Evaluation des émissions de gaz à effet de serre d’origine animale dans la zone sylvo-pastoral
Le travail documentaire
La revue documentaire a porté sur des ouvrages généraux, des documents de thèses, des articles scientifiques et de presse. Plusieurs sites web ont aussi été visités. Les documents consultés traitent du changement climatique, des méthodes d’évaluation des émissions de GES, et des paramètres zootechniques des animaux sahéliens. La base de données du SIPSA, des mémoires et des thèses sur Ferlo ont été une source d’informations pastorales qui ont permis de mieux élaborer la méthodologie de recherche. Par ailleurs, des interviews tournant autour des systèmes et des pratiques d’élevage au Ferlo ont été faites avec des personnes ressources. Le stage au CIRAD a permis de participer à des séminaires et des ateliers qui ont aidé à approfondir le thème de recherche, et à s’informer sur les méthodes d’évaluation des émissions de GES dont quelqu’unes sont décrites ci-dessous.
Quelques méthodes d’évaluation des GES
Les méthodes d’évaluation des émissions de méthane et de protoxyde d’azote d’origine animale se basent sur des modèles prévisionnels ou sur des mesures réalisées dans des chambres de respiration. S’agissant des modèles prévisionnels, ce sont des équations de régression qui ont des erreurs de prédiction variant entre 19,87 % et 36,93 % (Benchaar et al., 1998). Les exemples qui suivent sont des méthodes conçues et adaptées par des organismes français pour les systèmes agricoles en France.
CLIMATERRE ou CLIMAGRI
c’est un outil permettant de mesurer l’impact énergétique et les émissions de GES liés aux activités agricoles et à la forêt à l’échelle des territoires. Par exemple il permettrait de mesurer les émissions de CO2 liées à la fabrication d’engrais azotés pour les besoins du territoire. Il est en cours d’expérimentation par l’Agence de l’Environnement et de la maitrise de l’Energie (ADEME, 2011). 2) GES’TIM : c’est un guide méthodologique pour l’estimation des impacts des activités agricoles sur l’effet de serre. Réalisé par les instituts techniques agricoles française, l’objectif de GES’TIM est de proposer un vocabulaire et un cadre méthodologique homogénéisée, avec des facteurs d’émissions représentatifs des filières de production agricoles françaises. C’est aussi un 5 outil qui n’a pas une vocation territoriale mais plutôt des approches « produit/filière ». Ce n’est pas un outil de calcul mais plutôt il propose une synthèse des indicatrices « énergies » et « GES » pour quelques filières de production. Il a pour particularité de permettre de faire un bilan global. Cependant les champs non couverts sont encore nombreux (élevages caprins, ovins et équins) (Institut d’élevage, 2011). 3) La méthode bilan carbone : c’est une méthode de comptabilisation des émissions de GES à partir de données facilement disponibles pour parvenir à une bonne évaluation des émissions directes ou induites par une activité ou un territoire (ADEME, 2011). 4) Dia ‘TERRE est une interface complète de calcul des consommations d’énergie (directes et indirectes) et des émissions de gaz à effet de serre des exploitations agricoles. Les méthodes de calcul utilisées dans le diagnostic Dia’Terre s’appuient sur les différents apports méthodologiques des partenaires du projet. Le diagnostic se fait en trois étapes : -étudier les consommations d’énergie directe de l’exploitation ; -étudier les consommations d’énergie totales et réaliser le bilan des émissions de GES de l’exploitation ; -décomposer les consommations d’énergie directes et indirectes, entre les ateliers de production de l’exploitation (ADEME, 2011). 6) L’outil Mélodie permet de simuler les flux entrants et sortants dans élevages de porcs et de vaches laitières pour regarder leur impact sur l’environnement. Son utilisation nécessite la connaissance des caractéristiques de l’exploitation comme le nombre d’animaux, le traitement ou non du lisier, la typologie des sols, la nature des intrants, les paramètres climatiques, etc. (Espace des Sciences, 2011). Même si la liste n’est pas exhaustive, ces exemples montrent que les modèles d’évaluation des émissions de GES sont généralement adaptés à des systèmes agricoles intensifs des régions climatiques froides, et par conséquent, ils ne conviennent pas à notre site d’étude où il est question de système d’élevage extensif. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi les modèles d’évaluation des émissions de GES d’origines animales du GIEC qui sont des modèles de référence et qui sont appliqués par les états pour faire leurs inventaires nationaux de GES. 3.1.2. Les modèles du GIEC Les premières initiatives prises par les Nations Unies pour prendre en compte les risques liés à la variabilité climatique est la mise en place d’un Groupe International d’experts sur l’Etude du 6 Climat (GIEC) en 1988 (Mbow, 2009). Le mandat de cette structure est de coordonner les recherches scientifiques pour donner des preuves des hypothèses et incertitudes liées au Changement Climatique. C’est ainsi que le GIEC publie périodiquement un guide méthodologique d’évaluation des émissions de GES intitulé « Ligne Directrice du GIEC ». Les modèles qui concernent cette étude sont contenus dans le volume 4, chapitre 10 des Ligne Directrice 2006 du GIEC. Ce document renferme les modèles d’évaluation des émissions des principaux animaux domestiques du monde. Comme ces modèles sont adaptables à toute région climatique et à tout système d’élevage, ceux qui concernent l’Afrique subsaharienne ont été adaptés et appliqués aux espèces animales du CRZ de Dahra.
Les paramètres des modèles du GIEC
Les paramètres d’entrée des modèles du GIEC sont essentiellement des paramètres zootechniques, la digestibilité de l’alimentation du bétail et la composition de son fumier que nous appelons paramètres nutritionnels (tableau 2). Tableau 2: Principaux paramètres zootechniques et nutritionnels Paramètres zootechniques Paramètres nutritionnels -type d’animaux ; -effectif ; – poids ; -nombre de mises bas ; -production de lait et teneur en matière grasse ; -type d’aliment consommé ; -digestibilité de l’aliment de bétail ; -teneur en azote, en cendre, etc. du fumier ; Signalons qu’au Sahel, ces paramètres connaissent de grandes variabilités inter et intra annuelles (début d’hivernage, milieu d’hivernage, fin d’hivernage et saison sèche). Cette réalité vaut aussi pour le CRZ de Dahra en particulier, même si les écarts sont moins élevés que dans le reste du Ferlo. Les données ou les statistiques sur le bétail du CRZ de Dahra sont rares et relativement anciennes. Cela étant, celles qui sont accessibles ont été complétées par les paramètres zootechniques et nutritionnels relatifs au Ferlo et parfois au Sahel. Nous avons ensuite fait le recoupement entre les informations recueillies dans la littérature et auprès des personnes ressources. Cette approche a permis d’ajuster et d’actualiser les données utilisées dans les calculs. 3.2. Le travail de terrain Le travail de terrain s’était déroulé en 3 phases dont les résultats sont résumés dans le tableau 3 7 Tableau 3: Phases du travail de terrain Périodes (2011) Objets Résultats de la visite 18 et 19 février -visite de prospection -prise de contact ; -choix du site d’étude ; -cadrage du sujet 24 mars au 03 avril -enquêtes qualitatives ; -observations ; -espèces animales du CRZ de Dahra identifiées ; -pratiques d’élevage connues; -méthodes de gestion du fumier connues ; -statistiques animales officielles collectées; -collecte de paramètres climatiques ; 09 – 17 mai -enquêtes quantitatives -effectifs animaux connus ; -bétail du CRZ de Dahra caractérisé Conformément aux recommandations du GIEC, et sur la base de la typologie animale faite par la DEEC (2010) lors de la deuxième Communication Nationale du Sénégal, l’un des objectifs des missions de terrains est de faire la typologie du bétail du CRZ de Dahra qui a consisté à : a) identifier les espèces animales du CRZ de Dahra : Les espèces animales domestiques du CRZ de Dahra sont les bovins, les ovins, les caprins et les équins. b) répartir les bovins et les ovins en sous-groupes selon l’espèce, l’âge et le sexe : L’objectif de cette classification est d’avoir, dans la mesure du possible, des sous-groupes homogènes dont les individus émettent approximativement les mêmes quantités de GES. Ainsi, les bovins sont répartis entre les vaches lactantes, les vaches sèches, les taureaux, les taurillons, les génisses, les veaux, et les velles. S’agissant des ovins, ils sont répartis entre les béliers, les brebis lactantes et les brebis sèches. Notons que les caprins et les équins ne sont pas répartis en sous-groupes car les modèles qui leur sont appliqués ne nécessitent pas une telle opération. c) estimer la population moyenne annuelle de chaque sous groupe animal : Les effectifs collectés correspondent à ceux des animaux au moment des enquêtes. En effet, le manque d’archives sur le bétail du CRZ de Dahra n’a pas permis de faire une étude statistique sur leur effectif annuel. Par ailleurs, comme le recensement du 31 décembre 2010 des animaux du site d’étude n’était pas un recensement de typologie et n’a pris en compte que les animaux 8 adultes, des enquêtes au près des bergers ont été nécessaires pour faire la typologie de leur troupeau. Photo 1 : enquête de caractérisation du bétail du CRZ de Dahra 3.4. Le traitement de données Les données qualitatives ont été collectées au cours des enquêtes. Elles ont porté sur la connaissance des pratiques agricoles, des espèces animales, la composition de l’alimentation du bétail et la gestion du fumier du CRZ de Dahra. Les données quantitatives collectées concernent les effectifs et le poids des types d’animaux, la digestibilité moyenne du fourrage consommé par les animaux et la température moyenne annuelle du CRZ de Dahra. Ces données ont été traitées à l’aide de l’outil Excel qui a permis aussi d’avoir des graphiques pour illustrer les résultats obtenus. La carte de localisation a été obtenue à partir d’une image Landsat ETM+ 2010 sur laquelle nous avons effectué une digitalisation des différentes entités qui composent le CRZ de Dahra. Nous avons utilisé le fond de carte de la DTGC pour situer le site d’étude au niveau du Sénégal.
INTRODUCTION |