Evolution de la masse monétaire
Conduite de la politique monétaire
Notons d‘emblée que l‘objectif ultime de la politique monétaire, aussi bien durant la période de stabilisation et d‘ajustement structurel (1994-1998) que durant la période de boom qui va suivre, a toujours été la lutte contre l‘inflation et le maintien de la stabilité des prix15 . Cela s‘est traduit par des résultats satisfaisants en matière de stabilisation des rythmes d‘inflation depuis 1997 à ce jour. Ainsi, la politique d‘ajustement structurel menée en étroite collaboration avec le FMI s‘est traduite par l‘encadrement de la masse monétaire et une baisse significative de la liquidité de l‘économie, comme le montrent les données du tableau ci-dessous. Durant la décennie 90, le système bancaire, qui assurait, en l‘absence totale de marchés financiers, l‘essentiel, pour ne pas dire la totalité, du financement de l‘économie, se caractérisait par une illiquidité structurelle qui le faisait dépendre totalement du refinancement de la Banque d‘Algérie (Ilmane, 2006). Avec l‘avènement d‘une conjoncture favorable sur les marchés pétroliers, suite au net raffermissement des cours du brut à partir de 1999, l‘Algérie passe, en quelques années seulement, d‘une situation de pénurie de liquidité à une situation d‘excès d‘offre de liquidité. Le surplus commence à apparaître à partir de 2001, année à partir de laquelle le système bancaire vit une situation inédite d‘excès de liquidité16 . La situation de surliquidité dans l‘économie est illustrée par l‘évolution du ratio de liquidité (M2/PIB) ; celui-ci passe de 40 % en 2000 à 64 % en 2008. On note une légère tendance à la baisse entre 2002 et 2005.Afin de réduire la surliquidité globale et prévenir le risque inflationniste, objectif ultime de la politique monétaire, la Banque d‘Algérie a recours, dès le début 2001, à l‘instrument traditionnel des réserves obligatoires18, mais comme cela n‘a manifestement pas suffi à stériliser une proportion suffisante des liquidités bancaires offertes sur le marché monétaire interbancaire, la Banque d‘Algérie à dû recourir à un autre instrument : la reprise directe de liquidités19 . Le contrôle indirect de la liquidité a permis à la Banque centrale de maîtriser la poussée de l‘indice des prix à la consommation, maintenant celui-ci autour de la cible de 3%. Si l‘on se réfère à la typologie développée par M. Pereira et B. Theret (2000), on peut à présent se poser la question de savoir si au regard de l‘évolution, décrite ci-dessus, du rapport monétaire en Algérie, l‘on n‘assiste pas à un passage d‘un mode de gestion structuraliste de la contrainte monétaire à un mode de gestion monétariste. Dans un régime rentier d‘accumulation, les deux modes de gestion de la contrainte monétaire correspondent respectivement aux deux modes, polaires, de résolution du conflit de répartition de la rente : le clientélisme et le corporatisme. Alors que le premier privilégie un règlement ex post du conflit de répartition, en fonction du jeu de la clientèle, impliquant un processus de redistribution inflationniste qui nécessite la manipulation permanente de la variable monétaire, donc une gestion structuraliste de la monnaie ; le second, lui, privilégie un règlement ex ante et de manière coercitive du conflit de répartition en question, ce qui passe par une stabilité monétaire qui, elle, nécessite un régime monétariste. Dans l‘état actuel des choses, la réponse à la question n‘est pas aisée. S‘il est vrai que la création monétaire fait l‘objet, depuis le début des années 90, d‘un contrôle strict, on ne peut pas pour autant parler d‘un régime monétariste dans la mesure où celui-ci ne s‘accompagne pas, du moins pour le moment, et pour ne retenir que cet élément, de l‘instauration d‘une modalité corporatiste du rapport salarial, modalité qui permet de régler juridiquement et de manière coercitive les conflits de répartition.
Evolution de l’indice des prix à la consommation
En Algérie, l‘administration et la subvention concernaient les produits alimentaires de base, certains produits énergétiques et les services publics (par exemple, logement social, eau, et transport urbain). Face aux coûts budgétaires élevés, les autorités ont dû réformer leur politique sociale et libéraliser les prix. Le programme de la réforme a consisté en l‘augmentation des prix domestiques des produits énergétiques, et progressivement les subventions sur les prix des produits alimentaires ont été levées. Cette libéralisation a contribué à une forte augmentation des prix à la consommation dans la première moitié de la décennie 90. Cette augmentation a sensiblement diminué de sa cadence dans la deuxième moitié ; La poussée inflationniste constatée est imputable principalement aux prix des produits alimentaires, dont la variation de l‘indice a atteint 7,4 %, sous l‘effet notamment du renchérissement des prix internationaux des produits alimentaires de base (+ 10,8 %) et des produits agricoles frais (+ 4,1%). Chapitre 2 : Politique de change et évolution des variables macroéconomiques en Algérie 121 Par groupe de produits, la variation moyenne annuelle de l‘indice des prix à la consommation montre une augmentation des prix de la quasi-totalité des produits. En effet, hormis le groupe habillement –chaussures qui a enregistré une légère baisse des prix (-0,57 %), les prix des autres produits ont connu des augmentations. Il s‘agit notamment, des groupes de produits, « santé hygiène corporelle » (+2,2 %), « éducation culture loisirs » (+3,8 %) et « logement – charges » (+1,2 %). En terme de glissement annuel, le rythme de l‘inflation s‘est situé à +5,9% en 2008 contre +3,9% en 2007, soit 2 points de pourcentage de plus. (DGPP MF2008) §3-4 Les taux d’intérêt Durant les années qui précédèrent les années 1990, les taux d’intérêt étaient administrés du moment où les conditions de banque étaient déterminées de concert par le Ministère des Finances et du Plan, ce qui revient à dire qu’il n’y avait pas de concurrence entre banques. Avec la nouvelle réforme monétaire qui vise à mettre en place les mécanismes de marché, il s’avère incontournable que les taux d’intérêt soient déterminés par la confrontation de l’offre et de la demande sur le marché des capitaux. Cette nécessité trouve sa justification dans ce qui suit : Encouragement de la collecte de l’épargne. La condition est que les taux d’intérêt réels soient positifs. Allocation optimale des ressources dans la mesure où le taux d’intérêt est l’un des déterminants du comportement des entreprises. Raviver la compétition entre banques et développer ainsi l’intermédiation financière. Indexation des conditions de banque sur leur coût de refinancement auprès de l’institut d’émission pour que la manipulation des taux directeurs de ce dernier puisse agir sur les taux appliqués par les banques à leur clientèle. Dans cette optique, un processus graduel de déréglementation des taux d’intérêt a été mené dès le début des années 1990.