Etude des stratégies de gestion

La perception de la mangrove de la Réserve Naturelle d’Intérêt Communautaire de la Somone

Les parties prenantes à la gestion de la réserve RNICS

La réserve a un caractère multi-acteurs. Les acteurs qui interviennent dans la gestion de la réserve sont : le conservateur et les agents des parcs et nationaux, les écogardes, les piroguiers, les hôteliers, la population de Guéréo, Thiafoura, Sorokhassap et Somone, les GIE des femmes de Somone, et des trois villages qui ceinture la réserve, le GIE des femmes ostréicoles, les ASC (association sportive et culturelle), le maire etc. Ces acteurs sont représentés dans le comité de gestion de la réserve. Les parties prenantes dans la gestion de la réserve sont regroupées au sein du comité de gestion de la réserve. : Le conservateur; les services de pêches et des parcs nationaux; les GIE de femmes de Somone, de Thiafoura, de Sorokhassap et de Guéréo; le Syndicat d’Initiation et de Tourisme de Mbour ; un représentant des piroguiers de la lagune ; un représentant de la presse ; l’association pour le développement de la Somone ; un représentant des chefs de village de la périphérie ;
Le comité de gestion est géré par un bureau exécutif qui comprend cinq comités techniques. Les cinq comités sont: Surveillance, Gestion de l’environnement et des ressources naturelles, Commission des finances, Commission Sensibilisation, communication et formation et Commission Gestion des conflits. Le bureau est composé d’un Président, d’un Vice- Président, d’un Secrétaire général, d’un trésorier et d’un trésorier Adjoint.
Il faut également souligner la forte collaboration avec la Réserve Naturelle de Popenguine dans le cadre de l’ENC Kër Cupaam. Les deux réserves, en plus de partager certains villages périphériques, mènent des activités communes telles que le reboisement de la mangrove au sein de la RNICS et l’ouverture des pare-feux au sein de la RNP.

Le rôle des acteurs

Chaque acteur joue un rôle spécifique mais tous ont le même objectif celui de la protection et conservation de cet environnement.

Le conservateur

Le conservateur est l’autorité de la réserve. Il encadre et supervise le bureau exécutif du comité de gestion. Les décisions du CG (Comité de Gestion) ne sont appliquées qu’après analyse par le conservateur de leur conformité aux textes de lois et règlements en vigueur en matière de conservation de la biodiversité.

Les volontaires de l’environnement (écogardes)

Les écogardes constituent un groupe formé de jeunes garçons ou filles, oeuvrant dans le volontariat. C’est eux qui encaissent l’argent des visiteurs et ils ont un poste de garde au niveau de Somone. Les volontaires assurent aussi la surveillance au niveau de la lagune et prennent aussi part aux différentes activités comme les reboisements, les nettoyages de la lagune organisées par les GIE des femmes en collaboration avec les Agents des parcs et nationaux. Cependant ils sont considérés par les femmes comme leurs rivaux car eux aussi ont besoin de financement pour diverses activités en vue d’accroître leurs revenus.

Les GIE des femmes

Les GIE des femmes jouent un rôle de protection et de conservation à travers leurs différentes activités. Ils organisent les reboisements, les nettoyages de la lagune et d’autres activités au niveau des villages comme les nettoyages dans leurs différents quartiers. Ces GIE sont structurés de manière suivante : présidente, vice-présidente, secrétaire, adjoint secrétaire, trésorière et adjoint trésorière etc. La présidente du GIE est la principale responsable du groupement et c’est elle qui représente toutes les autres femmes aux réunions du Comité de Gestion.

Domaine de l’environnement

La mangrove joue un rôle de régulateur des marées, de l’érosion, des inondations.
Elle met une barrière qui ralentit les phénomènes d’érosion, d’inondation etc. et lutte également contre la pollution par la séquestration de carbone et la pollution organique. Selon les femmes du GIE de Guéréo, le nettoyage de la lagune de Somone est facilité par les racines des palétuviers qui retiennent les sachets plastiques. La mangrove de l’estuaire de la Somone assure la biodiversité en servant de lieux de reproduction pour les espèces comme la crevette qui vient se reproduire dans les vasières pour ensuite migrer avec la marée. Le reboisement de la mangrove dans les années 1990-2000 a permis le renouvellement de certains espèces qui s’étaient raréfiées voire disparues. La présidente du GIE de Guéréo affirme qu’à la première année suite à la restauration de la mangrove, la crevette se comptait par 50 à 100kg par filets, les poissons atteignaient des tailles importantes, et beaucoup d’espèces qui avaient jadis disparues se comptaient à nouveau dans la zone. La mangrove participe en grande partie à la conservation de la population avifaune au niveau de l’estuaire de la Somone. En effet, les oiseaux se nourrissent de petits poissons et de la litière de palétuviers, se reproduisent au niveau des îles dans la lagune. Cette situation opportune de la lagune de Somone justifie le nombre important d’oiseaux enregistrés. D’après l’écogarde Thiandoum, le dernier dénombrement a révélé l’existence de nouvelles espèces. En 2004 on a dénombré 171 espèces dans la zone, dont 77 espèces inféodées à la lagune.

Domaine de l’économique

Les ressources tirées de la mangrove contribuent à l’amélioration des conditions de vie des populations. Elles permettent à la population de gagner des recettes plus ou moins importantes. L’exploitation des huîtres et des arches constitue un volet essentiel dans la zone.
L’exploitation des huîtres et des arches est assurée par les femmes de Guéréo. Elles se chargent de récolter les huîtres et les arches dans la lagune puis les commercialisent (une douzaine d’huîtres à 1000 ou 1500FCFA). La technique de récolte des femmes est manuelle et elles peuvent sortir avec un bol d’huitres récoltées par jour et par femme. Les femmes qui exploitent ces huîtres et ces arches font parties d’un GIE appelé GIE ostréicoles. Elles gagnent jusqu’à 6000fcfa par jour surtout en période d’ouverture de la lagune. Leurs clients sont les riverains de Somone, les hôteliers ou encore les touristes. Ces dernières ont une caisse d’épargnes grâce à leurs recettes. Cette caisse d’épargnes leur permet en cas de besoin d’un membre du GIE de débourser de l’argent pour lui venir en aide.
Les femmes ostréicoles ne sont pas les seules à exploiter les huîtres, il y a aussi Norbert. Il a développé la culture d’huîtres au niveau de la lagune. Il prélève les huîtres immatures de la France pour ensuite les élever dans des paniers dans la lagune. Dés qu’elles atteignent la maturation, ces huîtres sont vendues sur place aux hôteliers et aux touristes à 3500 FCFA la douzaine.
Le tourisme reste la principale activité génératrice de revenus de la lagune de Somone. Il s’est développé grâce aux balades ou excursions et à l’écotourisme. Il y a une tarification qui a été mise en place pour les visites: visite individuel plage 500FCFA, balade partie terrestre 1500FCFA, balade dans la lagune 2000FCF et les stationnements sur la lagune pour une durée d’un an à 75.000FCFA pour un riverain de Somone et 100.000FCFA pour un étranger. Selon Dior SENE (présidente des écogardes de Guéréo) : pour les visites payantes, ce sont les écogardes qui vendent les tickets aux visiteurs. Ce tourisme est réglementé, respectueux et responsables. Pour la réglementation par exemple on peut évoquer l’interdiction de marcher sur les bancs de sable.

La création de la RNICS

Les autorités, avec la forte implication des populations ont mis en place les stratégies de gestion, de restauration et préservation des milieux naturels.
Selon Aby NDOYE la présidente du GIE des femmes de Guéréo : c’est dans les années 1990 que les premières actions de protection des ressources naturelles ont été menées par un groupe de femmes bénévoles à Guéréo et aussi avec l’aide des habitants. La RNICS a été créée en 1999 dans le cadre de la gestion des milieux naturels. Elle est gérée par un comité de gestion qui regroupe les différentes parties prenantes (conservateur, présidentes des GIE de femmes Guéréo, Somone, Sorokhassap, Thiafoura, écogardes etc.). La gestion tourne autour des points suivants: la conservation des écosystèmes, la participation des acteurs dans la gestion et la valorisation des ressources naturelles etc.

Limites des stratégies de gestion

Malgré toutes les politiques de gestion mises en place, les milieux naturels de la RNICS présentent des failles.
Cette figure montre que l’insuffisance de moyens financiers avec 46,90% et de personnels avec 35,40% sont les principaux facteurs limitant les politiques de gestion. Le bureau des eaux et forêt ne dispose pas d’un personnel suffisant pour assurer une bonne surveillance de la réserve. Des infractions sont notées comme la coupe du bois de mangrove, malgré son interdiction. Il y a aussi l’usage de quads dans les alentours de la lagune. Cela peut être évité par le renforcement du personnel de surveillance avec un meilleur équipement de travail et une meilleure formation.
Certains écogardes malgré une volonté ardente de protéger les ressources naturelles, ne maitrisent pas totalement la population avifaune et celle de la mangrove. L’autre problème est lié à l’absence de statut juridique et administratif des écogardes. Selon Dior SENE: la présidente des écogardes de Guéréo, ils sont souvent confrontés à des situations devant lesquelles ils ne peuvent sanctionner directement; d’où la répétition de certaines infractions.
L’autre problème, c’est les limites de la réserve. Elles ne sont pas matérialisées physiquement.
Par exemple la construction d’une buvette dans le territoire de la réserve surtout sur les abords de la lagune.
L’insuffisance de personnel fait qu’il y a une défaillance au niveau de la surveillance de la réserve. Les populations dénoncent aussi le fait que les agents des eaux et forêt ne les permettent même pas de couper le bois sec. Il y a eu des femmes qui ont été amendées parcequ’elles s’étaient introduites dans la réserve et ont coupé du bois.

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