Évaluation de l’adhésion thérapeutique à la pharrnacologie

La maladie coronarienne et ses traitements

En premier lieu, il convient de diviser la maladie coronarienne athérosclérosante (MCAS) en deux catégories (Zipes et al., 2019). La première catégorie, la maladie coronarienne stable (MCS), comprend l’angine chronique stable, l’ischémie myocardique asymptomatique, les antécédents d’infarctus du myocarde ou de revascularisation coronarienne et finalement, l’athérosclérose coronarienne non obstructive. La MCS est plus fréquemment causée par une plaque athéromateuse qui obstrue ou qui rétrécit graduellement les artères coronaires (Zipes et al., 2019). Longtemps considérée comme une accumulation de cholestérol, la MCS est aujourd’ hui comprise comme une maladie inflammatoire qui présente une interaction complexe de facteurs de risque incluant les cellules de la paroi artérielle et les messages sanguins et moléculaires qu’ils échangent (Libby & Theroux, 2005; Zipes et al., 2019). L’inflammation endothéliale, soit la paroi interne des artères, favorise le développement de plaques d’athérome par l’infiltration de certaines substances.

Ces substances, tel que les cytokines et certains produits de la glycoxidation, augmentent l’adhésion de certaines molécules qui favorisent le collage des leucocytes sanguins à la surface interne de la paroi artérielle (Choi et al., 2014; Libby & Theroux, 2005). D’ autres facteurs sont aussi reconnus pour provoquer ou exacerber l’ischémie myocardique tels que l’anémie, les arythmies cardiaques et l’hypotension artérielle (Mihatov, Januzzi, & Gaggin, 2017). II est cependant important de préciser que de multiples facteurs contribuent à développer et à faire progresser l’athérosclérose. En premier lieu, parmi les facteurs de risques modifiables, nous retrouvons le diabète, l ‘hypertension artérielle, la dyslipidémie ainsi que le tabagisme (Vernon et al., 2017), la sédentarité et l’obésité sont aussi des facteurs à considérer. Les principaux facteurs de risques non modifiables sont l’âge, le sexe, l ‘hérédité ainsi que l’insuffisance rénale (Montero-Cabezas et al., 2017). L’angine stable est le résultat de l’ ischémie myocardique qui est causé par un déséquilibre entre les besoins en 0 2 du myocarde et les apports en 02 (Zipes et al., 2019). La douleur thoracique ressentie dans l’angine stable est habituellement déclenchée par l’activité physique mais, peut aussi apparaitre suite à un stress émotionnel. La description de la douleur angineuse élaborée pour la première fois par William Heberden en 1768 (Proudfit, 1983) est encore aujourd’hui d’actualité (Zipes et al., 2019).

Une sensation d’oppression thoracique rétrostemale avec irradiation vers le territoire ulnaire du bras gauche ou du bras droit peut aussi être ressentie. La douleur angineuse peut aussi se présenter comme une douleur épigastrique, accompagnée ou non d’oppression thoracique. La douleur apparait habituellement suite à un effort physique et va augmenter de manière graduelle. Lorsque le patient cesse l’activité qui a généré la douleur angineuse ou que la nitroglycérine est administrée, celle-ci va habituellement disparaitre rapidement. Le traitement de l’angine stable est un traitement qui a pour but de réduire les symptômes associés à la douleur angineuse et de prévenir le syndrome coronarien aigu (Ambrosio et al., 2016). Pour ce faire, il est important de venir agir sur les facteurs de risques modifiables et favoriser un mode de vie sain et actif. Une thérapie polymédicamenteuse peut être ajoutée à la modification des habitudes de vie néfastes et finalement, une revascularisation des artères coronariennes peut être effectuée lorsque la thérapie médicamenteuse optimale a été tentée et que les symptômes persistent malgré tout (Ambrosio et al., 2016). La revascularisation consiste à la dilatation coronarienne ou à la chirurgie cardiaque par pontages.

Facteurs reliés au système de santé et à l’équipe traitante

De plus, dans le contexte actuel des soins de santé, les patients ayant subi une angioplastie voient leur temps d’hospitalisation diminuer grandement. Certains patients, présentant de faibles risques, peuvent recevoir leur congé deux jours suivant l’intervention coronarienne (Jones et al., 2012). Le fait de raccourcir la durée d’hospitalisation risque aussi de restreindre le temps d’enseignement qui doit être fourni au patient pour permettre à celui-ci de comprendre sa problématique de santé, les actions et les changements à prendre en lien avec celle-ci. Garavalia et al. (2009) rapportent que lorsque de l’enseignement sur une nouvelle médication est donné, plusieurs informations importantes sont souvent oubliées, telles que le nom du médicament, la durée et le but du traitement. Les besoins d’informations ainsi que la prise de décision d’un patient changent lors de la période de récupération suite à un infarctus aigu du myocarde. Pour favoriser l’apprentissage, l’infirmière doit donc évaluer les besoins du patient et accroître l’enseignement lors de la période la mieux choisie pour celui-ci (Decker et al., 2007).

De plus, tel que mentionné par Albert (2008), elles devraient prendre un rôle prépondérant l’éducation et la mise en place d’efforts stratégiques, pour ainsi soutenir les comportements optimaux des patients en matière d’auto soins et ainsi favoriser l’adhésion aux médicaments. Comme nous venons donc de le démontrer, les différents professionnels de la santé dont font partie les infirmières, les pharmaciens, ainsi que les médecins ont un rôle important à jouer pour favoriser l’adhésion à la DT AP. Cependant, il semble difficile pour ceux-ci d’évaluer quel patient présente un risque de faible adhésion ou non. Bird, Cannon, et Kennison (2011) soulignent le fait que très peu d’outils de dépistage sont utilisés dans la pratique pour permettre une évaluation adéquate. L’utilisation d’outils de dépistage de manière proactive permettrait donc d’ identifier les patients qui sont à risque de faible adhésion (Bird et al., 2011; Czarny, Nathan, Yeh, & Mauri, 2014; Garavalia et al. , 2009; Morisky, Ang, Krousel-Wood, & Ward, 2008; Osterberg & Blaschke, 2005). Nous allons donc aborder dans les prochains paragraphes les outils de dépistage connus.

Évaluation de l’adhésion thérapeutique à la pharmacologie Plusieurs méthodes d’évaluation de l’adhésion thérapeutique ont été utilisées ces dernières années, soit de manière directe, comme la mesure d’un taux pharmacologique dans le sang,. ou bien de manière indirecte, comme l’analyse des relevés de pharmacie ou bien l’administration de questionnaires auto-rapportés (Arnet, Metaxas, Walter, Morisky, & Hersberger, 2015), méthode préconisée par la présente étude. La recension des écrits ne nous a pas permis de recenser un outil de dépistage spécifique à la DT AP. Par contre, des outils administrés sous forme de questionnaires ont été élaborés et validés, et ce dans le but d’évaluer l’adhésion à la pharmacothérapie en lien avec différentes problématiques de santé. Le Tableau 3 présente les différents outils utilisés pour évaluer l’adhésion à certains médicaments. Mentionnons tout d’abord l’échelle de Morisky (Morisky, Ang & Krousel-Wood, 2008). Cet outil, élaboré au début dans les années 1980 par Morisky, Green, et Levine (1986a) avait été développé pour évaluer l’adhésion en lien avec la pharmacothérapie chez la clientèle atteinte d’hypertension artérielle. Lors de son élaboration, ce questionnaire comportait 4 questions fermées nécessitant oui ou non comme réponse (Morisky et al., 1986b).

Des points sont accumulés selon les réponses données par les patients et le score total vient préciser si l’adhésion est faible ou bonne (Jiang et al., 2007; Kim et al., 2000; McHorney, 2009; Quilici et al., 2013). Par la suite, l’outil a été bonifié et contient maintenant huit items. Nous retrouvons sept questions fermées et une question dont la réponse se trouve sur une échelle Likert-5 points. Cette nouvelle version a été validée et il a été démontré que le questionnaire était fiable (a= 0.83) et était associé de manière significative au contrôle de la pression artérielle (p<0.05). La sensibilité de mesure pour identifier les patients présentant une forte adhésion thérapeutique versus ceux qui présentent une faible adhésion a été estimée à 93 % et la spécificité a 53% (Morisky et al., 2008). De plus, une étude transversale publiée en 2009 par Krousel-Wood et al. vient confirmer que le questionnaire de Morisky est significativement associé aux données de renouvellement pharmaceutique en lien avec la médication anti-hypertensive. À ce jour, le questionnaire de Morisky a été traduit en plus de 50 langues différentes et est utilisé pour évaluer l’adhésion pharmacologique en regard de différentes conditions médicales chroniques (Amet et al., 2015). The Adherence Estimator (AB), est un outil élaboré par Mc Horney (2009), permet aux professionnels de la santé d’évaluer, à l’aide de trois questions, l’adhésion à une nouvelle médication en lien avec une maladie chronique. L’objectif de l’outil AE est d’évaluer la faible adhésion décrite comme intentionnelle. Une étude pilote a démontré que cet outil a le potentiel d’être utilisé à grande échelle (Treadway, Helmer, Farland, & Ray, 2015) et ce, pour évaluer la prise de médications de différents problèmes chroniques tel que les maladies cardiovasculaires, la dyslipidémie, le diabète, l’ostéoporose ainsi que l’asthme.

Un groupe d’infirmières américaines ont créé le questionnaire Hill-Bone Compliance to High Blood Pressure Therapy Scale (Kim, Hill, Bone & Levine, 2000). Ce questionnaire permet d’évaluer trois comportements importants en lien avec le traitement de l’hypertension artérielle soit: 1) la consommation sodique; 2) la prise de rendez-vous et 3) la prise de médication. Chacun des comportements est évalué à l’aide d’une échelle de type Likert à 4 points. Le questionnaire est dirigé par les professionnels de la santé lors des rendez-vous de suivi. La sensibilité et la spécificité de l’outil n’ont pas pu être démontrées puisque les concepteurs de l’outil n’ont pas défini une cible pour établir la limite entre l’adhésion et la non adhésion puisqu’elle n’a pas encore établie. De plus, l’outil a été développé pour une population d’adultes Afro-américains, ce qui est peu représentatif de la population en générale (Kim et al., 2000). Finalement, le Drug Adherence Work-Up (DRA W) est un court questionnaire rempli par le pharmacien (Doucette et al., 2012). Les questions demandent des réponses fermées. Cependant, ce questionnaire n’a pas fait l’objet d’études permettant d’évaluer sa validité et sa fidélité. Les deux outils précédemment décrits ont fait l’objet d’une étude ayant pour but de décrire les expériences et les perspectives des pharmaciens et des étudiants en pharmacie (Witry, Doucette, Zhang, & Farris, 2014). La conclusion de cette étude souligne que les outils sont faciles à utiliser par les pharmaciens mais ne permettent pas d’évaluer s’ils peuvent contribuer à améliorer l’adhésion à la médication.

Table des matières

Résumé
Abstract
Table des matières
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des appendices
Liste des abréviations
Remerciements
Introduction
Problématique
Les facteurs impliqués dans le changement
Interventions pour modifier les comportements
Objectifs et questions de recherche
Cadre de référence
Les théories comportementales
La Théorie de l’action raisonnée
La Théorie du comportement planifié
Recension des écrits
La maladie coronarienne et ses traitements
Adhésion thérapeutique à la DTAP
Facteurs influençant l’adhésion à la DTAP
Facteurs reliés au patient. 40
Facteurs reliés au médecin
Facteurs reliés au système de santé et à l’équipe traitante
Évaluation de l’adhésion thérapeutique à la pharrnacologie
Interventions pour améliorer l’adhésion à la pharmacothérapie
Méthodologie
Type d’étude
Population cible
Phase 1. Identification des croyances
Échantillon .
Critères d’inclusion et d’exclusion .
Milieu de recherche et recrutement.
Questionnaire préliminaire (questionnaire 1)
Phase 2. Développement et validation du questionnaire
Questionnaire final (questionnaire 2)
Échantillon
Critères d’inclusion et d’exclusion
Milieu de recherche et recrutement.
Plan d’analyse des données
Considérations éthiques
Résultats
Portrait de l’échantillon de la phase 1
Portrait de l’échantillon de la phase 2
Croyances qui prédisposent les patients à adhérer à la DTAP
Validité et fidélité du questionnaire
Descriptions des croyances les plus saillantes
Discussion
Résultats en lien avec la problématique
Les croyances qui prédisposent les patients à adhérer à la DTAP
Qualités psychométriques du questionnaire
La description des croyances les plus saillantes
Forces et limites du projet
Retombées pour la recherche
Conclusion
Références
Appendice A
Appendice B
Appendice C
Appendice D
Appendice E
Appendice F
Appendice G

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