Etude du transport et de la dispersion des graines par les ongulés sauvages
La formation au génie de l’aménagement, assurée par le département aménagement de l’Ecole Polytechnique de l’Université de Tours, associe dans le champ de l’urbanisme et de l’aménagement, l’acquisition de connaissances fondamentales, l’acquisition de techniques et de savoir-faire, la formation à la pratique professionnelle et la formation par la recherche. Cette dernière ne vise pas à former les seuls futurs élèves désireux de prolonger leur formation par les études doctorales, mais tout en ouvrant à cette voie, elle vise tout d’abord à favoriser la capacité des futurs ingénieurs à : La formation par la recherche inclut un exercice individuel de recherche, le projet de fin d’études (P.F.E.), situé en dernière année de formation des élèves ingénieurs. Cet exercice correspond à un stage d’une durée minimum de trois mois, en laboratoire de recherche, principalement au sein de l’équipe Ingénierie du Projet d’Aménagement, Paysage et Environnement de l’UMR 6173 CITERES à laquelle appartiennent les enseignants-chercheurs du département aménagement. La dispersion des graines par les pelages des animaux (épizoochorie) est un processus important dans le maintien des espèces végétales. Les ongulés ont la capacité de retenir longtemps des graines sur leur pelage et de les disperser sur de longues distances dans le milieu naturel, mais cet aspect est difficile à mettre en évidence.
Les ongulés sauvages sont des herbivores qui consomment la végétation (abroutissement) au sein des écosystèmes forestiers et prairiaux. Cette pression d’herbivorie peut avoir un effet positif sur les végétaux, particulièrement pour mucrons sur ses graines qui favorise l’épizoochorie et la toxicité de ses tissus qui la protège de la consommation par les grands herbivores notamment. De telles évolutions influencent les interactions entre plantes : les espèces évitées par les herbivores ont un avantage compétitif sur les espèces consommées. Gill et Beardall (2001) ont également étudié l’effet des ongulés sur la structure et la composition du sous-bois forestier. Ils démontrent que les cervidés, par l’herbivorie, auraient tendance à réduire la diversité des espèces végétales arbustives. Cet effet sur la strate arbustive augmenterait la pénétration de la lumière au sol, favorisant ainsi la végétation herbacée. Ainsi, pour persister dans le milieu naturel, les végétaux dispersent leurs graines par différent vecteurs abiotiques comme le vent (anémochorie), l’eau (hydrochorie) ou la gravité (barochorie), et/ou biotiques comme les animaux (zoochorie), l’Homme (anthropochorie) ou par eux-mêmes (autochorie). Ces modes de dispersion ont évolué par sélection naturelle, leur permettant ainsi de se maintenir au sein des écosystèmes.
Cependant, avec l’urbanisation et l’évolution de l’agriculture, on assiste à la fragmentation voire la perte d’habitats écologiques (Couvreur et al., 2004), réduisant alors les possibilités d’échanges entre les végétaux (Römermann et al., 2005). Les ongulés sauvages peuvent néanmoins être un élément essentiel pour maintenir un lien entre les communautés végétales puisqu’ils participent à la dispersion longue distance des graines (Couvreur et al., 2005b ; Will et al., 2007) par transport sur leur fourrure, leurs sabots (épizoochorie) ou encore par leur système digestif (endozoochorie). En effet, Pakeman (2001) montre que le passage des graines par les intestins a une grande importance sur la prolifération d’espèces d’arbres, notamment lors des migrations des animaux. De plus, les recherches de Picard et al. (2012) exposent le fait que les ongulés transportent plusieurs types de graines (avec ou sans adaptations spécifiques à l’épizoochorie) en passant à travers différents milieux (forêts, espaces ouverts,…), participant ainsi au maintien de la diversité végétale. Les grands mammifères apparaissent donc comme des éléments primordiaux pour conserver, sur le long terme, les populations végétales (Couvreur et al., 2005a). Plusieurs auteurs (Sorensen, 1986 ; Tackenberg, 2005 ; Will et al., 2007) ont par ailleurs défini la dispersion par épizoochorie comme un processus de transport de graines des plus efficaces (Graae, 2002) et plus spécifique que l’endozoochorie (Couvreur et al. 2005b) puisqu’il ne subit pas le transit digestif (Mouissie et al, 2005). Les graines sont relâchées au sol, volontairement suite à un comportement de l’animal (toilettage, marche,…) ou bien accidentellement.