Etude quantitative sur l’utilisation des ressources naturelles non ligneuses

Madagascar est un pays connu mondialement par sa richesse en biodiversité. Continuellement, cette richesse est menacée à cause de différentes actions anthropiques. La forte croissance démographique malgache ayant un taux annuel supérieur à 3% et un niveau de vie très bas de la population poussent les paysans à chercher de nouvelles terres pour faire l’agriculture sur brûlis et à exploiter la forêt sans se soucier de son renouvellement afin de satisfaire directement leurs besoins quotidiens et d’avoir des revenus pour compléter celui de l’agriculture.

Devant cette tendance de dégradation de l’environnement, l’état malgache en tant que signataire de la Charte de l’Environnement (décret n° 90 033 du 21 décembre 1990), suit la stratégie de conservation dans sa politique environnementale. Nous savons que la conservation est inséparable au développement. Aussi, l’Etat n’a pas les moyens nécessaires pour la protection et la conservation de ces ressources forestières, une gestion communautaire des ressources peut envisageable.

Les ressources non ligneuses ou RNL sont l’ensemble de toutes matières vivantes dans la forêt, animales ou végétales, source de produits (bien ou service) utiles pour les villageois, autres que le bois. Tandis que le produit non ligneux ou PNL désigne tout produit issu de la forêt, autres que le bois. Les PNL peuvent provenir des RNL ou de la forêt en générale (LAURET Ange Rafanomezantsoa, 2001).

Ces ressources sont exploitées par l’homme dans les domaines aussi variés que l’alimentation, la préservation de la santé, la construction de l’habitat, l’artisanat, la culture, etc. Dans l’analyse qui va suivre, nous distinguerons quatre (4) domaines d’utilisation des PFNL d’origine végétale. Ce sont :
●PFNL utilisés pour l’alimentation humaine
●PFNL utilisés pour la construction
●PFNL utilisés pour l’artisanat
●PFNL utilisés pour la pharmacopée traditionnelle .

Avant d’étudier chaque produit forestières non ligneuse dans notre zone d’étude, il vaut mieux présenter les sources des ces produits en parlant des lieux de prélèvements.

Ravenala madagascariensis (Ravinala) 

Généralité

Le Ravenala appartient à la famille de STRELITZIACEAE. On le trouve dans les forêts denses humides sempervirentes de basse et de moyenne altitude. Le ravenala est une plante de 20 cm de haut et 60 cm de diamètre. Le tronc est rectiligne, fibreux et cylindrique. L’écorce est marquée par les cicatrices des feuilles. Les feuilles sont simples, alternes, lancéolées (2 à 4 m de long), disposées en éventail assez rigide, comprimées et à gaine relativement courte.

Pétiole engainant aussi long que la feuille, jaunâtre. Les Inflorescences sont axillaires, comprimées, se développant successivement à 4-8 rameaux. Les rameaux sont à 5-12 fleurs unilatérales, pourvues chacune de bractée. Les bractées sont en formes de cônes plats, verts puis jaunes, engainants et étalées sur un même plan. Les fleurs sont hermaphrodites, nombreuses, les plus internes plus courtes et plus étroites, plus ou moins sphériques à l’aisselle de bractées, à 5 languettes ouvertes en aigrettes rigides, de taille décroissante vers l’intérieur, 6 étamines fertiles, à anthères très allongées : Ovaire inférer, comprimé, épais. Fruit capsulaire tardivement déhiscent en trois valves, aiguës au sommet, très coriaces, graines réniformes (1-1.2 cm *0.7-0.8 cm), irrégulières, dures, noires, entourées d’un arille gras d’un bleu très vif irrégulièrement lacéré. La floraison et la fructification sont entre novembre et avril. (Inventaire Ecologique Forestier National, 1996)  .

Exploitation de ravenala

Les feuilles : Les vieilles feuilles de ravenala sont coupées et séchées dans les prairies (raty). Elles sont utilisées pour les toitures des cases. On prélève 6 à 8 feuilles par pied. Une fois séchées, les feuilles sont mises en paquet de 20 et sont transportées vers le village. Notons que la nervure secondaire de ces feuilles séchées sert aussi à fabriquer les « vaha ». L’exploitation se limite souvent dans les forêts environnantes ou proches des voies d’accès vu le poids des feuilles.

Les feuilles sèches sur pied du ravenala servent de parois pour les cases en exploitant les nervures secondaires sèches. On prélève 4 à 6 feuilles sèches par pied. Les nervures sèches sont mises en paquet de 30 à 50 et sont transportées vers le village.

Le tronc : Les troncs sont utilisés pour la fabrication des planchers et des murs des cases. La ligne de coupure du tronc se trouve entre 40 et 50 cm à partir du sol. Une fois le tronc abattu, la partie supérieure qui est encore assez jeune est enlevée. Selon la longueur de plancher voulue, la partie restante du tronc peut être coupée en 2 ou en 3 billons. Chaque billon subit ensuite une coupe longitudinale. On le démunit de son cœur (fibre) à l’aide d’une bêche. L’écorce restante a une forme légèrement trapézoïdale. Toutes ces opérations s’effectuent dans la forêt et les déchets (tête, feuilles et fibre) y sont laissés. Ce sont les pieds âgés qui sont surtout exploités pour leur durabilité. Il faut plusieurs voyages pour transporter la quantité voulue d’écorces.

Ravenea robustiore (Vakakabe) 

Généralité

Le Ravenea robustiore est une espèce endémique de famille de PALMAE. Il se localise dans les forêts denses humides sempervirentes de moyenne altitude, entre 800 et 1000m. Pour la description : Palmier très grand et très robuste de 15 à 30 m de haut, et de 30 à 50 cm de diamètre. Tronc grisâtre et lisse, cylindrique et droit. Bois du tronc blanc et mou. Feuilles très grandes (pouvant aller jusqu’à 4-5 m), étalées ascendantes, à segments rédupliqués, peu rigides et pendantes, groupées au sommet du tronc. Gaine, pétiole et rachis en dessous couverts d’un duvet de poils, épais, velouté, d’abord blanc, puis brun. Gaines allongées, à languettes oppositipétioles bien développés, triangulaire aiguës. Pétiole convexe en dessous, plan et à peine incurvé en gouttière en dessus. Inflorescence axillaire, isolée, disposée en spirale sur l’axe des épis. Palmier dioïque. Spadices mâles isolés à l’aisselle des feuilles, 2 et même 3 fois ramifiée à la base, à 5 spathes couvertes de poils, de même que les gaines, assez larges, épis long de 35 cm ; Calice hautement soudé en tube surmonté de 3 dents triangulaires ; pétales largement ovales légèrement pointus ; Etamines égalant les pétales, à filets droits. Spadices femelles dressés, simplement ramifiés, à staminodes plus ou moins développés, parfois nuls ; ovaire supère, arrondi, à stigmates latéraux. Fruit en forme de baie globuleuse (1.5 cm de diamètre), rouge ou jaune brillant à maturité, lisses, à péricarpe adhèrent fortement, à endocarpe fibreux charnu ; 1-3 graines. Floraison en fructification entre décembre et mai. (Inventaire Ecologique Forestier National, 1996) .

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Exploitation de Ravenea robustiore

Les troncs sont utilisés pour la construction des planchers des cases. La ligne de coupure du tronc se trouve à partir de 50-70 cm du sol.

Une fois le tronc abattu, la partie supérieure qui est encore assez jeune est enlevée. Selon la longueur de plancher voulue, la partie restante du tronc peut être coupée en 2 ou en 3 billons selon la longueur du plancher voulu. Chaque billon est fendu longitudinalement en plusieurs endroits de la surface de coupure à l’aide d’une hache.

Les fentes sont partielles, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas continues le long du tronc. Ces fentes faciliteront le détachement de l’écorce lors de l’aplatissement. Le billon sera ensuite fendu longitudinalement suivant une ligne continue et il se divise facilement. On l’a démuni de son cœur (fibre) à l’aide d’une bêche. L’écorce restante donne une planche ayant une forme trapézoïdale. Les diamètres des deux surfaces extrêmes sont légèrement différents.

Le prélèvement de ravenea robustiore est un travail réservé spécialement aux hommes. Le transport se fait à épaule d’homme. L’écorce obtenue sur un tronc d’arbre représente un voyage à chaque transport. Les largeurs des planches obtenues varient en fonction du diamètre du tronc de Ravenea robustiore selon la formule de circonférence : l = π∗d où d est le diamètre du tronc.

Table des matières

INTRODUCTION
Chapitre 1. METHODOLOGIE
1.1. LES DIFFERENTES ETAPES DE LA METHODOLOGIE
1.1.1. Etude bibliographique
1.1.2. Descente sur terrain
1.1.2.1. Reconnaissance
1.1.2.2. Enquêtes socio-économiques
1.1.2.3. Inventaire des espèces à étudier
1.2 METHODES DE QUANTIFICATION APPLIQUEES
1.2.1. Les différentes méthodes
1.2.2. Les formules utilisées
1.3. LES LIMITES DE LA METHODOLOGIE
1.4. RECAPITULATION DE LA METHODOLOGIE
Chapitre 2. RESULTATS, INTERPRETATIONS ET DISCUSSION
2.1. LIEUX DE PRELEVEMNT DES PRODUITS FORESTIERE NON LIGNEUX
2.2. ESPECE UTILISEE POUR L’ALIMENTATION
2.2.1. Dilobea thouarsii
2.2.1.1. Exploitation de “Hovao”
2.2.1.2. Quantification de la production de l’huile de “Hovao”
2.2.1.3. Etat actuel de la ressource
2.2.1.4 Etude de filière
2.2.1.5. Evolution sur l’utilisation de Dilobea thouarsii
2.2.1.6. Conclusion partielle
2.3. ESPECES UTILISEES POUR LA CONSTRUCTION
2.3.1. Ravenala madagascariensis (Ravinala)
2.3.1.1. Exploitation de ravenala
2.3.1.2. Quantification de l’utilisation de Ravenala
2.3.1.3. Etat actuel de la ressource
2.3.1.4. Etude de filière
2.3.1.5. Evolution d’utilisation de Ravenala
2.3.1.6. Conclusion partielle
2.3.2. Ravenea robustiore (Vakakabe)
2.3.2.1 Exploitation de l’espèce Ravenea robustiore
2.3.2.2. Quantification de l’espèce Ravenea robustiore
2.3.2.3. Etat actuel de la ressource
2.3.2.4. Etude de filière
2.3.2.5. Evolution de l’utilisation de l’espèce Ravenea robustiore
2.3.2.6. Conclusion partielle
2.3.3. Neophloga.sp (Raotsy)
2.3.3.1 Exploitation de l’espèce Neophloga sp
2.3.3.2. Quantification de l’espèce Neophloga.sp
2.3.3.3. Etat actuel de la ressource
2.3.3.4. Etude de filière
2.3.3.5. Evolution d’utilisation de l’espèce Neophloga.sp
2.3.3.6. Conclusion partielle
2.3.4. Lianes et cordages
2.3.4.1 Exploitation de lianes et cordages
2.3.4.2. Quantification de lianes et cordages
2.3.4.3. Etat actuel de la ressource
2.3.4.4. Etude de filière
2.3.4.5. Evolution d’utilisation de lianes et cordages
2.3.4.6. Conclusion partielle
2.4. ESPECES UTILISEES POUR L’ARTISANAT
2.4.1 Ravenala madagascariensis
2.4.1.1 Exploitation de « Vaha »
2.4.1.2. Quantités de nervures de « ravenala » utilisées et de « vaha » produits
2.4.1.3. Etat actuel de la ressource
2.4.1.4. Etude de filière
2.4.1.5. Evolution d’utilisation de « vaha »
2.4.1.6. Conclusion partielle
2. 5. ESPECES UTILISEES POUR LA PHARMACOPEE
2.5.1. Description de l’espèce
2.5.2. Quantification des plantes médicinales
Chapitre 3 SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS
3.1. POUR LES PRODUITS NON LIGNEUX
3.2. POUR LA CONSTRUCTION DES CASES
3.3. AMELIORATION DE LA SITUATION FINANCIERE DES VILLAGEOIS
3.4. EDUCATION
3.5 ASSURER LA PRODUCTION DE BOIS D’ŒUVRES ET DE BOIS D’ENERGIES
3.6 TRANSFERT DE GESTION DE RESSOURCES
3.7 AUTRES SUGGESTIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIES
ANNEXES

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