LOCALISATION GEOGRAPHIQUE DE LA ZONE DES NIAYES ET CONTEXTE BOTANIQUE
Les tourbières des Niayes sont localisées dans les interdunes et les paleovallées du massif dunaire mis en place au cours de l’épisode aride de l’Ogolien le long du littoral Nord du Sénégal entre 140 et 170 de latitude Nord. Elle forme une bande de plus de 150km de long sur 10 a15 km de large (fig. 1).
Les Niayes sont des formations phytogéographiques particulières, humides, rattachées au domaine sub-guinéen (Trochain, 1939 a, b) et préservées jusqu’à l’Actuel à la faveur d’une nappe phréatique sub-affleurante. La zone des Niayes s’étend en arrière des cordons littoraux dans les interdunes mises en place lors du dernier épisode aride anté-Holocène, I’Ogolien (Elouard et Faure, 1972), le long du littoral atlantique entre 15 et 160 de latitude Nord sur une largeur maximale de 17 km. Ce domaine est caractérisé par un climat sub-canarien. Les températures sont fraîches avec de faibles amplitudes, l’humidité est constante et la pluviositéfaible (Leroux, 1986).
La saison des pluies dure quatre mois, de juillet à octobre, la saison sèche huit mois. Calculée sur 19 ans, la moyenne annuelle des précipitations de la station la plus proche de Thiaye est de 505 mm, avec des variations interannuelles allant de 274 à 819 mm. Un gradient N-S fait passer la moyenne annuelle de 414 mm à Dakar à 298 mm à Saint-Louis.
La végétation des Niayes est caractérisée par la présence d’Elaeis guinéens associé à de nombreuses espèces à affinité guinéenne et soudano-guinéenne, telles que Phoenix senegalensis, Syzygium guinéens, Alchornea cordvolia, Anthostema senegalense, Macaranga heudelotii, Dialium guinéense, Cassia podocarpa, associées aux Combretaceae, Moraceae… (Raynal, 1963).
Par ses composantes humides, la végétation des Niayes tranche avec le caractère xérophile de celle des régions intérieures situées aux mêmes latitudes qui appartiennent aux domaines sahélien et soudano-sahélien à Acacia seyal, Commiphora africana, Balanites aegyptiaca dominants. Elle présente un caractère azonal par rapport aux régions plus continentales.
CADRE GEOMORPHOLOGIQUE
Le cadre géomorphologique est constitué par le massif des sables Dunaires Quaternaire qui reposent sur un substratum Eocène Marno-calcaire. La zone des Niayes est caractérisée par la juxtaposition d’un ensemble de sables Dunaires distincts, d’Est en Ouest. Plusieurs systèmes Dunaires ont été individualisés dans le temps et dans l’espace :
Les dunes Internes ou dunes rouges fixées ogoliennes : d’âge Ogolien, elles ont unedirection NE-SW. A une dizaine de kilomètres de la cote, l’altitude moyenne au dessus du niveau de la Mer varie entre 20 et 50 m.
Les dunes semi-fixées et vives du cordon littoral : On regroupe sous cette dénomination, toutes les formations Eoliennes Quaternaires récentes, c’est à dire post ogoliennes ce sont :
Les dunes vives récentes qui forment une bande de Dunes vives récentes, large de quelques centaines de mètres, de couleur blanche, borde la plage depuis l’embouchure du fleuve Sénégal jusqu’à Dakar.
Les dunes jaunes semi-fixées de type parabolique, s’étendent tout le long du littoral sur une largeur variant de 1 à 3 km. Ces Dunes atteignent 20 à 30m de haut.
Les dunes jaunes ravivées sont des Dunes jaunes semi-fixées par la végétation et qui actuellement ont tendance à être remaniées et reprises en Dunes vives. Elles s’élèvent parfois à plus de 30m et se situent surtout le long de la ligne de chevauchement des Niayes et des cordons de dunes rouges.
CADRE PEDOLOGIQUE
Les sols évoluent sous l’influence du climat, de la végétation et du réseau hydrographique.
La genèse des sols des Niayes est très étroitement liée aux fluctuations de la nappe phréatique. Les sols de la zone de MBoro ont fait l’objet de plusieurs études, (Pereira Barreto, 1962 ; Ndiaye, 2004). Généralement, ces sols appartiennent à la classe des sols halomorphes ou à la classe des sols hydromorphes.
D’autres classe sont également représentées : les sols minéraux bruts ou sols jeunes peu évolués du cordon littoral et les sols ferrugineux Tropicaux peu ou pas lessivés appelés sols diors qui se sont développées sur les cordons dunaires qui cernes les Niayes.
Les sols Halomorphes
Dont la genèse est étroitement liée à la présence des sels sodiques et Magnésiens principalement sous forme de chlorures et de sulfates. Dans les zones où dominent les sols halomorphes, le phénomène de salinités apparaissent par taches plus ou moins étendues. Pour la plupart, la salure est due à une évaporation intense pendant la saison sèche qui provoque en surface une très forte condensation en sel (Ndiaye, 2004).
Les sols hydromorphes
Qui occupent les dépressions interdunes et évoluent sous l’influence de la nappe phréatique, plus ou moins affleurant qui provoque un engorgement total ou partiel, permanent ou temporaire. En fonction du niveau de la nappe et de ses fluctuations, on passe progressivement des sables rouge où se sont développés des sols diors, aux sols semitourbeux plus ou moins inondés en permanence, au fond de la dépression.
CONTEXTE GEOLOGIQUE LOCAL
Le cadre géologique des tourbières est constitué par le massif des sables dunaires quaternaires qui reposent sur un substratum Eocène Marno-calcaire: (Fall, 1986). Les principaux événements paléogéographiques locaux sont liés aux variations du niveau de la mer du Pléistocène terminal au Subactuel.
A l’Ogolien (20000-12000 ans BP), la régression amorcée a la fin de l’Inchirien se poursuit et le niveau de la mer atteindrait (-50m) vers 25000 ans BP et sans doute (-100m) a (-120m) vers 15000 ans BP. Le climat est très aride, et les alizés continentaux mettent en place des ensembles dunaires de direction NE (s’étend largement sur le continent et la plate-forme continental au cours de la régression).
Au Tchadien (12000-7000 ans BP), le niveau de la mer remonte progressivement, et un climat très humide s’installe dont les conséquences sur l’environnement sont :
La formation des sols ferrugineux rouges sur les dunes Ogoliennes ;
L’installation de réseaux hydrographiques et de lacs dans les interdunes ;
L’installation d’une végétation d’affinité Guinéenne autour des lacs interdunes (HEBRARD 1978 ; MEDUS et al. 1981) ; etc.…
Durant le Subactuel et l’Actuel le processus éolien entraîne la réactivation des sables dunaires qui tendent à ensevelir les dépressions des Niayes.
LA TOURBE
La tourbe est un dépôt d’origine organique végétale, essentiellement, formée, au cours de l’époque Quaternaire en milieu aquatique dans des sites appelés tourbières. La tourbe se développe par accumulation des végétaux dans les dépressions.
La masse végétale morte en profondeur subit à l’abri de l’air sous une faible couverture d’eau, en milieu réducteur et aérobie, une dégradation lente biochimique appelée humification.
Dans son environnement naturel la tourbe contient 80 à 90% d’eau, le reste étant constitué de matières végétales et de matières minérales. Ces matières minérales constituent ce qu’on appelle les cendres. La densité humide de la tourbe est voisine de l’unité et sa teneur en carbone est de l’ordre de 50 à 60% sur sec.
Une coupe au niveau d’une tourbière montre que les tourbières d’eau douce des Niayes sont de type basses ou en cuvettes. Ce son également des tourbières Ligneuses de parles végétaux qui ont participé a leur contribution et les vestiges de foret tropical qui les entourent. (fig. 2)
La tourbe des Niayes est en moyenne bien humifiée mais contient beaucoup de sable.
Cette bonne humification serait liée autant au caractère ligneux du végétal d’origine qu’au degré d’évolution biochimique.
De par son degré d’évolution très avancé, la tourbe des Niayes se rapproche plus d’un lignite que des tourbes classiques européennes. En effet la différence provient du fait que pour les tourbes Européennes, les végétaux d’origine sont les mousses alors qu’on trouve des reliques de végétaux ligneux dans les tourbes des Niayes. (Mayanga, 1987). Diop (2001) a utilisé les indices géochimiques O/C (indice de maturation) et H/C (indice d’aromaticité) pour déterminer la place des tourbes de Niayes dans la lignée de combustibles solides (Fig.4).
EVENEMENTS PALEOCLIMATQUES ET PALEOHYDROLOGIQUES DANS LA ZONE DES NIAYES
Les tourbières des Niayes se sont formées au cours de l’holocène. Au cours de cette période du Quaternaire récent on note plusieurs types de variations (Saos et Fall, 1986)
• Variations paleohydrologiques : remontées et oscillation de la nappe phréatique due a la pluviométrie et a une remontée du niveau de base de mer ;
• Variation du couvert végétal ;
• Variation du régime climatique : apport éolien.
Les variations du couvert végétal ne sont aucun doute en lien avec les variations hydrologiques.
A travers les travaux de Saos et Fall (1986), Fall et Nongonierma, (1997), Fall et al, (1998), Fall et al, sous press) on retiendra le scénario paleoclimatique et paleohydrologique suivant :
• Entre 6500 ans BP et 5500 ans BP, l’environnement est semi-aride plus ou moins favorable au développement des cypéracées
• Entre 5500 et 4500 ans BP nous avons un épisode sec exceptionnellement souligné par les teneurs en 13C de la tourbe. ceci coïncide avec la régression de la flore Guinéenne et Soudanienne
• Autours de 3500 ans BP on note un épisode humide relativement bien marqué. Nous assistons à une inondation des cuvettes entrainant l’expansion des espèces Soudanoguinéennes et la disparition des cypéracées.
Après cette phase humide fini l’Holocène, l’environnement devient de plus en plus aride. Il y’a tendance a l’assèchement des aires de sédimentation et l’installation des conditions semiaride comparables a celle actuelles.