Évaluation de l’acceptabilité d’un produit alimentaire et ses services associés pendant la période de crise pandémique
Alimentation des seniors en période de crise sanitaire
Dans cette section, nous décrivons les impacts que la crise sanitaire a (eus) sur le maintien à domicile des personnes âgées, plus spécifiquement sur la nutrition. Crise sanitaire et ses impacts pour le maintien à domicile Au début de cette année, le monde a commencé à connaître une crise sanitaire causée par l’épidémie COVID-19 causée par le coronavirus SARS-CoV-2, qui est apparu à Wuhan (Chine) à la fin de 2019. Le 11 mars de cette année, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que le COVID 19 est une pandémie et des mesures de protection ont été mises en place par les différents gouvernements du monde. Ces mesures visaient à éviter la saturation des services de santé et concernaient la distanciation physique, la suppression des rassemblements et manifestations, la promotion du lavage des mains et le port du masque, la mise en quarantaine, etc. (Mesa Vieira et al. 2020). En France, cette crise a eu de multiples conséquences au niveau économique et social. Les premières difficultés ont été la saturation des systèmes de santé et la surmortalité, en particulier dans la population de plus de 70 ans. Le confinement de la population et la fermeture des frontières sont parmi les mesures prises pour contrôler la situation. Cependant, pour beaucoup de personnes, ces mesures ont été le déclencheur d’autres problèmes. La distanciation sociale et le confinement comportent des risques pour la santé physique et mentale des personnes âgées (Vishnubala 2020). Ces difficultés ont été étudiées par différents auteurs (Girdhar et al. 2020; Jones 2020; Malone et al. 2020; Mesa Vieira et al. 2020; Morley and Vellas 2020; Steinman, Perry, and Carla M. Perissinotto 2020; Tintinalli and Perry 2020; Vishnubala 2020). En synthèse, nous proposons, dans la Figure 31, une représentation causale des conséquences du confinement en termes de risques allant jusqu’au risque de perte de l’autonomie. Le confinement a obligé les personnes âgées à réduire leurs sorties, leurs contacts physiques avec des personnes extérieures ainsi que les visites à leur domicile (la famille, les amis). Cette situation, ainsi que la faible utilisation des technologies de communication, a augmenté le risque d’isolement social des personnes âgées. La perte d’un réseau social a rendu également difficile l’accès à un soutien pour l’achat de produits de première nécessité (aliments, médicaments, produits d’hygiène) ou pour la réalisation des activités de la vie quotidienne (se nourrir, se laver, s’habiller) (Petretto and Pili 2020). La réduction de la stimulation cognitive qui accompagne les échanges et le contact avec d’autres personnes peut aggraver les symptômes cognitifs et comportementaux de la démence (Steinman et al. 2020). Évaluation de l’acceptabilité d’un produit alimentaire et ses services associés… Figure 31 Risques du confinement pour les personnes âgées. (Source : notre recherche) L’enferment prolongé a également augmenté l’inactivité et la sédentarité des personnes âgées et a provoqué des problèmes psychologiques, tels que l’anxiété, la dépression, l’exacerbation des peurs ou des phobies existantes (Girdhar et al. 2020). Ces problèmes sont également le résultat de l’exposition répétée à des nouvelles inquiétantes liées à la pandémie. L’isolement social, la diminution de l’activité physique et les problèmes psychologiques ont eu un impact négatif sur le désir de manger, ce qui expose la population âgée à des problèmes de malnutrition ou de dénutrition (Purdam et al. 2019). Certains problèmes psychologiques, tels que les craintes liées à l’infection ou l’anxiété, amènent les personnes âgées à négliger les soins d’autres maladies. Cette situation, ainsi que la diminution de l’activité sont des déterminants du déclin fonctionnel (Vishnubala 2020), qui peuvent favoriser la survenue d’accidents domestiques. Le diagramme d’influence en Figure 31 montre que le risque de déclin fonctionnel et le risque de dénutrition ou malnutrition sont des facteurs majeurs du risque de perte d’autonomie et par conséquent de la non-continuité du maintien à domicile de la personne âgée. Une personne âgée qui était autonome et indépendante, a pu devenir vulnérable suite aux mesures prises lors du confinement (The Lancet 2020). De plus, les personnes âgées présentant déjà une certaine fragilité (médicale, cognitive ou sociale) sont particulièrement vulnérables et peuvent être sujettes à un déclin rapide, voire au syndrome de glissement (Steinman et al. 2020). Prévention de la dénutrition en période de crise sanitaire Les multiples problèmes causés par la pandémie et les mesures de prévention imposées par les gouvernements ont eu un impact négatif sur la nutrition des personnes âgées (Price Évaluation de l’acceptabilité d’un produit alimentaire et ses services associés … 2020). En effet, comme nous le soulignons dans le chapitre précédent, la dénutrition est un problème grave pour le bien-être des personnes âgées et peut avoir des répercussions majeures pouvant affecter leur maintien à domicile. La prévention de la dénutrition doit se faire sous contrôle d’un médecin, qui est responsable du dépistage (identification des situations à risque, évaluation de l’appétit et de l’état nutritionnel) et de la prise en charge nutritionnelle (conseils nutritionnels, enrichissement des aliments, compléments nutritionnels oraux et alimentation artificielle) des personnes âgées (Programe National Nutrition Santé 2010). La prévention de la dénutrition doit tenir en compte des facteurs biologiques, psychologiques et d’environnement de la personne âgée (Ferry et al. 2012). Pour la prévention et le traitement de la dénutrition, les stratégies de prise en charge sont choisies en fonction de l’état nutritionnel de la personne, à savoir : normal, débutante et dénutrition sévère (Bouteloup and Thibault 2014). (1) Chez une personne âgée ayant un état nutritionnel normal, la stratégie est axée sur la prévention des carences alimentaires susceptibles de favoriser la dénutrition (Ferry 2010). Cela se fait principalement par le biais de conseils nutritionnels. (2) Si une personne âgée commence à présenter des symptômes de dénutrition (notamment la perte de poids, l’amaigrissement, la fatigue), les conseils nutritionnels sont adaptés à leurs besoins nutritionnels, des produits enrichis spécifiques et du suivi régulier sont recommandés. Enfin (3) chez une personne âgée présentant un état de dénutrition sévère, la stratégie de prise en charge privilégie la nutrition orale avec les aliments enrichis et des compléments nutritionnels oraux (Programe National Nutrition Santé 2010). Toutefois, en fonction de l’état de la personne, une alimentation artificielle peut être envisagée. Le suivi médical est renforcé (Bouteloup and Thibault 2014). Dans les différents états nutritionnels dans lesquels une personne peut se trouver, les produits alimentaires enrichis permettent de prévenir la dénutrition et d’éviter son aggravation. Cependant, compte tenu de l’importance des facteurs psychologiques et environnementaux, les services aux personnes peuvent également fournir une aide pour prévenir et traiter la dénutrition. Les produits et services alimentaires destinés à éviter la dénutrition sont examinés ci-après.