Evaluation de l’activité antioxydante
Résultats du criblage de l’activité antioxydante
Une analyse qualitative de l’activité antioxydante des extraits bruts et des fractions hexanique, acétate d’éthyle et aqueuse, notés respectivement TST139, TST139-1, TST139-2 et TST139-3 pour C. dealbata et MG442, MG442-1 et MG442-2, pour C. rigidifolia, a été rélisée en utilisant le DPPH comme radical libre. antioxydant standard l’α-tocophérol. Les extraits et les fractions sont testés à une concentration unique égale à 1mg/ml. Des concentrations situées entre 6,25 µM à 100 µM et 150 µM à 600 µM de l’α-tocophérol sont utilisées pour établir les courbes standards (Figure 89). Les résultats sont récapitulés dans le tableau 20. En amenant chaque valeur d’absorbance du DPPH non réduit dans les équations des courbes de tendance de l’α-tocophérol y1 = -74,18x + 121,1 (R² = 0,999) et y2 = -826,9x + 626,5 (R² = 0,995), la capacité à réduire le DPPH des extraits et des fractions varient en équivalent α- tocophérol de 27,041 µM/mg/ml d’extrait à 539,652 µM/mg/ml d’extrait. L’extrait brut et la fraction AcOEt du C. rigidifolia présentent la meilleure activité antioxydante par rapport à l’extrait brut et la fraction AcOEt du C. dealbata.
Etude des propriétés biologiques des produits isolés
L’étude a porté sur les composés isolés des fruits de C. dealbata (TST139) et un composé isolé des écorces de C. rigidifolia (MG442). Il s’agit du TST139-26-2 (Pinocembrine), TST139-25-4 (Dealbacryptone I), TST139-2417-4 (Caryalactone A) et du MG442-22-8 (nouvelle pyrone, structure encours de confirmation) respectifs. Le test a été réalisé selon la quantité des composés isolés disponibles. Pour le criblage, chaque produit a été testé sur 65 souches de bactéries Gram – et Gram+ provenant de la collection du laboratoire de Paris. Il a été testé à une concentration unique égale à 100 µg/ml. Pour la détermination de la Concentration Minimale Inhibitrice de ces composés, 4 concentrations 12,5 µg/ml, 25 µg/ml, 50 µg/ml et 100 µg/ml ont été utilisées sur les souches sensibles. Les résultats sont décrits ci-dessous. Le composé codé MG442-22-8, identifié comme une pyrone, probablement nouvelle mais la structure est en cours de confirmation, et isolé des écorces de C. rigidifolia inhibe 60 bactéries sur les 65 testés et est particulièrement actif à 25 µg/ml sur Enterococcus avium, Enterococcus durans et Enterococcus faecalis ; à 50 µg/ml sur Enterococcus faecium et Enterococcus gallinarum ; à 100 µg/ml contre Enterococcus casselliflavu.
Evaluation de l’activité antioxydante
Le pouvoir antioxydant des produits isolés ayant une quantité suffisante pour le test a été effectué. Il a été qualitativement testé en utilisant le DPPH comme radical libre. Les résultats ont montré que 5 produits [Pinocembrine (TST139-26-2) ; Dealbacryptone I (TST139-25-4) ; Caryalactone A (TST139-2415-4) ; Pyrone 7 (MG442-221-3) ; Pyrone RS60 (MG442-22-8)] sont doués d’activité antioxydante et 3 produits [Dealbacryptone II (TST139- 2417-10) , Cryptocarya Triacetate (MG442-221-1) ; le mélange Desacetylumuravumbolide et Gamahonolide A (MG442-2219-3)] sont inactifs. A (TST139-2417-4)] isolés des fruits de C. dealbata (TST139) et 3 composés [Cryptocarya Triacetate (MG442-221-1), Pyrone 7 (MG442-221-3) et Pyrone RS60 (MG442-22-8) probablement nouvelle mais la structure est en cours de confirmation] et un mélange des produits [Desacetylumuravumbolide et Gamahonolide A (MG442-229-3)] isolés des écorces de C. rigidifolia (MG442) présenté dans le tableau 23. D’après le tableau 23, les valeurs d’IC50 des activités antiplasmodiales des produits isolés des deux plantes varient de 0,39 µg/ml à 24,76 µg/ml. Dealbacryptone II (TST139-2417-10) et le mélange Desacetylumuravumbolide et Gamahonolide A (MG442-229-3) sont les plus actives.
Les résultats biologiques nous ont permis de conclure que :
Pour le test de toxicité, l’extrait brut de C. dealbata dont la DL50 = 7875 mg/ml est classé nontoxique tandis que l’extrait brut de C. rigidifolia avec une DL50 = 1575 mg/ml est classé légèrement toxique. En effet selon Diezi en 1989 et Hodge en 1980, en toxicologie, il est connu qu’une substance pharmacologique dont la DL50 est inférieure à 5 mg/kg de poids corporel est ultratoxique. Celle présentant une DL50 comprise entre 5 et 50 mg/kg de poids corporel est une substance extrêmement toxique. Celle dont la DL50 appartient à l’intervalle 50 et 500 mg/kg de poids corporel est considérée comme très toxique. Celle dont la DL50 se situe dans l’intervalle 500 à 5000 mg/kg de poids corporel est modérément toxique. La substance ayant une DL50 se situant entre 5000 et 15000 mg/kg de poids corporel est légèrement toxique et enfin celle dont la DL50 est supérieure à 15000 mg/kg de poids corporel est dite non toxique.
Selon les résultats microbiologiques, l’extrait brut des fruits C. dealbata (TST 139) est à la fois actif sur les bacteries Gram+ et les bacteries Gram-. Ces données expliquent que la plante est à large spectre. Mais cette activité est faible ou même nulle pour les fractions hexane (TST 139-1) et AcOEt (TST 139-2). Pour C. rigidifolia (MG 442), l’activité de cette plante est spécifique aux bactéries Gram- . L’étude bioguidée des extraits bruts et les fractions AcOEt des deux plantes a montré des activités antiplasmodiales interessantes. En effet, Dealbacryptone I (67) et Caryalactone A (40), isolées de la fraction AcOEt de C. dealbata, avec leurs IC50 = 5,51 µM et IC50 = 6,67 µM respectives, présentent une activité presque similaire. De ce fait, du point de vue structurale, ces deux produits ne se distinguent que par les positions des doubles liaisons en 3′ et en 5′. Toutefois, nous notons la forte activité de Dealbacryptone II (68), qui pourrait être liée à la présence des substituants hydroxyle et méthoxyle [Wilson et Jairo, 2011].
Au cours de nos travaux, l’isolement des métabolites secondaires a été fait à partir de fractionnements utilisant différentes méthodes chromatographiques et guidé par des tests biologiques, principalement le test d’activité antiplasmodiale in vitro sur une souche chloroquino-résistante P. falciparum FCM29. Les activités antioxydante et antimicrobienne ont été aussi évaluées. L’utilisation de techniques spectroscopiques incluant la spectroscopie de masse (MS), la spectroscopie de résonance magnétique (RMN), la spectrométrie ultraviolette (UV) et la spectrométrie infrarouge (IR), associée aux données de la littérature, a été déterminante pour l’élucidation structurale de ces métabolites isolés. Les métabolites secondaires identifiés de deux plantes appartiennent à des familles chimiques typiques du genre végétal Cryptocarya : pyrones et flavonoïdes. L’étude phytochimique de l’extrait brut des fruits de Cryptocarya dealbata Baker a conduit à l’isolement de quatre composés dont trois pyrones et un flavonoïde. Deux pyrones; la (6S)-6- [(2’R)-2’-hydroxy-6’-phenylhex-3’E-5’E-diényl]-5-6-dihydro-2H-pyran-2-one dénommée Dealbatacryptone I et la (6R)-6-[(2’S,3’R)-2’,3’-dihydroxy-6’-méthoxy-6’-phenylhex-4’- enyl]-5,6-dihydro-2H-pyran-2-one dénommée Dealbacryptone II sont des structures nouvelles. Les deux autres produits sont des produits connus caractéristiques de ce genre : la pyrone Caryalactone A et le flavonoïde Pinocembrine.