Hypertension artérielle
Surnommée le « tueur silencieux» en raison de la rareté de symptômes qu’elle occasionne à ses débuts (OMS, 2013, p.5), l ‘HT A se définit par une élévation prolongée de la PA au repos (Balais, 2019). Depuis 2015, le diagnostic d’HTA s’établit suite à une mesure ambulatoire, telle que la mesure de la PA à domicile (Rabi et al., 2020). Pour les mesures de PA effectuées de façon standardisée en clinique, des valeurs de PA supérieure à 140/90 mm Hg permettent de poser le diagnostic d’HTA, alors que pour les mesures effectuées en ambulatoire ou en clinique oscillométrique en série, le diagnostic est établi lorsque les valeurs de PA se situent au-dessus de 135/85 mm Hg. Cependant, pour les personnes atteintes de diabète, des valeurs supérieures à 130/80 mm Hg en clinique sont considérées comme trop élevées et nécessitent un traitement (Nerenberg et al., 2018).
Étiologie Dans la majorité des cas (85 %), l’HTA est d’étiologie muItifactorielle, sans cause connue (HTA essentielle), alors que dans 15 % des cas, l ‘HT A est causée par une problématique spécifique (HTA secondaire) tels que l’apnée du sommeil, les maladies du parenchyme rénal ou encore l ‘hyperaldostéronisme primaire (Balais, 2019). À cet effet, des causes spécifiques doivent être recherchées lorsque l ‘HT A apparait avant l’âge de 40 ans (OMS, 2013). Certains facteurs de risque non modifiables, tels qu’un âge égal ou supérieur à 55 ans et être de sexe masculin, peuvent notamment contribuer à l’incidence de l ‘HT A (Rabi et al., 2020). En ce qui concerne l ‘HTA essentielle, plusieurs facteurs de risque comportementaux favorisent l’apparition de l’HTA soit: la consommation excessive de sodium et d’alcool, une alimentation à haute teneur en gras ou faible en fruits et légumes, le tabagisme, la sédentarité et le manque d’AP ainsi qu’une mauvaise gestion du stress (Kaplan et al., 2015; OMS, 2013). En effet, plusieurs facteurs de risque (6) sont associés indépendamment à une PA plus élevée et à un risque accru d’HT A. Le contrôle de ces facteurs de risque par l’adoption de comportements santé sains peut certainement contribuer à l’atteinte des valeurs cibles dans la population. Ces six facteurs de risque sont: «pratiquer moins de 150 minutes d’AP modérée à élevée par semaine, consommer moins de cinq fruits et légumes moins par jour, être en surpoids ou obèse, être atteint de diabète et être atteint d’une maladie rénale chronique» (Leung et al., 2019). Selon les données tirées des quatre premiers cycles de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) (qui comptabilisaient 13407 participants), la prévalence prédite de l’HTA chez les personnes cumulant les six facteurs de risque s’élève à 55 % chez les femmes et à 44 % chez les hommes de 20 à 39 ans. Pour les 70 à 79 ans, cette prévalence atteint 80% chez les femmes et 76 % chez les hommes.
Prévalence L’HTA est un problème de santé préoccupant. En plus d’affecter 40 % des personnes âgées de 25 ans et plus, cette maladie constitue la principale cause de mortalité et de morbidité dans le monde, représentant 9,4 millions de décès par an (Padwal et al., 2016). Au Canada, la prévalence de l’HTA se situe à 23 %, ce qui est inférieur à celle d’autres pays occidentaux tels que les États-Unis (30 %) et l’Angleterre (29,6 %) (Padwal et al., 2016). Cette maladie est également préoccupante dans la population québécoise. Selon les résultats de l’ESCC de 20 18 (cités dans Statistique Canada, 2019), au Québec, 16,5 % des personnes âgées de 12 ans et plus avaient reçu un diagnostic d’HTA. Chez les 35 à 49 ans, la prévalence de l’HTA était de 7,3 % et chez les 50 à 64 ans, de 22,9 %. Finalement, le groupe d’âge des 65 ans et plus affichait la prévalence la plus importance, avec 40,9 %. Les données recueillies pour les 12 à 17 ans étaient trop peu fiables pour être publiées, tandis que la prévalence de 1,2 % des 18 à 34 ans était à utiliser avec prudence puisque le faible nombre de cas entrainait des limites statistiques. En fait, l’accroissement progressif de l ‘HT A au Canada au cours des deux dernières décennies serait attribuable à l’augmentation du nombre de cas détectés, de la prévalence de l’ obésité et au vieillissement de la population (Padwal et al., 2016).
Adhésion aux comportements de santé et motivation
Cette section de la recension des écrits expose les résultats d’études s’étant intéressées à la motivation des personnes atteintes d’HTA à adhérer au traitement pharmacologique, à la pratique d’AP et à la diète hyposodée. Comme il y a trois comportements à l’étude, trois recherches distinctes dans quatre bases de données se sont avérées nécessaires. Cependant, en raison du manque d’études portant sur le type de motivation tel que défini par la T AD (Deci et Ryan, 1985), l’ étudiante-chercheure a sélectionné des études ayant examinées la motivation à l’aide d’autres théories issues de la psychologie sociale. Par exemple, la théorie du comportement planifiée (Ajzen, 1991), la théorie sociale cognitive (Bandura, 1986) et l’approche du processus d’action en santé (Schwarzer, 1992) utilisent l’ intention comme étant le produit de la motivation à adhérer un comportement donné (Sheeran et al., 2017). Malgré que le critère de la théorie utilisée ait été élargi, certaines études (3) n’ayant pas utilisé de théories issues de la psychologie sociale ont été retenues. En fait, celles-ci ont été les seules identifiées par l’étudiantechercheure s’intéressant à la même problématique et ce, auprès de la population atteinte d ‘HT A. Par ailleurs, pour les trois recherches distinctes réalisées, les principaux critères d’inclusion des articles étaient des publications en langue française ou anglaise et la présence des mots-clés (ou leur autres appelations décrites aux sous-sections suivantes) « motivation », « adherence », « medication », « physical activity » et « salt di et » au sein du résumé.
Le Tableau 2 résume les études sélectionnées pour chacun des comportements de santé. Dans la littérature scientifique sur les soins de santé, « adhésion », « adhérence », « compliance », « observance» et « concordance» sont souvent interchangés, laissant ainsi place à l’ambiguïté. Une brève recherche dans les bases de données a permis de constater que les termes utilisés peuvent varier selon une multitude de facteurs dont la vision adoptée par l’auteur ou encore les bases théoriques ou courants philosophiques suivis. Selon l’analyse de concept de Bissonnette (2008), il n’y aurait aucune différence entre « adhésion» et « compliance ». En contrepartie, la définition de « concordance» suggérée par l’analyse de concept de Snowden et al. (2013) se rapproche également de celle de l’adhésion utilisée dans ce mémoire. Certaines études ciblées dans la recension des écrits emploient d’autres termes qu’« adhésion ». Bien qu’ il soit possible que la signification diffère légèrement de celle définie précédemment dans la section de la problématique, le terme « adhésion» a été employé tout au long du mémoire dans un but d’ harmonisation
Description de la T AD
Il existe plus d’une centaine de théories de la motivation (Fenouillet, 2016). À titre d’exemple, la théorie sociale cognitive (Bandura, 1986), la théorie du comportement planifié (Ajzen, 1991), la théorie du contrôle (Carver et Baird, 1998) sont des théories de la motivation actuellement utilisées. Le choix de la T AD de Deci et Ryan (1985, 2000) dans le cadre de cette maîtrise est principalement justifié par sa différenciation des précédentes. En effet, cette théorie s’attarde plutôt à la motivation derrière la sélection et la poursuite d’objectifs comportementaux, mais d’un point de vue qualitatif. De prime abord, la TAD tient pour acquis qu’une personne est naturellement portée à être active, motivée, curieuse et qu’elle a le désir profond de réussir pour la gratification qu’elle en retire. D’un autre côté, la théorie concède que certaines personnes accomplissent des tâches de façon mécanique, ou encore, sont démotivées ou ont un tempérament passif (Deci et Ryan, 2008a). Sur la base de l’autonomie et du choix personnel associés au comportement, la TAD propose de conceptualiser la motivation sur un continuum allant de l’amotivation, à la motivation extrinsèque, à la motivation intrinsèque. Selon cette théorie, l’être humain est porté à intérioriser la régulation des activités inintéressantes, mais essentielles au fonctionnement en société (Deci et Ryan, 1985). Lors du processus d’intériorisation, une personne en vient à s’identifier aux raisons qui sous-tendent le comportement et les intériorise.
Lorsque le processus d’intériorisation réussit, celle-ci s’engage dans les activités par choix. Ces activités font alors du sens pour elle. Plus la motivation est intrinsèque, donc autonome, plus le comportement sera autodéterminé, c’est-à-dire réalisé par choix (Godin, 2012). On s’intéresse alors à situer les individus à travers le continuum de la motivation afin de prédire l’ adhésion à d’un comportement spécifique (Deci et Ryan, 2002). La Figure 1 présente ce continuum de l’autodétermination. À l’extrême gauche on retrouve un comportement non-autodéterminé (absence de régulation), soit l’ amotivation : le manque de volonté d’agir. Par exemple, une personne atteinte d’HTA ne pratique aucune AP, car elle ne voit pas ce que cela pourrait lui apporter. Au centre de ce continuum se retrouve la motivation extrinsèque. Selon la T AD, la motivation extrinsèque regroupe quatre formes d’autorégulation, soit la régulation externe, introjectée, identifiée et intégrée (Deci et Ryan, 2000). La forme de motivation la moins autodéterminée est la régulation externe, soit l’adhésion à un comportement pour satisfaire à une demande externe ou obtenir une récompense ou éviter une punition. Par exemple, une personne atteinte d ‘HT A pratique de l’ AP, car son entourage exerce une pression pour qu’elle en fasse. La deuxième forme de motivation extrinsèque, la régulation introjectée, renvoie à l’adhésion à un comportement pour éviter un sentiment de culpabilité ou d’ anxiété ou pour protéger son égo. Par exemple, une personne atteinte d’HTA pratique l’AP, puisqu’elle a peur que son entourage la trouve paresseuse si elle ne le fait pas. Pour la troisième forme de motivation extrinsèque, soit la régulation identifiée, les auteurs de la T AD stipulent qu’une personne agit en fonction d’un but externe à soi, mais relié aux valeurs qu’elle prône.
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