Etude des pêcheries et des paramètres biologiques du grondeur métis

Situation socio-économique

Population

D’intenses flux migratoires combinés à une évolution démographique importante ont entrainé une augmentation rapide de la population de Joal-Fadiouth. La population est ainsi passée de 11 200 habitants en 1976 à 45 157 habitants en 2010 (ANSD, 2011). Aujourd’hui la population est de 45 788 habitants (ANSD, 2013). Contrairement à la majorité des Sénégalais qui sont d’origine wolof et de religion musulmane, les habitants de Joal-Fadiouth sont majoritairement d’origine sérère (51% de sérère pour 29% de wolof) et bien que 84% des habitants de la commune soient musulmans, la petite île de Fadiouth est à 90% chrétienne2. Cette diversité culturelle en fait une commune riche en tradition.

Pêche

Le centre de pêche de Joal est le premier port de pêche artisanale du pays. Les mises à terre s’élève à 138 823 T pour l’année 2017 (CRODT, 2019). Plus de 30% de la population active de Joal-Fadiouth travaille dans le secteur de la pêche ou ses activités connexes.
Les techniques de pêche piroguière sont très diversifiées : filets dormants ou dérivants de fond, sennes tournantes, filets maillants de surface encerclant ou dérivant, palangres, lignes ou 2 Enquêtes ménages, (2007). De l’agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) turlutes à poulpe, lignes ou casiers à seiche et éperviers sont les différents types de pêche existants à Joal. La pêche à pied est également pratiquée par les pêcheurs de crevettes utilisant le killi et pour la cueillette d’huîtres ou le ramassage des arches. Ces deux dernières activités sont presque exclusivement féminines.
Des pêcheurs de toute la région viennent pêcher dans la zone de Joal, réputée pour sa richesse spécifique, sa haute productivité et ses activités de pêche permanentes tout au long de l’année. Cependant, les ressources halieutiques à Joal-Fadiouth, comme partout au Sénégal, s’amenuisent, d’où l’importance de mettre en place des mesures de protection.

Agriculture

L’agriculture est pratiquée dans la commune mais surtout comme une agriculture de subsistance basée sur le mil, l’arachide et le sorgho. La riziculture est également pratiquée par les femmes mais elle est fortement perturbée par la salinisation des terres. L’élevage n’est pas très développé dans la commune mais dans les villages environnants.

Tourisme

Le tourisme et l’artisanat sont deux activités très développées et en croissance rapide dans la commune et particulièrement à Fadiouth. Le développement du tourisme et l’urbanisation rapide de la commune entraînent une utilisation de plus en plus intensive du cordon littoral, au risque de nuire à la biodiversité et d’accélérer les phénomènes d’érosion côtière.

Caractéristiques biophysiques du milieu

Joal-Fadiouth occupe aussi une position intermédiaire du point de vue du climat et de la végétation, entre le domaine sahélien au nord et la luxuriance de la Casamance au sud. Du fait desa position dans l’estuaire, la plus grande partie de la superficie de la commune (3 021 hectares) est régulièrement immergée sous l’influence des marées. Le climat est de type sahélien avec 3 à 4 mois d’hivernage de juillet à octobre et des températures douces de novembre à avril.
L’estuaire vasière occupé par la mangrove verte toute l’année, est sillonné de bolongs etparsemé de petits îlots de coquillages, qui servent de sanctuaires aux Pangols (Fassanda, Tinine, Kouta, ect.) et peuplé de baobabs et d’acacias. Les palétuviers, la zone des tannes et le littoral sont peuplés d’oiseaux marins (mouettes, bécasses, pélicans, flamants roses); on y trouve dessinges, quelques cigognes et des hyènes. La faune marine est très riche. La mer étant peuprofonde, les coquillages s’y développent très bien, surtout les pagnes (Senilia senilis), les rochers (Hexaplex spp), les volutes (ou yeet en wolof) (Cymbium spp), les moules et les huîtres.Les racines de la mangrove constituent une véritable nurserie et les bolongs des viviers naturelspour beaucoup de poissons, de céphalopodes et de crustacés.

Généralités sur le genre Pomadasys

Le grand groupe des téléostéens est composé de plusieurs familles parmi lesquelles les Haemulidae (ex Pomadasydae). Ce sont des Perciformes typiques, voisins des Serranidae. Ils s’en distinguent par un corps plus comprimé latéralement, une tête à profil très convexe et un maxillaire en partie recouvert par la région sous-orbitaire. Par ailleurs, la tête est écailleuse et pourvue d’une bouche relativement petite à lèvres épaisses. Le menton présente 1 ou 2 pores en son milieu. La nageoire dorsale, unique, se compose de 10-14 épines et 11-20 rayons mous; les pelviennes, en position thoracique, de 1 épine et 5 rayons mous. L’anale débute par 3 épines, la seconde est souvent la plus forte. Enfin la caudale est généralement fourchue. Les noms de grondeurs, grogneurs, crocos, grunts des anglo-saxons qu’on leur attribue parfois, viennent du fait qu’ils sont capables d’émettre des sons en frottant leurs dents pharyngiennes entre elles, la vessie natatoire servant alors de caisse de résonance. Ce sont des démersales côtières, de taille petite à moyenne, des eaux tropicales et subtropicales; elles abondent particulièrement dans les récifs coralliens de l’Indo-Pacifique. Sur les côtes occidentales d’Afrique, il existe une dizaine d’espèces dont certaines sont très abondantes localement. Cette abondance, alliée à une chair fine et goûtée, leur confère une place importante dans l’économie des pêches.

Description de Pomadasys incisus

Le corps est uniformément gris argenté, sans raies ni points foncés à l’exception d’une tâche noirâtre sur le bord de l’opercule; les nageoires sont jaunâtres. Les plus grands individus (25 à 30 cm) sont très sombres et peu fréquents. La nageoire dorsale comporte 12 épines; l’anale 12-13 rayons mous au lieu de 8 à 10 chez les autres espèces. C’est une petite espèce côtière qui ne dépasse guère 30 cm de long avec comme synonyme Pomadasys bennetti (Lowe, 1841). Les français l’appellent Grondeur métis et les wolofs Dakha.

Milieu de vie et distribution de l’espèce

Pomadasys incisus (Osteichthyes: Haemulidae) dont le nom commun est bâtard grunt est une espèce démersale côtière habitant les eaux marines et saumâtres, généralement à proximité de substrat boueux, à des profondeurs allant de 10 à 100 m mais souvent pas loin de 50 m (Kapiris et al. 2008). Il est également fréquent dans les habitats rocheux et les herbiers marins (Golani et al, 2006) et peuvent parfois vivre en très grands bancs. P. incisus est bien plus fréquent en Méditerranée, principalement dans sa région méridionale, où il fait partie des communautés de poissons en Égypte (El-Mor et al. 2002), Tunisie et au sud de l’Espagne (Serena et Silvestri, 1996). Il est aussi très abondant en Atlantique Est, du détroit de Gibraltar jusqu’en Angola et notamment au niveau des îles Canaries (Pajuelo et al. 2003a, 2003b), en Côte d’Ivoire et au Sénégal (Séret et Opic, 1990).
Sa distribution s’étend dans la région, du détroit de Gibraltar à l’Angola y compris Madère, les îles Canaries et le Cap Vert. Vers le nord s’étendant dans l’ouest de la Méditerranée jusqu’à la mer française de Ligurie (FAO, 2016).

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Biologie et pêche de l’espèce

Cette espèce est gonochorique, aucun dimorphisme sexuel n’est observé entre les mâles et les femelles. Il a une durée de vie relativement courte, de l’ordre de 7 ans. En dépit de sa grande abondance, le grondeur métis n’a pas de valeur commerciale et est rejeté le plus souvent (Pajuelo et al, 2003 ; El-Mor et al. 2002).
Des statistiques séparées ne sont pas déclarées pour cette espèce. Elle est capturée le plus souvent par la pêcherie artisanale. Les espèces sont aussi pêchées accidentellement ou volontairement avec des chaluts de fond, des sennes coulissantes ou des filets. Elles sont commercialisée frais ou salées séchées.

Matériels et méthodes

Choix de l’espèce

Les espèces du genre Pomadasys notamment Pomadasys incisus abondent dans les eaux sénégambiennes. Cette abondance, alliée à une chair fine et goûtée, leur confère une place importante dans l’économie des pêches. Cependant, malgré son abondance dans les débarquements, on note une insuffisance de données provenant de l’étude de cette espèce. Ainsi il parait important de bien connaitre la biologie de ces espèces, notamment Pomadasys incisus dans le but d’entreprendre une méthode efficace de gestion de ces ressources halieutiques.

Stratégie d’échantillonnage

Collecte des données

La collecte des données a été centrée sur la recherche documentaire, les enquêtes de terrain ainsi que sur les travaux faits au laboratoire.

Recherche documentaire

C’est une démarche transversale qui a été effectuée tout le long de cette étude. Elle reste un élément important qui nous a permis de bien comprendre la thématique de l’étude et de prendre connaissance des différents travaux de recherches réalisés sur la biologie et la croissance de Pomadasys incisus. Pour l’essentiel, elle a consisté à la consultation des documents sur les travaux faits sur l’espèce Pomadasys incisus. Cette revue bibliographique a aussi permis de collecter des données sur le genre Pomadasys. Les structures administratives visitées sont:
 la Direction des Pêches Maritimes ;
 le Centre de Recherche Océanographique de Dakar/Thiaroye ;
 le Service des Pêches et de la Surveillance de Joal-Fadiouth ;
 la Direction de la Protection et de la Surveillance des Pêches ;
 le Port Autonome de Dakar.

Enquêtes de terrain

Sur la base d’un questionnaire, nous avons interrogé les pêcheurs de Joal-Fadiouth. Le questionnaire était destiné spécifiquement aux pêcheurs et surtout à ceux qui ont acquis unecertaine expérience dans le domaine de la pêche. Un nombre de 75 pêcheurs ont été enquêté. Elle nous a permis de récolter des informations concernant la pêcherie artisanale maritime des espèces du genre Pomadasys en générale et de Pomadasys incisus en particulier.

Travaux de laboratoire

Les poissons échantillonnés ont été achetés au niveau du port de débarquement de Joal- Fadiouth à partir des débarquements de la pêche artisanale. Les spécimens ont été collectés au hasard sur une base mensuelle de novembre 2018 à avril 2019. Apres échantillonnage, les individus sont mis dans le refroidissement remplis de glace pour être ensuite transportés au laboratoire. Au laboratoire les longueurs (totale et à la fourche) sont mesurées avec unichtyomètre au centimètre prés; les poids (total et éviscéré) déterminés avec une balance électronique de portée 0,1 g pour chaque poisson. Après une dissection la détermination du sexe et des stades de maturité a été faite à partir d’une observation macroscopique des gonades.

Identification de l’espèce

L’identification des espèces a été faite par l’utilisation des clés d’identification de l’ichtyofaune marine de la FAO et du Seret.

Sexage des individus

Le sex-ratio renseigne sur l’équilibre des sexes à l’intérieur d’une population. Le sexage des individus s’est établi par une observation macroscopique des gonades. Les individus de petite taille dont nous n’avons pas pu identifier les gonades sont considérées comme indéterminés. Les gonades mâles de couleur blanche vers nacré se différencie des gonades femelles remplies d’ovocytes et ayant une couleur rosâtre tendant à l’orangée.

Mensuration et pesage des espèces

Les individus sont mesurés avec un ichtyomètre, pour déterminer la longueur totale et la longueur à la fourche. Le poids des individus est déterminé avec une blanche électronique. Ainsi le poids total, le poids éviscéré et le poids des gonades sont mesurés.

Stade de maturité

Les stades de maturités sont identifiés grâce à l’échelle macroscopique d’identification des stades de maturité sexuelle de Hjort commune à toutes les espèces de poissons.

Matériels utilisés

Le matériel d’étude comprend entre autre du petit matériel de travail (papier, crayon, etc.), du matériel informatique de saisie et de traitement des données recueillies. Une balance électronique pour le pesage, un ichtyomètre pour les mensurations, le matériel de dissection et les espèces utilisées comme échantillons.

Exploitation des données recueillies

C’est le logiciel Excel et le logiciel sphinx qui nous ont permis de traiter les données et le logiciel Word pour la saisie du document.

Relations morphométriques

Relation Taille-Poids

La relation taille-poids est un aspect important dans l’étude de la biologie des poissons.
Elle permet de mesurer essentiellement la croissance et l’âge des poissons. Le poisson peut avoir une croissance isométrique ou allométrique. La croissance isométrique est associée à un changement de forme du corps à mesure que l’organisme grandit. La croissance allométrique négative indique que le poisson devient plus mince car il augmente de longueur tandis que la croissance allométrique positive implique que le poisson devient relativement plus gros à mesure qu’il augmente de poids.
La relation taille-poids de type puissance lie la longueur totale, la longueur à la fourche et le poids total ou le poids éviscéré. Elle se définit par la formule suivante :

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