Etude des sources X faibles des amas globulaires de la galaxie avec XMM-Newton

Etude des sources X faibles des amas globulaires de la galaxie avec XMM-Newton

 Les amas globulaires 

Que sont les amas globulaires ?

 Je vais rappeler brièvement dans cette section comment les amas globulaires ont été découverts, ainsi que leurs caractéristiques physiques les plus importantes.

La découverte des amas globulaires 

Les amas globulaires les plus brillants sont visibles à l’œil nu, et ont été découverts par les grecs (Oméga du Centaure est indiqué dans l’atlas de Ptolémée). Ces amas apparaissent comme de simples étoiles. Leur observation en optique remonte au XVIIIeme siècle, avec les observations de Charles Messier. Seul un globe lumineux apparaissait alors dans l’oculaire, ce qui donna leur nom aux amas globulaires. Sir John Herschel, grâce à la puissance des télescopes construits par son père, parvint à résoudre plusieurs de ces amas (dont M4 ou Oméga du Centaure) en un ensemble de nombreuses étoiles au début du XIXeme siècle. Il compila ces astres dans son General Catalogue (enrichi par Johan Dreyer en 1888 pour devenir le New General Catalogue). Les amas globulaires se trouvent dans le halo de la galaxie (les plus proches sont à moins de 4 kpc, Harris 1996). Ils ont des tailles de quelques parsecs à quelques centaines de parsecs (Harris 1996). Ils sont très massifs (105-6 M , Djorgovski 1993), et contiennent des milliers d’étoiles. Nous en connaissons actuellement 146 (Harris 1996, 1999) situés sur des orbites très inclinées par rapport au disque galactique qui les amènent à traverser deux fois par révolution le disque galactique. Ce passage a de grandes conséquences pour le milieu interstellaire des amas.

 Le contenu et l’âge des amas 

Lors du passage dans le disque de la galaxie, l’amas passe d’une zone où la densité est très faible (le halo) à une zone où la densité est beaucoup plus importante (le disque). Cela entraîne la formation d’une onde de choc qui va balayer l’amas et en retirer le gaz qu’il contient (Elson et al. 1987). La fréquence de passage des amas dans le disque de la galaxie (typiquement tous les cinquante millions d’années) est telle que le milieu interstellaire des amas n’est jamais assez riche en gaz pour que se forment de nouvelles étoiles. L’amas va donc voir ses étoiles évoluer, sans que de nouvelles étoiles ne puissent se former. Les étoiles de l’amas doivent donc toutes avoir le même âge. Les étoiles des amas globulaires ont une masse moyenne de 0.4 M et on ne détecte pas d’étoiles massives dans les amas (Paresce & Marchi 2000). La présence de naines blanches et d’étoiles à neutrons implique que les amas ont contenu des étoiles massives. L’âge de l’amas est forcément supérieur au temps nécessaire à l’évolution et la mort de ces étoiles massives (quelques milliards d’années). Les amas globulaires sont donc de vieux objets dont l’âge pourrait atteindre 15 milliards d’années (voir par exemple Pont et al. 1998). 

Les observations optiques des amas globulaires

 Dans cette partie, je présente les paramètres morphologiques des amas globulaires ainsi que leurs populations stellaires. 1

Les grandeurs caractéristiques

Le rayon de marée Le rayon de marée (rt) indique l’endroit où la force de gravité due à l’amas est équilibrée par la force de marée galactique. Sa valeur ne dépend que des masses de l’amas (M) et de la galaxie (MG), et de la position de l’amas dans la galaxie (R). Son expression analytique est (King 1962) : (1) La taille d’un amas globulaire est généralement définie par son rayon de marée. Le rayon de cœur Le rayon de cœur est défini par un modèle de potentiel proposé par King (1962). Ce modèle a été développé pour ajuster le profil de luminosité d’un amas globulaire (King 1962, 1966, Elson et al. 1987, voir aussi Figure 1). Il a été construit de façon empirique en ajustant les données d’observations de comptage d’étoiles. Il a la forme : (2) Dans l’équation 2, le paramètre rt désigne le rayon de marée, et le paramètre rc représente le rayon de cœur. La normalisation k dépend de l’ajustement au modèle. D’un point de vue observationnel, le rayon rc est défini comme le rayon où la luminosité de surface est égale à la moitié de la valeur mesurée au centre de l’amas. Figure 1 : Profils de King calculés selon l’équation . La normalisation k a été choisie de façon à ce que la valeur du profil à r=0 soit constante (King 1962). Certains amas ont des cœurs de taille très faible (quelques dixièmes de parsecs). Dans le modèle de King, le rayon de cœur peut tendre vers zéro (sans toutefois l’atteindre) et garder un sens physique. Les amas possédant de tels profils ne présentent pas le „plateau’ caractéristique du profil de King (voir Figure 1) et sont dit „amas effondrés’. Le rayon de demi-masse Une troisième grandeur caractéristique d’un amas globulaire est son rayon de demi-masse. Il s’agit du rayon de la sphère dont le centre est celui de l’amas et qui contient la moitié de la masse de l’amas. Il n’est jamais nul.

Les diagrammes couleur-magnitude des amas

L’étude des populations d’étoiles des amas globulaires s’effectue avec des diagrammes couleur-magnitude obtenus en optique (diagramme de Hertzprung – Russel). Un de ces diagrammes est représenté sur la Figure 2. La majorité des étoiles des amas se trouve sur la séquence principale. Ces étoiles sont des étoiles normales qui brûlent leur hydrogène pour produire l’énergie nécessaire à leur stabilité. La séquence principale s’interrompt en un point particulier, appelé „coude’ de la séquence principale (turn-off point). Sa position dépend de l’âge et de la métallicité de l’amas, aussi est elle utilisée pour l’étude de l’âge des amas (voir par exemple Pont et al. 1998). Au-delà du coude de la séquence principale, se trouvent la branche des géantes rouges, la branche asymptotique et la branche horizontale. Les étoiles situées sur ces branches sont des étoiles en fin de vie, qui vont ou qui sont en train d’expulser leur enveloppe. Les cœurs d’étoiles défuntes forment la population de naines blanches observée sous la séquence principale. Les naines blanches évoluent dans cette portion du diagramme suivant leur refroidissement, les plus froides étant également les moins lumineuses, jusqu’à ne plus être détectables. On remarque dans les diagrammes couleur-magnitude une dernière classe de sources. Ces étoiles se trouvent sur la séquence principale, entre le coude de la séquence et la branche horizontale, dans une zone du diagramme où il ne devrait rien y avoir. Il s’agit des traînardes bleues (blue stragglers, voir par exemple Ferraro et al. 2003). Ces étoiles ne peuvent pas avoir été formées en même temps que les autres étoiles de l’amas, car elles auraient alors déjà dû quitter la séquence principale. Elles ne peuvent pas non plus s’être formées après les autres étoiles de l’amas. Leur origine est expliquée par la fusion d’étoiles dans les amas (Hut et al. 1992). Soit par transfert de masse (phase d’enveloppes communes) au sein d’une binaire (en particulier dans les amas ayant de faibles taux de collision, Nemec & Cohen 1989), soit par collision directe lors d’interactions, deux étoiles peuvent fusionner. Cette fusion entraîne des changements convectifs dans l’étoile, qui extraient l’hélium des cœurs des deux étoiles originelles et produit un milieu homogène d’hydrogène et d’hélium (Hut et al. 1992). L’étoile ainsi formée est plus massive que les autres étoiles de l’amas et possède une structure semblable à une étoile nouvellement formée. Elle paraîtra „bleue’ par rapport aux autres étoiles de l’amas. Sa présence implique la présence de binaires dans certains amas (Hut et al. 1992).  

Table des matières

Introduction
I Les amas globulaires
1 Que sont les amas globulaires ?
1.1 La découverte des amas globulaires
1.2 Le contenu et l’âge des amas
2 Les observations optiques des amas globulaires
2.1 Les grandeurs caractéristiques
2.2 Les diagrammes couleur-magnitude des amas
3 Les amas globulaires vus aux rayons X
4 La nature des sources X des amas globulaires
4.1 Les sources X fortes : des binaires X de faible masse accrétantes
4.2 Les sources X faibles : une variété d’objets
4.2.1 Les variables cataclysmiques
4.2.2 Les transitoires X quiescentes contenant une étoile à neutrons
4.2.3 Les pulsars milliseconde
4.2.4 Les binaires X de faible masse contenant un trou noir quiescent
4.2.5 Les binaires actives de types BY Dra ou RS CVn
4.2.6 Les sources n’appartenant pas aux amas
5 La formation et l’évolution des binaires dans les amas globulaires
5.1 Les binaires primordiales
5.2 La formation et l’évolution des binaires par interactions dynamiques
5.2.1 La formation d’une binaire par rencontre directe de deux astres
5.2.2 La formation d’une binaire par rencontre directe de trois astres
5.2.3 L’interaction d’une binaire avec un astre solitaire
6 L’évolution et la stabilité des amas globulaires
6.1 La ségrégation de masse
6.2 L’effondrement final de l’amas
7 Pourquoi étudier les sources X faibles des amas globulaires avec XMM-Newton ?
II L’observatoire spatial XMM-Newton
1 Vue générale
1.1 La mission XMM-Newton : orbite et durée de vie
1.2 Le plan focal de l’observatoire
2 Présentation des détecteurs de XMM-Newton
2.1 Le principe de fonctionnement d’un détecteur CCD
2.2 La caméra EPIC-PN
2.3 Les caméras EPIC-MOS
2.4 Les autres instruments
2.4.1 Les spectromètres RGS
2.4.2 Le moniteur optique
3 Le bruit de fond
3.1 Les bouffées de protons
3.2 Les bruits électroniques
3.3 Le fond diffus X
4 Le traitement des données
4.1 La détection des sources
4.1.1 Les algorithmes de détections
4.1.2 La validation des détections
4.1.3 La limite de détection et le problème du vignetting
4.1.4 L’estimation du nombre de sources associées à l’amas
4.3 L’analyse spectrale et temporelle des sources X des amas globulaires
5 Le programme amas globulaire du CESR
III L’amas globulaire NGC 5139, Oméga du Centaure
1 Oméga du Centaure, le roi des amas
2 Les résultats de l’observation de XMM-Newton
IV Les amas globulaires M13, M22 et NGC 6366
1 L’amas globulaire d’Hercule, M13
1.1 Que savions nous de M13 ?
1.2 L’observation de XMM-Newton
1.3.2 Dans le reste du champ de vue
1.3.3 L’estimation du nombre de sources non associées à l’amas
1.4 La découverte d’une binaire X de faible masse en quiescence avec une étoile à neutrons dans le cœur de M13
1.5 Les sources variables du champ de XMM-Newton
1.5.1 La source ROSAT Gb
1.5.2 La source XMM-Newton 4
1.5.3 Les sources hors du rayon de demi-masse
2 L’amas globulaire M22
2.1 Que savions nous de cet amas ?
2.2 L’observation de XMM-Newton
2.3 Le contenu du champ de vue
2.3.1 Dans le cœur et le rayon de demi-masse
2.3.2 Dans le reste du champ de vue
2.3.3 L’estimation du nombre de sources associées à l’amas
2.4 Les sources du rayon de demi-masse
2.4.1 La source centrale
2.4.2 La seconde source du cœu
2.5 Les diagrammes de couleurs de l’amas
3 L’amas globulaire NGC 6366
3.1 Que savions nous de cet amas ?
3.2 L’observation de XMM-Newton
3.3 Les sources détectées
3.3.1 Dans le cœur et le rayon de demi-masse
3.3.2 Dans le reste du champ de vue
3.3.3 L’estimation du nombre de sources associées à l’amas
4 La nature des sources X faibles des amas
5 Les mécanismes de formation des binaires dans les amas globulaires
V La synthèse des résultats des observations de XMM-Newton et de Chandra
1 Les résultats des observations
1.1 Récapitulatif des observations
1.2 Le nombre et la répartition spatiale des sources
1.3 Les résultats marquants de ces observations
2 La formation des binaires
2.1 Le taux de collision
2.2 L’influence des binaires primordiales dans les diagrammes taux de collision-nombre de sources
3 Etude de la formation des binaires X de faible masse
3.1 L’échantillon utilisé, estimation des effets de sélection
3.2 Le diagramme taux de collision-nombre de binaires X de faible masse et ses conséquences
4 Etude de la formation des autres binaires
4.1 La définition d’un échantillon représentatif
4.2 Le diagramme taux de collision-nombre de sources associées aux amas
4.3 Etude de l’influence de la masse sur le nombre de binaires
5 Résumé des résultats
VI Conclusions et perspectives
1 Conclusions
2 Que peuvent encore nous apprendre les binaires des amas globulaires ?
3 Le futur du programme d’observation des sources X des amas globulaires
Table des illustrations
Table des tableaux
Références
Annexe

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