Evaluation de l’efficacité de la rachianalgésie morphine chez les patients opérés d’une colectomie coelioscopique

Administration intrathécale de morphine

Dans notre centre, l’ITM n’était pas pratiquée par tous les membres de l’équipe d’anesthésie réanimation et était inscrite dans un protocole de service. Les patients bénéficiant de cette technique recevaient entre 100 et 300µg de morphine intrathécale, associée ou non à du sufentanil (2,5 à 5µg) et/ou de la clonidine (50 à 75µg). L’injection était réalisée dans des conditions stériles, après asepsie chirurgicale de la peau, dans l’espace intervertébral L2-L3 ou L3-L4, avec une aiguille de rachianesthésie de 25G.
La dose totale de morphine administrée ne dépassant pas 300µg, la surveillance postopératoire après le séjour en salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI) était réalisée en service de chirurgie viscérale et digestive.

Données périopératoires

Les données suivantes ont été recueillies à partir des comptes rendus anesthésiques et chirurgicaux : la réalisation d’une ALR (ITM, bloc analgésique de paroi, infiltration des trous de trocarts par le chirurgien), l’utilisation ou non de lidocaïne intraveineuse en seringue électrique (IVSE), la gestion de l’anesthésie générale (stratégie et drogues utilisées, prévention des NVPO, analgésie en fin d’intervention), la nécessité ou non de réalisation d’une stomie et de mise en place d’un drainage chirurgical, la durée de l’anesthésie et de la chirurgie, les évaluations numériques (EN) de la douleur postopératoire, la consommation d’antalgiques au décours et leur effets secondaires potentiels (NVPO nécessitant un traitement médicamenteux, dépression respiratoire nécessitant une oxygénothérapie, rétention aiguë d’urine nécessitant un sondage évacuateur) et la durée de séjour (DDS) en SSPI.

Population

Tous les patients admis pour une résection colique cœlioscopique du 1er janvier 2018 au 31 mars 2021 étaient éligibles. Nous n’avons pas inclus les chirurgies réalisées dans le cadre de l’urgence, les patients bénéficiant d’une APD, les patients traités en préopératoire ou au long cours par des morphiniques ou dérivés, les patients nécessitant une résection colique étendue à d’autres organes, les patients nécessitant en peropératoire une conversion par laparotomie.
La pratique de l’ITM est apparue dans notre équipe d’anesthésistes-réanimateurs en fin d’année 2019. Notre période d’étude a été choisie pour inclure tous les patients ayant bénéficié de cette technique, et constituer un groupe contrôle avec un effectif correct. La cohorte ainsi constituée a ensuite été divisée en deux groupes : les patients ayant reçu en préopératoire une analgésie par injection intrathécale de chlorhydrate de morphine (groupe ITM) et les patients ayant reçu toute autre analgésie (groupe contrôle). Un échec de rachianalgésie a eu lieu chez deux patients de notre cohorte. Du fait de la nature rétrospective de notre étude, ces deux patients n’ayant pas reçu de morphine intrathécale ont été inclus dans le groupe contrôle.

Considérations Éthiques

Les données des patients ont été recueillies et traitées en accord avec le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Les données recueillies dans le cadre de cette étude sont inscrites au registre RGPD/APHM sous le numéro 2021-103. Un avis consultatif du Comité d’Éthique pour la recherche en Réanimation (CERAR) indiquait que l’étude ne soulevait pas de problème éthique et ne relevait pas du domaine d’application de la réglementation régissant les recherches impliquant la personne humaine (IRB 0010254-2021-119). Tous les patients étaient informés de l’utilisation de leurs données pour la réalisation d’études scientifiques .

Caractéristiques anesthésiques

Les patients des deux groupes recevaient majoritairement en peropératoire du remifentanil (94% vs. 97% ; p = 0,513) plutôt que du sufentanil. Les patients du groupe ITM recevaient plus souvent de la kétamine et moins souvent de la lidocaïne IVSE que les patients du groupe contrôle (53% vs.74% ; p = 0,035 ; 51% vs. 29% ; p = 0,027 respectivement). Il n’y avait pas de différence significative entre les taux de bloc analgésique de paroi (18% vs. 9% ; p = 0,195) et d’infiltration des trous de trocarts (20% vs. 15% ; p = 0,510) entre les deux groupes. Vingt-neuf patients du groupe contrôle (24%) n’ont reçu aucune ALR ou lidocaïne IVSE. Concernant l’analgésie en fin d’intervention, la consommation de paracétamol (99% vs. 94% ; p = 0,057), de nefopam (78% vs. 71% ; p = 0,377) et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (43% vs. 32% ; p = 0,245) était identique entre les deux groupes. Les patients du groupe ITM ont reçu en intrathécal entre 100 et 300µg (moyenne = 178µg ±68µg) de chlorhydrate de morphine (entre 1 et 3 millilitres concentrée à 100µg/ml)). Vingt-six patients (77%) ont également reçu du sufentanil (2,5µg (n = 6) ou 5µg (n = 20)). Quatre patients (12%) ont aussi reçu de la clonidine (50µg (n = 3) ou 75µg (n = 1)). Deux patients du groupe ITM ont nécessité deux ponctions pour réussir la rachianalgésie. Un patient a eu une douleur transitoire latéralisée lors de la procédure, immédiatement résolutive et sans séquelle.

Table des matières

INTRODUCTION 
MATERIELS ET METHODES 
Type d’étude
Population
Administration intrathécale de morphine
Données collectées
Données préopératoires
Données périopératoires
Données postopératoires
Critère de jugement principal
Critères de jugement secondaires
Analyses statistiques
Considérations Éthiques
RESULTATS
Caractéristiques des patients
Caractéristiques anesthésiques
Critère de jugement principal
Critères de jugement secondaires
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES

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