Etude ethnobotanique de plantes à visée anticancéreuse utilisées

Etude ethnobotanique de plantes à visée anticancéreuse utilisées

Politiques et Stratégies de la médecine traditionnelle (MTR/MCP)

Le congrès des plantes médicinales, réuni à Vincennes lors de l’exposition coloniale à Paris, avait émis le vœu d’arriver à régulariser la cueillette et la culture des plantes médicinales et aromatiques en Afrique Noire [22]. En 1978, la 31éme assemblée mondiale de la santé avait adopté une résolution (WHA 31.33) qui priait le Directeur Général d’établir et de mettre à jour périodiquement une classification thérapeutique des plantes médicinales en corrélation avec la classification thérapeutique de tous les médicaments. Plusieurs pays africains ont sollicité et sollicitent encore l’assistance de cet organisme pour recenser les médicaments à base de plantes, surs et efficaces, pouvant être utilisées dans le cadre des systèmes nationaux de soins de santé. A titre d’illustration, l’hôpital traditionnel de Keur Massar au Sénégal (région de Dakar), accueille depuis 1987, plus de 250 000 malades, toutes affections confondues y compris des patients confrontés au virus du sida (VIH-SIDA) aux cancers, qui reçoivent des traitements de la MTR du Sénégal [28]. En Afrique, la décision d’instituer une journée de la médecine traditionnelle remonte à l’adoption en 2000 d’une résolution faite au cours de la 50éme session du comité régional de l’OMS pour l’Afrique. Lors de cette dernière, les ministres de la santé de la région ont demandé l’institutionnalisation de cette journée dans les Etats membres et son inclusion dans le calendrier des journées célébrées par l’OMS [28]. Ainsi depuis juillet 2001, l’Organisation pour l’Unité Africaine (O.U.A.) avait déclaré la période 2001-2010, décennie de la médecine traditionnelle africaine et avait proposé la célébration de la journée africaine de la médecine traditionnelle le 31 Aout de chaque année 

Stratégie de l’OMS pour la MTR/MCP de 2002-2005

C’est en 2002 que l’Organisation Mondiale pour la santé (OMS) a mis en place sa première stratégie globale en matière de médecine traditionnelle pour 2002-2005. Cette stratégie examinait la position de la MTR et MCP à l’échelle mondiale et soulignait le rôle propre de l’OMS ainsi que ses activités dans le domaine de la MTR/MCP. Elle fournissait surtout un cadre d’action pour l’OMS et ses partenaires, visant à permettre à la MTR/MCP de jouer un rôle considérablement plus important au niveau de la réduction de la mortalité et de la morbidité excessive particulièrement des populations pauvres [55]. La stratégie comportait quatre objectifs :  Politique : intégrer la MTR/MCP aux systèmes nationaux de soins de santé de manière appropriée, en développant et en mettant en œuvre des politiques et programmes de MTR/MCP ;  Innocuité, efficacité et qualité : promouvoir l’innocuité, l’efficacité et la qualité de la MTR/MCP en étendant la base de connaissances relative à la MTR/MCP et en conseillant sur la réglementation et les normes d’assurance de la qualité ;  Accès : augmenter la disponibilité et l’abordabilité de la MTR/MCP, de manière appropriée en mettant l’accent sur l’accès des populations pauvres ;  Usage rationnel : promouvoir un usage thérapeutique judicieux de la MTR/MCP, par les prestataires et les consommateurs [55]. La mise en œuvre de la stratégie devrait se concentrer initialement sur les deux premiers objectifs. La réalisation de l’objectif « Innocuité, efficacité et qualité » fournirait la base nécessaire pour l’accomplissement des objectifs « accès et usage rationnel ». L’OMS a créé un réseau mondial de MTR/MCR comptant parmi ses membres des organismes sanitaires nationaux, des experts des centres collaborateurs de l’OMS et des instituts de recherche. Ainsi que d’autres agences de l’Organisation des Nations 13 Unis (ONU) et des Organismes Non Gouvernemental (ONG) travaillant sur des questions de MTR/MCP et auxquelles l’OMS peut faire appel. De nombreuses organisations avaient contribué au développement de la stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle pour 2002-2005. L’utilisation d’indicateurs critiques devrait faciliter le suivi de la progression des pays en ce qui concerne chacun des objectifs de la stratégie [55]. Cette stratégie établie en 2002-2005 était en fait le point de départ de la définition de la ligne d’action pour la MTR/MCP au cours de la prochaine décennie.

Stratégie de l’OMS pour la MTR/MCP 2014-2023

La médecine traditionnelle dont la qualité, la sécurité et l’efficacité sont avérées, participe à la réalisation de l’objectif d’un accès aux soins universel. Les pouvoirs publics et les consommateurs ne s’intéressent pas uniquement aux médicaments à base de plantes. Ils commencent à se pencher sur certains aspects des pratiques de MTR/MCP et à s’intéresser à certains praticiens et se demander s’ils ne devraient pas intégrer à l’offre de service de santé [28]. Cherchant à répondre à cette demande et à donner suite à la résolution WHA62.13 sur la médecine traditionnelle, l’OMS a récemment actualisé les objectifs de son programme de médecine traditionnelle. La stratégie de l’OMS pour la MTR/MCP pour 2014-2023 aidera les responsables de la santé à développer des solutions qui participeront d’une vision plus large favorisant l’amélioration des patients. Cette stratégie s’est fixé deux grands buts :  Epauler les Etats membres qui cherchent à mettre à profit la contribution de la MTR/MCP à la santé, au bien-être et aux soins de santé centrés sur la personne ;  Favoriser un usage sûr et efficace de la MTR/MCP au moyen d’une règlementation des produits, des pratiques et des praticiens. Ces buts pourront être atteints si l’on réalise trois objectifs stratégiques :  Consolider la base de connaissances et formuler des politiques nationales ; Renforcer la sécurité la qualité et l’efficacité via la réglementation ;  Promouvoir une couverture sanitaire universelle en intégrant les services de MTR/MCP et l’autoprise en charge sanitaire des systèmes de santé nationaux [56]. Si la Chine, la République Populaire Démocratique de Corée, la République de Corée et le Viet Nam ont entièrement intégré la médecine traditionnelle dans leur système de soins, de nombreux pays doivent encore rassembler des faits normalisés sur ce type de soin et les intégrer dans leur système.

Médecine traditionnelle et médecine moderne

La médecine traditionnelle est profondément ancrée dans la culture de nombreux pays d’Afrique Sub-Saharienne (Sénégal, Mali…) et d’Asie (Chine, Indonésie …) grâce à une pratique constante depuis des milliers d’années. Elle s’inscrit dans un ensemble de croyances et de pratiques parfois magico-religieuses (Afrique) très prégnantes dans beaucoup de sociétés. Aujourd’hui de plus en plus de médecins l’utilisent : les psychiatres, contre la dépression ; les gynécologues pour prendre en charge les symptômes de la ménopause ; les nutritionnistes pour la gestion de poids ou encore les médecins généralistes afin de traiter certains troubles fonctionnels (figure 2) [63]. Si l’utilisation des plantes dans les pays développés est généralement prescrite en complément d’un traitement classique ou en première intention, afin de diminuer les médicaments de synthèse, en Afrique l’utilisation est souvent liée à un problème financier et /ou de confiance vis-à-vis de la médecine dite moderne. 15 Figure 2: Cibles d’action de certaines plantes sur l’homme [63] La phytothérapie utilise des plantes en nature ou leurs extraits qui renferment une multitude de substances naturelles. Avec les progrès de la chimie, ces substances ont été isolées et leurs propriétés pharmacologiques déterminées. Ainsi un grand nombre de composés ont montré une ou plusieurs activités déterminées sur les modèles expérimentaux ou chez l’homme. A titre d’exemple on a relevé une activité antiseptique chez plusieurs substances (tanins, huiles essentielles, flavonoïdes), antiinflammatoire (flavonoïdes, stéroïdes),…

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La phytothérapie

Définition de la Phytothérapie

La phytothérapie est l’art de soigner par les plantes (du Grec Phyton =végétal Therapein=soigner) ; elle permet à la fois de traiter le terrain du malade et les symptômes de la maladie. Le malade est pris en charge dans sa globalité afin de comprendre l’origine de ses symptômes et d’en prévenir leur apparition [84]. Seules les plantes ayant fait preuve de leurs vertus médicinales ont un intérêt en phytothérapie. Les parties les plus concentrées en principes actifs (PA) seront choisies. Donc il peut s’agir de la plante entière, des feuilles, de la tige, des rameaux, des sommités fleuries, de l’écorce, des racines, des fruits ou des fleurs, utilisées fraîches ou sèches. Des modes de préparations seront privilégiés en fonction de la partie de la plante concernée, de la nature du PA qu’il soit hydrophile ou lipophile et du type de patient qui va la recevoir : on ne traitera pas un jeune enfant avec une teinture mère à degré alcoolique élevé

Préparations et formes galéniques en Phytothérapie

En phytothérapie il y a plusieurs modes de préparations des plantes, selon l’usage que l’on veut en faire. 

L’infusion

On obtient une infusion en plongeant la matière végétale pendant une durée de 5 à 15 minutes, dans de l’eau préalablement bouillie contenue dans un récipient couvert. Pour les fleurs on les place dans le fond du récipient puis on verse l’eau bouillante. On laisse refroidir puis on filtre à l’aide d’un morceau de gaz [51].

La macération

On obtient une macération, en laissant la matière végétale dans un solvant (eau, vin, alcool ou huile) à froid pendant un temps assez long (de quelques heures à quelques jours, voire plusieurs semaines). La macération à eau ne doit pas durer car elle a l’inconvénient de fermenter rapidement [78]. La macération doit se faire au repos dans un récipient à l’abri de l’air et de la lumière; une fois le temps écoulé on filtre le mélange à travers un filtre papier ou du coton hydrophile non tissé. Le macérât obtenu est stocké dans un récipient bouché. 

La décoction

La décoction consiste à faire bouillir, de façon prolongée et à feu doux (petit feu). La matière végétale dans un récipient à couvercle fermé (casserole) pendant 2 à 15 minutes. Une fois l’opération terminée, on refroidit et filtre avant l’utilisation 

Les extraits

Il existe différents types d’extraits :  L’extrait fluide s’obtient en plongeant la matière végétale dans une masse d’eau ou d’alcool supérieure à la masse de plantes, puis on laisse évaporer jusqu’à l’obtention d’une masse de liquide égale à celle de la matière végétale initiale ;  L’extrait mou est basé sur le même principe, sauf que l’on pousse l’évaporation jusqu’à ce que le produit ait la consistance du miel. Les autres intermédiaires entre ces deux niveaux sont simplement appelés extraits .

La teinture alcoolique ou alcoolé

On obtient une teinture alcoolique en faisant macérer dans l’alcool à 60° la matière végétale, en raison de 5 parts d’alcool pour une part de matière végétale [51. 18

L’alcoolat et l’alcoolature

On obtient une alcoolature en plongeant la matière végétale fraîche, pendant un temps assez long (généralement 8 jours), dans une masse d’alcool à 90 ou 95° égale à celle de la matière végétale. Pour les plantes très absorbantes, qui ne s’humectent pas bien avec l’alcool, il faudra augmenter la proportion d’alcool à trois (3) parts d’alcool pour deux (2) de matière végétale, voire pour certaines plantes quatre (4) parts d’alcool pour deux (2) de matière végétale (dans ce cas la posologie doit être modifiée ou adaptée). Le mélange doit être remué de temps en temps, puis filtré en dernier. L’alcoolature doit ensuite être stockée dans un flacon hermétique; sa conservation est limitée et 50 gouttes d’alcoolature correspondent à peu près à 1g [51]. On obtient de l’alcoolat en distillant de l’alcool sur une ou plusieurs matières végétales.

L’huile et l’huile essentielle

On obtient l’huile en laissant macérer à température douce (voire tiède) pendant trois semaines, la moitié d’un bocal rempli de matières végétales fraiches ou sèches ou de racines broyées, dans de l’huile remplissant la moitié du bocal. On remue de temps en temps, au final on décante le tout et l’huile obtenue est mise dans un flacon [51]. On obtient l’huile essentielle par distillation à la vapeur d’eau. Pour cela il faut un ballon, un alambic (réfrigérant), et un récipient pour recueillir le distillat (figure 3). La matière végétale doit être fraîche et propre coupée en petits morceaux ou grossièrement broyée. Dans le ballon, on place la matière végétale avec une bonne quantité d’eau de source filtrée (décoction), puis le mélange est porté à l’ébullition. La vapeur entraine avec elle le principe actif volatil de la plante; elle se condense dans le serpentin de l’alambic, et s’écoule dans le récipient à la sortie. Généralement les densités de l’eau et du principe actif sont différentes, ce qui permet de les séparer facilement dans une ampoule à décanter .

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LA MEDECINE TRADITIONNELLE ET LE CANCER
CHAPITRE I : MEDECINE TRADITIONNELLE 5
I.1. Définitions
I.2. Histoire de la médecine traditionnelle
I.2.1. L’Antiquité (-3000ans avant J.-C. 476 après J.C.)
I.2.2. Le Moyen Age (476-1492)
I.2.3. Renaissance (XVème fin XVIème siècle)
I.2.4. Les temps modernes (du XVIIème à nos jours)
I.3. Politiques et Stratégies de la médecine traditionnelle (MTR/MCP)
1.3.1. Stratégie de l’OMS pour la MTR/MCP de 2002-2005
1.3.2. Stratégie de l’OMS pour la MTR/MCP 2014-2023
I.4. Médecine traditionnelle et médecine moderne
I.5. La phytothérapie
I.5.1. Définition de la Phytothérapie
I.5.2. Préparations et formes galéniques en Phytothérapie
I.5.2.1. L’infusion
I.5.2.2. La macération
I.5.2.3. La décoction
I.5.2.4. Les extraits
I.5.2.5. La teinture alcoolique ou alcoolé
I.5.2.6. L’alcoolat et l’alcoolature
I.5.2.7. L’huile et l’huile essentielle
I.5.2.8. Le sirop
I.5.2.9. Le cataplasme
I.5.2.10. La poudre
I.5.3. Phytothérapie et cancer
CHAPITRE II : RAPPELS SUR LE CANCER
II.1. Généralités
II.2. Définition
II.3. Types de cancers
II.4. Etiologies
II.5. Epidémiologies
II.5.1. Dans les pays développés
II.5.2 : Dans les pays en voie de développement
II.5.3. Cas du Sénégal
II.6. Traitements du cancer
II.6.1. La chirurgie
II.6.2. La radiothérapie
II.6.3. La chimiothérapie
II.6.4. L’hormonothérapie
II.6.5. L’immunothérapie
II.6.6. Les soins palliatifs
II.6.7. Cancer et alimentation humaine
DEUXIEME PARTIE : PLANTES UTILISEES CONTRE LE CANCER EN MEDECINE TRADITIONNELLE
I. OBJECTIFS
II. PRESENTATION DU CADRE DE L’ETUDE
II.1. Situation géographique et phytogéographique
II.2. Situation sanitaire : le Cancer
III. METHODOLOGIE
III.1. Type et durée de l’étude
III.2. Cible et cadre de l’étude
III.3. Echantillonnage
III.3.1. Taille de l’échantillon
III.3.2. Critères d’inclusion et d’exclusion
III.4. Collecte des données
III.5. Difficultés
III.6. Outils d’exploitation des données
IV. RESULTATS
IV.1. Profils des enquêtés
IV.1.1. Répartition selon l’âge
IV.1.2. Réparation selon le sexe
IV.1.3. Répartition selon l’ancienneté dans la profession
IV.1.4. Répartition selon le niveau d’instruction
IV.1.5. Repartion selon qu’ils soignent ou non le cancer
IV.1.6. Repartition selon la méthode de diagnostic mise en œuvre
IV.1.7. Répartition selon la spécialité
IV.1.8. Moyens d’approvisionnement des tradipraticiens
IV.2. Plantes proposées par les tradipraticiens dans le traitement du cancer
V. DISCUSSION
V.1 Statut général des tradipraticiens
V.2. Sources d’approvisionnement des tradipraticiens et/ou herboristes
V.3. Méthodes de diagnostic et plantes utilisées contre le cancer

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