Etude du comportement spatial et alimentaire des troupeaux bovins extensifs sur parcours dans un massif forestier

PRESENTATION DE LA FORET COMMUNAUTAIRE DE NETTEBOULOU

Localisation géographique et milieu physique

La forêt communautaire de Netteboulou est localisée dans la région de Tambacounda sur l’arrondissement de Missirah (figure 1).
La forêt est limitée à l’est par la forêt classée de Gouloumbou, à l’ouest et au nord par les vallées séparant la Communauté rurale de Netteboulou de la Communauté rurale de Ndoga Babacar et au sud par la République de Gambie.
Netteboulou se trouve dans le domaine phytogéographique soudano-sahélien (isohyètes 700-900 mm) avec une saison des pluies de 3 à 4 mois et une longue saison sèche de 8 à 9 mois. Le relief du massif de Netteboulou est de type plat et se caractérise par une pénéplaine de bassin sédimentaire entrecoupée par les vallées fossiles du fleuve Gambie.
L’évapotranspiration moyenne annuelle pour la période de 1998 à 2002 est estimée à 2485 mm. Pendant cette période, un maximum moyen de 383 mm est enregistré au mois de mars et un minimum moyen de 98 mm en décembre (18)

Populations et activités

La population est majoritairement composée d’ethnies Peuhls (agroéleveurs) et de Mandingues. Après l’agriculture, l’élevage bovin demeure la deuxième activité économique des villages.
La forêt communautaire de Netteboulou recèle d’importantes potentialités pastorales avec un important cheptel, la présence de parcours naturels et de mares. Le cheptel est constitué de bovins taurins Ndama et surtout de Djakoré (métis Gobras x Ndama). Le total en U.B.T du massif est estimé à 4011,1 (18).
La forêt joue un rôle important dans la vie des populations riveraines : gestion de la fertilité, bois de chauffe, alimentation humaine (fruits et chasse) et du bétail (fourrages), construction (bois de service), pharmacopée, apiculture, artisanat.

PROBLEMATIQUE

Généralités

Importance des forêts

L’Afrique possède 15 % des forêts du monde et prés de 50 % cent des plantations forestières mondiales, réparties sur 520 millions d’hectares ou environ 18 pour cent des terres (9). Les forêts ont une importance à la fois environnementale et socioéconomique.

Déforestation

Même si cela fait des siècles que les territoires couverts par les forêts à travers le monde se réduisent peu à peu, c’est pendant la dernière moitié du XXe siècle que le processus s’est accéléré dans des proportions alarmantes.
La déforestation est le produit de l’interaction de nombreuses forces environnementales, sociales, culturelles et politiques agissant dans une régionndonnée. Les facteurs favorisant comme la croissance démographique, lesndécisions politiques touchant les facteurs sociaux, l’accès aux terres et régimes fonciers, les pressions du marché, la sous-évaluation des forêts naturelles créent les conditions propices à la déforestation. Les causes directes telles que culture sur brûlis, agriculture commerciale, élevage extensifs et surpâturage, développement des infrastructures sont les plus aisément liées aux agents de la déforestation. L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (11) a estimé que dans les pays en développement, le rythme annuel de la déforestation se chiffre à 15, 5 millions d’hectares pour la période 1980 à 1990 et 13, 7 millions d’hectares pour la période 1990-1995. En Afrique, 60 % de la déforestation qui a eu lieu entre 1900 et 2000 était le résultat de la transformation des forêts en petites parcelles agricoles. La désertification, particulièrement, a contribué à la déforestation des terres dans les climats plus secs et elle touche de 3000 à 4000 millions d’hectares soit environ un quart de la surface émergée du globe.

Etude de cas : l’aménagement de la forêt communautaire de Netteboulou

La forêt communautaire de Netteboulou dans l’arrondissement de Missirah est un terroir intéressant où interviennent plusieurs acteurs : les agro-éleveurs, les exploitants forestiers, les collectivités locales et les services publics étatiques (14). La périphérie de la forêt est occupée par dix neuf villages dans lesquels le PROGEDE a favorisé l’installation de Comités Villageois de Gestion et de Développement (CVGD). Les dix neuf villages ont été regroupés en sept blocs suivants les critères socio-économiques et/ou démographiques et chaque bloc a été divisé en huit parcelles d’exploitation forestière (figure 2).

MATERIEL ET METHODE

Cadre de l’étude

L’étude s’est déroulée dans la forêt communautaire de Netteboulou où sont en cours des activités de recherches d’accompagnement sur la gestion des parcours naturels, la restauration des sols dégradés et la production de fourrage. Notre étude a concerné les blocs tests 2 et 4 regroupant 6 villages. Ces villages concentrent au total 40% du cheptel bovin de l’ensemble du massif de Netteboulou. Le bloc 2 regroupe les villages de Souriel Salif, Mandiancouda et Saré Niana. Le bloc 4 comprend un seul village d’étude représenté par Diadala.

Etude des pâturages

L’étude des pâturages a été réalisée dans 20 sites au niveau des deux blocs. Le travail consistait à étudier d’une part la végétation et d’autre part les caractéristiques stationnelles ou écologiques (type de sol, degré d’anthropisme), et la production de biomasse végétale herbacée en place.
Nous avons utilisé comme matériels : un GPS (Global Positioning System) pour géoréférencier les sites étudiés, la carte d’occupation du sol de chacun des blocs.
Les biomasses ont été déterminées par fauche mécanique à l’aide d’un coupecoupe et d’un peson.

Inventaire floristique

La végétation de chaque site a été étudiée sous deux aspects (3 ; 6) :
1. Etude de la physionomie par description des différentes strates végétales : strate herbacée, strate ligneuse basse (< 7 m) et haute (> 7m) + recouvrement en % de chaque strate ; phytosociologiques. Nous avons pour chaque site dressait une liste floristique exhaustive des espèces inventoriées (herbacées et ligneux). Pour chaque espèce, nous avons attribué une cote d’abondance-dominance (+1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5) selon son abondance et son recouvrement (Blanquet, 1932 ) cité par Ickowicz (16).
L’éleveur présent a aussi donné son appréciation sur l’état du pâturage : Bon (B) , Moyen (M), Mauvais (N), etc.
Le choix des sites d’études pour les inventaires est fait après une série de suivis réalisés en saison des pluies. Les pâturages les plus fréquentés par les troupeaux ont été étudiés (Tableau I). Les jachères n’ont pas été étudiées car non fréquentées.

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Evaluation de la biomasse herbacée et de la productivité des pâturages

La production de biomasse herbacée instantanée a été mesurée durant les périodes de fin de saison des pluies (début octobre) et de saison sèche froide (décembre). L’estimation de cette production a été effectuée selon la méthode employée et décrite par Grouzis (1988) citée par Ickowiicz (16).
Le couple (N = 20 placeaux, S =1 mètre carré) est la combinaison permettant d’obtenir une moyenne et un écart type stabilisé pour un travail de terrain raisonnable avec une meilleure précision obtenue pour S et N élevé. La répartition des placeaux a été faite de façon aléatoire dans l’ensemble de chaque site, ainsi un carré métallique de 1 mètre sur 1 mètre est lancé 20 fois et l’herbe y est fauchée puis pesée à l’aide d’un peson. Afin de connaître la contribution éventuelle des divers types de pâturages à la couverture des besoins en fourrages pour le bétail, nous avons déterminé par coupe sélective la biomasse utile ou biomasse appétée (18). L’estimation de la teneur en matière sèche de la strate herbacée (MS) est effectuée à partir de prélèvements de 1 kg de mélange de pailles fauchées au niveau de chaque site pour un séchage jusqu’à avoir un poids constant.
Pour répondre à l’existence ou non d’une surcharge animale par bloc, nous avons calculé, puis comparé les charges potentielles et les charges réelles de chacune des blocs.

Etude du comportement spatial et alimentaire

L’objectif principal est d’aboutir à matérialiser les zones de parcours traditionnels des troupeaux bovins sur une carte d’occupation de sol, de définir les faciès végétaux fréquentés et la composition des régimes en fonction des saisons.
Nous avons étudié le comportement spatial et alimentaire par des suivis de troupeaux munis d’un GPS et la méthode de ‘’collecte du berger’’. La méthode de collecte du berger est utilisée en zone sahélienne et soudanienne car adaptée aux milieux extensifs et aux animaux sahéliens. Elle permet d’évaluerl’importance relative des différentes ressources fourragères dans le régime des ruminants au cours du parcours (16 ; 12 ; 19 ; 3 ; 7 ;19).

Choix des troupeaux suivis

Nous avons fait des suivis quotidiens de trois troupeaux pour le bloc 2 et deux troupeaux pour le bloc 4 (Tableau II). Les villages choisis sont parmi les plus grands villages d’éleveurs de la forêt communautaire et concentrent 40 % du cheptel bovin.

Evaluation de la production laitière

Pour évaluer les performances zootechniques en réponse avec le comportement spatial et alimentaire, nous avons effectué des suivis sur la production laitière sur six vaches entre octobre et décembre.
Les six vaches choisies ont vêlées entre début juin et fin juillet. Elles ont été chacune identifiées par un nom qui leur est donné leur propriétaire. Pour chaque vache la quantité de lait traite est mesurée à l’aide de pots calibrés et gradués de 50 cl. Les traites se font deux fois dans la journée : une le matin et une le soir.

Impact du plan d’aménagement chez les éleveurs et analyse des contraintes.

En plus des suivis et de l’étude sur les pâturages fréquentés, nous avons réalisé des entretiens avec les éleveurs et les bergers. L’objectif est d’identifier la perception qu’ont les éleveurs et surtout les bergers à propos du plan d’aménagement (sensibilisation, point de vue sur la mise en défens), les contraintes rencontrées dans l’exploitation des pâturages et des mares fréquentées. Les questions posées sont le plus souvent ouvertes ( voir annexe 1 pour le guide d’entretien).
L’enquête a concerné 7 éleveurs et 10 bergers. En effet, 5 éleveurs (propriétaires des troupeaux suivis) et 7 bergers ont été enquêtés pour le bloc 2. Les bergers enquêtés sont ceux qui conduisent les troupeaux en saison des pluies, ils sont donc sensés connaître tous les problèmes qui pourraient subvenir sur les pâturages (manque de fourrage, abreuvement sur les mares).

Traitements des données : outils et méthodes

Inventaire floristique

Les données recueillies sur l’ensemble des relevés sont traitées sur une feuille Excel avec en ligne la liste des espèces végétales recensées et pour les intersections colonnes-lignes les caractéristiques stationnels du site et les indices d’abondance-dominence des espèces.

Evaluation de la production de biomasse herbacée des pâturages

La variation exprimée en % de la production de biomasse instantanée (Bt) ou utile (Bu) entre la saison des pluies (hv) et la saison sèche froide (ssf) a été calculée (6) : Bt(ssf)-Bt(hv)/Bt(hv) X 100 = Variation de biomasse entre ssf et hv
Pour chaque faciès végétal étudié, la fraction de biomasse herbacée utile ou appétée (en %) est aussi calculé par rapport à la biomasse herbacée totale récoltée

Evaluation des charges potentielles et réelles des pâturages

Charges potentielles

Comportement spatial et alimentaire

L’ensemble des données recueillies (coordonnées GPS, type de faciès fréquenté, etc.) pour les différents troupeaux suivis ont été au fur et à mesure traités sur Excel puis intégrés dans un logiciel nommé Arcview.
Les points GPS recueillis pour chaque circuit ont été intégrés dans ce logiciel et sur la carte d’occupation du sol du massif forestier. La matérialisation des circuits est faite en reliant ces points par une ligne sur la carte. Avec l’aide du logiciel de cartographie (Arcview) et de la base de données du SIEF, nous avons déterminé les distances quotidiennes parcourues par les troupeaux en fonction des saisons. Des calculs sont faits par circuit/bloc sur le temps de présence quotidien pour les différents types de pâturages, les parcelles martelées et la composition du régime ; cela a permis de déterminer les fréquentations (pourcentage du temps total des parcours) en fonction des saisons. Pour pouvoir quantifier l’emprise de la mise en défens des parcelles de coupe sur les parcours, nous avons utilisé les données sur les moyennes d’envergure calculées par circuits, celles-ci ont été introduites dans le logiciel Arcview pour déterminer la surface couverte par chaque troupeau en déplacement sur la parcelle de coupe de l’année 2005.

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