Etudes chimique et toxicologique des extraits de feuilles D’Albizia boivinii

La biodiversité constitue une ressource importante pour les besoins vitaux de l’homme. En tant qu’hétérotrophe, l’homme dépend des animaux, des végétaux et de quelques microorganismes dont il tire les éléments nécessaires à sa survie tels que les glucides, lipides et protéines. Mais ces êtres vivants produisent aussi des composés spécifiques appelés métabolites secondaires. Comme leur nom l’indique, ceux-ci ne sont pas directement impliqués dans la croissance normale, le développement ou la reproduction de l’organisme producteur mais de nombreuses études ont montré qu’ils sont doués d’activités biologiques diverses (BRUNETON, 1993).

Chez les végétaux, plusieurs milliers de métabolites secondaires différents sont synthétisés dans tous les organes ou dans des parties restreintes. Ils sont classés en fonction de leur origine biosynthétique et leur nature chimique. Cette classification inclut trois groupes majeurs : les alcaloïdes, les composés phénoliques et les composés terpéniques (KABERA et al., 2014).

Albizia étrangères

Utilisations traditionnelles

(QUATTROCCHI, 2012)
✔ Albizia amara est utilisée, en Inde, pour traiter les maladies cardiovasculaires. Ses graines servent à soigner la diarrhée, la blennorragie, l’érésipèle et la lèpre. Les fleurs sont appliquées sur les furoncles, les éruptions, les enflures, et les feuilles protègent contre la chute des cheveux.
✔ En Inde, les feuilles et les racines d’Albizia antunesiana sont utilisées pour soigner l’angine, l’ulcère, la tuberculose, le diabète et les troubles cardiaques.
✔ L’écorce de tiges d’Albizia chinensis est utilisé comme anthelminthique et antidiarrhéique et aussi pour soigner diverses maladies telles que le rhumatisme, la toux, les troubles gastriques.
✔ Albizia glaberrina est utilisée en Afrique comme anthelminthique. Ses tiges servent à traiter les troubles gastriques et la fièvre. L’écorce de ses tiges est utilisée contre la bilharziose.
✔ Albizia julibrissin est employée en Inde pour lutter contre les infections.
✔ Albizia lebbeck , en Guinée, est utilisée pour traiter l’asthme.
✔ Les tiges d’Albizia odoratissima sont utilisées dans le traitement de la lèpre, la dysenterie et l’ulcère. En Inde, ses feuilles, ses graines et ses racines servent à soigner les maladies de la peau.

Données pharmacologiques 

Plusieurs propriétés pharmacologiques des Albizia ont été déterminées grâce à des études approfondies. Quelques exemples sont présentés ci-dessous.
❖ Albizia adianthifolia : l’extrait aqueux des feuilles possède une activité anxiolytique et antidépresseur (BEPPE et al., 2015). L’extrait acétate d’éthyle de l’écorce de tige exerce une activité antioxydante et antimicrobienne (TAMOKOU et al., 2012).
❖ Albizia amara : les alcaloïdes extraits de feuilles présentent une activité antioxydante et antimicrobienne (THIPPESWAMY et al., 2013). L’extrait éthanolique de tiges possède une propriété anti-hyperlipémie (GUNDAMARAJU et al., 2014). Les tanins et les flavonoïdes extraits de la plante ont un effet antiulcéreux (RAJKUMAR et SINHA, 2011).
❖ Albizia anthelmintica : l’extrait éthanolique de feuilles est un analgésique, un anti-inflammatoire et un antioxydant (MOHAMED et al., 2013).
❖ Albizia antunesiana : dans une étude in vitro, il a été rapporté que l’extrait de feuilles et de racines de cette plante exercent une activité antioxydante (CHIPITI et al., 2013).
❖ Albizia chinensis : il a été démontré que les flavonoïdes contenus dans l’extrait méthanolique de feuilles sont actifs sur des bactéries Gram+ et Gram- (GHALY et al., 2010).
❖ Albizia glaberrima : l’extrait aqueux de feuilles, à forte dose, est un anticonvulsivant et sédatif et à faible dose, il possède une activité anxiolytique (ADEBESIN et al., 2015).
❖ Albizia inundata : les saponosides des parties aériennes montrent une cytotoxicité sur des cellules atteintes de mélanome et des cellules squameuses ducou (ZHANG et al., 2011).
❖ Albizia julibrissin : un saponoside à génine triterpénique isolé des extraits d’écorces de tiges a montré une activité cytotoxique sur des cellules cancéreuses (ZOU et al., 2006). Des recherches sur les saponosides extraits d’écorces de tiges mentionnent des effets anti-tumoraux et anti-angiogéniques in vitro et in vivo (CAI et al., 2014). Les extraits de feuilles, de tiges et de fleurs inhibent la croissance des bactéries pathogènes (RAJALAKSHMI et SENTHIL, 2014). Les flavonoïdes issus de l’extrait méthanolique de la plante verte montrent une propriété antioxydante très importante (LAU et al., 2006).
❖ Albizia lebbeck : il a été rapporté que l’extrait méthanolique des cosses, des graines, des fleurs et des racines ont une propriété antibactérienne et antifongique (SHAHID et FIRDOUS, 2012). L’extrait hydroalcoolique des cosses est actif visà vis des bactéries Gram- (PADAMANABHAN et al., 2013) et l’extrait acétate d’éthyle de feuilles vis-à-vis des bactéries Gram+ et Gram- (RAHUL et al., 2010). Dans une étude in vitro, les flavonoïdes isolés de l’extrait méthanolique d’écorces de tiges réduiraient le taux de glucose sanguin et exerceraient une activité antioxydante (AHMED et al., 2014). Une activité antioxydante de l’extrait de cosses et de graines a été démontrée (ZIA-UL-HAQ et al., 2013).
❖ Albizia odoratissima : l’extrait méthanolique de tiges possède une activité hypoglycémiante chez la souris et il réduirait le taux de cholestérol et de triglycérides dans le sérum (KUMAR et al., 2011).
❖ Albizia procera : il a été montré que l’extrait méthanolique de feuilles, administré par voie orale, a un effet analgésique chez le rat ; il est aussi très actif sur des bactéries Gram+ et Gram- (KHATOON et al., 2014). L’extrait éthanolique des parties aériennes de la plante exerce une activité antioxydante chez le rat (SIVAKRISHNAN et KOTTAIMUTHU, 2013).
❖ Albizia saman : une propriété antioxydante de l’extrait méthanolique de feuilles a été démontrée (KIRITHIKA et al., 2013).
❖ Albizia schimperiana : il a été rapporté que l’extrait de la plante exerce une activité cytotoxique sur des cellules cancéreuses, antiparasitaire et antimicrobienne (SAMOYLENKO et al., 2009).
❖ Albizia stipulata : dans une étude in vitro, la gomme exsudée de cette plante a montré une activité antioxydante (THANZAMI et al.,2015).
❖ Albizia zygia : l’extrait dichlorméthanique et méthanolique de tiges contiennent des flavonoïdes dotés d’un effet antipaludique (ABDALLA et LAATSCH, 2012).

Méthodes d’extraction des principes actifs

Extraction à froid

La poudre végétale est délayée dans le solvant d’extraction (eau distillée ou ED, ou mélange hydroéthanolique 75%) selon le rapport 1/10 (p/v) c’est-à-dire 1g de poudre pour 10 ml de solvant. Le mélange est soumis à une agitation magnétique pendant 3 h. Après une macération durant une nuit à +4°C, il est de nouveau agité pendant une trentaine de minutes avant d’être filtré sur 4 épaisseurs de gaze. Le filtrat obtenu est centrifugé à 4 000 tours/min pendant 15 min en utilisant une centrifugeuse Bremse (T52). Le surnageant issu de cette première centrifugation est évaporé à l’aide d’un évaporateur rotatif de marque Buchi Rotavapor (R110) jusqu’à ce que son volume atteigne le rapport 1/1 (p/v) c’est à-dire 1 ml d’extrait pour 1g de poudre. L’extrait est soumis à une deuxième centrifugation en utilisant une centrifugeuse Bremse (T52) à 10 000 tours/min pendant 5 min pour éliminer le précipité apparu pendant l’évaporation, puis il est évaporé à sec.

Fractionnement par le n-butanol
(KAMOUN, 1989)

a) Principe
La méthode repose sur l’affinité relative d’une substance envers deux liquides non miscibles : eau et solvant organique. En effet, les molécules montrent une partition entre la phase aqueuse et la phase organique.
b) Mode opératoire
L’extrait à purifier est mélangé volume à volume avec le n-butanol. Après une forte agitation, le mélange est laissé décanter jusqu’à la séparation complète de deux phases : une phase supérieure butanolique et une phase inférieure aqueuse. Elles sont récupérées séparément et la phase aqueuse subit 3 fois le même procédé avec le même volume de solvant. Ainsi, tous les composants ayant plus d’affinité pour le butanol migrent vers la phase organique. Les phases sont rassemblées puis ramenées au volume initial de l’extrait à traiter par évaporation.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I. Albizia étrangères
II. Albizia malgaches
PREMIERE PARTIE : ETUDE CHIMIQUE
I. INTRODUCTION
II. MATERIELS ET METHODES
II.1 MATERIELS
II.1.1 La plante
II.1.1.1 Taxonomie
II.1.1.2 Description botanique
II.1.1.3 Répartition géographique
II.1.1.4 Date et lieu de récolte
II.1.1.5 Préparation du matériel d’étude
II.1.2 Les produits chimiques et les autres matériels
II.2 METHODES
II.2.1 Méthodes d’extraction des principes actifs
II.2.1.1 Extraction à froid
II.2.1.2 Extraction à chaud
a) Extraction aqueuse
b) Extraction par épuisements au Soxhlet
II.2.2 Méthodes de purification
II.2.2.1 Fractionnement par le n-butanol
a) Principe
b) Mode opératoire
II.2.2.2 Dialyse
a) Principe
b) Mode opératoire
II.2.3 Méthodes analytiques
II.2.3.1 Chromatographie sur couche mince
a) Principe
b) Mode opératoire
II.2.3.2 Méthode de criblage phytochimique
a) Test sur l’extrait acide
Détection des alcaloïdes
b) Tests sur l’extrait hydroéthanolique
Détection des flavonoïdes (Test de WILLSTÄTTER)
Détection des leucoanthocyanes (Test de BATE-SMITH)
c) Tests sur l’extrait chloroformique
Détection des stéroïdes et triterpènes (Test de LIEBERMANN-BURCHARD)
Détection des stérols insaturés (Test de SALKOWSKI)
d) Tests sur l’extrait aqueux
Détection des saponosides
Détection des iridoïdes
Détection des anthraquinones (Test de BORNTRAGER)
Détection des tanins et polyphénols
Détection des désoxyoses (Test de KELLER-KILIANI)
II.2.4 Méthode de concentration
II.2.5 Calcul de rendement
III.RESULTATS
III.1 EXTRACTION
III.2 PURIFICATION
III.2.1 Partition au n-butanol
III.2.2 Dialyse
III.3 DEGRE D’HOMOGENEITE DES EXTRAITS
III.4 CARACTERISATION CHIMIQUE
III.4.1 Propriétés physico-chimiques
III.4.2 Nature chimique
III.5 RENDEMENTS
IV.DISCUSSION ET CONCLUSION
DEUXIEME PARTIE : ETUDE TOXICOLOGIQUE
I. INTRODUCTION
II. MATERIELS ET METHODES
II.1 MATERIELS
II.1.1 Animaux d’expérimentation
II.1.1.1 Animaux à sang chaud : les souris
II.1.1.2 Animaux à sang froid : les larves de moustique
II.1.2 Végétaux d’expérimentation
II.1.3 Matériels de microbiologie
II.1.3.1 Les souches
II.1.3.2 Les milieux de culture
II.1.3.3 Les disques pour antibiogramme
II.2 METHODES
II.2.1 Méthodes d’étude des effets sur des animaux
II.2.1.1 Tests sur souris
a) Etude de la toxicité aiguë
b) Détermination de la DL50 (24 h)
Méthode de REED et MUENCH
Méthode de BOYD
II.2.1.2 Tests sur les larves du moustique
a) Principe
b) Mode opératoire
II.2.2 Méthodes d’étude des effets sur les végétaux
II.2.2.1 Etude des effets sur la germination
a) Principe
b) Mode opératoire
II.2.2.2 Effets sur la croissance des jeunes plantules
a) Principe
b) Mode opératoire
II.2.3 Méthodes d’étude des effets sur les microorganismes
II.2.3.1 Méthode de stérilisation
II.2.3.2 Spectre d’activité antimicrobienne
a) Principe
b) Mode opératoire
III.RESULTATS
III.1 EFFETS SUR LES ANIMAUX
III.1.1 Effets sur les animaux à sang chaud
III.1.1.1 Toxicité aiguë
III.1.1.2 Détermination de la DL50 (24h)
a) Calcul de la DL50 (24 h)
b) Détermination graphique
c) Détermination par régression linéaire
III.1.2 Effets sur les animaux à sang froid
III.1.2.1 Effets sur les larves du moustique
III.2 EFFETS SUR LES VEGETAUX
III.2.1 Effets sur le pouvoir germinatif des graines
III.2.2 Effets sur la croissance des jeunes plantules
III.3 EFFETS SUR LES MICROORGANISMES
IV.DISCUSSION ET CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
RESUME

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