ETUDE DU POLYMORPHISME DU GENE PROPELLER DOMAIN KELCH
RAPPELS SUR LE PALUDISME
Taxonomie Plasmodium est décrit pour la première fois par Laveran en 1880 [73]; la systématique fut établie par Levine en 1988 [104]. Le parasite appartient au phylum des Apicomplexa, à la classe des Sporozoea, à l’ordre des Eucoccidiida, au sous-ordre des Haemosporina, à la famille des Plasmodiidae et au genre Plasmodium [101] qui renferme deux sous genres; sous genre Laverania qui renferme l’espèce P. falciparum et le sous genre Plasmodium qui comprend quatre espèces responsables de paludisme chez l’homme: P. malariae, P. ovale, P. vivax et P. knowlesi. D’autres espèces de Plasmodium sont rencontrées chez les animaux.
Morphologie
Le parasite se présente habituellement sous la forme d’un protozoaire de 1 à 2 µm selon les formes: trophozoïte, mérozoïte, schizonte, gamétocyte. La morphologie de ces formes évolutives et des hématies parasitées varie en fonction de l’espèce plasmodiale. La coloration au May-Grünwald Giemsa montre qu’il est constitué d’un cytoplasme bleu pâle qui entoure une vésicule nutritive de teinte claire et contenant un noyau rouge et du pigment malarique brun-doré ou noir (hémozoïne). (Figure 1, 2, 3, 4, 5) 7 Frottis mince Goutte épaisse Figure 1: Plasmodium falciparum à différents stades [29]. 8 Frottis mince Goutte épaisse Figure 2: Plasmodium malariae à différents stades [29]. 9 Frottis mince Goutte épaisse Figure 3: Plasmodium ovale à différents stades [29]. 10 Frottis mince Goutte épaisse Figure 4: Plasmodium vivax à différents stades [29]. 11 Frottis mince Figure 5: Plasmodium knowlesi à différents stades [29].
Cycle évolutif (Figure 6)
Les plasmodies ont un cycle dixène c’est-à-dire qui se déroule chez deux hôtes: un pouvant être l’homme, qui est l’hôte intermédiaire et un invertébré; l’anophèle, qui est l’hôte définitif.
Cycle chez l’homme
Chez l’homme, le cycle est divisé en deux phases: la phase hépatique ou préérythrocytaire qui correspond à la phase d’incubation, cliniquement asymptomatique et la phase sanguine ou érythrocytaire qui correspond à la phase clinique de la maladie. – L’anophèle femelle en piquant l’homme, lui injecte avec sa salive « anesthésique » [43] Plasmodium sous forme d’éléments allongés de 10 à 15µm de longs appelés sporozoïtes [52]. Ceux-ci gagnent le foie via la circulation générale. Ils s’arrondissent et donnent des trophozoïtes qui peuvent évoluer immédiatement jusqu’à maturité ou avoir une évolution retardée (hypnozoïte) pour certaines espèces. Il s’y produit une première reproduction asexuée dans les hépatocytes (schizogonie hépatique ou exoérythrocytaire). La cellule hépatique parasitée éclate et libère des milliers de mérozoïtes (40000 mérozoïtes en sept jours pour P. falciparum) [52, 68, 114] qui passe dans la circulation sanguine. Ce premier cycle dure 6 à 10 jours [43]. – La phase érythrocytaire constitue le classique cycle asexué. Les mérozoïtes libérés par la cellule hépatique pénètrent dans les hématies où ils deviennent des trophozoïtes jeunes, puis des trophozoïtes âgés; ils grossissent et donnent des schizontes qui à maturité prennent un aspect segmenté en rosace ou en marguerite, se disloquent, font éclater les hématies et libèrent des segments nucléés, aptes à parasiter de nouveaux 13 globules rouges: C’est la schizogonie érythrocytaire. Chez P. falciparum, un cycle érythrocytaire dure environ 48 heures [46, 52]. La répétition des cycles aboutit à l’augmentation du nombre d’hématies parasitées et à l’apparition de signes cliniques.
Cycle chez l’anophèle
Le cycle sexué ou sporogonique (gamogonie), s’effectue chez le moustique. En prenant son repas sanguin sur un paludéen, l’anophèle ingère les différentes formes du parasite. Après plusieurs cycles, certains schizontes donnent naissance à des éléments sexués, les microgamétocytes (mâles) ou les macrogamétocytes (femelles) [46], qui ne poursuivront leur développement que chez l’anophèle. Dans l’estomac de l’anophèle, le microgamétocyte se transforme en gamète par exflagellation, le macrogamétocyte émet des globules polaires et subit une réduction chromatique [39, 43, 52, 114]. La fécondation du gamète femelle donne un œuf mobile qui se transforme en un élément allongé, mobile, l’ookinète, qui traverse la paroi de l’estomac de l’anophèle et se fixe sur la face externe formant l’oocyste. Cette reproduction sexuée donne alors naissance à un zygote, unique phase diploïde (présence de 2N chromosomes) du parasite. Cette brève phase diploïde est l’occasion de nombreuses recombinaisons méiotiques. Si les deux gamètes ayant fusionné sont issus de clones différents du parasite (en cas de multiparasitisme chez le patient source), ce réassortiment de chromosomes différents produit de nouvelles combinaisons alléliques donc une diversité ou polymorphisme génétique [107]. L’oocyste mûr donne enfin naissance à des sporozoïtes très mobiles qui passent dans la cavité générale du moustique, gagnent les glandes salivaires et sont expulsés avec la salive à l’occasion d’un nouveau repas de sang [46]. La durée de ce cycle chez P. falciparum varie selon la température entre 13 jours à 25°C et 30 jours à 20°C. Il n’est pas réalisé en-dessous de 18°C [68]. 14 Pour qu’une femelle puisse transmettre le paludisme il faut donc qu’elle ait une durée de vie supérieure au cycle sporogonique. Mais une fois celui-ci complété, la femelle reste infectante toute sa vie. Ainsi, plus une femelle est âgée, plus elle a de risque d’être infectée et plus elle est à risque de transmettre la maladie lors de ses repas sanguins ultérieurs.
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