EVALUATION DES ZONES HOTSPOTS DE TUBERCULOSE
Différentes méthodologies ont été utilisées antérieurement pour faire des études de surveillance de la TB. Des études basées sur l’épidémiologie classique par des enquêtes directes auprès des patients ont permis de mieux comprendre les facteurs de risques liées à la tuberculose malgré la lourdeur des méthodes utilisées ainsi que les biais engendrés. D’autres études basées sur l’épidémiologie moléculaire ont permis de retracer les infections, de mesurer le niveau de transmission de la TB et l’échelle à laquelle se fait la transmission. D’autres études basées sur des analyses spatiales intégrant le SIG ont permis d’identifier des signatures spatio-temporelles particulières de la distribution des maladies, des patients ou des facteurs de risque. Cependant, utilisées seules, ces méthodes ne permettent pas de constituer un véritable outil de surveillance de la TB. De récentes études combinant analyses spatiales et épidémiologie moléculaire ont permis d’identifier des zones à fort risque de transmission de la TB dans le monde (Ribeiro et al., 2015 ; Moonan et al., 2012 ; Izumi et al., 2012). Ces approches combinées semblent révolutionner la surveillance des maladies transmissibles. Premièrement, les méthodologies sont relativement moins lourdes, et deuxièmement, ces outils servent d’aide à la décision pour la lutte contre la TB. En effet, la détermination des zones à forte risque de transmission de la TB serait un atout majeur pour la détermination des zones clefs pour les actions de lutte contre la TB. Récemment, des études ont démontré l’existence d’agglomération significative de cas de TB (clusters spatiaux de cas de TB) à Antananarivo, la capitale de Madagascar. Ces agglomérations constitueraient des zones à forte charge de TB. Cependant, ces types d’étude ne distinguent pas les cas de TB transmis récemment et les cas de réactivation de TB latente acquis plus ou moins loin dans le temps. Ce qui est intéressant en matière de santé publique c’est de pouvoir identifier là où il y a de la transmission non contrôlée, Donc de la transmission de TB active et récente. L’hypothèse serait que les souches ayant des génotypes communes auraient plus de chance d’appartenir à une chaine récente de transmission tandis que les souches avec des génotypes uniques auraient plus de chance de ressurgir de la réactivation de TB latente. Cela signifie que les éventuelles zones d’agglomération significative de ces souches appartenant à une chaine de transmission récente de TB seraient potentiellement des zones à forte transmission de TB. C’est ce qui nous a mené à notre objectif de monter un outil de surveillance de la TB à Madagascar en combinant des méthodes d’analyse spatiale et des méthodes d’épidémiologie moléculaire en particulier la technique du spoligotypage. La méthodologie consiste à identifier les souches susceptibles de provenir d’une chaine de transmission récente, c’est-àdire les souches ayant les mêmes génotypes. L’étude pilote se fera dans la commune urbaine d’Antananarivo (CUA), la capitale de Madagascar. Cette méthode pourrait servir pour la recherche des zones de transmission active de la TB à Madagascar mais aidera également le PNLT pour le choix des zones prioritaires pour les actions de lutte contre la TB. Pour cela, les nouveaux cas de TB résidant dans la CUA et consultant les centres de diagnostic et de traitement de la TB (CDT) à Antananarivo ont été recrutés pendant une période de 9 mois. Leurs crachats ont été mis en culture et typés par le spoligotypage sur la plateforme Luminex 200. Les cas ont été localisés selon le quartier de résidence des patients correspondants. Ces cas ayant des souches clusterisées génotypiquement avec d’autres (PRS / « Patients associated with strains with Repeated Spoligotype ») sont scannés par la méthode de balayage spatial de Kulldorff afin de déterminer des tendances d’agglomération significative (clusters spatiaux). Les quartiers (Fokontany) touchés par les clusters spatiaux constitueraient les zones à risque de transmission de la TB.