Évolution de la structure
Vision générale du protocole
Première étape : pré-interprétation
Le but de cette étape est de capter les intuitions générales de l’interprète, et d’alimenter la structure de données d’une façon minimale. Cette première étape est effectuée sans aucune contrainte : les éventuels conflits avec les règles d’organisation de la structure seront résolus par la suite. Le principe général en est donc la déclaration par l’interprète d’un ensemble de traits sémantique (sèmes), d’un ensemble de chaînes extraites du texte analysé (épisémèmes), et d’associations non contraintes entre ceux-ci. Les opérations formelles nécessaires sont donc celles qui correspondent à l’ajout d’un sème (+se), l’ajout d’un épisémème (+e), et la déclaration d’une association de ces entités (par définition de la relation P IE).
Seconde étape : établissement des classes
Une fois ceci fait, la structure doit commencer à mettre en place les contraintes précédemment définies. Il faut avant tout construire l’ensemble des sémèmes (+s), les associer aux épisémèmes (qui eux sont de simples pointeurs sur le texte analysé, avec +e(s)), et les associer en classes, notamment en taxèmes (+t, add(s, t)), et reporter sur ceux-ci les relations sémèmes-sèmes précédemment déclarées par l’interprète (avec activation de la fonction I). À ce stade seront gérées les contraintes sur l’intersection et l’inclusion des classes, pour lesquelles l’interprète aura à choisir entre plusieurs possibilités, en fonction ses propositions initiales. Cette étape fera donc intervenir un opérateur de choix (select, et des opérations liées au déplacement des sémèmes par rapport aux taxèmes (sub(s, t)).
Spécification des classes
Dans cette étape, les taxèmes précédemment créés et remplis devront être spécifiés, en mettant en place l’organisation de leur graphe d’oppositions. Il nous faudra dès lors des opérateurs de création de spécèmes (+sp), et d’activation de ceux-ci (activ). Ce dernier sollicitera l’interprète dans le repérage d’un sème (+se), et l’associera au spécème concerné (+i(sp, se)). Les contraintes liées à l’organisation d’un tel graphe d’opposition seront gérées notamment par l’opérateur de complétude (comp(t)), qui exigera l’activation d’un nombre minimal de spécèmes pour un taxème donné. Chapitre 4 : Évolution de la structure 115 Une fois cette étape effectuée pour tous les taxèmes définis, la structure sémantique de l’interprétation est stable : toutes les contraintes définies au chapitre précédent sont satisfaites
Modifications ultérieures
À partir d’une structure stable, nous donnerons la possibilité à l’interprète d’apporter quelques modifications à son analyse. Il pourra donc ajouter ou soustraire tout type d’éléments (opérateur d’élimination −s, −se, etc.), tout en conservant l’intégrité de la structure, ces opérations entraînant parfois un remaniement total de la structure par propagation des contraintes. Nous envisagerons des modifications locales (ajoute ou retrait d’un élément, modifications directes des relations, comme le déplacement d’un sémème d’un taxème à un autre), ou bien des opérateurs globaux. Parmi ceux-ci, nous envisagerons plus centralement le cas d’un opérateur qui crée un taxème à partir d’une isotopie spécifique (igen). Cette possibilité est intéressante si l’interprète a découvert, au cours de son parcours, un nouveau thème central du texte. Comme celui-ci ne faisait pas partie de sa vision initiale, il ne constitue pas une classe sémantique. S’il désire donc expliciter plus finement la structuration de ce nouveau thème, sa constitution en taxème en est un bon moyen. 2 Outils formels de manipulation Nous allons une fois de plus surcharger le lecteur de nouvelles définitions, en décrivant les opérations minimales applicables à une structure. Dans un premier temps, nous ne tiendrons pas compte des contraintes, et nous contenterons de décrire les ajouts et retraits des différentes entités dans la structure.
Opérateurs d’ajout et de retrait
Ces opérateurs ne nécessitent guère plus d’explicitation que leur simple dénomination. Nous désignerons ces opérateurs d’ajout par +X, avec X qui prendra la forme générique d’une entité parmi : s, se, sp, t. De façon similaire, les opérateurs de retrait d’une entité seront exprimés par −X. Nous allons rapidement décrire les particularités de certains de ces opérateurs.
Cas des épisémèmes
Nous n’envisagerons pas le cas des relations entre un épisémème et les types d’entités autres que les sémèmes, puisque ces relations se font intégralement par l’intermédiaire du sémème de l’épisémème.
Ajout et retrait d’un sémème
Lorsqu’un nouveau sémème est repéré, il peut être lexicalisé, et son repérage nécessite alors un paramètre de position. Autrement, cette opération ne s’accompagne que de la donnée d’une chaîne de caractères manifestant le signifiant associé. Dans le cas d’un sémème lexicalisé, ce repérage s’accompagne donc de celui d’un ou plusieurs épisémème(s). Nous ne traiterons cependant pas rigoureusement le cas des épisémèmes, puisque, nous l’avons vu, leur intérêt est restreint à la tactique des isotopies. Quoiqu’il en soit, leur introduction et/ou leur retrait ne présente pas de difficulté conceptuelle. Lors de l’élimination d’un sémème de la structure, nous considérons également la suppression de tous les épisémèmes qui lui sont associés.
Ajout et retrait d’un spécème
Lors de l’ajout d’un nouveau spécème, nous préciserons pour l’opérateur +sp les deux composantes du couple. Nous noterons ainsi +sp(s1, s2) l’ajout du spécème (s1, s2). Il en va de même pour la suppression.
Ajout et retrait d’un taxème
La création d’un taxème se fait, à la différence des spécèmes, hors de toute considération portant sur les sémèmes. Autrement dit, un taxème t créé par l’application de +t donne comme résultat un taxème t vide et sans sème associé. De même, nous apportons comme restriction sur −t le fait que l’extension de t dans S doit être vide. Un tel taxème est par définition instable, mais l’opérateur est ici constitutif d’un ensemble plus global d’opérations.
Ajout et retrait d’un sème
De la même façon que pour les taxèmes, nous considérons que l’ajout d’un sème par +se se fait sans aucune attribution de ce sème par la fonction I. Le retrait d’un sème par −se ne peut également s’effectuer que si ce sème est associé à une isotopie vide (I(se) = (∅, ∅, ∅)).