Evaluation compétences des élèves

Evaluation compétences des élèves

Définition et importance de l’objet de recherche

D’après Zerbato-Poudou (2007), à l’école enfantine, les compétences des élèves doivent être évaluées. L’évaluation qui y est donc pratiquée est formative régulatrice. C’est une évaluation qui s’inscrit dans la continuité des apprentissages. Elle a pour objectif de contribuer à l’amélioration des apprentissages en cours tout en informant l’enseignant, l’élève et les parents sur les conditions dans lesquelles les apprentissages se déroulent, sur les réussites ainsi que sur les difficultés rencontrées. L’élève est amené à réfléchir sur son travail, sur le résultat de la tâche ainsi que sur les différentes procédures mises en œuvre. En France, l’évaluation a été officiellement introduite en maternelle en 1991. Les enseignants étaient alors obligés de remplir un livret d’évaluation, proposé par le ministère à la suite de la loi d’orientation de 1989. Selon Zerbato-Poudou (2009), il est important que l’évaluation soit interactive et qu’elle conduise l’élève à une activité réflexive. Toutefois, une recherche menée en France à propos des représentations des enseignants de maternelle face à l’évaluation montre le désarroi de ces derniers. En effet, la plupart d’entre eux ignorent ce que recouvre le concept d’évaluation et ce sujet pose problème. L’évaluation est bel et bien une gêne pour la plupart des enseignants (Zerbato-Poudou, 2009). En Suisse, la mise en œuvre du concordat HarmoS donne à l’école enfantine un nouveau statut. En effet, celle-ci devient obligatoire. Tous les cantons ayant ratifié l’accord doivent le réaliser au plus tard jusqu’à la rentrée 2015-2016. Avec l’introduction du Plan d’études romand (PER), la question de l’évaluation à l’école enfantine doit être revue (Merkelbach, 2013). Actuellement, il existe diverses pratiques évaluatives dans les classes des degrés 1-2 H. Toutefois, ces pratiques ne sont pas formalisées, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de consignes établies par les cantons. Chacun d’eux peut organiser la première partie de cycle 1 comme il le souhaite. Seuls les objectifs de niveaux nationaux de formation (standards) sont fixés. Ceux-ci décrivent les compétences fondamentales que les élèves doivent acquérir à la fin du cycle 1. En résumé, HarmoS fixe les balises de l’harmonisation 5 dans lesquelles doivent tenir les plans d’étude et le Concordat laisse aux régions et aux cantons libre choix quant à la manière d’évaluer, c’est-à-dire en matière de construction des instruments d’évaluation (Périsset & Magnin, 2013). Après avoir lu le texte Rôle et apprentissages fondamentaux dans la 1re partie du Cycle I dans la Présentation générale du PER CIIP (2010, p.24), je me rends compte qu’il n’est pas précisé la manière dont l’évaluation doit être pratiquée dans les classes des degrés 1-2H. L’essentiel est que les compétences fondamentales soient atteintes. Mais ce qui m’interpelle dans tout cela est la manière dont un enseignant d’école enfantine s’y prend afin d’évaluer ses élèves. Ses pratiques ont-elles changé avec HarmoS ? Les apprentissages à l’école enfantine sont dits fondamentaux car ils participent fondamentalement à la construction de l’élève (celui-ci est un acteur social devant acquérir une attitude et une manière de faire spécifique aux règles particulières de l’école) et à celle des apprentissages premiers. Ces derniers sensibilisent le jeune élève aux branches scolaires et aux savoirs qu’il devra acquérir tout au long de la scolarité obligatoire. Il est donc important de pouvoir évaluer si les objectifs de ces apprentissages ont été atteints et de mettre en pratique une évaluation adaptée à l’âge des enfants qui soit formative et non ségrégative (Périsset & Magnin, 2013). La question de l’évaluation en 1-2H reste un sujet très sensible aux yeux des enseignants. En effet, depuis que l’école enfantine est devenue obligatoire en Suisse, l’évaluation des premiers pas de l’élève dans sa scolarité fait désormais partie du mandat de l’enseignant de 1-2H (Merkelbach & Riesen, 2013). Je trouve donc pertinent d’en faire un sujet de recherche pour ainsi voir s’il y a eu des changements quant à la manière d’évaluer des enseignants suite à l’introduction du PER et au rendu obligatoire de l’école enfantine. 

Etat des lois

Dans ce sous-chapitre, je souhaite mettre en évidence ce qui est dit dans les lois des cantons du Jura, de Berne et de Neuchâtel concernant la question de l’évaluation à l’école. 6 Dans chaque canton, la loi concernant l’évaluation et les décisions d’orientation à l’école obligatoire décrit un cadre et des procédures d’évaluation du travail des élèves. Ceux-ci sont à transposer au contexte de l’école enfantine. Après avoir survolé ces différentes lois, je me rends compte que rien n’est précisé quant à la manière d’effectuer l’évaluation en 1-2H. Comment les enseignants s’y prennent-ils pour évaluer les élèves ? Sur quoi se basent-ils afin de juger si un élève est apte à passer en 3e année ou non ? Telles sont les questions que je me pose actuellement. 1.2 Etat de la question 

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Historique de l’évaluation

Je souhaite, à présent, faire un bref historique concernant l’évaluation. Jusqu’à Napoléon 1er, la question de l’évaluation ne se posait pas. En effet, aucun examen ou concours ne sanctionnait les compétences de chacun à exercer tel ou tel métier car les charges et les fonctions étaient héréditaires. Puis, la Révolution a aboli les privilèges. Ce faisant, elle a introduit le souci de voir la justice garantie aux examens. Ces derniers se sont rapidement confrontés à la problématique de l’instauration d’une plus grande justice mais aussi à celui d’une plus grande justesse. A partir de 1920, la docimologie est apparue en France. Cette dernière a, dans un premier temps, souligné la variabilité et l’imprécision des notations. Ce phénomène est expliqué par la subjectivité des divers facteurs. Dans un deuxième temps, on constate que les informations recueillies et les critères utilisés afin d’évaluer sont variables d’un individu à l’autre. A partir de cette époque, des moyens permettant de perfectionner les actes d’évaluation vont être prescrits par les docimologues (Meyer, 2007). Trois courants différents ont tenté de remplacer les procédures d’évaluation subjectives et aléatoires par des mesures fondées sur des données plus objectives et plus systématiques. 7 Tout d’abord, il y a le courant nommé Testing Period (1920). Durant cette période, des tests d’intelligence et de rendement standardisés sont élaborés afin de remplacer les mesures subjectives et individuelles en usage dans les écoles. Par la suite, il y a le courant nommé Measurement Period. Lors cette période, le concept de mesure apparaît. Il nuance ainsi le concept de test qui peut être trop limité. A ce moment-là, on continue à perfectionner les tests mais on commence aussi à s’inquiéter quant à l’utilisation des résultats et à la difficulté à réaliser des mesures objectives. Pour finir, il y a le courant nommé Evaluation Period (1930). Les perspectives de mesure s’élargissent. En effet, sous l’impulsion de R. Tyler, l’évaluation ne se contente plus uniquement de juger le travail des élèves mais elle s’étend également à analyser les programmes et à valider le matériel et les méthodes pédagogiques (Meyer, 2007).

Définition de l’évaluation

L’évaluation correspond à un processus de comparaison d’un comportement ou d’une production observé à un résultat attendu en vue d’une prise de décision. Ce processus est mis en œuvre dans la plupart des situations d’apprentissage. Le terme « évaluation » ne date pas d’aujourd’hui. En effet, ce terme, tel qu’utilisé dans le vocabulaire de l’éducation, n’a pas une origine exactement définie. Cependant, dans les premiers écrits traitant de mesures en éducation, l’évaluation avait un sens restreint. Cette dernière désignait des opérations ponctuelles de notations qui étaient effectuées sur des compositions ou sur des productions scolaires. Des jugements de personnes, leurs impressions ainsi que leur subjectivité intervenaient dans ces opérations (Scallon, 1988). Je souhaite également ajouter que cette pratique a toujours attisé les passions car elle stigmatise l’ignorance des uns pour mieux mettre en évidence l’excellence des autres. En effet, évaluer crée des hiérarchies d’excellence en fonction desquelles se décideront la progression dans le cursus, la sélection à l’entrée du secondaire, l’orientation vers divers types d’études, la certification ou encore l’embauche. En évaluant, on privilégie une façon d’être en classe et au monde, on valorise des 8 normes et des formes d’excellence et on met en évidence un genre d’élève modèle (Perrenoud, 1998). Evaluer est donc loin d’être une chose facile à faire.

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