Etude d’impact des institutions de microfinance sur le développement agricole aux comores

Situation socioculturelle et pauvreté

La société comorienne est adepte du monde musulman. Et l’Islam tient une place importante au sein de la population. Toutefois, il faut signaler qu’ici l’islam demeure mêlé à des croyances et pratiques sociales liées à la coutume et à la tradition.
Pauvreté et chômage : Depuis les années 80, les Comores demeurent dans une crise économique grave marquée notamment par des taux de croissance (PIB) qui restent constamment en dessous du taux de croissance de la population. (De 10,4% en 1995, le taux de chômage s’élève à 13,5% en 2004). Selon des estimations faites en 1995, 54,7% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le pays a atteint le Point d’achèvement au titre de l’IPPTE en juillet 2010 ouvrant la voie à un premier allègement intérimaire de la dette de 16,7 milliards (48,4 millions de Dollars US). La pauvreté est un phénomène rependu dans l’archipel, bien que ses différentes manifestations soient moins prononcées que dans la plupart des pays africains. Dans son rapport sur le développement humain de 2006, sur la base de l’Indice du Développement Humain (IDH), qui atteint 0,556, le PNUD classe les Comores au 132e rang sur les 177 pays pris en compte. La pauvreté semble avoir baissé entre 1995 et 2004. En moyenne entre les deux dates et sur les trois îles, les ratios de pauvreté des ménages comme des individus passe de 47,3% à 36,9% et 54,6% à 44,8%. Ce résultat parait paradoxal du fait de la stagnation de l’économie durant cette période. Une explication plausible serait les transferts de fonds des migrants qui ont permis de subvenir aux besoins de base de la population, notamment dans l’île de Ngazidja. Les Comores sont l’un des pays d’Afrique ou en pourcentage du PIB, les transferts de fonds sont les plus élevés : en 2005 ils représentaient 18,5% du PIB, un pourcentage bien supérieur aux exportations de biens et services et équivalent trois fois le montant de l’aide internationale.

La Banque Centrale des Comores (BCC)

L’origine de la Banque Centrale des Comores est étroitement liée à l’évolution historique de l’administration coloniale et de la Zone Franc. Les Comores sous dépendance française, étaient rattachées administrativement à Madagascar.
Créée le 16 novembre 1950, la Banque de Madagascar et des Comores (BCM) assuraient le service de l’émission monétaire ayant cours légal à Madagascar et aux Comores jusqu’au 21 décembre 1973, date à laquelle ce privilège lui a été retiré. Le 31 décembre 1974, l’Institut d’Émission des Comores, dont le siège social est fixé à Moroni et le siège administratif à Paris, a été mis en place. Le 1er juin 1975, l’Institut d’Émission des Comores a pris en charge le service de l’émission monétaire, un mois avant l’accession à l’indépendance.
Le 23 novembre 1979, le Ministre des Finances, de l’Economie et du Plan de la République Fédérale Islamique des Comores (RFIC) et le Ministre français de l’Économie ont procédé à la signature d’un accord de coopération monétaire, ratifié par le Président comorien le 26 juin 1980. Cette convention prévoit l’ouverture au nom de la Banque Centrale des Comores d’un compte d’opérations dans les livres du Trésor français ainsi que les conditions de fonctionnement de ce compte.
Le 1er juillet 1981, la Banque Centrale des Comores a été créée et a pris naturellement en charge le service de l’émission monétaire autrefois assuré par l’Institut d’ Émission des Comores. A fin 2011, la Banque Centrale des Comores, ayant son siège à Moroni, dispose une agence à Anjouan et une à Mohéli. Elle emploie 61 personnes dans ses trois sites. Son capital social, augmenté en décembre 2008, est de 3 milliards de francs comoriens.

Le réseau Sanduk ou caisses villageoises

Premier programme de microfinance à avoir été mis en place aux Comores et principalement implanté dans l’Ile d’Anjouan, le réseau des caisses Sanduk a été créé en 1993 avec l’appui de l’AFD. Le réseau est né du constat de l’absence de services financiers adaptés à la population comorienne. Sa principale cible d’implantation a été les campagnes avec une stratégie de financement de projets agricoles de montant assez faible. Le réseau a plus d’une quinzaine d’années, il a connu une croissance et des changements importants depuis sa création. Constitué de plusieurs petites caisses, le réseau a évolué sur 3 phases : Phase d’expérimentation sur 3 ans entre 1993 et 1995 qui a été réalisée sur 10 caisses créées au niveau national. Les résultats jugés satisfaisants ont permis le passage à la phase suivante. Phase d’extension et d’institutionnalisation (1996-1998), qui a abouti à la création de 40 caisses supplémentaires et à la mise en place d’une structure centrale : l’Union nationale des Sanduk, Phase de consolidation (1999-2003) qui abouti au renforcement du réseau et à la création de trois Unions Régionales regroupant toutes les caisses SANDUK de chaque Ile.
L’Union Régionale des Sanduk d’Anjouan (URSA) est particulièrement performante. Séparée depuis 1999 de l’Union Nationale, mais restant sous sa tutelle jusqu’en 2003. Son fonctionnement est bien adapté aux réalités locales. L’appropriation par ses bénéficiaires est largement atteinte, notamment depuis la période du séparatisme durant laquelle les Sanduk n’ont cessé de fonctionner, ce qui a constitué un important soutien à l’activité économique de l’île et donc à la population.

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Faiblesses et contraintes du secteur financier et de la micro finance

Les principales faiblesses et contraintes auxquelles doit faire face le secteur financier et de la micro finance sont essentiellement :
Une absence de diversification des produits, Un manque de suivi des dossiers de crédit pour certaines institutions ; La difficulté de bien canaliser les capitaux de la diaspora ; L’inadaptation des offres de services financiers par rapport aux particularités de certaines activités ; Un faible niveau de professionnalisme dans la gestion des IFD qui peut être fatale à certaines structures ; Un manque de produits financiers qui permettraient de mieux gérer le risque ; Des taux d’intérêt (20%) souvent jugés trop élevés au regard de la rentabilité des investissements ; Les institutions de la micro finance qui n’atteignent qu’une faible proportion de la population en milieu rural.

Table des matières

INTRODUCTION 
PREMIERE PARTIE: CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE DES COMORES
CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE L’UNION DES COMORES 
1-1. PRESENTATION CARTOGRAPHIQUE 
1.2 – SITUATION SOCIOCULTURELLE ET PAUVRETE 
1.2.1- PAUVRETE ET CHOMAGE
1.3 – ECONOMIE 
1.3.1- SECTEUR PRIMAIRE
1.3.1.1- AGRICULTURE
1.3.1.2- ELEVAGE ET PECHE
1.3.2 – SECTEUR SECONDAIRE
1.3.3 – LE SECTEUR TERTIAIRE
1.3.4- LE COMMERCE EXTERIEUR
1.4 – SITUATION MACRO-ECONOMIQUE
CHAPITRE 2 : LE SECTEUR BANCAIRE ET FINANCIER COMORIEN 
2.1- LES BANQUES 
2.1.1- LA BANQUE CENTRALE DES COMORES (BCC)
2.1.2- LA BANQUE POUR L’INDUSTRIE ET LE COMMERCE (BIC – COMORES)
2.1.3 – LA BANQUE DE DEVELOPPEMENT COMORES (BDC)
2.1.4 – LA BANQUE FEDERALE DE COMMERCE (BFC)
2.1.5 – L’EXIM-BANQUE-COMORES
2.2- LES INTERMEDIAIRES FINANCIERS (IF) 
2.2.1 – LA SOCIETE NATIONALE DES POSTES ET DES SERVICES FINANCIERS (SNPSF)
2.2.2 – LA SOCIETE COMORES EXPRESS (TRANSFERT D’ARGENT) ET LA MAISON COMORIENNE DES TRANSFERTS ET DES VALEURS (MCTV-SA)
2.3- LES INSTITUTIONS FINANCIERES DECENTRALISEES (IFD) 
2.3.1 LE FONCTIONNEMENT DES IFD
A) LA MUTUELLE D’EPARGNES ET DE CREDIT YA KOMOR (MECK)
B) L’UNION DES SANDUK
2.3.2- LE RESEAU SANDUK OU CAISSES VILLAGEOISES
2.3.3- L’EVOLUTION DE LA MECK
2.3.4- FONCTIONNEMENT DE LA MECK
2.3.5- EVOLUTION DES IFD AUX COMORES
2.4 – PRESENTATION DE LA MECK DE OUANI 
2.4.1 – LA MECK DE OUANI
DEUXIEME PARTIE: ETUDE DE LA PERFORMANCE SOCIALE, IMPACT ET PERSPECTIVE D’AMELIORATION
CHAPITRE 3 : ANALYSE DE LA STRATEGIE ET DES PERFORMAN-CES SOCIALES DE LA MECK-OUANI 
3.1 – OBJECTIFS ET METHODE D’ETUDE 
3.2 – LES RESULTATS DE NOTRE ETUDE
3.3 – ETUDE SUR LES CLIENTS 
3.3.1 – OBJECTIFS DE L’ETUDE
3.3.2 – HYPOTHESES DE NOTRE ETUDE
3.3.3 – LA METHODE D’ECHANTILLONNAGE
3.4 – ANALYSE DE LA CLIENTELE ET DE L’IMPACT DU CREDIT 
3.4.1 – LE PROFIL DES MEMBRES DE L’IMF
3.4.1.1 – CLASSE D’AGE
3.4.1.2 – NIVEAU SCOLAIRE
3.4.1.3 – NIVEAU DE PAUVRETE DE LA CLIENTELE
3.4.1.4 – ACTIVITES DES CLIENTS
3.4.1.5 – AUTRES SOURCES DE FINANCEMENT
A) AUTRES CREDITS
B) LES TONTINES
C)TRANSFERTS DE MIGRANTS
3.4.2 – L’UTILISATION DU CREDIT
3.4.2.1 – ACTIVITES FINANCEES
3.4.2.2 – UTILISATION DU CREDIT DANS LA CONSOMMATION
3.4.2.3 – UTILISATION DU CREDIT DES AUTRES ACTIVITES
3.4.2.3- UTILISATEUR DU CREDIT
3.4.3 – LA PART DU CREDIT DANS L’INVESTISSEMENT TOTAL
3.4.4 – PARCOURS DES CREDITS
3.4.5 -ANALYSE DES REMBOURSEMENTS
3.4.5.1 – LES PROBLEMES DE REMBOURSEMENT
3.4.5.1 NATURE DES DIFFICULTES DE REMBOURSEMENT
3.4.6. SOURCES DE REMBOURSEMENT
3.4.7. CLIENTS INACTIFS
CHAPITRE 4 : IMPACT 
4.1 – IMPACT POSITIF 
4.1.1 – EFFET DU CREDIT SUR LE REVENU
4.1.2- ORIGINE DE L’AUGMENTATION DU REVENU
4.1.3 – IMPACT DU CREDIT SUR LES DEPENSES FAMILIALES
4.1.4 – IMPACT SUR LES ACTIVITES
4.2 – IMPACT NEGATIF 
4.2.1 – SATISFACTION DES PRODUITS
4.2.2 – DEGRE DE CONNAISSANCE DES CLIENTS
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEXES

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