Ce mémoire de maîtrise s’inscrit dans le contexte de l’étude des douleurs à l’épaule dûes dans 70% des cas à des problèmes au niveau de la coiffe des rotateurs (Dinnes et al., 2003). La coiffe des rotateurs est un groupe de muscles entourant l’articulation gléno-humérale et permettant une grande mobilité de l’épaule tout en assurant sa stabilité. Ces muscles sont reliés à l’omoplate et à l’humérus par des tendons qui peuvent se déchirer et se trouer, ce qui entraîne une baisse de fonction de l’épaule et des douleurs. En revanche, les paramètres clés conduisant à la douleur ou à la dysfonction sont encore peu connus et très peu étudiés dans la littérature. En effet, le diagnostic seul ne permet pas toujours d’expliquer la perte de fonction. Or, le clinicien se base beaucoup sur le diagnostic par imagerie (taille de la rupture, nombre de tendons touchés. . . ) pour choisir quel patient est urgent à opérer et comment l’opérer. Pourtant, il arrive que deux patients avec le même diagnostic par imagerie ne réagissent pas de la même façon à la chirurgie et ainsi leur niveau fonctionnel après le traitement ne s’améliore pas. Il semblerait donc que d’autres paramètres aient un rôle à jouer dans la capacité fonctionnelle d’un patient aux prises avec une rupture de la coiffe des rotateurs.
Dans ce mémoire nous étudierons les paramètres permettant d’expliquer le niveau fonctionnel de l’épaule chez des patients souffrant de rupture de la coiffe des rotateurs. Notre hypothèse est que la morphologie osseuse pourrait avoir un impact sur le niveau fonctionnel, malgré la présence d’une rupture de la coiffe des rotateurs. Autrement dit, nous supposons qu’une configuration morphologique particulière pourrait favoriser la fonction malgré la rupture et qu’une autre configuration pourrait au contraire mener à une détérioration de la fonction. C’est pour cela que ce projet consiste en une analyse morpho-fonctionnelle de l’épaule. Notre objectif principal est donc d’identifier un ensemble de paramètres radiologiques et morphologiques permettant d’expliquer le niveau fonctionnel des patients ayant une rupture de la coiffe des rotateurs.
L’épaule
L’épaule est l’une des articulations du corps humain les plus complexes, mais elle est aussi la plus mobile. En effet, elle permet au corps d’effectuer des mouvements du bras d’une grande amplitude, dépassant les 180◦, dans les trois plans anatomiques : les mouvements de flexion et d’extension s’effectuent dans le plan sagittal, l’abduction et l’adduction s’effectue dans le plan frontal et les rotations interne et externe se font dans le plan transverse. L’épaule se décompose en 3 articulations et un plan de glissement. Ceux-ci se nomment respectivement : l’articulation gléno-humérale, l’articulation acromio-claviculaire, l’articulation sterno claviculaire et le plan de glissement scapulothoracique.
Dans cette section, nous allons nous concentrer plus particulièrement sur l’articulation glénohumérale et présenter les os, muscles et tissus mous qui la composent. Les mécanismes qui permettent la mobilité et la stabilité de l’articulation seront aussi brièvement expliqués.
Anatomie de l’épaule
Les os
L’articulation gléno-humérale est composée de deux os en étroite relation, qui sont la scapula et l’humérus .
L’humérus intervient dans la fonction de l’épaule grâce à sa partie supérieure formée de 4 régions :
– la tête humérale est une région de la forme d’un tiers de sphère, recouverte de cartilage. Le cartilage est un tissu conjonctif dense et élastique idéal pour les zones de jonction car il amortit les chocs dus aux mouvements. Dur et flexible, il est dépourvu de vaisseaux sanguins et de fibres nerveuses;
– le trochiter ou grosse tubérosité est la région accueillant les insertions des tendons des muscles du sous et sus-épineux;
– le trochin ou petite tubérosité est la région d’insertion du muscle sous-scapulaire;
– la diaphyse est la région centrale longitudinale de l’os long se trouvant sous le col de la tête humérale.
La scapula, aussi communément appelée omoplate, est un os mince, plat et triangulaire avec deux surfaces, trois bords et trois angles. Elle glisse sur la face postérieure du thorax lors du mouvement du bras et s’articule avec la tête de l’humérus au niveau de la glène. Elle possède 4 régions particulières :
– la glène ou cavité glénoïde qui est une petite cavité articulaire en contact avec la tête de l’humérus, recouverte elle aussi de cartilage. Sa forme est généralement assimilable à une poire dans 71% des cas, et elliptiques dans 29% des cas. Sa surface est légèrement concave;
– l’apophyse coracoïde est une excroissance osseuse en forme de petit doigt demi-plié, située à l’avant de l’omoplate qui termine son bord supérieur. En son sommet viennent s’insérer le court biceps et le coraco-brachial. Sur son bord interne est fixé le tendon du petit pectoral;
– l’acromion est une excroissance osseuse rugueuse de forme aplatie. Elle est située à l’arrière de l’épaule et prolonge l’omoplate en haut et en dehors de l’épine scapulaire, sur lequel s’insèrent le deltoïde ainsi que le trapèze;
– l’épine scapulaire est une lame transversale proéminente située sur la face postérieure de la scapula. Elle sépare les fosses sus (ou supra) et sous (ou infra) épineuses, où s’insèrent les muscles sus- et sous-épineux respectivement.
Les muscles
L’épaule est l’articulation la plus mobile du corps humain, dont les mouvements de rotation et d’élévation sont assurés par l’association de différents groupes musculaires : le deltoïde et les muscles de la coiffe des rotateurs.
Le deltoïde est le muscle triangulaire large et plat qui permet principalement l’élévation du bras. Il recouvre en partie les muscles de la coiffe des rotateurs et est composé de 3 faisceaux :
– le faisceau antérieur (ou claviculaire) situé sur l’avant de l’épaule s’insère au niveau du chef claviculaire sur le bord antéro-postérieur du tiers latéral de la clavicule. Ce dernier est fléchisseur et rotateur médial du bras;
– le faisceau moyen (ou acromial) situé sur le côté latéral de l’épaule s’insère au niveau du chef acromial sur la partie la plus haute de l’acromion soit le bord supéro-externe. Ce faisceau assure essentiellement le mouvement d’écartement latéral lors de l’abduction du bras. Cette puissance d’abduction se met en place au-delà des 15 premiers degrés qui sont initiés par le muscle supraépineux de la coiffe des rotateurs sous-jacente;
– le faisceau postérieur (ou épineux) situé sur l’arrière de l’épaule s’insère au niveau du chef spinal sur le bord inférieur de l’épine de la scapula. Celui-ci assure le mouvement extenseur et rotateur latéral du bras.
Les 3 faisceaux se terminent par un tendon commun qui vient s’insérer en distal au niveau de la tubérosité deltoïdienne de l’humérus. Sa forme est assimilable à un « V».
La coiffe des rotateurs est composée de 4 muscles contribuant à la rotation interne et externe de l’humérus ainsi qu’à l’abduction et l’adduction du bras :
– le supra-épineux (ou sus-épineux) s’insère au niveau de la fosse sus-épineuse et joue un rôle important dans l’abduction du bras en association avec le muscle deltoïde. Il intervient également dans la flexion et la rotation externe;
– l’infra-épineux (ou sous-épineux) s’insère au niveau de la fosse sous-épineuse. Son rôle est de produire l’adduction du bras et la rotation externe du bras;
– le sub-scapulaire (ou sous-scapulaire) s’insère au niveau de la fosse sous scapulaire. Il intervient aussi dans l’adduction du bras, ainsi que dans la rotation interne du bras;
– le petit rond s’insère au niveau du bord axial de la scapula et joue un rôle dans l’adduction et la rotation externe du bras.
Les autres tissus mous
Le bon fonctionnement de l’épaule se fait aussi en partie grâce à d’autres tissus mous adjacents. Comme décrit précédemment, les surfaces de la glène et de la tête humérale sont recouvertes de cartilage hyalin. Le rôle de ce dernier est de lubrifier les zones de contact où a lieu le mouvement entre les deux os, ce qui permet une meilleure répartition des charges.
Le bourrelet glénoïdien ou labrum, est un fibro-cartilage entourant la glène comme un anneau de section triangulaire. Il permet d’augmenter la congruence avec la tête de l’humérus, ce qui joue un rôle important dans la stabilité de l’articulation gléno-humérale.
La capsule de l’épaule est une membrane fibreuse recouvrant l’articulation gléno-humérale. Elle s’étend du col de la glène jusqu’au col anatomique de l’humérus. Le liquide synovial contenu à l’intérieur permet une meilleure lubrification lors des mouvements de l’articulation.
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