ETUDE GEOGRAPHIQUE DU PRELEVEMENT
CLANDESTIN DU SABLE MARIN
Les étendues de plages sableuses
« La plage est généralement considérée comme une accumulation en bordure de mer, de matériaux plus grossiers que les constituants de vase », M. Derruau (1988). Les matériaux comprennent des blocs, des sables et même des éléments plus fins. Les sables sont obtenus soit par dépôts fluviatiles, soit à partir de roches arénisées tels que le granite soutient-il. Au niveau du littoral étudié, la plage est essentiellement constituée par une accumulation sableuse, qui se prolonge sans interruption jusqu’à Saint-Louis. Elle est composée par des matériaux à texture et granulométrie variables. Sur la haute plage, le sable est d’une taille plus grossière que celui retrouvé au bas de la plage où il est en outre mélangé aux débris de coquillages. Cette taille des matériaux varie aussi d’un endroit à l’autre. Par exemple, d’après A.T. Diaw (1981), Le sable retrouvé à Yoff a une granulométrie de 1.48 (Φ) au niveau de la haute plage et 1.38 (Φ) sur la basse plage, tandis que qu’à Cambérène la granulométrie est respectivement de 1.64 (Φ) et 1.53 (Φ). Nous remarquons ainsi une décroissance de la taille des grains de la haute plage à la basse plage. Sur les plages, le volume des matériaux reste variable selon les périodes. Nous constatons ainsi des moments de dégraissement et d’engraissement de celles-ci. Ce phénomène est l’œuvre des agents dynamiques marins qui interviennent beaucoup sur la morphologie des espaces littoraux. En outre, dans cette zone, la plage ne garde pas la même extension. Elle se rétrécit dans certains sites, Yoff et Cambérène, alors qu’au niveau de Guédiawaye et des ParcellesAssainies, nous enregistrons une largeur plus considérable. Pour une explication à cela, il faudrait certainement interroger l’histoire du peuplement de la zone. Cependant, la limite d’une plage ne concerne pas que la partie continentale. Elle comprend aussi une partie immergée plus connue sous le nom de plateau continental.
Le plateau continental
Le plateau continental reste un élément important dans une étude consacrée à un littoral. Il constitue selon Inman et Nordström cités par M. M. Sall (1982), un critère de classification des côtes. 23 Sur les côtes sénégalaises, le plateau continental présente une certaine variabilité de sa largeur. Il dégage deux tendances : un rétrécissement progressif de celle-ci de Saint-Louis (50 km) à la presqu’île du Cap-Vert avec la distance la plus petite rencontrée au large de la Pointe des Almadies (2 km) et un élargissement au Sud de Dakar où l’on retrouve la valeur la plus importante au large du Saloum (100 km), M. M. Sall (1982).
Les unités géomorphologiques
Cette partie du littoral sénégalais s’inscrit dans le cadre du bassin Sénégalo-mauritanien, notamment dans la partie occidentale occupée par la côte sénégalaise. Ainsi, il se caractérise par des formations sédimentaires qui reposent sur des formations plus anciennes. Les formations Antéquaternaires sont pour l’essentiel, celle du Secondaire et du Tertiaire. L’évolution géologique de ce site a suscité l’intérêt de plusieurs auteurs dont A. T. Diaw (1997) et M. M. Sall (1982) qui ont mené différentes études à ce sujet. Selon eux cette évolution géomorphologique est passée par les étapes suivantes : – Le Nouakchotien (6800-4500 BP) : cet épisode est déterminant dans la configuration du littoral sénégalais et marqué par une transgression marine de +1 à 2.5 m (6800- 3400 BP), le maximum de la transgression se situant à 5500 BP. Le climat fut marqué par une certaine humidité. On a eu la formation des plages marines à faune variée et terrasses fossilifères ou azoïques. L’espèce la plus fréquente était l’Anadara senilis. L’ouverture des lacs s’est effectuée par les graus et l’envahissement des dépressions (interdunes et cours inférieurs des marigots). Cette période est aussi marquée par la mise en place de quelques accumulations de coquilles et la colonisation de mangrove. – Le Post Nouakchotien (Tafolien, Subactuel, Actuel) 4500-0 BP : Période aride au Tafolien (4500-2800 BP) humide au Dakarien (2800-2000 BP), aride entre 2000 et 1100 BP. Le niveau marin était de -2 à -3.5m au Tafolien et +1 à +2 m au Dakarien. Après 1100 BP, on a eu une évolution vers la sécheresse actuelle et des fluctuations mineures au niveau marin. Il s’est effectué alors la mise en place des cordons sableux (dunes jaunes) qui vont se constituer comme barrages aux lacs littoraux évoluant en type lagunaire et le comblement des réseaux hydrographiques et la formation des Niayes. A cette même époque se sont aussi formées les flèches sableuses et s’est produite la régularisation de la côte par la dérive littorale à partir de 4000 BP. Cela s’est poursuivi avec la formation des dunes blanches. 24 – Le Tchadien (11000-6800 BP) : on assiste à une remontée de la mer après la régression Ogolienne mais le niveau reste encore bas (-10 à -50 m). Il y a eu un climat humide avec une petite phase sèche autour de 7000 BP. Il s’y ajoute la formation du réseau hydrographique perpendiculaire à la mer. C’est aussi la période des dépôts de tourbes, de rubéfaction, d’abaissement et de remaniement des dunes ogoliennes. – L’Ogolien (20000-11000 BP) : c’est un épisode régressif, avec un climat très aride, marqué par une intensification des alizés. Il est aussi caractérisé par la mise en place de l’erg Ogolien d’orientation NE-SW sur le Sénégal, le Saloum, le plateau continental exondé. – L’Inchirien (40000-20000 BP) : il est marqué par une phase de transgression marine et par un climat humide. C’est à cette époque que se forment les sables argileux (« limons ») de la pointe de Fann, du champ de Tir et de Yoff ainsi que des grés ferrugineux et des croûtes calcaires du plateau de Bargny. – Le Plio-Pléistocène (5 MA) : à partir du Pliocène, la géologie est influencée par les fluctuations du niveau de la mer et les oscillations climatiques. Il se caractérise par la constitution de cuirasses ferrugineuses. Il marque en outre le début du volcanisme quaternaire des Mamelles (Pléistocène inférieur). La base du Pléistocène supérieur est représentée par les grés de plage (+1 à +1.5 m) dans le Cap-Vert (?). – Le Miocène (18.5 MA) : c’est l’installation d’un climat tropical à saisons contrastées qui supplante le climat équatorial de l’Eocène. La série du Continental Terminal est qualifiée d’altérites autochtones mis en relation avec un changement climatique important (15-10 MA). On retrouve des calcaires et des marnes sur niveau éocène à l’Ouest du Delta. – L’Oligicène (12 MA) : c’est un épisode transgressif. Calcaire, marnes. Grès argileux du continental Terminal. – L’Eocène : supérieur, moyen, inférieur, Paléocène. (30 MA) : jusqu’au Pliocène, on a une sédimentation de type détritique. Il s’est produit une formation sablo-argileuse du Continental Terminal ou altérites autochtones. A la fin de l’Eocène, le bassin acquiert sa configuration actuelle. L’Eocène moyen serait le plus transgressif des étages éocènes avec des séries argileuses, marneuses et calcaires. Il correspond aussi à un épisode tectonique majeur, résultat des contrecoups en Méditerranée des plaques africaines et européennes. On a le rejeu de la structure en horsts et graben de la presqu’île avec le soulèvement de sa partie sud et l’effondrement de la région du lac Tanma. Cette tectonique majeure va déterminer la régression marine qui n’occupera 25 plus que les golfes restreints. L’Eocène inférieur est marqué comme l’Eocène moyen par une sédimentation essentiellement biochimique (faciès argilo-marneux avec de nombreux accidents siliceux et phosphatés dans sa partie inférieure et calcaire dans sa partie supérieure). Sur le dôme de Ndiass qui fonctionnait comme un haut fond, existence d’un biotope à tendance récifale (calcaires de Popenguine) – Le Crétacé : supérieur, moyen et inférieur (70 MA) : le Crétacé supérieur est marqué par une importante sédimentation détritique avec des séries gréso-argileuses, campano-maestrichtiens dans le horst de Ndiass. La fin du Maestrichtien est caractérisée par une importante régression. L’épaisseur du faciès du Crétacé moyen est de 2000m et 400-2000M pour le Crétacé inférieur. – Le Jurassique supérieur (58 MA) : il marque le début de l’histoire géologique du bassin. Les formations du Quaternaire sont constituées d’un matériau sableux qui couvre l’essentiel du pays. Sur le littoral nord, ces formations se caractérisent par une succession de dunes, d’âge, de texture et de couleurs différents, depuis la côte jusqu’à l’intérieur des terres. Nous avons ainsi : Les dunes littorales : appelées généralement dunes blanches ou dunes vives à cause de leur mobilité, elles sont caractérisées par des plages de sable coquillé, constamment repris par le vent. Leur origine remonte du Subactuel à l’actuel (2000 à 18000 ans avant l’actuel : BP) elles présentent une couverture végétale faible, essentiellement composée d’espèces halophiles à cause de la présence d’embruns marins. Les dunes jaunes ou dunes semi-fixées : elles occupent l’arrière plan des dunes vives. Elles sont interrompues par des lacs surtout dans la région de Dakar où l’on peut noter l’existence d’au moins quatre (4) lacs (Retba, Mbeubeuss, Youi, Malika, etc.) et de nombreuses mares temporaires dans la région de Thiès. Les dunes rouges continentales forment un important erg depuis le Sud-Ouest (SW) de la Mauritanie jusqu’ à l’Ouest du Sénégal. Elles sont constituées de sols rouges communément appelés sols Diors dans la terminologie locale. Leur origine daterait de l’Ogolien (15000 à 20000 ans BP), ce qui leur vaut leur appellation de dunes ogoliennes.
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