Etude ethnobotanique des espèces Plectranthus neochilus et Plectranthus amboinicus

Etude ethnobotanique des espèces Plectranthus neochilus et Plectranthus amboinicus

L’Organisation Mondiale de la Santé définit la médecine traditionnelle comme « la somme totale des connaissances, compétences et pratiques reposant sur les théories, croyances et expériences propres à une culture et qui sont utilisées pour maintenir les êtres humains en bonne santé, ainsi que prévenir, diagnostiquer, traiter et guérir des maladies physiques et mentales. » Marc Rivière, pharmacien spécialisé en phytothérapie et auteur de nombreux ouvrages, lors d’une conférence pour l’Association des Amis de l’Université le 30 octobre 2007, définit l’ethnobotanique comme la connaissance de l’utilisation des plantes par l’Homme, qu’elles soient alimentaires, médicinales ou toxiques [17]. Cette science consiste à réunir des données provenant d’ouvrages anciens ou auprès de la population disposant d’un savoir ancestral vivant près de la nature, mais elle ne peut être appliquée réellement à La Réunion car l’empirisme qui y règne est très jeune. Il le décrit comme spécial, naissant dans des conditions particulières voire uniques au monde. Cela est dû à l’isolement quasi-total de la métropole au début du peuplement de l’île, de la présence de plantes spécifiques et de la parfaite connaissance de la nature des ancêtres malgaches.

Selon le pharmacien, l’ethnobotanique est aujourd’hui obsolète et fait place à l’étude scientifique. On parle d’ethnopharmacognosie. Elle mêle deux disciplines que sont l’ethnobotanique et la pharmacognosie pour aller à la quête des plantes qui guérissent et de leur connaissance scientifique. On procède toujours à partir d’enquêtes sur le terrain qui s’accompagnent d’une analyse chimique pour isoler les molécules actives. Puis d’une phase pharmacologique pour rechercher une éventuelle toxicité et étudier l’activité, qui peut déboucher sur une phase clinique. C’est dans cette dynamique d’ethnopharmacognosie que j’ai réalisé mes travaux autour de la plante « Doliprane » lors de mon stage de Master 2 Valorisations Chimique et Biotechnologiques de la Biodiversité, au Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles et des Sciences des Aliments (LCSNSA) de l’Université de La Réunion. Dans un premier temps j’ai réalisé une enquête de terrain à la rencontre de la population et des experts en « zerbaz » (= tisanes) pour recenser l’utilisation qui est faite sur l’île du PN, puis dans un second temps, une étude chimique couplée à des tests d’activités et de toxicités en partenariat avec la Faculté de pharmacie de Marseille.

Plectranthus neochilus

Cette plante d’origine africaine a été introduite au Brésil à l’époque coloniale [14], et est aussi connue sous le nom de Boldo Japonais. Elle présente des propriétés aromatiques et ornementales mais surtout médicinales, toujours pour traiter l’insuffisance hépatique et la dyspepsie. Une enquête ethnobotanique, réalisée en 2017 par le Laboratoire Ecologie, Evolution, Interactions des Systèmes Amazoniens de l’Université de Guyane à Cayenne, visait à recenser l’utilisation de plantes médicinales au sein d’une population urbaine et jeune (la moitié de la population a moins de 25 ans, INSEE 2013).Dans celle-ci, l’introduction parle de l’histoire de ce territoire d’Outre-mer, proche de celle de l’île de La Réunion. Colonie pénitentiaire depuis 1852, elle est le lieu d’un brassage ethnique et culturel mêlant créoles (issue du métissage entre colons blancs ou condamnés avec des esclaves africains), Marrons (descendants d’esclaves échappés), et des immigrants originaires des Caraïbes, des Guyanes voisines, du Brésil, de l’Asie. Ces populations se rencontrent durant leurs parcours scolaires, sur les marchés… et on aperçoit que les pratiques de santé quotidiennes, bien qu’influencées par les antécédents familiaux culturels, changent rapidement. Comme sur l’île de La Réunion, voire au sein de la France, on assiste à un engouement croissant pour les médecines alternatives et complémentaires liées à un renouveau culturel. Ces phénomènes permettent aux plantes médicinales de revenir au cœur des soins de santé quotidiens : 71% des jeunes citadins guyanais font confiance aux phytothérapies locales.

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Plectranthus amboinicus

Au Brésil, elle est utilisée pour le traitement des ulcérations cutanées causées par Leishmania braziliensis. Sous forme de sirop elle est utilisée pour le traitement de la toux [20]. Toujours en Amérique latine, on l’utilise pour faire baisser la fièvre. Les feuilles sont utilisées en Amazonie (mais aussi en Inde) pour traiter les infections urinaires. Un peu plus au nord, dans les Caraïbes, la plante est utilisée pour traiter l’insuffisance cardiaque congestive mais également pour les infections bronchiques, l’asthme et soulager les symptômes associés tel que la toux. Une infusion ou une décoction ou encore un sirop des feuilles de Plectranthus amboinicus sont également utilisés pour les troubles nerveux tels que l’épilepsie et les convulsions. L’Association pour les Plantes Aromatiques et Médicinales de la Réunion (APLAMEDOM Réunion) a son homologue en Guadeloupe l’APLAMEDAROM (Association pour les Plantes Médicinales et Aromatiques de la Guadeloupe). J’ai pu échanger avec la présidente Madame Marie Gustave au sujet des Plectranthus qui sont retrouvés sur les deux Départements avec des noms vernaculaires et des allégations similaires.

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