Etude empirique sur l’impact de la politique de libéralisation financière sur la croissance économique
Le système bancaire et financier algérien Introduction
Le système monétaire et financier algérien a connu une évolution remarquable. En effet, ce système est passé par deux phases très importantes : Une première phase, où le système était considéré comme véritablement national, mais fermé sur lui-même sous le régime de l‟économie dirigée. Durant cette période, le système bancaire Algérien avait un rôle passif dans l‟intermédiation financière. En réalité, l‟économie était financée, presque en totalité par le trésor public, qui distribue le crédit, par l‟intermédiaire des banques commerciales d‟État, à des entreprises publiques inefficaces et déficitaires. Le système bancaire obéissait à des procédures administratives en dehors de toute logique commerciale et de tout critère de rentabilité ou d‟efficacité économique. Une deuxième phase, où le système cherche à s‟ouvrir vers l‟extérieur, avec le risque de certaines dépendances vis-à-vis des institutions extérieures. En effet, avec la transition de l‟économie algérienne à l‟économie de marché, la nécessité de reformer les structures financières de l‟économie s‟est donc imposée. L‟Algérie passe peu à peu d‟un système de mono banque où l‟économie était financée majoritairement par le trésor, qui distribue le crédit, par l‟intermédiaire des banques commerciales d‟État à des entreprises publiques inefficaces et déficitaires à un système financier moderne fondé sur le jeu du marché. Les pouvoirs publics ont été amenés à renforcer le secteur par la création de nouvelles banques spécialisées, ensuite à modifier les textes réglementaires qui régissent les banques (loi N°86/12 du 19/08/86 relative au régime des banques et du crédit) et enfin, les réformes économiques en cours, mais initiées depuis 1988, elle se sont concrétisées par la promulgation de plusieurs lois, dont la loi 90/10 du 14/04/1990 relative à la monnaie et au crédit. L‟économie du marché suppose la régulation des banques par les lois du marché ainsi que l‟introduction de nouvelles techniques managériales. Chapitre IV Etude empirique sur l’impact de la politique de libération financière sur la croissance économique en Algérie 146 1) Le système bancaire Algérien pendant la répression financière : Au lendemain de son indépendance, l‟Algérie a mis en place un système de planification centralisée de son économie, s‟inspirant du modèle soviétique des années 60. C‟est ainsi qu‟aussi bien pour le secteur productif que celui du financement, il a été procédé à la reprise de toutes les unités et des activités abandonnées par les colons pour les adapter à la nouvelle conjoncture et les nouveaux besoins du pays. De même, pour le système de financement, il y a d‟abord été eu la création de la Banque Centrale d‟Algérie, le Dinar algérien, ainsi qu‟une banque d‟investissement (Caisse Algérienne de Développement), qui seront renforcées par la création de cinq banques primaires ayant repris les activités des institutions françaises encore en activité dans le pays. En outre, le Trésor Public s‟est efforcé de jouer un rôle monétaire et financier important1 . Par la suite, dès le début des années 70, la planification de toutes les recettes et les dépenses s‟est imposée. Ainsi, les entreprises étaient obligées d‟avoir une domiciliation bancaire unique et faire transiter leurs opérations de paiements par comptes bancaires. Quant aux banques, elles étaient spécialisées par secteur d‟activité et soumises à l‟institution du plan de financement d‟exploitation, satisfaisant les demandes de financement des entreprises publiques sans aucune possibilité d‟en faire une étude préalable faisant d‟elles de simples caisses de l‟État. Quant à la Banque Centrale, elle était obligatoirement chargée de fermer ce circuit en refinançant les banques primaires et parfois même, octroyer des crédits à certaines entreprises, dont les découverts bénéficiant de la garantie de l‟État2 . Ces derniers se sont alors accumulés pendant des années et n‟ont pu être remboursés, du fait la situation structurellement déficitaire des entreprises publiques, rendant ainsi la situation financière des banques critique, notamment jusqu‟au milieu de la décennie 80. En réalité, pour assurer le financement des investissements planifiés du secteur public, la seule ressource dont l‟État disposait était les recettes tirées de l‟exportation des hydrocarbures, qui bénéficiaient d‟un niveau de prix favorables durant la décennie soixante-dix et début des années quatre-vingt. Seulement, avec le choc pétrolier de 1986, les pouvoirs publics se sont rendu compte de l‟urgence d‟une gestion rigoureuse et attentionnée des ressources dont le volume s‟est considérablement rétréci. Il fallait alors revoir l‟organisation et le fonctionnement du système financier et bancaire, en laissant aux banques un peu d‟autonomie. C‟est dans cet objectif que la loi bancaire 86- 12 du 19/08/1986 a été introduite renforcées par la loi 88-01 du12/01/1988, imposant le statut d‟Entreprises Publiques Economiques aux banques en les soumettant aux règles de la commercialité et leur octroyant l‟autonomie financière. Quant à la Banque Centrale, elle recouvre sa liberté dans la gestion de la politique monétaire, alors que le trésor public se retire du financement des investissements1 . Cependant, elles sont restées globalement d‟un apport peu appréciable intervenant au moment d‟une détérioration accrue des termes de l‟échange et de la position de l‟Algérie sur le marché international des capitaux. Pour faire face à cette situation, les autorités ont décidé d‟engager un programme renforcé de réformes par une politique de libéralisation de tout le système. Sur le plan financier, ce programme a commencé par la loi sur la monnaie et le crédit de 1990, avant de se soumettre aux exigences du PAS (le Programme d‟Ajustement Structurel), pour le prolonger avec les efforts d‟intégration euro-méditerranéenne.
Les effets de la répression financière sur le système bancaire et financier Algérien
La stratégie politique de l‟Algérie basée sur le socialisme, et la volonté des pouvoirs publics de réaliser un développement économique fort et rapide a nécessité la mise en place de grands projets d‟investissement et des capitaux importants. Ceci a poussé les autorités à user de leur influence et de leur monopole sur le système bancaire et financier algérien afin de le rendre plus apte à garantir le financement des secteurs publics prioritaires. Par-là, la « répression financière » est devenue la base du secteur bancaire et financier dans la détermination des taux d‟intérêt ainsi que la distribution et l‟octroi du crédit.
La détermination des taux d’intérêt
Durant la période de la gestion planifiée de l‟économie, les autorités du pays avaient privilégié une politique des taux d‟intérêt administrés. La politique des taux d‟intérêt s‟est distinguée par deux faits marquants, à savoir : La stabilité des taux d‟intérêt : les taux d‟intérêt créditeurs (taux d‟intérêt appliqués aux dépôts à vue et aux dépôts à terme) ainsi que les taux d‟intérêt débiteurs (taux appliqués aux différentes catégories de crédit) ont connu une remarquable stabilité. Le bas niveau des taux d‟intérêt: durant cette période, les autorités monétaires ont imposé aux banques l‟application de taux d‟intérêt (créditeurs et débiteurs) très faibles. Les taux d‟intérêts créditeur, parfois négatifs, ont eu, même, du mal à couvrir le taux de l‟inflation. Les données contenues dans le tableau suivant montrent cette faiblesse des taux d‟intérêt créditeurs et débiteurs.