu à usage collectif pour satisfaire ses besoins naturels (alors que c’est le cas dans les « lotissements traditionnels » du 5ème arrondissement) et il doit, à ces fins, se rendre en bordure du kebbé « 334 . Comme l’a révélé notre enquête, cette situation rapportée en 1983 par O. D’Hont a changé carrément en 2008, une baraque de 3×4 ou 4×5 m ne suffit plus pour abriter un ménage. Le tableau 43 nous montre que la plupart des ménages de l’échantillon de l’enquête occupent, chacun, 2 à 3 pièces, un changement dicté par la durée et l’évolution de la famille (cf. tableau 32). Chaque élément de l’espace est fonctionnel. La présence ou l’absence d’écran délimitant les espaces, est révélatrice de l’exigence de certaines fonctions: abris contre le soleil, le vent de sable et les regards. La structure de l’habitat résulte d’un compromis entre une somme de désirs et de contraintes, elle révèle ainsi des priorités. Nous distinguerons deux volumes principaux : « – Un volume clos, fermé aux regards par des liaisons opaques ; celles-ci peuvent être fixes pour la baraque, ou semi-mobiles dans le cas de la tente et du vélum qui la ceint. – Un volume ouvert, dont seule la projection sur le sol est visible ». En 1975, d’importants déplacements de populations viennent s’ajouter au courant migratoire masculin antérieur, du fait de la conjoncture particulière en ces années de sécheresse. Jusqu’au milieu des années 1970, la première phase statistique du phénomène de sédentarisation se caractérise par un allégement des campements mobiles de leurs éléments non indispensables. Femmes, enfants, vieillards et une partie des hommes se fixent provisoirement sur des sites agricoles, près des puits ou autour des villes. Cette population a un taux de masculinité inférieur à 50% notamment dans les zones les plus touchées. Il est évident aussi que dans les campements, le taux de masculinité dans la population d’âge actif, était déjà inférieur à 50% en 1965, où le taux des citadins ne représente même pas 5% de la population du pays. – Enquête démographique 1964-1965, S.E.D.E.S., 1966. 160 Estimée par Olivier D’Hont, au milieu des années 1980, la proportion des kebbé représentait 50% de la population. Estimation faite sur la base des chiffres de 37%, donnés par la Direction de l’Habitat et de l’Urbanisme (DHU)en 1982 et des chiffres préfectoraux et administratifs de 42, 7%337 . Le transfert de la phase khaïma vers la phase baraque s’est faite de façon plus dense et plus cosmique, une phase qui requiert des habitations fermées, pour se sécuriser la nuit du moins, et pour éviter les vols ; au moment où les autorités continuent à l’époque à surveiller de près ces entassements humains sinistrés, et où seules les baraques étaient autorisées. Les kebbé (baraquements) de Nouakchott se sont donc constitués sur les décombres de hellett charwita (campements de tentes), 1er habitat périphérique depuis les premières années de l’indépendance. Les kebbé continuent de se multiplier, sous l’effet d’une combinaison de facteurs liés à la sécheresse et à la dégradation des conditions de vie en milieu rural, mais aussi au développement de différentes stratégies de proximité du centre d’activités, des prestations de base et à la recherche des conditions de vie meilleures. Ce genre d’abris sera dépassé au profit des parpaings des gazra, objet du chapitre suivant, à partir des années 1980.
Population des kebbé 1983-1984
On a vu que le taux des tentes commençait à reculer au début des années 1980; pour passer en deçà du tiers des habitations des kebbé qui représentaient à l’époque plus de 40% de l’habitat à Nouakchott338. Cette phase de remplacement des tentes par des cabanons ou baraques, marquera le passage de la génération de hellet charwita à celle des kebbé. A l’époque les kebbé étaient vides des personnes âgées (tableau 27). Malgré la précarité, la croissance est largement supérieure dans les kebbé (tableau 27).Aussi une représentation graphique (carte 21 ci-dessous) de la distribution de la population par âge et par sexe, permet de visualiser une irrégularité dans la progression 337- O. D’Hont, thèse, op. cit. p. 87. 338 – O. D’Hont, thèse, op. cit. p. 73. 339 – Bureau Central de Recensement (BCR), rapport des résultats du recensement de 1977, p. 18 (Archives Nationales). 340- O. D’Hont, thèse, op. cit., p. 94 341 – S.A. Mahboubi, thèse, op. cit. p. 311. 161 arithmétique normale des classes d’âge et une dissymétrie entre sexes. Une comparaison par classe d’âge nous édifie mieux. Les jeunes de moins de 14 ans représentent 43, 9% de la population. Les jeunes garçons sont plus nombreux que les jeunes filles. Pour les autorités officielles, ceci s’explique par une tendance des populations à moins déclarer les filles342. On doit admettre que la mortalité des filles est sensiblement plus forte que celle des garçons, quelle que soit la conjoncture. Cette tendance de suprématie masculine est inversée du moins au cours de ces dernières années. L’annuaire ONS de 2005 donne au genre masculin un taux inférieur à 50% (=49, 92%)343 . Les individus de plus de 54 ans sont peu nombreux. Dans cette tranche d’âge, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. On peut supposer que les hommes ne migrent plus au-delà de cette limite d’âge. La progression de ce déficit, avec l’âge, indique une plus grande longévité des femmes. La pyramide des âges se rétrécit très vite. La classe d’âge 35-45 ans est peu nombreuse en milieu rural. Ces observations suggèrent un solde migratoire négatif important pour la Mauritanie. Pour l’ensemble de la population, le taux de masculinité est de 49, 2%. La tranche d’âge 15 et 54 ans potentiellement active, représente 48% de la population totale des kebbé en 1983 et son taux de masculinité est de 47, 5%. Ce taux de masculinité réel résulte de deux effets agissant dans des directions opposées: – La migration masculine hors des frontières. -Le déficit structurel en femmes dans chaque classe d’âge. Considérons que pour chaque classe d’âge le déficit structurel féminin est constant. Le taux de masculinité dans la tranche d’âge 5-14 ans, de 52, 3%, est celui que l’on observerait pour la population d’âge actif s’il n’y avait pas de migration. Pour apprécier le solde migratoire en hommes, il faut se placer dans le cas où l’égalité pondérale des sexes serait initialement réalisée. Dans ce cas, le taux de masculinité « opératoire » baisse de 47, 5% à 42, 7%. Ces tendances constatées par Olivier D’Hont au milieu des années 1980, seront confirmées par Babah Nasser vingt ans plus tard, comme on peut le constater sur la carte 20 et notamment dans département d’El Mina où s’est déroulé l’essentiel de notre enquête sur le terrain.
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