Choix du sujet d’étude
Le choix de notre sujet n’a pas été dicté, de même que pour plusieurs collègues enseignants, par des exigences issues directement du terrain d’action° En espérant que notre CDD dans un établissement du secondaire italien se transformât en CDI, et n’ayant pas la certitude de pouvoir garder pendant quelques années notre poste dans la même école (ou dans un établissement de la même filière), nous avons entrepris des études doctorales en didactique des langues avec, à la fois, l’impossibilité de jouir d’un futur champ d’expérimentation désigné et la liberté de choisir un sujet proche de nos intérêts. La deuxième raison ayant impérativement prévalu sur la première, vu notre intérêt pour les langues de spécialité et notre curiosité envers les sciences, nous avons envisagé la possibilité de les conjuguer dans un domaine, peut-être, plutôt insolite dans notre pays : l’enseignement potentiel du français de spécialité au lycée scientifique, filière générale (et, donc, non professionnalisante) garantissant parfois, pendant toute la durée du cycle, l’étude de l’anglais et d’une deuxième langue vivante étrangère. Le lycée scientifique, cursus d’études de 5 ans, constitue, donc, une filière générale du secondaire visant à garantir aux apprenants un rapport équilibré entre les disciplines scientifiques et littéraires. Il est considéré comme une école formative par sa rigueur méthodologique, sa tendance à l’analyse, son esprit critique et la sensibilité culturelle qu’il permet d’acquérir. C’est l’un des lycées qui sont normalement considérés comme le point de départ propédeutique aux études universitaires le plus adéquat. Plusieurs établissements prévoient, outre l’emploi du temps « traditionnel », la mise en place de filières expérimentales, visant à enrichir et à actualiser la préparation culturelle. Cela inclut même l’introduction d’une deuxième langue vivante étrangère, afin de favoriser l’acquisition de connaissances et capacités critiques tout en utilisant des langages et des instruments d’analyse concernant des sociétés et des cultures différentes. Le site http://archivio.pubblica.istruzione.it/scuola_e_famiglia/classica.shtml fournit des détails supplémentaires à ce sujet. Nous ajoutons que nous sommes en train de rédiger ce travail juste pendant la période où le ministère de éducation nationale a décrété l’introduction d’une réforme visant à éliminer cette option (cf. avant-propos), suscitant de nombreuses contestations, notamment de nature culturelle. Pour cette raison, le site indiqué pourrait présenter des pages en construction° Présentons, maintenant, l’établissement qui nous a accueillie lors de l’expérimentation sur le terrain° Il s’agit du lycée public « F. Lussana » de Bergame (Italie du Nord, région : Lombardie, http://www.liceolussana.com/), qui peut se vanter d’avoir une longue tradition pédagogique et d’adhérer, avec succès, à de nombreux projets impliquant plusieurs disciplines au niveau local, national et international. Le proviseur et les professeures de français qui nous ont accueillie dans leurs classes étaient, donc, particulièrement dynamiques, au courant par rapport aux exigences des apprenants dans un contexte moderne et tout à fait disposés à collaborer avec nous dans la réalisation d’une étude visant à améliorer les conditions et les supports d’apprentissage des adolescents. L’établissement dans lequel s’est déroulée l’expérimentation possède trois laboratoires de langues et trois salles d’informatique (cependant, pas toujours disponibles, compte tenu des nombreuses classes et de l’emploi du temps de chacune).
Les apprenants
Les destinataires des tâches que nous avons administrées étaient, donc, des apprenants de 13 à 19 ans, fréquentant le lycée scientifique, dont le niveau de connaissance en français se situait entre A1 et B2 du CECR (informations fournies par les professeures titulaires). Comme les apprenants ne se destinaient pas encore à des professions spécifiques, et afin de leur proposer des tâches susceptibles de les motiver, nous avons choisi des sujets différents (actuels, utiles et parfois un peu ludiques), compte tenu du curriculum scolaire, de l’âge et des intérêts des destinataires. N’oublions pas d’ajouter que, selon les principes de l’approche actionnelle, il s’agissait notamment de tâches réalistes et que les supports utilisés, très souvent en version informatisée, étaient des documents les plus authentiques possibles (cf. 3.13., 4.5.5., 6.7., chap. 9 à 11). Il nous semble opportun de souligner que l’analyse du corpus obtenu d’après les réponses aux questionnaires préalablement distribués à plusieurs catégories de publics compétents, dont nous parlerons ensuite, nous a permis de cibler les exigences suivantes de la part des apprenants concernés (cf. chap. 2, 4.7.1., 5.3., 5.4., 8.1.) : -apprendre à se débrouiller en France/dans un pays francophone dans la vie quotidienne ; -être suffisamment capables de comprendre, lire, parler, écrire le français scientifique (notamment, en raison des exigences liées aux échanges Erasmus/Leonardo dans les universités, dont ils seront participants potentiels) ; -s’entraîner à la réalisation de tâches, en langue française, inhérentes aux activités propres d’un étudiant/d’un professionnel en disciplines scientifiques (compte tenu du niveau linguistique et de la préparation scientifique acquise).