Etude lithostructurale du secteur de Soukourtou, partie méridionale du groupe de Mako, boutonnière de Kédougou-Kéniéba

Etude lithostructurale du secteur de Soukourtou,
partie méridionale du groupe de Mako, boutonnière
de Kédougou-Kéniéba

La boutonnière de Kédougou-Kéniéba 

La boutonnière de Kédougou-Kéniéba (BKK) est un segment du COA situé aux Confins du Sénégal et du Mali (Figure 4). Elle constitue le domaine birimien le plus occidental du continent africain avec une superficie de 15000km2 et est prolongée au Nord-Est par la boutonnière de Kayes. La BKK est limitée à l’Ouest par la ceinture hercynienne des Mauritanides et est recouverte au Nord et à l’Est par les formations épicontinentales Néoprotérozoïques et Paléozoïques du Bassin intracratonique de Taoudéni. A l’Ouest, les sédiments Méso à Néoprotérozoïques de la Falémé et du Bassin de Ségou-Madina-Kouta recouvrent la boutonnière en discordance. Elle est constituée de formations paléoprotérozoïques mises en place durant l’orogénèse éburnéenne aux environ de 2,2 à 2 Ga (Abouchami et al, 1990, Liégeois et al, 1991). Ces formations appelées birimiennes en Afrique de l’Ouest sont généralement constituées de ceintures de roches vertes volcaniques, de volcanosédiments et d’unités sédimentaires intrudés par des granites calco-alcalins provenant de pulsions différentes (Ndiaye et al, 1997). Les différentes granitisations qui affectent ces unités birimiennes sont syn, tardi ou posttectoniques. Bassot (1966) les subdivise en trois types :  Le groupe des granites de type Baoulé : batholites intrusifs, concordants syn ou tarditectoniques. Avec deux sous types, le sous type Kakadian à affinité métasomatique et le sous type Saraya à affinité magmatique.  Le groupe correspondant au complexe granitique de Boboti, caractérisé par une mise en place en filons et en stocks intrusifs concordant.  Le groupe des granites de type Bondoukou : batholites intrusifs, discordants, posttectoniques à affinités magmatiques. Sur une base lithostratigraphique, Bassot (1966, 1987) subdivise le Birimien sénégalais en deux groupes disposés en bandes allongées suivant la direction NNE-SSW : le groupe de Dialé-Daléma à l’Est et le groupe de Mako à l’Ouest. Le contact entre ces deux domaines a été décrit comme transitionnel et tectonique (Milési et al, 1989 ; Ledru et al., 1991 ; Hirdes et Davies, 2002). Théveniaut et al. (2010) se basant sur les travaux de Bassot (1963,1966, 1987) et les nouvelles données géochimiques et chronologiques regroupent les intrusions granitiques de ces groupes en trois suites magmatiques :  La suite magmatique de Sandikounda-Soukouta qu’ils rattachent au Groupe de Mako ;  Et les suites magmatiques de Saraya et de Boboti qu’ils rattachent au groupe de DialéDaléma.

 Le Groupe de Mako

 Le Groupe de Mako (GM), localisé à l’Ouest de la BKK est constitué d’une bande de roches orienté NNE-SSW sur quelques centaines de km avec une largeur d’environ vingt km au Sud et de cinquante km au Nord. Ce groupe comprend des séquences disposées en trois unités successives de bas en haut : une unité volcanique, volcanosédimentaire et sédimentaire (Mission Sénégalo-Soviétique, 1972-1973 ; Dia, 1988 ; Dioh, 1986, 1995 ; Ngom, 1985, 1989, 1995 ; Diallo, 1994, 2001 ; Dioh et al.,1990 ; Dia et al., 1997 ; Ngom et al., 2007). Il est déformé et réputé peu métamorphique, intrudées par les granitoïdes syntectoniques du batholite de Kakadian et d’autres massifs post à tarditectoniques (Mamakono, Soukourtou, Tinkoto) plus petits comme cela a été définit par Witschard (1965) et Bassot (1966). D’après ce dernier auteur ce complexe s’est mis en place dans un sillon eugéosynclinal. La mission Sénégalo-Soviétique (1972-1973) subdivise le GM en trois groupes qui sont du bas vers le haut : – Le groupe de Ouassa (1600m) essentiellement volcanique basique avec des laves acides subordonnées. On y trouve également des gabbros, des diabases, des grès et des schistes tufacés ; – Le groupe de Bérola (1300-1400m) avec des roches volcaniques et volcanosédimentaires, grès et schistes tufacés, des coulés et sills de diabase, andésites et gabbros. Les roches acides y sont rares ; – Le groupe de Khossanto (1800m) à dominant sédimentaire avec une alternance de grès quartzo-feldspathiques et des grès tufacés gris verdâtres. On note également des intercalations de schistes chloriteux, de diabases et d’andésites ainsi que des conglomérats interstratifiés. Le GM a fait l’objet de nombreux travaux qui ont permis d’apporter de nouvelles indications sur la lithologie, la géochimie et la géochronologie de ses différentes parties. La plupart de ces études sont menés par l’équipe du Sénégal oriental du Département de Géologie de l’UCAD en collaboration avec d’autres universités comme celle de Nancy 1, de Toulouse, de Clermont-Ferrand et le Centre de Recherche Pétrographique et Géochimique (CRPG) de Nancy. Ainsi Ngom (1985) subdivise le Birimien du secteur de Sabodala (partie centrale du GM) en deux ensembles magmatiques distincts : – Un ensemble inférieur métamorphisé dans le faciès schiste vert avec une succession de coulées de basaltes associées à des pyroclastites et métasédiments détritiques siliceux ou carbonatés. Ce magmatisme étant d’affinité tholéiitique à tendance komatitique dont les termes évolués correspondent à des dolérites et des gabbros ; – Un ensemble supérieur peu ou pas métamorphisé avec des laves acides à intermédiaires (rhyolites, rhyodacites et andésites) associées à des plutonites allant des gabbros aux granodiorites. Dia (1988) et Dia et al. (1997) travaillant dans le secteur de Sandikounda-LaminiaKaourou (parties septentrionales) montrent que la base du Birimien est constituée de panneaux de roches amphibologneissiques de Sandikounda d’aspect migmatitique (datés par Pb/Pb entre 2194 Ma et 2200 Ma) surmonté par des basaltes massifs passant à des basaltes en pillow et des pyroclastites prédominant vers le sommet. Ces basaltes forment avec les plutonites gabbroiques dioritiques auxquels ils sont associés un complexe volcano-plutonique donnant un âge voisin de 2197 ± 13 Ma par la méthode Sm /Nd sur roche totale. Ces roches sont recoupées par le complexe plutonique lité de Sandikounda et le complexe plutonique de Laminia-Kaourou donnant respectivement les âges suivants selon la méthode Rb /Sr sur roche totale : 2254 ± 30 Ma, 2133 ± 60 Ma (Laminia) et 2189 ± 23 Ma (Kaourou). . Ces auteurs donnent pour le Paléoprotérozoïque du GM un âge de mise en place étalé entre 2300 et 2079 Ma. Dioh (1995) souligne dans ces parties Nord du GM, deux types de volcanisme. Le premier de nature tholéiitique est précoce et est antérieure ou contemporain aux formations volcanosédimentaires et sédimentaires sur lesquelles se déposent les dernières venues volcaniques de nature basaltique calco-alcaline. Les volcanosédiments sont de nature quartzeuse, pyroclastique, grauwackeuse ou pélitique. Diallo (1994, 2001) propose lors de la caractérisation des granitoïdes du GM une base constituée de sédiments indifférenciés. Cissokho (2010) identifie dans la partie méridionale du groupe de Mako deux types de volcanisme : Un volcanisme sous-marin de mise en place profonde et un volcanisme basiqueintermédiaire-acide de mise en place peu profonde à subaérienne. Ils sont recoupés par des granitoïdes syn à post tectoniques et des filons de nature variée. Des mouvements tectoniques transpressifs associés à la mise en place du batholite de Badon-Kakadian et à l’origine de la structuration des bassins marginaux à l’Est, seraient responsables du contact entre le volcanisme sous-marin et le volcanisme subaérien. Cependant Diène, 2012 ; montre que le GM est constitué par de grands ensembles lithotectoniques formés d’un ensemble de roches vertes disposées en chapelet orienté NE-SW à N-S, constituant des panneaux de roches vertes ; des bassins intra-blocs évoluant à l’intérieure des panneaux ; des bassins bordant les roches vertes constituant des bassins marginaux ; des bassins en pull apart et des back rotations. D’une manière générale, le GM comprend des basaltes (coulées en structure massive ou en pillow-lavas qui sont les plus répandues), des andésites, des rhyolites et des dacites entre autres. Ces roches volcaniques sont interstratifiées avec des roches volcanosédimentaires et sédimentaires comprenant des grès, des grauwackes et quelques passées carbonatées. L’ensemble est associé à des roches plutoniques basiques et ultrabasiques. Les granitoïdes sont représentés par le granite trondjhémique de Kakadian daté à 2199 ± 68 Ma par Bassot et Caen Vachette (1984) et à 2198 ± 4 Ma par Gueye et al. (2007), et par les granites tarditectoniques de Mamakono, Tinkoto et de Sambarabougou (Guéye et al., 2008). Les études géochimiques antérieures ont montré que les formations du GM sont caractéristiques d’un volcanisme bimodal (Dia,1988 ; Diallo, 1994 ; Dioh, 1986 et 1995 ; Ngom, 1985 et 1995 ; Cissokho, 2010). Les roches volcaniques basiques correspondraient à des tholéiites de types MORB (Bassot, 1966 ; Dioh, 1986 ; Zonou, 1987 ; Ngom 1985 et 1995) ou des basaltes de plancher océaniques (Abouchami et al, 1990). Selon Dia (1988), ces roches présentent des caractères de types transitionnel entre les NMORB et les tholéiites d’arcs insulaires et se sont mises en place dans un environnement d’arc insulaire (Dia, 1988 ; Diallo, 1994). Cependant les roches volcanodétritiques se sont formées eux dans un bassin d’arrière arc (Diallo, 1994). Plus récemment, Pawlig et al (2006) ont confirmé que le contexte d’arc insulaire est le plus probable avec une convergence lithosphérique entrainant la subduction de la croute océanique

Le Groupe de Dialé-Daléma

 Le Groupe de Dialé-Daléma (GDD) occupe la partie orientale de la BKK. Il est limité à l’Ouest par les formations du GM et est en contact anormal avec celles-ci. Ce groupe comprend deux segments antérieurement désignés sous le nom de série, séparées par le batholite de Saraya (Bassot 1963 et 1966). – Le segment ‘’Dialé’’ situé à l’Ouest du batholite de Saraya, est dominé par des sédiments pellitiques et silico-clastiques. Ce segment est constitué à la base par des calcaires et marbres dolomitiques, suivis de grauwackes, de grès et de pélites (Bassot, 1966).- Le segment ‘’Daléma’’ situé à l’Est du batholite, se poursuit au-delà de la Falémé en territoire malien. Il est constitué d’un ensemble sédimentaire et métasédimentaire (plissé isoclinalement, et schistosé lors d’un métamorphisme régional de faible degré) et est intrudé par un magmatisme acide très développé. Selon Bassot (1966), ces faciès sont notamment des quartzites, des grauwackes, des schistes et des marbres interstratifiés contenant parfois des brèches d’effondrement. De ce point de vue ce segment offre une grande analogie de faciès avec le segment Dialé précédemment défini. Les travaux de Ndiaye (1966 ; 1994), Ndiaye et al., (1997) ont mis en évidence dans la Daléma deux ensembles de roches :  Un ensemble sédimentaire formé de quartzites, de cipolin, de grès, de grauwackes, de conglomérats et de tufs épiclastiques.  Un ensemble volcanoclastique composé de tufs pyroclastiques et de tufs légèrement remaniés. Une ceinture volcanique dénommée Falémé a été distinguée avec la série de la Daléma par Hirdes et Davies (2002). Ces ensembles sont intrudés par le batholite de Saraya qui est un ensemble de plutons coalescents, constitué de granodiorites et de granites (Saraya, Balangouma, Moussala et Boboti), édifiés entre 2080 et 1997 Ma (Bassot et Vachette, 1984 ; Valero et al. 1985 ; Ndiaye, 1986 ; Boher et al. 1992 ; Ndiaye et al.1997 ; Hirdes et Davies,2002.

Table des matières

RESUME
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CADRE DE L’ETUDE ET CONTEXTE GENERAL
Chapitre 1 : PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET CONTEXTE GEOLOGIQUE
1- CADRE GEOGRAPHIQUE
1-1 Localisation
1-2 Relief et hydrographie
1-3 Climat et végétation
2- CONTEXTE GEOLOGIQUE ET STRUCTURAL
2-1 Le Craton Ouest-africain
2-2 La boutonnière de Kédougou-Kéniéba
2-2-1 Le Groupe de Mako
2-2-2 Le Groupe de Dialé-Daléma
2-2-3 Contexte structural de la Boutonnière
Chapitre 2 : CADRE, OBJECTIFS, MATERIEL ET METHODES DE TRAVAIL
1- CADRE DE L’ETUDE
2- OBJECTIFS
3- METHODOLOGIE
4- MATERIEL DE TRAVAIL
DEUXIEME PARTIE : ETUDE LITHOSTRUCTURALE DU SECTEUR DE SOUKOURTOU
Chapitre 1 : LITHOLOGIEET PETROGRAPHIE
Introduction
1-1 Les roches plutoniques
1-1-1 Les granites
1-1-2 Les granodiorites
1-1-3 Les gabbros
1-1-4 Lesdiorites
1-2 Les roches hypovolcaniques
1-2-1 Les microgranites
1-2-2 Les microgabbros
1-3 Les roches volcaniques
1-3-1 Les rhyolites.
1-3-2 Les basaltes
Conclusion à l’étude lithologique et pétrographique
1-4 Corrélation avec les autres parties du groupe de Mako et de la BKK
Chapitre 2 : ETUDE STRUCTURALEDU SECTEUR DE SOUKOURTOU
Introduction
1-1 Les structures de la déformation ductile
1-1-1 Les zones de cisaillement ductile
1-1-2 Les schistosités
1-1-3 Les linéations d’étirement
1-2 Les structures de déformation semi-ductile à cassante
1-2-1 Les fractures sèches, les veines et veinules de quartz
1-2-2 Les fentes en échelon, les zones de relai et les crochons de faille
1-2-3 Les failles
Conclusion à l’étude structurale
1-3 Corrélation avec les autres parties du groupe de Mako et de BKK
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
REFFERANCE BIBLIOGRAPHIQUE

 

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