Evaluation de lignées de mil
Les contraintes de la culture du mil
Le mil est sujet à des contraintes d’ordre biotiques et abiotiques qui sont responsables des faibles rendements. I.6.1. Déficience en éléments minéraux des sols Chez le mil, les éléments Azote, Phosphore et Potassium (NPK) jouent un rôle déterminant dans le développement végétatif du mil. La déficience en éléments minéraux peut avoir un effet néfaste pour le développement du mil. Celle-ci peut se manifester par plusieurs symptômes tels que des feuilles de petites tailles avec une couleur verte pale ou jaunâtre suivie des nécroses s’il s’agit d’une carence en azote. Un déficit en phosphore peut entrainer une croissance rabougrie des plantes avec couleur verte pale et violacée. Un manque de potassium peut conduire à une présence de feuilles blanchâtres, jaunâtres ou rougeâtres (Kimba , 2010).
La sécheresse
D’après AGRHYMET et CIRAD (2005), la sécheresse est caractérisée par une saison des pluies plus courte qui restreint davantage la période agricole pour les cultures pluviales telles que le mil. La région sahélienne est l’une des régions du globe qui a connu les sécheresses les plus importantes à partir des années 1970 (Dai, 2011). Elle est très contraignante pour la photosynthèse du mil (Radhouane, 2009) et peut endommager la plante entière tout en réduisant considérablement le rendement (Winkel et al., 1997). 7 Photo 1: Champ de mil affecté par la sécheresse. Source : Kanfany (2015).
Les adventices
Les adventices sont des ennemies redoutables du mil dans la compétition pour les éléments minéraux, l’eau et la lumière. Les adventices les plus concurrentielles de la culture de mil sont les strigas. Ce sont des parasites des racines qui causent d’énormes dommages au mil en Afrique. Parmi ces strigas l’espèce Hermonthica (Del.) Benth est la plus importante (Kountche et al., 2013). Il infeste environ 40% des céréales cultivées en Afrique sub saharien et possède des fleurs roses qui prennent une couleur violette après coupure (Gurney et al., 2006). Il perturbe l’activité photosynthétique de la céréale (Olivier, 1995). Photo 2: Striga hermonthica a), plant de striga ; b), champ de mil infesté par S. hermonthica. Source : Ehemba (2017).
Les insectes
Le mil est sujet à des attaques de nombreux insectes de la levée, la récolte et à l’entreposage. Les études de Krall et al. (1995) en zone sahélienne révèlent que les insectes causent des pertes de rendement de l’ordre de 8 à 95%. Parmi ces insectes on distingue: les mineuses de a) b) 8 l’épis Heliocheilus albipunctella de Joanis le plus largement réparti dans le Sahel, les insectes de plantule: Atherigoma spp, Lema spp, Chaetocnema tibialis Illig, les insectes du feuillage dont plusieurs espèces de chenilles, Spodoptera spp, Amsacta Druce, les foreurs de tige dont Coniesta ignifusalis; occasionnellement Eldana saccharina, Sesamia calamistis Hmps, les chenilles foreuses des tiges, Coniesta ignefusalis Hmpet, Heliothis armigera. (Ndoye, 1992 ; ROCAFREMI, 2002)
Les maladies majeures
L’ergot (Claviceps fusiformis)
L’ergot du mil, causé par Claviceps fusiformis est très rependu en Afrique et en Inde (Miedaner et Geiger, 2015). L’Ergot est présent sous forme d’un miellat crème qui forme des gouttelettes sucrées que l’on peut voir sur les épis. Le miellat sèche en formant des sclérotes d’environ 6 cm de long et de couleur brun foncé. L’agent pathogène infeste les fleurs au stade de la floraison femelle avant la formation des graines. C’est une espèce qui est morphologiquement très variable (Diagne ,1993). Il peut causer des dégâts substantiels au niveau des rendements où le pourcentage des grains perdus peut atteindre les 100% (Mbaye, 1994). Photo 3 : Symptôme de l’ergot sur épi de mil. Source : Ehemba (2017). 9
La rouille (Puccinia substriata var. indica)
La rouille du mil a été décelée en Asie, en Afrique mais aussi aux Etats Unies et au Brésil (Thakur et al., 2011). Elle est causée par Puccinia substriata, et se manifeste par de petites taches jaunes ou blanches en relief sur la surface supérieure et surtout celle inférieure des feuilles. Elles s’agrandissent et se développent en pustules rouges-brunes qui peuvent être entourées d’un halo jaune. La rouille peut affecter le rendement et la qualité de la paille utilisée comme fourrage (Wilson et al., 2013). Photo 4 : Symptôme de la rouille sur une feuille de mil (Thakur et al., 2011).
La pyriculariose (Pyricularia grisea)
La pyriculariose du mil est une maladie fongique causée par Pyricularia grisea. Elle se manifeste par de petites lésions noires sur les feuilles, la panicule et la tige. Elles sont généralement de forme ovale. Les centres des lésions sont de couleur grise avec des points noirs visibles. Les lésions peuvent être couvertes de spores pendant le temps humide. L’émergence de la maladie se fait sous des températures modérées (25-30ºC) coïncidant avec des périodes de forte humidité (>90% RH) (Thakur et al., 2011). Planche 2 : Symptôme de la Pyriculariose du mil (Thakur et al., 2011).
Le charbon (Moesiziomyces penicillariae)
Le charbon du mil est causé par Moesiziomyces penicillariae. Il est présent dans tous les continents où le mil est cultivé. Le charbon du mil infecte les fleurs et les transforme en sores (sacs noirs). A l’état jeune les sores sont plus verts que les graines non infectées. Ils deviennent bruns sombres à maturité (Thakur et al., 2011) Les pertes de rendement dues à cette maladie varient de 5 à 20% (ROCAFREMI, 2002 ; Moumouni, 2006). Photo 5 : Charbon sur épis de mil, Sores verdâtres (a), sores à maturité (b) Thakur et King, (1988).
Le mildiou
Le mildiou du mil est la maladie qui affecte le plus la culture du mil en Afrique et en Inde (Sharma et al., 2015). Apparaissant dans tous les endroits de culture de mil, cette maladie est causée par Sclerospora graminicola (Sacc.) J Schroet. Les pertes mondiales annuelles de rendement occasionnées par le mildiou sont estimées à 20 et 40%. (Singh, 1995; Hash et al., 1999). Description et cycle de vie de S. graminicola Sclerospora graminicola appartient à la classe des Oomycetes, l’ordre des Peronosporales, la famille des Peronosporaceae et au genre Sclerospora. C’est un parasite biotrophe (Takur et al., 2011). S. graminicola a deux cycles de reproduction (Figure 3) : un sexué produisant des oospores et un autre asexué à l’origine des sporanges dans lesquels se sont différenciées des zoospores (Michelmore et al., 1982, Thakur et al., 2004, Pushpavathi et al,. 2006). La température et l’humidité relative optimales à la sporulation sont respectivement de 20 à 25°C et 95 à 100% (Singh et al., 1993; Gupta et Singh, 2000). Le pathogène a une très grande variabilité génétique avec un hétérothallisme et une compatibilité sexuelle entre ses différents isolats (Michelmore et al., 1982).
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