Evaluation de l’efficacité de nouveaux programmes de protection phytosanitaire contre les principaux ravageurs du cotonnier Gossypium hirsutum L. au Sénégal

LES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DU COTONNIER

Systématique : Le cotonnier appartient à la famille des Malvacées, à la tribu des Hibisceae et au genre Gossypium. Le genre Gossypium comprend une quarantaine d’espèces diploïdes (2n = 2x = 26) réparties dans huit classes génomiques désignées par les lettres A, B, C, D, E, F, G et K ainsi que cinq espèces tétraploïdes (2n = 4x = 52) de formule génomique AD (Wendel et al., 2003). De toutes ces espèces, seules deux diploïdes de génome A (Gossypium arboreum L. et Gossypium herbaceum L.) et deux tétraploïdes (Gossypium barbadense L. et Gossypium hirsutum L.) produisent du coton. L’espèce G. hirsutum représente à elle seule plus de 85% des superficies cultivées et près de 90% de la production au niveau mondial, ce qui en fait la principale espèce de cotonnier cultivée (Berti et al., 2006).
Description de la plante : La partie souterraine du cotonnier se caractérise par un système racinaire de type pivotant, formé d’une racine principale ou pivot, d’où partent des ramifications latérales. Ces ramifications réalisent la fixation de la plante au sol et assurent la plus grande partie de son alimentation (FAO, 2014).
Le cotonnier a une tige principale sur laquelle partent deux types de branches : les branches végétatives, qui ont une croissance continue (monopodiale) et les branches fructifères, à croissance discontinue (sympodiale) (Cretenet et al., 2006).
Les feuilles sont alternes, glabres, palmées avec cinq lobes plus ou moins échancrés et apparaissent à l’aisselle de chaque nouvelle branche et de chaque site fructifère mis en place. L’inflorescence du cotonnier commence par l’apparition du bouton floral, à partir du 45éme jour après la levée et chaque branche peut porter 6 à 8 boutons floraux.
Le cotonnier est autogame mais peut, dans certaines conditions de culture, atteindre 30% d’allogamie à cause de la densité des insectes pollinisateurs (Hau et al., 1997).
Le fruit du cotonnier est une capsule sphérique, ovoïde ou piriforme, verte plus ou moins tachetée de rouge.
La graine se termine par une pointe ; elle est assez grosse. Elle se compose d’une coque, d’une amande renfermant de l’huile de 34 à 39% (soit 17 à 24% par rapport à la graine), elle peut être anguleuse ou arrondie et renferme un taux de gossypol de 2 à 8% du poids en huile (Badiane, 2008).
La fibre ou coton ou encore lint est une cellule très allongée du tégument de sa graine et recouverte de cellulose. Cette fibre est utilisable en filature, puis en tissage dans l’industrie textile. En pharmacie, elle sert à la confection de l’ouate hydrophile (Cretenet et al., 2006). Le cotonnier possède à la fois des glandes externes et internes. Les glandes externes ou nectaires sécrètent un suc, le nectar qui attire certains insectes. Ces glandes sont présentes sur la nervure principale des feuilles et dans les fleurs. Les glandes internes sont observées sur tout le plant. Ce sont des sacs ovoïdes qui libèrent dans leur enceinte des composés chimiques dont le gossypol qui est un pigment affectant l’utilisation des graines pour l’alimentation humaine (Parry, 1982 in Sountoura, 2011).

LES EXIGENCES AGRO CLIMATIQUES

Le sol : le cotonnier préfère les sols homogènes, profonds, perméables à bonne capacité de rétention d’eau, mais aussi riches en éléments minéraux majeurs et secondaires (S, Mg) et en oligoéléments (B, Zn) avec un pH proche de la neutralité (Badiane, 2008).
La lumière : l’ensoleillement est un facteur primordial de développement de la culture surtout lors de la phase de développement du système reproducteur. Le cotonnier est une plante héliophile, un manque de lumière a un effet défavorable sur la croissance et la rétention des organes reproducteurs (Cretenet et al., 2006).
La température : le cotonnier est originaire des régions arides tropicales et subtropicales d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Australie. C’est une plante des pays chauds dont la germination des graines débute vers 15°C mais l’optimum de germination se situe autour de 33°C (Attims, 1969). La pluviométrie : l’alimentation en eau du cotonnier est surtout importante pendant la floraison et éventuellement en début de croissance. Les besoins sont d’au moins 500 mm pour boucler le cycle durant la saison culturale (Cretenet et al., 2006). Un déficit hydrique pendant la floraison provoque la chute des fleurs et des jeunes capsules. Les fortes pluies aussi sont souvent responsables de la coulure du cotonnier (Badiane, 2008). La déficience en potassium : on la reconnaît par la présence de taches jaunâtres entre les nervures des feuilles dont les bords prennent une couleur brune. A un stade plus avancé, les feuilles se dessèchent complètement mais restent accrochées comme des « chauves-souris » aux plants. Le rendement et la qualité de la fibre de coton diminue (Traoré, 2008).

LES CONTRAINTES ENTOMOLOGIQUES DU COTONNIER

Les insectes nuisibles du cotonnier : Le parasitisme entomologique du cotonnier au Sénégal est dominé par une dizaine d’espèces d’insectes qui constituent les principaux ravageurs. Parmi ces principaux déprédateurs nous avons : Helicoverpa armigera (Hübner), Haritalodes (=Syllepte) derogata (Fabricius), Anomis flava (Fabricius), Aphis gossypii (Glover), Bemisia tabaci (Gennadius), Earias spp (Boisduval et Walker), Diparopsis watersi (Rothschild) et Jacobiella fascialis (Jacobi). Ces espèces sont le plus souvent nuisibles au stade larvaire causant d’énormes dégâts au cotonnier. Leurs effets individuels ou combinés causent des pertes importantes de rendements qui peuvent atteindre 50 à 70% en absence de protection chimique (Badiane, 2002). Les espèces d’insectes nuisibles au cotonnier sont classées selon la partie de la plante attaquée et leur mode d’alimentation (broyeur, piqueur suceur…).
Ainsi on peut noter les chenilles phyllophages et carpophages et les piqueurs suceurs. Le cycle de développement et les phases d’attaques des différents ravageurs sont indiqués dans la f.
Les acariens parasites du cotonnier : Deux grands groupes d’acariens sont responsables des dégâts sur les cotonniers en Afrique de l’Ouest: les Tarsonemidae et les Tetranychidae. Ils sont de petite taille et sont localisés à la face inférieure des feuilles. Les pullulations rapides sont surtout en relation avec leur court cycle de développement variant de 5 à 10 jours. Les symptômes d’attaque sont caractérisés par un aspect vitreux à la face supérieure des feuilles et la face inferieur devient plus lumineuse. Avec l’avance de l’attaque, les feuilles sont arrachées (Miranda et al., 2013). Tetranychus sp Dufour, 1832 (Acari, Tetranychidae.) : les tétraniques vivent sur le dessous des feuilles et apparaissent à l’œil nu comme de minuscules taches rouges. Tetranychus est une espèce très polyphages et de très petite taille (moins de 1 mm). Elle tisse des toiles qui deviennent visibles si les populations sont importantes. Le cycle de vie de cet acarien dure un peu plus d’une semaine et il peut produire plusieurs générations au cours d’une année (James et al., 2010). Ce sont des piqueurs-suceurs videurs de cellules (Diop, 2013).
Polyphagotarsonemus latus Bank, 1904 (Acari, Tarsonemidae) : cette espèce communément appelée l’acarien jaune du thé, est une espèce polyphage. II mesure 0,15 à 0,22 mm. Sa couleur est gris pâle jaunâtre. P. latus vit à la face inférieure des feuilles à l’état larvaire et adulte. Les femelles sont nettement plus grosses que les mâles. Le mâle transporte souvent une nymphe femelle, et féconde l’adulte issu de cette nymphe (Badiane, 1995).

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LES AUTRES CONTRAINTES DU COTONNIER

Les maladies du cotonnier : La bactériose : elle est due souvent à une bacterie, Xanthomonas malvacearum qui attaque le cotonnier à tous les stades de son développement. Participant au complexe des fontes de semis sur jeunes plantules, la bactériose provoque sur le cotonnier plus âgé des taches anguleuses sur les feuilles, d’aspect huileux devenant nécrotiques sur le limbe des feuilles et sur les capsules (FAO, 2014).
La fusariose : la fusariose du cotonnier est une trachéomycose provoquée par un champignon du sol, Fusarium oxysparum, F. vasinfectum. Cette maladie vasculaire provoque un jaunissement du feuillage, puis un flétrissement général du plant. Elle peut aussi causé brunissement et obturation des tissus conducteurs (Cretenet et al., 2006).
La maladie bleue : elle est signalée depuis 1945 et est attribuée à un virus. Elle possède jusqu’à présent un seul agent vecteur, le puceron Aphis gossypii (Cauquil et Vincens, 1982). Lorsque le plant est attaqué précocement, sa croissance est ralentie, les entrenœuds se raccourcissent, les limbes des feuilles se rétrécissent, s’enroulent et prennent un aspect vert bleuâtre. Les organes florifères sont réduits, rachitiques puis n’apparaissent plus quand l’attaque se prolonge. Quand l’attaque est tardive, les symptômes ne se limitent qu’aux extrémités végétatives (Cauquil, 1977). La virescence florale : la maladie est causée par un mycoplasme dont le vecteur est une jasside, Orosius cellulosus (Folin, 1986). Lorsque le plant est attaqué les symptômes qui se présentent sont le jaunissement des feuilles et des tiges, la transformation des organes floraux en structures foliacées. La carolle s’épanouit prématurément, tandis que les pétales restent peu développés, avec une texture charnue et foliacée ; tout ceci se traduit par une stérilité du plant atteint (Cauquil et Folin, 1983).
Les adventices : Il n’existe pas d’adventices spécifiques en culture cotonnière au Sénégal et la plupart des espèces rencontrées appartiennent à deux groupes : les graminées (ex : Pennicetum pedicellatum, Digitaria horizontalis, Dactyloctenium aegyptium…) et les latifoliées (ex : Kyllinga squamulata, Commelina forskalei, Impomea eriocarpa…) (Gueye et al., 2005). Ces adventices peuvent avoir une incidence négative sur la production du cotonnier et de nombreuses expériences réalisées dans des conditions différentes permettent d’estimer des pertes de récolte jusqu’à 80% lorsque le désherbage est fait dans de très mauvaises conditions (Parry, 1982 in Lawson, 2008). Les nématodes : Ce sont des Némathelmintes nuisibles, ecto et endoparasites des racines du cotonnier. Il s’agit principalement des genres Pratylenchus, Rotylenchus, Meloidogyne, Scutellonema et Helicotylenchus. (Traoré, 2008). Les nématodes peuvent provoquer des flétrissements ou un affaiblissement de la plante (Diop, 2013).
Les Diplopodes (iules) : Il s’agit de myriapodes (mille-pattes,) qui rongent les racines et la tige des plantules lors de la germination du cotonnier. La présence de diplopodes justifie parfois un traitement des semences et plus rarement des interventions spécifiques, avec une utilisation d’appâts toxiques (Vaissayre et Cauquil, 2000).

LA FAUNE UTILE

Beaucoup d’organismes attaquent les ravageurs du cotonnier pour se nourrir. Ces organismes sont connus sous le nom d’ennemis naturels ou faune utile. Les ennemis naturels courants des nuisibles sont les parasitoïdes, les prédateurs et les agents entomopathogènes.
Les parasitoïdes : les parasitoïdes sont des ennemis naturels qui tuent et empêchent la propagation des nuisibles en vivant et en se développant dans leur corps. Ces espèces pondent leurs œufs dans ou sur le corps des nuisibles, lorsque ces œufs éclosent, ils se transforment en larves et se nourrissent de leurs tissus internes. Ces larves se développent dans leurs corps et leurs tuent ainsi. Exemple : Telenomus ullyeti et Trichogramma spp sont des parasitoïdes de Helicoverpa armigera (James et al., 2010).
Les prédateurs : ce sont des organismes animaux qui poursuivent et capturent des proies vivantes pour s’en nourrir ou pour alimenter leurs progénitures. La plupart des prédateurs des insectes et acariens nuisibles sont d’autres insectes et acariens (Renou et Deguine, 2006). Exemple : les coccinelles (prédatrices de Bemisia tabaci, de Helicoverpa armigera, de Tetranychus spp…), les syrphes (prédateurs de Bemisia tabaci), les fourmis et les araignées prédatrices de Bemisia tabaci et Helicoverpa armigera (Stoll, 2002).
Les agents entomopathogènes : les agents entomopathogènes sont des ennemis naturels qui tuent et empêchent la propagation des insectes et acariens en causant des maladies dans leur corps. Ce sont certaines bactéries, champignons (exemple Beauveria bassiana de Bemisia tabaci), nématodes, protozoaires ou virus (Stoll, 2002).

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I. LES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DU COTONNIER 
I.1. Systématique
I.2. Description de la plante
II. LES EXIGENCES AGRO CLIMATIQUES
III. LES CONTRAINTES ENTOMOLOGIQUES DU COTONNIER
III.1. Les insectes nuisibles du cotonnier
III.1.1. Les chenilles phyllophages
III.1.3. Les chenilles carpophages
III.1.4. Les coléoptères nuisibles du cotonnier
III.2. Les acariens parasites du cotonnier
IV. LES AUTRES CONTRAINTES DU COTONNIER
IV.1. Les maladies du cotonnier
IV.2. Les adventices
IV.3. Les nématodes
IV.4. Les Diplopodes (iules)
V. LA FAUNE UTILE
VI. DESCRIPTIONS DES MATIÈRES ACTIVES À TESTER
VI.1. Tihan 175 O-TEQ
VI.2. Lambdacal 265 EC
VI.3. Cobra 120 EC
VI.4. Thunder 145 O-TEQ
VI.5. Novac 116 EC
VI.6. Ema-pyriprox
CHAPITRE II: MATERIEL ET METHODES
1. Zone d’étude
2. Matériel végétal
3. Dispositif expérimental
4. Traitements phytosanitaires
5. Observations
6. Les observations complémentaires
7. Le traitement de données
CHAPITRE III: RESULTATS ET DISCUSSION
I. RESULTATS
I.1. Variations hebdomadaires des infestations parasitaires
I.1.1.Variations hebdomadaires des ravageurs sur plant
I.1.2. Variations hebdomadaires des plants attaqués
I.2. Variations hebdomadaires de la faune auxiliaire
I.3. Niveaux moyens annuels des infestations parasitaires
I.4. Niveaux moyens annuels de la faune auxiliaire
I.5. Analyse sanitaire des capsules vertes et mûres
I.6. Rendement moyen annuel dans chaque objet
II. DISCUSSION
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
ANNEXES

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