EVALUATION DE L’APPROVISIONNEMENT EN MEDICAMENTS VITAUX ET / OU UTILISES EN MEDECINE D’URGENCE
Description du Cycle d’approvisionnement en médicaments
Le cycle d’approvisionnement est un processus complexe qui comporte : la sélection, l’acquisition, la délivrance, et l’utilisation des médicaments [7]. Figure 1 : Cycle d’approvisionnement en médicaments
Sélection des besoins
La sélection impose de déterminer quels médicaments doivent être disponibles, et en quelles quantités. Elle consiste à choisir les médicaments. Le type de sélection à opérer est fonction des politiques d’approvisionnement et de distribution que l’on veut mener. SIGL Sélection Acquisition Délivrance Utilisation 7 La sélection permet : – de supprimer les médicaments sans intérêt thérapeutique ; – de réduire le nombre de médicaments ; – d’augmenter l’efficience des médicaments disponibles [8]. En fait, la sélection se résume à choisir des médicaments nécessaires et prioritaires [9]. Il faut établir ainsi la liste des médicaments dont il ne faut jamais manquer dans une bonne gestion pharmaceutique. Les praticiens doivent collaborer à l’élaboration de cette liste afin qu’ils comprennent le bien fondé des choix opérés. Le choix des médicaments doit se faire sur la base de critères objectifs, et non en fonction d’intérêts personnels. Pour établir des priorités pour la sélection, l’acquisition et l’utilisation de médicaments en fonction de leur incidence sur la santé, de nombreux pays utilisent le système de classification, connu sous le nom de « classification VEN ». La classification VEN range les médicaments en trois catégories : V : médicaments vitaux; E : médicaments essentiels; N : médicaments non-essentiels. Elle organise l’approvisionnement en priorité selon le critère du risque vital. Les médicaments « Vitaux » sont ceux pouvant sauver des vies. Les médicaments Essentiels, au sens de la classification VEN, sont efficaces contre des formes de maladies moins graves mais néanmoins répandues. Les médicaments Nonessentiels, sont utilisés pour des maladies bénignes ou sont d’une efficacité douteuse ou d’un coût élevé pour des avantages thérapeutiques marginaux. La sélection des médicaments selon VEN prend en compte les caractéristiques suivantes : la fréquence de la maladie que le médicament est censé traiter, l’état 8 de la maladie (grave, chronique ou causant une invalidité), l’action du médicament, son efficacité, le coût moyen d’un traitement et son coût annuel moyen. La sélection suppose que l’utilisation de chaque médicament soit identifiée de façon précise. Un médicament coûteux peut en effet être vital pour une utilisation donnée et être retenu à ce titre, il peut en même temps être non-essentiel pour une autre utilisation et être exclu pour celle-ci. Il en résulte que la sélection des médicaments ne pose pas seulement le problème de la nécessité de l’établissement des listes, elle prend en compte leur utilisation rationnelle; doit également conduire à la quantification. Il faut également tenir compte de la notion de moindre coût qui doit être appréciée pour l’ensemble des médicaments achetés car la contrainte sur les ressources est globale. Pour identifier les priorités à ce propos, les gestionnaires utilisent la méthode dite « ABC » de classement des produits à acheter. La méthode ABC consiste à classer les médicaments par ordre décroissant des achats et à les classer en trois catégories. La catégorie A comprend un petit nombre de médicaments qui représentent une grande part du montant total consacré aux médicaments. La catégorie C comprend un grand nombre de médicaments qui représentent une petite part de la valeur totale. La catégorie B correspond à la catégorie intermédiaire [7]. La sélection des médicaments a également pour objectif de comparer des médicaments ayant des effets semblables. Le critère retenu pour mesurer l’efficacité varie selon les cas : réduction de la mortalité, absence de maladie ou encore des paramètres biologiques favorables. Le critère d’efficience permet de classer des médicaments qui visent des effets semblables, selon l’ordre du rapport entre le coût du traitement et l’indicateur d’efficacité retenu. Mais l’utilisation pratique de ce critère rencontre de nombreuses difficultés.
Quantification
La quantification des besoins est l’estimation de la quantité nécessaire de chaque médicament durant une période donnée. L’évaluation, le suivi qualitatif et quantitatif des besoins en produits pharmaceutiques sont nécessaires à la programmation des commandes. La quantification des besoins permet : – de préparer et de justifier le budget des médicaments ; – d’optimiser le budget en se basant sur des problèmes de santé prioritaires et les approches les plus économiques ; – de réapprovisionner la pharmacie en produits en rupture de stock ; – de comparer la consommation courante de médicaments avec les priorités de santé publique et leur utilisation par d’autres systèmes de soins [11]. Il est important de connaître la quantité de produits nécessaires afin : – d’éviter les ruptures de stock (produits dont le stock est épuisé) ; – d’éviter le sur stockage (excédent de produits en stock) ; – d’éviter le gaspillage (perte ou mauvaise gestion des produits) ; – de pouvoir proposer des services de santé fiables, y compris des médicaments .
Méthodes de quantification des besoins
Il existe trois méthodes de quantification des besoins :
La méthode fondée sur la “Morbidité” et le traitement type
Elle s’appuie sur le nombre d’épisodes en chaque problème de santé traité par la structure et dont il faut estimer les besoins en médicaments et dispositifs médicaux. Elle permet d’estimer les quantités de médicaments nécessaires au traitement de certaines maladies spécifiques à partir de la projection de leur incidence. Cela 10 demande des données fiables sur la morbidité, la fréquentation des patients et l’usage des traitements standards afin de projeter les besoins en médicaments. C’est une méthode complexe et longue à mettre en œuvre. Elle est souvent la meilleure approche pour justifier un budget.
La méthode de la Consommation
Elle permet d’estimer les besoins futurs avec plus de précision, pour autant que les profils de consommation actuels ne changent pas. Pour être valables, les données de consommation doivent être fiables. Les données doivent provenir d’un système d’approvisionnement maitrisé, régulier, indemne de toute rupture ou interruption à même de remettre en cause leur fiabilité ou leur cohérence par rapport aux consommations antérieures. Dans un établissement de santé, les quantités de produits pharmaceutiques délivrées aux unités de soins sur la base d’une distribution globale peuvent être assimilées à une consommation. En toute rigueur, cette dernière devrait strictement correspondre à la quantité de produits délivrée au patient bénéficiaire par dispensation nominative
La méthode basée sur la consommation ajustée
Elle est utilisée lorsqu’il est difficile d’estimer les cas. Les estimations se fondent sur des données d’une région ou d’un service de santé au niveau desquels, le nombre de cas est prévu
Outils de quantification des besoins
Ces outils permettent de comptabiliser par mois ou par période, les produits « sorties » du stock pour des besoins de consommation.
Consommation moyenne mensuelle (CMM)
Pour un médicament donné, la CMM est égale à la somme des consommations pendant un an, exprimée en nombre de jours, divisée par le nombre de jours de 11 ladite période, moins le nombre de jours de rupture. Le résultat obtenu est ensuite multiplié par 30 [7].
INTRODUCTION |