Etude structurale des arbres et des espaces boisés en vue d’une sylviculture paysagère

Milieu humain

Démographie

En 2009, la population était estimée à 1 500 000 habitants, alors qu’en 2014 la totalité de l’agglomération tananarivienne est estimée à 2,2 millions d’habitants avec une densité de 25 287 habitants/km². La cause principale de cet accroissement démographique semble être l’exode rural qui s’est accéléré du fait des difficultés économiques que connaissent les campagnes (INSTAT, 2014).

Activités socio-économiques

L’extension urbaine rapide au cours de la dernière décennie, notamment du fait de l’industrialisation massive, a entraîné une forte ascension économique de l’agglomération. La ville produit 42 % du PIB national (16 131 milliards d’ariary en 2008), soit 6 775 milliards d’ariary. En 2009, le PIB par habitant était de 4 516 667 ariary par an. Malgré ce taux important, le niveau de pauvreté demeure assez élevé.
En effet, pour l’ensemble de la population de la région Analamanga, l’indice de pauvreté atteignait 54,5% en 2010. Ce taux est cependant moins élevé que dans le reste du pays (ONU, 2012).
Un développement important du marché financier via l’accès au crédit constituant une source de financement des activités ainsi qu’un levier important pour le développement économique sont constatés. La ville d’Antananarivo constitue un pôle commercial très important car elle est à la fois un centre de consommation et de distribution. Les marchés communaux ne sont que partiellement occupés car beaucoup de commerçants ont davantage intérêt à exercer leur métier de manière informelle, et par conséquence, de vendre dans la rue (ONU, 2012).
Depuis la crise de 2009, le secteur informel joue un rôle primordial dans le quotidien des habitants de la ville et plus de 93% des ménages sont concernés à ce jour. Le circuit de distribution des biens de consommation, les travaux à usage domestique, l’éducation, le transport et la santé sont autant d’activités professionnelles qui s’exercent généralement dans le secteur informel. Les chiffres officiels font état d’un taux de chômage de 3,8% de la population active du pays ; dans la ville d’Antananarivo, ce taux atteint 7,6%. Le sous-emploi généralisé se caractérise quant à lui par une durée de travail inférieure à la normale, il concerne 25% de la population active de la ville. En outre, 42% des personnes exercent une profession qui n’a aucun rapport avec ses qualifications (ONU, 2012).

Pollution

Les insuffisances dans les domaines de l’assainissement, de la collecte et de la gestion des déchets solides ménagers constituent un problème environnemental grave pour les nappes phréatiques. Les inondations sont souvent liées aux problèmes d’évacuation des eaux pluviales. Conséquemment, les eaux usées provenant des collines se déversent dans les plaines environnantes et le système en place ne joue pas son rôle de régulation et de rétention des eaux de pluie (ONU, 2012).

Méthodes

La partie « méthodes » est crucial ; en effet elle décrit la manière dont les recherches ont été menés en vue d’obtenir des résultats pertinents. Pour cette étude des travaux relatifs à la cartographie, à l’observation, aux enquêtes, et aux inventaires ont été entrepris.

Cartographie

La consultation cartographique a pour objectif de localiser et de délimiter la zone d’étude pour entamer ensuite sa stratification en vue d’un inventaire sylvicole. La stratification, obtenue à partir des travaux cartographiques préalables aux travaux de terrain, ont permis de subdiviser les espaces verts selon le critère localisation à savoir au bord de route, au bord de l’eau, entre autres.
Les études cartographiques ont été initiées par l’établissement d’une carte de base grâce à l’outil « Google Earth ». Cette carte a ensuite servi de repère pour la collecte des données géo référenciés via un GPS. Les données ont été ensuite analysées afin de répondre aux questions de recherches.

Observation

L’observation a pour objectif de constater de visu le milieu d’étude, de donner une appréciation personnelle des faits réels à savoir l’état des espaces verts et des arbres urbains, les espèces d’arbres plantées, la relation entre les habitants et l’espace urbain surtout les espaces boisés, la pollution urbaine, entre autres. Les observations ont été réalisées en parallèle avec les autres méthodes telles que les enquêtes et les inventaires.
Lors de l’observation, les résultats de la cartographie ont servi de guide et les données cartographiques ont pu être vérifiées sur terrain.

Enquêtes

Les enquêtes ont pour but de collecter des données sur l’historique des plantations dans la ville à étudier, de définir la valeur, l’utilisation et les contraintes relatives à ces plantations. Ils ont également permis de vérifier les hypothèses.
L’enquête informelle ou semi-structurée a été entreprise avec un guide d’enquête (Annexe 4) à l’appui. Les conversations ont été effectuées d’une manière détendue et les questions posées n’ont pas suivies un ordre chronologique.
Les personnes enquêtées comprennent: a) les responsables et les représentants des ministères rattachés à la foresterie et ceux de la commune, b) le forestier responsable de la foresterie urbaine, c) les personnes responsables de l’entretien des espaces verts dont 2 à Analakely, un 1 dans le jardin de Marais Masay, deux 2 dans le jardin d’Ambohijatovo, deux 2 dans le jardin d’Andohalo et un 1 dans le jardin d’Antaninarenina, et d) les citadins ayant des contacts régulières avec les espaces verts dont 5 par site d’études faisant un total de 60 individus. Des critères de classification de ces personnes ont été considérées à savoir le genre, l’âge, la responsabilité, etc.

Inventaire

La méthode d’inventaire a pour but de collecter des données biologiques et écologiques relatives aux espaces boisés et aux espèces plantées avec une certaine précision. Les résultats ont servi de base pour la proposition d’une sylviculture paysagère pour la ville d’Antananarivo. Les méthodes d’inventaires adoptées ont été de deux sortes : l’inventaire pied par pied, où tous les arbres ont été inventoriés ; et l’inventaire par échantillonnage, où une certaine proportion de la forêt a été inventoriée.

Inventaire pied par pied

Dans ce type d’inventaire, également appelé en plein, tous les arbres de la forêt ont été identifiés et recensés. Ainsi, il a donné théoriquement une connaissance exacte des peuplements. Il a été effectué dans chaque espace vert non constitué par un massif d’arbre à savoir : a) les plantations au bord de route telles à Analakely, Anosibe, Antsahavola et 67ha, b) les peuplements au bord de l’eau :  Anosy,Marais Masay et 67ha, et c) les jardins publics à savoir celui d’Ambohijatovo, Andohalo, Antaninarenina et Marais Masay.

Inventaire par échantillonnage

L’inventaire par échantillonnage consiste à choisir un échantillon représentatif de la population à étudier. Pour cette étude, il a été effectué dans les espaces verts caractérisés par des arbres en massif notamment les plantations forestières d’Ankatso Ambohitsaina. Le taux d’échantillonnage a été de 30% de la surface totale. L’unité d’échantillonnage correspond à des transects de 10m de largeur, c’est-à-dire de 5m de part et d’autre d’une ligne médiane. La surface des transects varie d’un espace vert à un autre de manière à respecter le taux d’échantillonnage. Les données issues de l’inventaire des échantillons seront traitées et ensuite extrapolées à toute la superficie de l’espace vert.

Traitement et analyse des données

Données de la cartographie

L’interprétation de la carte issue de la cartographie a permis d’obtenir des détails sur l’occupation du sol de la ville d’Antananarivo. Dans cette étude, l’attention a été portée sur les espaces boisés, ainsi un zonage a été effectué afin de ressortir la localisation de ces espaces. Une carte de la ville d’Antananarivo a été ressortie où chaque espace vert a été délimité. Ces derniers ont été ensuite stratifiés selon leurs localisations. La surface totale des espaces boisés localisés dans la ville d’Antananarivo a été ensuite ressortie à partir de cette carte. Ces données serviront de base aux autres méthodes de collecte de données.

Données d’enquêtes

Les données issues des enquêtes ont été saisies afin d’enrichir la base de données. Elles ont ensuite été recoupées et regroupées selon l’information qu’elles contiennent.
Chaque classe de données ont fait objet d’une interprétation afin de ressortir des informations socioécologiques dont le rôle et la place des arbres ainsi que des espaces boisés dans la grande ville et également d’autres informations utiles.

Analyse comparative

L’analyse comparative a pour but de détecter les erreurs probables éventuelles ou potentielles pour  une fiabilité et réalité des données, et permet de ressortir des recommandations adéquates. Cette analyse utilise particulièrement les logiciels Excel et XLstat. Elle consiste à faire la comparaison, en utilisant des outils statistiques, des résultats des analyses effectuées précédemment à savoir les paramètres structuraux : abondance, dominance, contenance des espaces boisés et des principales essences. Le principe est d’accepter ou de refuser une hypothèse H1 selon laquelle des moyennes mesurées dans 2 échantillons sont significativement différentes tout en se fixant un seuil de signification α qui correspond au risque de se tromper mais qui est à courir. Ce logiciel de traitement des données ne donne que les valeurs de p-value, qui est appelée degré de signification. Cette dernière est comparée au risque d’erreur α qui est la probabilité de rejeter l’hypothèse nulle H0 alors qu’elle est vraie : si p < α alors il faut rejeter H0 et accepter H1 ; si p > α, H0 est accepté et H1 est rejetée.

RESULTATS

Situation géographique des espaces boisés dans la ville d’Antananarivo

La structure actuelle de la ville d’Antananarivo est issue de l’organisation de plusieurs éléments à savoir les infrastructures routières, les bâtiments, et également les espaces boisés. Pour différencier ces derniers des autres éléments, et afin de déterminer leurs localisations et leurs superficies, les espaces boisés ont été délimités.

Rôle des arbres et des espaces boisés dans la ville d’Antananarivo

La vie urbaine à Antananarivo présente bien des attraits et des avantages pour les personnes qui y résident, mais elle peut également entraîner de graves conséquences qui menacent l’environnement et le bien-être des citoyens, tant physique que mental. Conséquemment, comprendre le rôle que peuvent remplir les arbres et les espaces boisés dans ce paysage urbain est essentiel.

Rôle des arbres

Les arbres en milieu urbain remplissent les mêmes fonctions et les services écosystémiques que les arbres en forêt, à l’exception de la fonction de production et du service d’approvisionnement, parce qu’aucune plantation n’a été effectuée dans cet objectif dans la ville d’Antananarivo jusqu’à ce jour.
Les arbres situés dans la ville d’Antananarivo assurent alors les fonctions sociale, de régulation et de protection correspondant aux services écosystémiques culturel, de régulation et de soutien.
Pour la fonction sociale, l’arbre participe particulièrement à l’agrément et à l’esthétique du paysage urbain au moyen du port, du feuillage, des fleurs, entre autres. Il embaume également la ville grâce à l’émanation aromatique qu’il diffuse provenant des fleurs, des feuilles et aussi des résines pour les conifères. Il procure autant de l’ombrage aux citadins. Pour la fonction de régulation, les essences produisent de l’oxygène en stockant du carbone. Leurs feuilles permettent de diminuer les particules fines dans l’air en les retenant. Et enfin, ils participent à diminuer la température ambiante, principalement grâce à l’évapotranspiration des feuilles. Pour la fonction de protection, les racines réduisent l’érosion des sols, diminuant en conséquence les risques d’inondation.

Service de soutien

Le service écosystémique de soutien des espaces boisés dépend principalement du type de station et du mode d’arrangement des arbres.
Les espaces boisés participent à la sécurité routière. En effet, les plantations au bord de route à savoir celles d’Analakely, d’Anosibe, d’Antsahavola et de 67ha servent de balise et améliorent la qualité de la conduite des automobilistes et la sécurité des piétons. Par ailleurs, à condition qu’elle respecte certaines règles de localisation, la plantation d’arbres sur les abords routiers améliore la lisibilité et la visibilité de la route, réduit également l’éblouissement causé par le soleil. Les plantations d’arbres augmentent la sécurité des piétons qui circulent sur des trottoirs séparés des voies réservées aux voitures par une banquette (rangée) d’arbres. Indirectement, les espaces boisés permettent de conserver la biodiversité par la promotion des espèces autochtones voire endémiques.

Discussions

Sur la méthodologie

La réalisation de cette étude a été basée sur la combinaison de plusieurs méthodes à savoir la recherche bibliographique, la cartographie, l’observation, les enquêtes et les inventaires forestiers.
Cela constitue un atout majeur. En effet, l’adoption de cette méthodologie a servi à répondre aux différentes questions de recherche, à vérifier les deux hypothèses et à résoudre la problématique générale de l’étude, conséquemment elle a permis de recommander une stratégie de sylviculture paysagère pour la ville d’Antananarivo.
La recherche bibliographique et l’observation ont été les premières à être effectuées ; la possibilité de les entreprendre tout le long de l’étude a été un grand avantage étant donné qu’ils ont permis d’axer les travaux de recherche. La faisabilité de la descente sur terrain à tout moment a été un avantage irréfutable que ce soit pour l’inventaire forestier ou pour les enquêtes réalisées auprès des personnes ressources et des citadins.
Particulièrement pour l’achèvement des enquêtes, les personnes enquêtées se sont toutes montrées coopérantes. Le choix de l’enquête informelle a permis de mener la discussion de manière détendue, le maximum d’information a pu être ainsi obtenu.
Pour l’inventaire sylvicole des espaces boisés caractérisés par des massifs d’arbre, le choix de la placette en ligne a été profitable parce qu’elle a été facile à mettre en place.
L’analyse sylvicole s’est basée sur les quatre types de station et sur les différentes localités, ceci a permis d’améliorer la présentation et la cohérence de l’étude.
Concernant les contraintes méthodologiques, l’absence de botaniste lors des inventaires a été un grand handicap pour l’étude. En effet, il a été difficile de déterminer les espèces. Par ailleurs la réalisation d’herbier n’a pas pu être possible pour certaines essences à cause de leurs hauteurs. Pour y surmonter, ces dernières ont été prises en photo afin d’être identifiées plus tard, ce qui a réduit considérablement le nombre d’espèce non identifiée.
Une lacune concernant les données sur les dates de plantation a été également une limite pour l’étude.
En effet, des données exactes n’ont pas été présentes dans la base de données de la CUA, surtout concernant les vieilles plantations.
Enfin, l’insécurité sociale a été un grand problème lors des collectes de données à cause de la popularité des sites d’études ; néanmoins, ceci n’a pas empêché de mener à bien les travaux de collectes de données.

Sur les résultats

Localisation des espaces boisés

La carte de localisation des espaces boisés a permis de les stratifier en quatre (4) catégories selon la station : ceux au bord de route, ceux au bord de l’eau, les jardins publics et les plantations forestières. Bougé en 2009 a établi une typologie des espaces verts, qui sont tous des espaces boisés, en Tanzanie.
Il en a ressorti 7 types : 1) espaces verts d’accompagnement des constructions, 2) Squares, 3) Jardins, 4) Promenades plantées, 5) Espaces végétalisés de jeux et sports, 6) Parcs urbains, 7) Berges aménagées en zones de détente. Cette typologie s’est concentrée, principalement, sur les rôles des espaces verts, tandis que la stratification s’est basée sur le type de station dans la ville d’Antananarivo.
Ainsi, il existe plusieurs possibilités de classification des espaces boisés selon la zone d’étude afin de faciliter le travail.
Il est cité également dans l’étude de Bougé en 2009 que « L’OMS recommande 10m² d’espaces verts par habitant ». La ville d’Antananarivo avec ses 2,2 millions d’habitant (INSTAT, 2014) a ainsi besoin de 2200ha d’espaces boisés alors que l’étude n’a ressortie que 319,90ha soit seulement 15% de la superficie requise. Conséquemment, les espaces boisés dans la ville sont insuffisants, et nécessitent d’être étendus.

Table des matières

1. INTRODUCTION
2. METHODOLOGIE 
2.1. Problématique et hypothèses
2.1.1. Problématique
2.1.2. Hypothèses
2.2. Etat des connaissances
2.2.1. Notions générales
2.2.2. Zone d’études
2.3. Méthodes
2.3.1. Cartographie
2.3.2. Observation
2.3.3. Enquêtes
2.3.4. Inventaire
2.3.5. Traitement et analyse des données
2.3.6. Cadre opératoire
3. RESULTATS 
3.1. Situation géographique des espaces boisés dans la ville d’Antananarivo
3.1.1. Situation géographique des sites d’études
3.1.2. Superficie des espaces boisés
3.2. Rôle des arbres et des espaces boisés dans la ville d’Antananarivo
3.2.1. Rôle des arbres
3.2.2. Rôle des espaces boisés
3.3. Structures floristique et spatiale des espaces boisés
3.3.1. Structure floristique
3.3.2. Structure spatiale
3.3.3. Structure totale
3.3.4. Principales essences
3.3.5. Régénération naturelle
4. DISCUSSIONS 
4.1. Discussions
4.1.1. Sur la méthodologie
4.1.2. Sur les résultats
4.1.3. Sur les hypothèses
4.2. Recommandations pour une sylviculture paysagère
4.2.1. Bord de route
4.2.2. Bord de l’eau
4.2.3. Jardin public
4.2.4. Plantation forestière
4.2.5. Axes d’orientation
5. CONCLUSION
6. BIBLIOGRAPHIE

projet fin d'etude

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