ÉTUDE PRELIMINAIRE I DECHETS SOLIDES
“Recyclage”, “Reuse”, “Alternative”1, …, tous ces mots sont socialement, politiquement mais aussi économiquement et scientifiquement à la mode. Sans entrer dans des considérations politico-écologistes, ces recyclages et réutilisation de produits et substances sont parfois un unique moyen de survie : l’utilisation de rejets municipaux ou industriels est parfois le seul moyen d’irriguer et d’amender les champs quand l’eau potable est une denrée rare (e.g. Vazquez-Montiel et al., 1996 ; Mapanda et al., 2005). Hors ces eaux, ces boues ne sont pas exemptes de produits polluants (ETMs, PAHs, etc…). Les études concernant les risques de l’utilisation de ces déchets anthropiques sont de plus en plus fréquentes, d’autant plus fréquentes qu’elles touchent la santé humaine (Bahri & Brissaud, 1996 ; Renoux et al., 2001 ; Mohsen & Jaber, 2003 ; Lubello et al., 2004 ; Lopez et al., 2006 ; Salgot et al., 2006 ; Huertas et al., 2008 ; Fatta-Kassinos et al., 2011…). C’est dans ce contexte de réutilisation des déchets d’activités humaines que j’ai été amenée à expérimenter le test de germination “laitue” sur un produit solide (des cendres), lors de mon stage à l’Ecole de Technologie Supérieure de Montréal au Québec. Classiquement, ce sont plutôt des tests de croissance qui sont utilisés pour tester les polluants solides. Néanmoins, leur durée (28 jours) était dans ce contexte particulier un handicap plutôt qu’un net avantage. Il a donc été convenu d’adapter le test de germination à la contrainte solide du matériau évalué. Les résultats présentés ne sont que des résultats préliminaires, qui ne traitent que de l’éventuelle toxicité des cendres et non des lixiviats. Ayant signé une clause de confidentialité, le nom et les détails des procédés d’incinération seront tus.
Les résidus solides (cendres ; Figure II.4) sont obtenus après gazéification (incinération à haute température) de déchets domestiques comme les plastiques, papiers, carton, résidus alimentaires… On note que ce système laisse intacts les métaux et le verre, la température étant insuffisante pour générer la fusion de ces déchets (mais évite ainsi l’émission de dioxines dans l’atmosphère). Le système en lui-même est un système en circuit fermé alors dimensionné pour de petites structures (hôpital, hôtel, navires…). Un des arguments de vente de l’appareil (notamment pour les hôtels) est la possible utilisation des résidus comme amendement des jardins voire des potagers. Des tests internes avaient été réalisés auparavant sur du radis Raphanus sativus, mais avec adjonction de terre et/ou compost (test de croissance) pouvant biaiser les résultats. J’ai donc réalisé un pool de tests “préliminaires”, dans la mesure où le protocole du test de germination devait être adapté à la nature solide du rejet testé.
Les semences utilisées lors de ces expériences étaient de la variété « Regina d’estate », ou Reine de mai en français, qui est une laitue dite Pommée, tout comme la Batavia dorée de printemps, la Kinemontepas, la Grosse Blonde Paresseuse ou l’Appia. Les semences ont classiquement été conservées à l’abri de la chaleur, de l’humidité et de la lumière. Les différents protocoles sont présentés et résumés dans le Tableau II.15 suivant. Etant donnée la texture très hydrophobe des cendres, il m’a été impossible de réaliser une solution mère, puis des solutions filles à distribuer dans chaque boîte. C’est la raison pour laquelle une masse identique de cendres par triplicatat a été déposée et répartie uniformément dans le fond de chaque boîte. Ce qui explique également Les tests de germination ont été comparés via des tests de ChiQ et les longueurs (racinaires et totales) via des tests de Tukey (p value < 0,05). Tous ces tests ont été réalisés avec le logiciel R (2.15.1) (R Development Core Team, 2013, www.r- project.org). Les courbes dose-réponses et les CE50 ont été calculées selon le modèle de Hill via la macro Excel Regtox (EV 7.0.6).