ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE ET GENETIQUE DU DIABETE EN MAURITANIE
Classification du diabète
Bien que tous les types du diabète se définissent par une hyperglycémie, une classification fondée sur la physiopathologie des différentes formes cliniques et génétiques de la maladie a été établie (Alberti et al. 1998). On distingue en effet trois principaux types de diabète : le diabète de type 1 (TD1), le diabète de type 2 (TD2) et le diabète gestationnel. DT2 et DT1constituent respectivement les deux formes les plus connues et le plus répandues. Un quatrième type (appelé MODY), très rare, englobe un ensemble d’anomalies génétiques spécifiques liées à la sécrétion et l’action de l’insuline).
LE DIABETE DE TYPE 1 (DT1)
Définition et Epidémiologie Le diabète de type 1, anciennement appelé diabète juvénile ou diabète maigre ou diabète insulinodépendant (DID), touche à peu prés 10% des individus diabétiques. Sa prévalence varie considérablement selon les pays, avec un minimum en Chine (0,1%) (DIAMOND, 2006) et au Venezuela et un maximum en Finlande (40/100 000) (Tuomilehto et al., 1995). Il est souvent diagnostiqué devant un syndrome cardinal d’association polyuropolydipsie-polyphagie-amaigrissement et dans 25 % des cas par une acidocétose. Du point de vue physiopatologique, DT1 est une maladie autoimmune (quand le système immunitaire réagit contre les molécules ou organes du soi) causée par la destruction progressive des cellules ß des îlots de Langerhans du pancréas, qui normalement synthétisent l’insuline. Cette atteinte aboutit finalement à une carence absolue en insuline. Le processus auto-immun responsable de cette « insulite » pancréatique se déroule souvent sur de nombreuses années (5 à 10 ans voire plus) avant l’apparition du diabète. On parle de période de prédiabète. Il survient à la suite de facteurs déclenchants mais souvent sur un terrain de susceptibilité génétique. 9 La réaction auto-immune peut être dépistée avant l’apparition de l’hyperglycémie par des dosages sanguins d’auto-anticorps (Craighead, 1978 ; Anjos et Polychronakos, 2004). DT1 inclut le diabète dit de type 1 lent et le diabète dit idiopathique :
Le diabète de type 1 auto-immun
Il s’agit d’une affection auto-immune survenant généralement chez le sujet jeune (enfants, adolescents) qui peut être associée à d’autres maladies comme la thyroïdite, les maladies de Basedow, de Hashimoto, d’Addison, le vitiligo et de Biermer. La destruction des cellules β par un processus auto-immun est confirmée par la présence d’anticorps anti-cellules d’îlots β, anti-insuline, anti-glutamate décarboxylase (GAD) ou anti-tyrosine phosphatase IA-2 et IA 2 b. Cette forme est fortement associée aux gènes HLA- DQA et DQB du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH). Elle est aussi influencée par les gènes HLA-DRB du même système. Cette destruction peut être rapide chez enfants et adolescents ou plus lente chez les adultes. 2-
Le diabète de type 1 idiopathique
Il existe sous deux formes : une forme similaire au diabète l’autoimmun mais sans l’auto-immunité vis-à-vis des cellules β, et une autre forme avec une insulinodépendance phasique (Alberti et al., 1998). Ce type, à forte composante héréditaire, touche une minorité de malades du diabète de type 1. Il est plus fréquent chez les sujets Asiatiques ou Noirs originaires d’Afrique Sub-Saharienne et se caractérise par une insulinopénie permanente avec céto-acidose et absence d’auto anticorps (Drouin et al., 1999). 2-1-2-Mécanisme auto-immun du diabète de type 1: Le diabète de type 1 est lié à la destruction auto-immune de ces cellules bêta du pancréas. Chez un individu présentant une prédisposition génétique et sous l’influence de facteurs environnementaux, les îlots de Langerhans sont infiltrés par les cellules mononucléées donnant le statut d’insulite. 10 Dans ces infiltrats sont retrouvés principalement des lymphocytes T CD8 dirigés contre des auto-antigènes des cellules bêta, avec lesquels coexistent des lymphocytes T CD4, des lymphocytes B et des macrophages. Le processus de destruction implique essentiellement l’immunité à médiation cellulaire à travers l’action des lymphocytes CD8 cytotoxiques par activation des cellules CD4 et pourrait passer, entre autres, par des mécanismes d’apoptose. Le déroulement de la maladie est classiquement représenté en trois phases successives (figure 2) : o Une phase de latence liée à une prédisposition génétique. o Une phase préclinique, silencieuse, caractérisée par l’activation du système immunitaire contre les cellules des îlots (insulite) et par la destruction progressive des cellules β pancréatiques. o Une phase clinique, hyperglycémique qui commence lorsque seulement un faible pourcentage (entre 10 et 20 %) de cellules β fonctionnelles subsiste.
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