Evaluation de la connaissance de la population sur les dangers lies a l’utilisation des medicaments

Le droit aux soins de la santé, est l’un des droits fondamentaux de l’Homme comme défini par les Nations Unies en 1948. La santé est l’un des droits inaliénables dont l’un des maillons essentiels est le médicament, qui n’est pas un produit banal mais qui doit respecter certaines conditions pour assurer la santé de ces utilisateurs [1].

Un médicament : est toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales. Ce médicament doit respecter des normes pour être autorisé sur le marché. Lorsque ces normes ne sont pas respectées, ce médicament est appelé ‘‘médicaments contrefaits’’ ou ‘‘médicaments de la rue’’.

Bien qu’il soit difficile d’obtenir des chiffres précis, les estimations mettent les contrefaçons à plus de 10% du marché mondial des médicaments [2]. Ils sont présents dans toutes les régions mais les pays en voie de développement sont les plus touchés [2]. On estime que 25% des médicaments consommés dans les pays en voie de développement sont considérés comme des contrefaçons [2]. Dans certains pays, l’estimation pourrait atteindre 50%. Dans les pays industrialisés, les ventes sur Internet restent la source des médicaments contrefaits et constituent une menace pour ceux qui recherchent des services moins coûteux ou des traitements non autorisés[2].

Au Kenya, Une enquête aléatoire menée par le Laboratoire National de Contrôle de la Qualité (LNCQ) et la Commission des Pharmacies et des Poisons a retrouvé que presque 30% des médicaments sont contrefaits. Certains des médicaments ont été décrits comme de simples craies et de l’eau étant étiquetés comme des produits pharmaceutiques originaux. Selon les chiffres de l’Association Kenyane de l’Industrie Pharmaceutique, les produits pharmaceutiques contrefaits représentent environ

Au Mali, la collaboration entre l’ordre des pharmaciens et la Brigade des stupéfiants dans le cadre de la lutte contre la vente illicite et la contrefaçon des médicaments a permis de saisir des médicaments contrefaits d’une valeur de plus de 600 millions de francs CFA en 2014[4].

Des médicaments qui ne respectent aucune règle de stockage ou de conservation et qui peuvent être un véritable poison pour leurs consommateurs,c’est aussi un manque à gagner important pour le pays. Dans notre pays, l’automédication est une pratique courante puisqu’elle concerne en moyenne 66 % des ménages avec cependant une proportion plus élevée parmi les ménages ayant pour chef une femme (75 %) [5]. Ceux du milieu rural (69 %) et(60 %) en milieu urbain. C’est dans les régions de Ségou et de Koulikoro que l’on enregistre les proportions les plus élevées de ménages qui ont pratiqué l’automédication pour au moins un malade avec 72 %[5].

L’automédication est un phénomène en pleine expansion dans le monde. Cette croissance exponentielle peut s’expliquer par certains facteurs qui sont entre autres : le faible revenu des populations qui, dans ces conditions, ne sont pas en mesure de s’offrir un service médical de qualité. Et aussi son faible niveau d’éducation qui ne lui permet pas donc de discerner les méfaits que des traitements par des médicaments qui ne respectent pas les normes pharmaceutiques peuvent avoir sur son état de santé. Il y a eu 300 morts au Panama en 2006 à la suite de l’utilisation d’un excipient contrefait[6]. Et selon l’OMS, ce marché correspondrait à 10 % du marché pharmaceutique mondial, soit environ 45 milliards d’euros [6]. Un fléau en Afrique, près de 100 bébés sont morts au Nigeria entre fin 2008 et début 2009, après avoir absorbé du faux sirop de Paracétamol[6]. Au Mali, plus de 80 % de la population sont concernés par l’usage abusif de ces produits d’origine inconnu[7]. Et cela malgré les efforts des pouvoirs publics avec notamment la déclaration de la politique sectorielle de la santé et de la population en 1990 fondée sur les principes de l’initiative de Bamako (IB) et les principes de soins de santé primaire (adoptes par l’OMS à Alma Ata en 1978) dont l’une des stratégies majeures est la disponibilité et l’accessibilité des médicaments essentiels. Mais aussi la mise en œuvre de la politique pharmaceutique nationale (PPN) axée sur les médicaments essentiels(ME) sous le nom de génériques (MEG). Malgré la vigilance des agents de douanes au niveau des frontières, malgré la mise en place de la direction de la pharmacie et du médicament (DPM) en 2000, qui a eu l’idée de mettre en place une commission nationale de lutte contre la vente illicite de médicaments. Cette commission regroupe des douaniers, des policiers, des économistes, ainsi que des membres de l’ordre des pharmaciens, d’associations, de la société civile, de l’administration, et des municipalités, ainsi que des comités régionaux. Le phénomène des pharmacies dites « par terre » persiste et prend plus en plus de l’ampleur. Un petit tour à travers la capitale suffit pour se rendre compte de l’ampleur de cette tendance [7]. Le combat ne sera pas facile. Pour ceux qui s’y adonnent, le problème est simple. « C’est une activité lucrative qui leur permet de nourrir leurs familles ». Ils ne se soucient pas des dangers qu’ils font subir aux utilisateurs.

Médicament
– Selon le dictionnaire Larousse, le médicament : est une substance employée pour combattre une maladie [8].
– Selon l’article 34 du décret n°91-106/P-RM du 15 mars 1991 portant organisation de l’exercice privé des professions sanitaires, on entend par médicament ≪ toute substance, préparation ou composition présentée comme possédant les propriétés préventives et curatives à l’égard des maladies animales ou humaines ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou métabolique≫. Sont considérés comme médicaments selon l’article suscité les produits diététiques qui renferment dans leur composition des substances chimiques ou biologiques ne constituant pas elles-mêmes des aliments mais dont les propriétés confèrent à ces produits soit des propriétés spéciales recherchées en thérapeutiques diététiques, soit des propriétés de repas d’épreuve.
– Selon la définition du dictionnaire pharmaceutique de l’OMS (WHO Drug Dictionary Enhanced) et celle de la Directive européenne 65/65, un médicament est « toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines. Toute substance ou composition pouvant être administrée à l’homme en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier des fonctions physiologiques chez l’homme est également considérée comme médicament »[9].

La spécialité pharmaceutique
Une spécialité pharmaceutique selon l`article 1 du décret N°95-009/P-RM du 11 juin 1995, instituant un visa des produits pharmaceutiques est un produit pharmaceutique présente dans un emballage uniforme et caractéristique, conditionné pour utilisation et portant une dénomination spéciale (nom de fantaisie, dénomination commune assortie d’une marque ou du nom du fabricant, dénomination scientifique usuelle assortie d’une marque ou du nom du fabricant).

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Par ailleurs, une spécialité pharmaceutique est « tout médicament préparé à l’avance, mis sur le marché sous une dénomination spéciale et sous un conditionnement particulier »[9].

Les médicaments génériques et essentiels
Un médicament générique est un médicament identique ou équivalent à celui d’une marque (appelé médicament princeps), mais produit et vendu sous sa Dénomination Commune Internationale (DCI, nom chimique de la molécule). La molécule active qui fait tout leur intérêt a été utilisée pendant de nombreuses années sur un très large panel de patients, ce sont des médicaments de confiance qui soignent bien, en toute sécurité, et ils ont l’obligation légale d’être aussi efficaces que l’original [10]. En France, une définition générale du médicament générique avait été fournie par la commission de la concurrence dans un avis du 21 mai 1981. « On entend par médicament générique toute copie d’un médicament original dit aussi médicament « leader », dont la production et la commercialisation sont rendues possibles notamment par l’expiration des brevets dans le domaine public, une fois écoulée la période légale de protection. Peuvent être considérés comme génériques aussi bien des médicaments vendus sous leur dénomination scientifique usuelle ou sous la dénomination commune internationale du ou des principes actifs qu’ils renferment, dénomination qui doit être assortie d’une marque ou du nom du fabricant ». L’OMS préfère, la notion de médicaments multi sources, qui sont des médicaments équivalents du point de vue pharmaceutique, mais pas nécessairement du point de vue thérapeutique [11 ; 12]. Les médicaments multi sources thérapeutiquement équivalents sont interchangeables.

Ces médicaments génériques peuvent être produits après expiration du brevet, ou en l’absence de brevet. De nos jours, de très nombreux médicaments issus de la recherche ont vu, au cours des années, leur brevet tomber dans le domaine public, dans le patrimoine commun de l’humanité, et leurs gammes couvrent un très large éventail de maladies aiguës ou chroniques, graves ou bénignes. Pour des raisons politiques, une entorse peut être imposée, sur des médicaments encore protégés, par exemple s’agissant des médicaments contre le Syndrome Immuno Déficience Acquis (SIDA), dans les pays en voie de développement [10]. De nos jours le concept de générique intègre l’échéance du brevet industriel, la notion de similarité entre deux produits mais aussi l’accord juridique du laboratoire propriétaire du brevet aux autres laboratoires de mettre le médicament sous une forme générique. Selon les règles de l’OMS, le nombre de médicaments et de produits pharmaceutiques sélectionnés sera fixé de manière à maintenir un approvisionnement approprié et qui ne dépasse pas la possibilité du pays compte tenu des ressources humaines et financières nécessaires pour surveiller efficacement le fonctionnement du système de santé. Les médicaments qui répondent à ces critères sont appelés médicaments essentiels. En d’autre terme, selon l’OMS : « ce sont des médicaments qui assurent les besoins de santé de la majorité de la population. Ils doivent être disponibles à tout moment dans des quantités adéquates et dans des formulations appropriées, à un prix abordable pour les individus et pour la communauté » [10]. Le choix de ces produits constitue une base rationnelle non seulement sur l’approvisionnement pharmaceutique national, mais aussi pour la fixation et la satisfaction des besoins en médicaments à divers échelons du système de santé. Les médicaments génériques ne sont donc pas des contrefaçons. Leur qualité est équivalente à celle des autres médicaments [12]. Au Mali : Les structures de contrôle et de surveillance de qualité sont les suivantes :

➤ la Direction de la Pharmacie et du Médicament ;
➤ le Laboratoire National de la Santé (LNS).

Table des matières

I-Introduction
II-Objectifs
2. 1. Objectif général
3. 2.Objectifs spécifiques
III-Généralités
3. 1. Rappels
3.2. Définitions
3. 2. 1. Médicament
3. 2. 2. La spécialité pharmaceutique
3. 2. 3. Les médicaments génériques et essentiels
3. 3. Accessibilité aux médicaments
3. 3. 1. Accessibilité financière
3. 3. 2. Accessibilité géographique
3. 4. L’Automédication
3. 4. 1. Les risques de l’automédication
3. 4. 2. Les conséquences de l’automédication
3. 4. 2. 1. Toxicité aiguë (Intoxication aiguë)
3. 4. 2. 2. Toxicité chronique, toxicomanie et pharmacodépendance
3. 4. 2. 3. Dépendance
3. 4. 2. 3. 1. Critères de la dépendance
3. 4. 2. 3. 2. Installation de l’addiction médicamenteuse
3. 4. 2. 3. 3. Usage simple et dépendance
3. 4. 2. 3. 4. Aspects Cliniques de la dépendance
3. 4. 2. 3. 5. Médicaments à potentiel addictif
3. 4. 2. 3. 6. Comment prévenir la dépendance
3. 5. Politique pharmaceutique nationale
3. 5. 1. Objectif général
3. 5. 2. Objectifs spécifiques
3. 6.Le Schéma Directeur d’Approvisionnement et de Distribution des Médicaments Essentiels
3. 6. 1. Définition
3. 6. 2. Stratégies
3. 6. 3. Lesprincipes du SDADME
3. 6. 4. Fonction des différents acteurs de la mise en œuvre du SDADME
3. 6. 4. 1. Niveau national
3. 6. 4. 2. Niveau régional
3. 6. 4. 3. Niveau local
3. 7. Initiative de Bamako
3. 8. Circuit illicite du médicament
3. 8. 1. Définition d’un médicament de la rue
3.8. 2. Définition du marché parallèle
3. 8. 3. Limites du marché parallèle
3. 9. Le phénomène de la contrefaçon
3. 9. 1. Définition de la contrefaçon
3. 9. 2.Les facteurs favorisant la contrefaçon
3. 9. 2. 1. Absence de législation
3. 9. 2. 2.Manque de rigueur dans l’application de la législation existante
3. 9. 2. 3.Faiblesse des sanctions pénales, corruption et conflits d’intérêts
3. 9. 2. 4.Transactions impliquant de nombreux intermédiaires
3. 9. 2. 5.Offre inférieure à la demande et prix élevés
3. 9. 2. 6.Perfectionnement de la fabrication clandestine des médicaments
3. 9. 2. 7.Coopération insuffisante entre les parties intéressées
3. 9. 2. 8.Absence de réglementation dans les pays exportateurs et dans les zones de libre-échange
3. 10.Lutte contre le marché illicite de médicaments
3. 10. 1. Rôle de l’ordre national des pharmaciens
3. 10. 2. Rôle du ministère de la santé
3. 10. 3. Rôle des forces de l’ordre
3. 10. 4. Rôle des associations des consommateurs
Conclusion

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