ETUDE ECOLOGIQUE ET REGENERATION DES PLANTES LES PLUS CONSOMEES PAR Varecia variegata editorium
Déscription de Varecia variegata editorium
variegata editorium est une des espèces disséminatrices de diaspores (Dew, 1991) a été choisie pour cette étude. Cette espèce de lémuriens disperse les graines et favorise la restauration naturelle de la forêt.
Caractères morphologiques
variegata editorium figure parmi les plus beaux et les plus grands lémuriens de Madagascar. Il est deux fois plus grand que Hapalemur. Son poids varie entre 3.1 à 3.6 Kg (Britt, 1997). Sa queue mesure 60cm et est aussi longue que son corps. L’animal a une tête massive avec un crâne allongé. Dans la famille des lémuridae, seule la femelle de Varecia possède trois paires de mamelles. L’abdomen, la queue, la partie interne des pieds et des mains, le front, ainsi que le visage sont de couleur noire. Ce lémurien possède une épaisse fourrure et une couronne de longs poils blancs entourant sa face (Mittermeir et al. 2006).
Structure et comportement social
V. variegata editorium est une espèce diurne et vit en groupe. Les groupes sociaux sont formés de deux à cinq individus. En général, il s’agit des groupes familiaux à dominance matriarcale. Leur territoire peut s’étendre sur 20ha. Au moins quatre cris différents sont utilisés par V. variegata editorium pour marquer et défendre son territoire ainsi que pour les démonstrations de dominance au sein même du groupe social. L’espèce utilise également le marquage olfactif pour la démarcation du territoire. La possession chez les mâles d’une glande située au niveau de la gorge et chez les femelles d’une glande génito-anale leur permet de faire le marquage de territoire. Les glandes de marquages sont frottées sur les branches, le tronc ou même le sol, sur lesquels est déposé un liquide odorant propre à chaque individu (Randriahaingo, 2011).
Reproduction
Les mâles et les femelles adultes ont à peu près la même taille. Certains chercheurs disent même qu’il n’y a pas de différence sexuelle nette (Groves, 2000). La distinction du mâle de la femelle s’avère difficile en un seul coup d’œil car ils ont la même couleur. En général, V. variegata editorium se reproduit pendant la période chaude (Septembre à janvier) durant laquelle la nourriture est abondante. Chez les femelles, le cycle oestral dure 33 jours, avec un oestrus de 3 jours pendant lequel la période de réceptivité est extrêmement courte (de quelques heures à 2 jours) (Randriahaingo, 2011). La période d’accouplement, chez Varecia, se situe entre le mois de mai et le mois de juillet. La gestation dure de 90 à 120 jours .Les petits sont souvent des jumeaux qui naissent entre le mois de septembre et octobre. Ils sont Matériel et Méthodes 8 portés par la mère avec sa bouche et déposés dans un nid durant les premières semaines de leur existence (Randriahaingo, 2011). Le sevrage se fait au quatre-vingt dixième jour de la naissance. Dès ses vingt mois d’existence, Varecia atteint l’âge de maturité sexuelle. En général, cette espèce a une espérance de vie de 19 ans.
Alimentation
Varecia variegata editorium consomme surtout des fruits, des jeunes feuilles et des fleurs. Pour le site à Kianjavato, Manjaribe trouve qu’il mange aussi des champignons (Auricularia judea) et une espèce de lichen (Usnea sp.) Ce choix alimentaire varie selon l’espèce végétale et les saisons. V. variegata editorium consomme également de la terre pour se détoxiquer contre les différents poisons contenus dans certaines substances végétales (Ratsimbazafy, 2006), surtout chez la famille des APOCYNACEAE (Manjaribe, 2014).
Distribution géographique
V. variegata editorium est rencontré dans la partie orientale de Madagascar. En général, cette espèce est répartie dans la forêt dense humide de basse altitude ou de moyenne altitude de l’Est. Elle peut aussi être trouvée dans quelques réserves spéciales naturelles de Madagascar comme celles de Betampona et de Zahamena (Louis et al. 2004), et dans les réserves naturelles d’Ambatovaky et de Marotandrano. V. variegata editorium se trouve également entre les rivières Mananara et Farafangana (Mittermeir et al. 2006). C’est ce qui a probablement amené aujourd’hui à distinguer trois (03) sous-espèces distinctes de Varecia variegata (Varecia variegata variegata, Varecia variegata subcinta, Varecia variegata editorium).
Statut de conservation UICN de l’espèce
La principale menace pour Varecia variegata editorium est la destruction de son habitat due aux exploitations illicites de la forêt et au «tavy». De plus, il est encore chassé même dans la réserve d’Analamazaotra. Ainsi, selon le décret de mesure de conservation n° 2006-400 du 13/06/2006, Varecia variegata editorium a été classé «haute priorité» d’ordre 5 par l’UICN/CSE. En 2008, d’après le rapport de l’UICN, Varecia variegata editorium est en danger critique (CR).
Matériels végétales cibles
Les plantes cibles de cette étude ont été sélectionnées après le suivi comportemental de Varecia variegata editorium. Les critères de sélection sont: Plantes consommées par Varecia variegata editorium; Matériel et Méthodes 9 Endémicité: les espèces endémiques de Madagascar ont été sélectionnées car leur présence montre à la fois la fragilité de la flore originelle et met en valeur le pays au niveau international; Fréquence de consommation élevée: l’espèce doit avoir un indice de consommation supérieure ou égale à 5%; Espèces arborescentes: avec un Dhp≥ 10cm car le lémurien utilise surtout les arbres; Disponibilité en fruit (beaucoup de fruit). Les espèces qui se rapprocheront plus de ces critères seront sélectionnées comme espèces cibles
Méthodes
Etude préliminaire et prospection sur terrain
Avant la descente sur le terrain, les études préliminaires s’avèrent importantes dans le but de collecter des informations sur les lieux de mission et sur les espèces cibles. La première descente sur terrain a permis d’identifier les différents types de formations végétales existantes et de cibler celles abritant Varecia variegata editorium. Avec l’aide des agents de parc de MNP et des guides locaux, la prospection des lieux a permis aussi de déterminer les sites pour l’installation des parcelles d’inventaire et de suivi des plantes cibles.
Revue bibliographique
Avant et après les descentes sur le terrain, des études bibliographiques ont été menées pour avoir le maximum d’informations sur les espèces végétales cibles, sur la Réserve Spéciale d’Analamazoatra ainsi que sur les méthodes à appliquer sur le terrain. Plusieurs ouvrages et documents ont été consultés et des sites internet ont été visités. II.3 Choix des sites d’étude Les critères suivants ont été utilisés afin de déterminer les sites d’études: – La représentativité de la formation végétale primaire; – Les zones fréquentées ou territoires du lémurien. Six plots de suivi ont été installés (à raison de deux plots par site) dans les trois endroits les plus fréquentés par les groupes de Varecia variegata editorum. Matériel et Méthodes .
Suivi de Varecia variegata editorium
Le suivi permet de connaître le territoire de V. variegata editorium et d’identifier les plantes qu’il utilise et consomme.
Recherche de groupes
Une radio réceptrice a été utilisée pour faciliter le suivi de l’animal. C’est un appareil électronique consistant à recevoir les ondes sous forme de «bip» sonore émis par la radio collier. Les ondes sont captées par la radio grâce à une antenne flexible de référence «144032». Cette radio réceptrice permet de retrouver l’animal à suivre selon la direction indiquée par l’antenne. Il est à noter que chaque radio collier possède une fréquence spécifique. En tout, sept individus appartenant à deux groupes de trois à cinq individus ont fait l’objet de ce suivi (Tableau 2). Tableau 2: Nombre de groupes d’animaux suivis RSA Espèce Nombre de groupes Nombre d’individus par groupe Nombre d’individus suivis Varecia variegata editorium
Méthode de suivi par scan group ou focal animal sampling (Altman, 1974)
Le suivi des 2 groupes d’animaux a été conduit pendant 5 jours. Faute de temps, l’expédition a seulement duré six mois d’octobre 2014 à avril 2015. Durant ce temps, pour tous les individus à l’intérieur d’un groupe, les données comportementales et alimentaires ont été notées selon la méthode de suivi de focal animal sampling (Altman; 1974). La durée réelle de toutes les activités (se déplacer, se reposer et se nourrir) a été chronométrée continuellement, c’est la méthode de «continuous scan sampling» (Martin & Baterson, 1999). A chaque passage, la position sur l’arbre en hauteur des animaux, les noms des plantes consommées et/ou utilisées par les animaux, les parties végétales utilisées ont été notées dans une fiche. Les arbres utilisés par V. variegata editorium ont été localisés à l’aide d’un GPS, en particulier ceux pour son alimentation et son repos. Les matières fécales de V. variegata editorium contenant les graines, ainsi que les fruits intacts et les graines intactes des plantes que l’animal consomme sont collectées. La méthode utilisée pour la collecte est celle de Stevenson (2000). Elle consiste à collecter les fèces fraîches qui tombent. Tous les excréments journaliers de l’animal ont été collectés et mis dans des sachets «ziploc» codifiés. II.5 Indice d’utilisation des espèces végétales par Varecia variegata editorium La formule de Lance et al. En 1994 a été utilisée et adaptée pour le calcul de l’indice d’utilisation (IU) des espèces végétales par V. variegata editorium. Le lémurien peut consommer les fruits, les feuilles, les fleurs et même la racine de la plante selon l’espèce végétale. L’indice de consommation est: IC: Indice de consommation n: Durée de consommation d’une partie de l’espèce végétale (chronomètrée) N: Durée totale de consommation des espèces végétales (chronomètrée) La valeur de cet indice permet de connaître les espèces végétales les plus utilisées et consommées par le lémurien.
Pouvoir disséminateur de Varecia variegata editorium
Le temps de déplacement et la distance parcourue par Varecia variegata editorium ont été chronométrés et mesurés pendant chaque suivi. Les graines déféquées des espèces de plantes cibles ont été comptées à chaque défécation de l’animal afin de connaître le pouvoir disséminateur de V. variegata editorium mais aussi de savoir la coévolution des plantes avec cet animal frugivore. Le calcul se fera en pourcentage des graines déféquées de chaque espèce cible par rapport au nombre total des graines déféquées.
Etude autoécologique des espèces cibles et caractérisation du milieu d’étude
Il est d’une importance capitale de connaître les exigences écologiques des espèces cibles c’est à dire les caractéristiques de leur habitat pour pouvoir assurer leur régénération et leur multiplication en forêt. L’habitat est défini comme un territoire de superficie quelconque, décrit par ses caractères physiques, chimiques, géographiques, et biotiques dans lequel s’intègre un organisme ou un groupe d’organismes (Lemee, 1978; Brower et al. 1990). Il est décrit selon sa structure, qui est définie comme étant la répartition et l’agencement des plantes les unes par rapport aux autres dans une formation végétale (Guinochet, 1973). Comme l’agencement tridimensionnel de la végétation est le résultat d’une occupation maximale aérienne et souterraine de l’espèce Gounot (1969), l’analyse structurale permet de IC (%) = n/N × 100 comprendre les relations entre les espèces elles-mêmes, ainsi qu’entre les autres espèces et le milieu qu’elles occupent. La structure de la formation végétale peut être analysée horizontalement et verticalement (Ramangason, 1986).
Densité spécifique et abondance numérique des espèces cibles
L’abondance numérique et la densité spécifique de l’espèce font partie des critères indispensables pour l’étude de la structure horizontale et pour l’évaluation des risques d’extinction d’une espèce. L’étude de la densité spécifique et de l’abondance numérique des espèces cibles a été réalisée à l’intérieur des plots de suivi phénologique des plantes. Les relevés ont été faits à l’intérieur d’un placeau de 20×50m subdivisé en 10 placettes de 10×10m (Figure 1) selon la méthode de Braun Blanquet (1965). Les limites de l’aire choisie sont matérialisées par une ficelle tendue à 1,5m du sol entre quatre piquets. Tous les individus matures de (Dhp≥ 10cm) de chaque espèce cible ont été pris en compte.
INTRODUCTION |