La dynamophilie
La dynamophilie est un nouveau sport qui connaît un élan de popularité incontestable. Dérivé d’un sport plus connu, l’haltérophilie, la dynamophilie est un sport qui mobilise de manière très importante la force musculaire maximale lors de l’exécution de trois mouvements distincts à savoir, la flexion de jambes (squat), le développé-couché (bench-press) et le soulevé de terre (deadlift). Lors des compétitions, chaque athlète doit réaliser chacune des épreuves dans un ordre prédéterminé qui correspond à l’ordre dont ils ont été énumérés.
L’objectif est de tenter de soulever la charge la plus lourde possible au cumulatif des trois mouvements. Chaque participant se voit octroyer trois essais par épreuves. Le gagnant de la compétition est celui qui cumulera le total de charge (kg) le plus élevé pour l’ensemble des trois épreuves. Un facteur de correction appelé formule de Wilks permet de relativiser la charge soulevée par rapport à la masse corporelle des participants. Les athlètes sont regroupés en fonction de l’âge et du genre. La performance pour chaque épreuve permet de constituer un livre des records en fonction de l’âge, de la masse corporelle et du genre. Les résultats sont identifiés et catégorisés selon les types de compétition. Les records provinciaux, nationaux ou internationaux sont enregistrés lorsque les charges sont exécutées et acceptés dans ces niveaux de compétitions (FQD, 2012).
L’International Powerllifting Federation (IPF) est l’organisation qui réunit le plus grand nombre d’athlètes sur le plan international. Cette fédération permet d’unifier l’ensemble des fédérations provinciales et nationales afin de standardiser les règlements, l’équipement et le déroulement des compétitions. La majorité des athlètes participent à des compétitions qui sont prises en charge par des fédérations provinciales ou nationales de dynamophilie. La Fédération Québécoise de Dynamophilie (FQD) sanctionne les compétitions régionales et provinciales au Québec tandis que l’Union Canadienne de Dynamophilie (CPU) sanctionne les compétitions nationales au Canada.
La FQD est la seule fédération reconnue par le Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) au Québec. Certains athlètes participent par contre à des compétitions non sanctionnées. Cette étude a tenu compte uniquement des athlètes membres de la FQD car celle-ci se réserve le droit de procéder à des tests de dépistage antidopage aux compétitions sanctionnées et hors compétition, selon la procédure et les normes utilisées par la CPU et la IPF par un prélèvement d’échantillon d’urine (FQD, 2012).
Historique
La dynamophilie a subi plusieurs changements quant au choix des exercices avant d’en arriver, en 1968, aux trois mouvements actuels. En 1971, les États-Unis organisèrent les premiers championnats du monde non officiels. L’IPF fut créé en 1973 afin de mettre sur pied des championnats du monde officiels. La création de l’IPF permet alors d’enregistrer les records à l’échelle internationale et de standardiser les compétitions pour toutes les fédérations affiliées (IPF, 2008).
Les charges variables et leur apparition Initialement, les athlètes exécutaient les mouvements uniquement avec des barres d’entraînement standards. La préparation physique en dynamophilie a évolué, car plusieurs méthodes d’entraînement ont vu le jour. Louis Simmons est un entraîneur très populaire en dynamophilie. Il propose ses méthodes depuis plus de vingt ans sur internet (Simmons, 1996). Les méthodes de Simmons étaient très différentes, car il proposait des programmes d’entraînement plus diversifiés. En effet, il suggérait une gamme d’exercices beaucoup plus variée afin d’augmenter la force maximale lors des différents mouvements de dynamophilie. Ces nouveaux exercices ressemblaient beaucoup aux mouvements de compétitions, mais ceux-ci étaient exécutés de manières différentes à l’aide de matériel ou d’équipements variés. Il proposait par exemple de contrôler l’amplitude des mouvements à l’aide de certains auxiliaires d’entraînement comme une planche de bois situé à la hauteur du sternum lors du développé couché ou d’un banc lors de la flexion de jambes (Simmons, 1996).
Simmons suggérait aux athlètes d’utiliser des méthodes avec des charges variables. Les charges variables sont obtenues en utilisant des chaînes ou des élastiques fixés sur la barre d’entraînement. Ces méthodes permettent d’augmenter progressivement la charge tout au long du mouvement. Lorsque le leveur utilise des bandes élastiques fixées à la barre et au sol, la charge augmente pendant le mouvement. L’étirement de la bande élastique produit une augmentation de la charge d’entraînement. Lorsque le leveur utilise des chaînes, l’addition de la charge est provoquée par le déploiement des maillons qui quittent le sol un à un lorsque l’athlète exécute le mouvement. Cette façon de faire à l’avantage de favoriser la diversité lors des séances d’entraînement. Ces méthodes d’entraînement sont principalement utilisées à la flexion de jambes, au développé couché et au soulevé de terre, ce qui permet de respecter le principe de spécificité (Simmons, 1996).
La flexion de jambes
La flexion de jambes standard
La flexion de jambes est utilisée lors de la préparation physique dans de nombreux sports nécessitant des sprints ou des sauts (Escamilla et al., 2001a). Par exemple, Comfort a établi une relation positive entre l’entraînement de la flexion de jambes et l’amélioration de la vitesse de course au sprint chez des athlètes masculins au football (Comfort, 2012). Toutes les articulations des membres inférieures sont sollicitées lors de ce mouvement. L’exercice s’effectue lors de la flexion simultanée de trois articulations; hanche, genoux et cheville (Fry, 2003). Il nécessite une qualité d’exécution très développée, car plusieurs points techniques sont à surveiller lors de la réalisation du mouvement. L’angle des pieds, le positionnement de la barre et la position de la tête sont des exemples de points techniques qui affectent le mouvement. Ces points techniques ont un impact important sur le mouvement, car ceux-ci affecteront directement l’orientation des différents segments corporels (Bryanton et al., 2012).
Généralement, la barre est déposée à la hauteur de la nuque sur les muscles trapèzes. Le dynamophile est en position debout et ses genoux sont tendus (Figure 2A). Lorsque le leveur amorce la descente (figure 2B), il exécute la portion excentrique du mouvement. La descente est obtenue lors de la flexion de la hanche et des genoux. La cheville exécute un mouvement de dorsiflexion (Nisell, 1985). De manière générale, la flexion de jambes peut être exécutée à différents degrés selon l’angle de flexion de l’articulation du genou (Schoenfeld, 2010). Le niveau d’angulation se divise en trois catégories : la flexion de jambes partielle (40°), la demi-flexion de jambes (70° à 100°) et la flexion de jambes complète (plus de 100°) (Schoenfeld, 2010).
En dynamophilie, les leveurs doivent exécuter des flexions complètes. Par contre, l’IPF n’a pas la même définition de la flexion complète lors des compétitions que Schoenfeld. Selon les règlements de l’IPF, les leveurs doivent abaisser leur corps jusqu’à ce que la surface supérieure des cuisses à l’articulation de la hanche soit plus basse que le sommet des genoux.
La flexion de jambes en dynamophilie
Les athlètes utilisent des techniques lors des mouvements leur permettant de lever la charge la plus lourde possible en fonction des règlements de l’IPF. La flexion de jambes pratiquée par les dynamophiles est différente par rapport à la méthode standard. Les sportifs utilisent divers points techniques lors du mouvement afin d’augmenter son efficacité. Ces différences s’expriment au niveau du positionnement du leveur, des points techniques, l’orientation des segments et des chaînes musculaires utilisés. Swinton et ses collègues ont publié en 2012 une étude afin de comparer la flexion de jambes standard et la flexion de jambes exécutée par des dynamophiles (Swinton, 2012). Cette étude a démontré que la barre est positionnée plus basse chez les dynamophiles, juste au-dessus des deltoïdes postérieurs. Cela a pour effet de diminuer la distance entre la charge de la barre d’entraînement et la hanche qui sert de pivot. Les muscles extenseurs du dos et fléchisseurs du genou seront davantage sollicités lors d’une flexion de jambes réalisée par un dynamophile contrairement à un autre sportif. L’orientation du tronc davantage horizontale chez un dynamophile augmente la sollicitation des muscles de la chaîne postérieure (Escamilia et al., 2001a) .
L’emplacement de la barre influence l’orientation des segments corporels lors de l’exécution de la flexion de jambes. Fry et ses collègues (2003) étaient les premiers chercheurs à s’intéresser au positionnement du tronc et des genoux. Ils ont conclu que le tronc était dans un axe plus horizontal si les sujets avaient une planche qui empêchait le déplacement antérieur des genoux (Fry et al., 2003). Le déplacement antérieur des genoux permet de déplacer le centre de gravité par l’avant. Lorsque l’avancement des genoux est limité, le corps doit trouver un moyen afin de redistribuer le centre de gravité en ajustant l’orientation du tronc.
D’après Escamilla et ses collègues (2001b), l’athlète doit répartir adéquatement son centre de masse afin de trouver un équilibre lors de l’exécution du mouvement. La flexion de jambes standard permet au leveur d’orienter son tronc plus verticalement. Le déplacement antérieur des genoux est accentué lors d’une flexion de jambes standard afin de replonger le centre de gravité vers l’avant. Cette position est obtenue afin de conserver le centre de pression sous les pieds du leveur (Escamilla et al., 2001b).
Chapitre I : Recension des écrits |