Etude développementale des codes symboliques et non-symboliques ainsi
que de leurs interactions de 6 à 9 ans
Evaluation des performances propres à chaque représentation
Afin d’évaluer les performances propres à chaque code, nous avons élaboré trois épreuves qui mobilisent essentiellement un seul type de représentation. Ces épreuves permettent d’évaluer la compréhension des nombres en fonction de la modalité utilisée. Comparaison relative de deux quantités (Vilette, 2008) Il s’agit d’une épreuve informatisée qui évalue les compétences de comparaison analogique de deux quantités et permet ainsi de mesurer l’acuité du « sens du nombre ». Ici, seul le code analogique est impliqué. Cette épreuve a déjà été utilisée dans nos études précédentes. L’épreuve est individuelle et la passation dure environ 5 minutes. On présente au participant très rapidement (1 sec) deux quantités différentes de carrés de chaque côté de l’écran. L’enfant doit choisir de quel côté il y a le plus de carrés en appuyant sur une touche du clavier (gommette verte pour la gauche et gommette bleue pour la droite). Avant chaque essai, un point de fixation apparaît 152 à l’écran pour focaliser l’attention. Un masque apparaît également après la présentation des quantités pour éviter la persistance de l’image sur la rétine. Chaque élève réalise au moins deux essais de familiarisation pour vérifier sa compréhension des consignes puis il réalise la phase de test avec 48 paires à comparer. Ici, les quantités à comparer varient de 10 à 22. La taille des carrés présentés pour chaque quantité ainsi que leur densité sont contrôlées au préalable. Les quantités apparaissent aléatoirement en fonction des participants avec un écart entre les quantités qui varie de 1 à 6. Nous obtenons un pourcentage moyen de réussite que nous pouvons également analyser en fonction de l’écart entre les deux quantités présentées. Comparaison de deux nombres à l’oral (Epreuve « Comparateur oral », Figure 27) Il s’agit d’une épreuve informatisée qui évalue les compétences de comparaison symbolique de deux nombres entendus à l’oral. Cette épreuve mobilise surtout le code verbal oral mais il est possible que le code analogique ou le code arabe écrit soient également activés pour comparer les nombres. Cette épreuve est inspirée de l’épreuve du même nom dans le ZAREKI-R mais a été adaptée avec une taille de nombre supérieure et davantage d’items. Figure 27. Début de l’épreuve « Comparateur oral » avec la consigne. L’élève entend deux nombres à la suite et doit indiquer le plus vite possible sans se tromper, quel est le nombre le plus grand (Figure 28). Simultanément à la prononciation des nombres par l’ordinateur, un rond rouge à gauche et un rond jaune à droite apparaissent. Le nombre entendu en premier correspond au rond rouge et donc à la gommette rouge du clavier située à gauche et le second correspond au rond jaune et à la gommette jaune située à droite. Afin de recentrer l’attention de l’élève un son est présenté avant chaque essai. Quelques essais d’entraînement sont réalisés, puis on présente 20 paires à comparer en phase test. Au 153 préalable le sens de la réponse (droite ou gauche) a été contrôlé, ainsi que la taille des nombres à comparer, la longueur phonologique de chacun, leur fréquence et leur familiarité (Annexe F). Nous enregistrons ainsi un pourcentage moyen de comparaisons correctes ainsi que le temps de réaction moyen. On peut a posteriori distinguer les comparaisons selon la distance entre les deux nombres (faible, moyenne ou importante). Ces distinctions permettront d’analyser l’existence d’un effet de distance et de grandeur dans une tâche comparaison de deux nombres à l’oral. Nous pouvons alors calculer le pourcentage moyen de comparaisons correctes selon le ratio ainsi que le temps de réaction moyen associé.
Evaluation des performances de transcodage oral/écrit
Nous avons ensuite administré des épreuves permettant d’évaluer les transcodages entre toutes les représentations de manière bilatérale. Deux épreuves classiques ont été utilisées pour évaluer les performances de transcodage du code oral au code écrit : la lecture de nombre et la dictée de nombre (Annexe E). La lecture de nombres 155 Cette épreuve permet d’évaluer le transcodage entre les nombres symboliques, du code arabe écrit (entrée) au code verbal oral (sortie). Il permet d’apprécier le déchiffrage de l’écrit et la transcription en sons. Cette épreuve s’inspire d’une épreuve similaire du ZAREKI-R. On présente à l’élève une feuille avec 25 nombres arabes réguliers ou particuliers dont la fréquence, la longueur et la grandeur varient. L’élève lit chaque nombre à voix haute, comme il pense que c’est juste. Nous enregistrons un pourcentage de réussite total à partir du nombre de réponses correctes que nous pouvons décliner selon la taille du nombre. La dictée de nombres Dans cette épreuve, nous évaluons le transcodage du code verbal oral (entrée) au code arabe écrit (sortie) et la capacité des élèves à traduire les sons en chiffres symboliques. Il s’agit également d’une épreuve inspirée du ZAREKI-R. On dicte à l’élève 25 nombres réguliers ou particuliers dont la fréquence et la taille sont contrôlées. L’élève doit les noter comme il pense sur une feuille blanche. Nous enregistrons un pourcentage de réussite total à partir du nombre de réponses correctes que nous pouvons décliner selon la taille du nombre.
Evaluation des performances de mapping analogique/écrit
Nous avons également administré deux épreuves pour mesurer les capacités de mapping du code entre le code analogique et le code verbal écrit. Epreuve “Estimateur” (type number-to-position en modalité écrite) Les épreuves de number-to-position visent à objectiver les capacités des participants à mettre un correspondance un nombre et sa position estimée sur une longueur (format analogique). L’”Estimateur”, que nous avons décrit et utilisé dans les études précédentes, a été employé ici également afin d’évaluer cette compétence. Il sollicite l’interaction entre les représentations numériques symboliques exactes (nombre arabe écrit) et leurs représentations analogique sur la ligne numérique (Vilette & Schneider, 2011). Ici, nous évaluons bien le mapping entre la représentation arabe écrite et la représentation analogique (Figure 31). Pour rappel, l’élève doit situer la position d’un nombre sur une ligne de réponse bornée non graduée. Chaque élève réalise 20 items test. Les nombres présentés vont de 0 à 100 et sont générés 156 aléatoirement par le logiciel. Chaque nombre reste affiché le temps que l’élève donne sa réponse en cliquant sur la position qu’il estime correspondre au nombre. Nous obtenons ainsi un pourcentage moyen de réponses exactes, un pourcentage d’estimations approximatives (avec plus ou moins 10% de précision), ainsi que l’écart moyen entre le nombre présenté et la position indiquée sur la ligne.