Etude sur les propriétés d’adhérence des revêtements fluorocarbonés déposés par plasma
Maladies cardiovasculaires
Généralités et statistiques
Les décès liés aux maladies cardiovasculaires (CVD) affectent une partie importante de la population mondiale. En 2005, l’organisation mondiale de la santé (OMS) estimait que 17,5 millions de personnes sont décédées à la suite de maladies cardiovasculaires, ce qui représente environ 20% de la mortalité mondiale [22]. Ces maladies sont accentuées par plusieurs facteurs de risques notamment, le tabagisme, le cholestérol, le diabète, une tension artérielle élevée, l’obésité, l’inactivité ainsi qu’une alimentation riche en graisses [23]. Le taux de mortalité des CVD varie selon le sexe et le lieu de résidence tel que résumé dans le Tableau 1. Au Canada, ces maladies sont responsables d’au moins 33% des décès non-prématurés et entraînent des pertes financières estimées à 18,5 milliards de dollars par année [24]. Les statistiques sont similaires en Europe avec des décès avoisinant les 2 millions d’individus par année et des pertes financières évaluées à 110 milliards d’euros [25]. Aux États-Unis, les pertes financières sont estimées à 448,5 milliards de dollars, dont 156,4 milliards pour les maladies touchant spécifiquement l’artère coronarienne [26]. Parmi celles-ci, l’athérosclérose est l’une des CVD les plus répandues. Ces statistiques sont inquiétantes autant pour la population que pour la santé économique des pays. L’OMS estimait en 2005 qu’environ 1,6 milliard d’adultes avaient un surplus de poids, un important facteur de risque, et que ce nombre devrait augmenter à 2,3 milliards d’ici 2015 [27].
L’athérosclérose
L’athérosclérose est une pathologie dégénérative de l’artère qui est à l’origine de plusieurs CVD telles que les maladies du cœur et les accidents vasculaires cérébraux [29]. Cette maladie est caractérisée par la formation sur la paroi artérielle interne de lésions appelées plaques d’athérosclérose. Ces plaques de matières graisseuses réduisent le diamètre effectif de l’artère ce qui provoque l’occlusion localisée de l’artère. Ce phénomène, appelé sténose, est illustré à la Figure 3 en comparant la région 1 avec la région 2. La sténose de l’artère peut entraîner la mort du patient lorsque le débit sanguin n’est plus suffisant. Également, une accumulation localisée de plaquettes sanguines peut induire la formation d’un caillot, appelé thrombus, tel qu’illustré à la région 3 de la Figure 3. Ce thrombus perturbe fortement le débit sanguin et peut être transporté par le débit sanguin pour aller obstruer d’autres vaisseaux.Plusieurs techniques ont été développées au fil des années pour traiter l’athérosclérose compte tenu de sa sévérité. Lorsque l’athérosclérose est à un stade non critique, une médication appropriée ainsi qu’un régime alimentaire spécifique sont recommandés aux patients. Lorsque la progression de l’athérosclérose engendre l’obstruction partielle de l’artère, les chirurgies endovasculaires sont habituellement utilisées. Une angioplastie, suivie d’une implantation d’un stent, peut alors être effectuée. L’angioplastie consiste en la compression des plaques d’athéroscléroses par le gonflement d’un ballonnet monté sur un cathéter. Un stent peut être implanté après l’angioplastie ce qui vient réduire le taux de resténose de cette intervention, c’est-à-dire la réapparition de l’épaississement artériel. Lorsque les chirurgies endovasculaires ne sont pas envisageables ou inefficaces, les médecins ont recours aux chirurgies classiques, soit la greffe de la veine saphène ou l’implantation de prothèses artérielles synthétiques. 3 Commercialisation d’un dispositif médical Avant de pouvoir commercialiser des dispositifs médicaux tels que les stents, les fabricants doivent obtenir l’approbation de l’organisme gouvernemental responsable du pays. Au Canada, l’organisme qui règlemente les dispositifs médicaux s’appelle Santé Canada [31] tandis qu’aux États-Unis et en Europe les organismes se nomment respectivement la Food and Drug Administration (FDA) [32] et la Conformité Européenne (CE). Cette approbation est obtenue à la suite d’études, regroupées en trois phases cliniques, démontrant une amélioration significative de la qualité de vie des patients ainsi que de la sécurité du dispositif. À la suite d’études précliniques démontrant l’efficacité du dispositif à un niveau cellulaire et biologique, les fabricants effectuent une demande d’essais cliniques auprès de l’organisme gouvernemental responsable. Au Canada, Santé Canada et le comité d’éthique évaluent la demande et donnent suite dans un délai de 30 jours [33]. Une fois la demande acceptée, les fabricants peuvent entreprendre les essais cliniques regroupés en trois phases. La phase I évalue la tolérance et les effets secondaires sur des individus volontaires qui sont généralement sains. La phase II consiste à évaluer l’efficacité du dispositif chez des 13 patients ayant un état de santé à traiter, à optimiser la procédure ainsi qu’à limiter les effets secondaires. La phase III mesure et compare l’efficacité avec une référence telle qu’un placebo. Une quatrième phase est effectuée après l’autorisation de la commercialisation avec un suivi à long terme des effets secondaires rares et des complications tardives. Ces travaux doctoraux ont été effectués dans un contexte académique et se situent à un niveau exploratoire au niveau de l’effet de l’expansion d’un stent recouvert sur l’intégrité des recouvrements.
Stents coronariens
Évolution et développement des stents
Le premier stent implanté dans l’artère popliteal d’un chien a été conçu à l’aide d’un ressort avec les travaux de Charles Dotter datant de 1969 [7], tandis que leur application à l’être humain pour traiter l’occlusion des artères iliaques et coronariennes a eu lieu en 1986 avec les recherches de Sigwart et al. [8]. L’utilisation des stents était motivée par la possibilité de réduire le taux de resténose élevé (30% à 50%) observé après les premiers mois suivant l’angioplastie de l’artère coronarienne, grâce au soutien mécanique fourni à l’artère [34- 39]. La première approbation d’un stent coronarien par la FDA est survenue en 1994 avec le « Palmaz-SchatzTM Balloon expandable stent » de la compagnie Cordis [6]. Malgré le succès des stents coronariens, le taux de resténose demeurait élevé avoisinant les 30% après les trois premiers mois d’implantation [36, 40]. Le développement de revêtements et de médicaments anti-resténose tel que l’héparine, le paclitaxel, le sirolimus et des composés analogues au sirolimus (zotarolimus, everolimus et biolimus A) ont permis de réduire ce taux avec la conception des stents à relargage de médicaments (Drug-Eluting Stents, DES) [41, 42]. L’approbation par la FDA d’un premier stent recouvert est survenue en septembre 2000 avec le BiodivYsio™AS PC de Biocompatibles Ltd [1]. Par la suite, le Cypher sirolimus-coated BXTM de Cordis a été commercialisé en 2003 [4] ainsi que le TAXUSTM Express2TM de Boston Scientific en 2004 [5]. En 2008, la FDA a approuvé deux autres DES, le EndeavorTM de la compagnie Medtronic [3] et le TAXUSTM LibertéTM de Boston Scientific [2]. La Figure 4 résume l’évolution des stents coronariens.
RÉSUMÉ |