Etude des mécanismes anti-cancéreux induits par milieux activés par jet de plasma froid

Etude des mécanismes anti-cancéreux induits par
milieux activés par jet de plasma froid 

Le plasma en oncologie

 On estime à 400 000 le nombre de nouveaux cas de cancers (incidence) et à 150 000 le nombre de décès (mortalité) en 2017 en France56. Les traitements classiquement adoptés à l’heure actuelle sont la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie, l’immunothérapie mais de nouvelles solutions sont en cours de développement pour augmenter l’efficacité des traitements anticancéreux et diminuer leurs effets secondaires. La première partie de ce chapitre est consacrée à une brève introduction du cancer et ses caractéristiques, puis les méthodes de traitement plasma en oncologie sont détaillées. 

Le cancer

Le cancer est une maladie qui se caractérise par la multiplication et la propagation anarchique de cellules anormales qui, si elles ne sont pas éliminées, vont provoquer plus ou moins rapidement le décès de la personne touchée. Il peut être dû à des facteurs externes tels que le mode de vie ou les facteurs environnementaux, où bien internes comme les mutations héréditaires ou un dérèglement du système immunitaire. 

 Fonctionnement de la cellule

 L’Homme possède des milliards de cellules qui se développent et remplissent une fonction définie, puis meurent de façon programmée. L’organisme fonctionne donc grâce à un équilibre entre la production de nouvelles cellules grâce au mécanisme du cycle cellulaire, la destruction d’autres cellules par apoptose et le mécanisme de mort programmée. Le cycle cellulaire, représenté Figure 2-1, est découpé en 5 phases : • Etat de quiescence (G0) : les cellules attendent un signal pour entrer dans la phase G1. Les cellules peuvent rester plusieurs années dans cet état de quiescence. • Phase de croissance (G1) : les cellules, bien que remplissant l’ensemble des fonctions nécessaire à leur fonctionnement, se préparent à la division cellulaire. La cellule commence à fabriquer des protéines et de l’ARN (agents de l’expression génétique qui traduisent l’information génétique en protéines). Contexte de l’étude – Chapitre 2 – Le plasma en oncologie 48 • Phase de synthèse (S) : l’ADN des cellules est copié, créant ainsi deux paires de chromosomes servant pour chacune de leurs deux cellules filles. • Phase de croissance (G2) : les cellules continuent de fabriquer ARN et protéines en vue de la division. • Phase de division ou mitose (M) : les cellules se divisent en deux cellules filles. La mitose comporte 4 phases appelées prophase, métaphase, anaphase et télophase. Durant ces étapes, les chromosomes se rassemblent à l’équateur de la cellule puis se séparent en chromatides qui vont migrer vers les pôles opposés de la cellule. L’enveloppe nucléaire va ensuite se refermer sur les extrémités de la cellule donnant naissance à deux cellules filles. Figure 2-1 Les phases du cycle cellulaire57 . Le cancer se caractérise par l’envahissement de l’organisme par des cellules qui échappent aux mécanismes d’homéostasie tissulaire (processus qui maintient certaines constantes du milieu intérieur de l’organisme pour en assurer le bon fonctionnement) et ayant une capacité à se répliquer de façon illimitée notamment à cause de mutations de gènes codant différents checkpoints du cycle cellulaire.

 Caractéristiques d’une cellule tumorale 

Une cellule cancéreuse se développe à partir d’une cellule normale qui va être altérée par des mutations qui ne seront pas réparées par les processus habituels. Plusieurs étapes Contexte de l’étude dans le développement du cancer ont été identifiées : l’initiation, la promotion, la progression et l’apparition de métastase61 . Tout d’abord, une lésion majeure (due à des agents environnementaux) se produit au niveau de l’ADN d’une cellule. Cette cellule transformée présente une dérégulation de la prolifération qui augmente et une diminution de l’apoptose. La cellule se multiplie donc de façon anarchique et perd son caractère différencié. Enfin, la tumeur s’étend via le réseau sanguin et lymphatique vers d’autres endroits du corps pour former des métastases. La Figure 2-2 résume les principales étapes moléculaires de la cancérogénèse (d’après le Collège Français des Pathologistes CoPath). Figure 2-2 Bases moléculaires de la cancérogénèse (d’après le Collège Français des Pathologistes CoPath). Contexte de l’étude . Cette transformation de la cellule normale en cellule cancéreuse est un processus long, qui peut durer des dizaines d’années. Au terme de cette transformation, la cellule cancéreuse a acquis un certain nombre de caractéristiques qui ont été mises en évidence par Hanahan et Weinberg en 200062 puis précisées par les mêmes auteurs en 201163 . La Figure 2-3 présente les six principales altérations de la cellule cancéreuse : l’autosuffisance en facteurs de croissance, la résistance aux signaux antiprolifératifs, la réplication cellulaire illimitée, la résistance aux signaux de mort, l’induction de l’angiogenèse et activation de l’invasion et métastase62. Auxquelles ont été ajoutées deux caractéristiques supplémentaires : la reprogrammation du métabolisme énergétique et l’échappement au système immunitaire . Figure 2-3 Mécanismes d’altération conduisant à la cancérisation cellulaire (d’après Hanahan et Weinberg, modifiée). Autosuffisance en facteurs de croissance Les cellules saines sont en général dans un état de quiescence (phase G0 du cycle cellulaire), qui peut durer plusieurs années, en attendant un signal pour rentrer dans le cycle cellulaire en phase G1. Ce passage, de l’état de quiescence au cycle de prolifération est géré par des facteurs de croissance (signaux de croissance, éléments nutritifs, etc.). Les cellules cancéreuses ont la particularité de générer elles-mêmes les facteurs de croissance nécessaires pour rentrer dans le cycle cellulaire. Contexte de l’étude – Chapitre 2 – Le plasma en oncologie 51 Résistance aux signaux antiprolifératifs Afin de gérer le nombre de cellule dans l’organisme (et de garder la meilleur homéostasie possible), celui-ci est régulé par un processus de mise en place de signaux antiprolifératifs. Ces signaux antiprolifératifs sont nécessaires afin de limiter le développement de cellules portant un ADN endommagé et présentant un potentiel oncogénique. Ils sont régulés par des gènes suppresseurs de tumeurs comme le p53, découvert en 1979 et vastement étudié à l’heure actuelle64–69. Ce dernier est une des molécules majeures qui intervient dans la protection contre la croissance de tumeurs. La perte de ce « gardien du génome » est une phase importante du processus de formation du cancer64,65 . Réplication cellulaire illimitée Plusieurs études ont mis en évidence que les télomères protégeant les extrémités des chromosomes jouent un rôle dans la capacité à proliférer de façon illimitée 70,71. En effet, les télomères sont des petites structures répétitives aux extrémités des chromosomes et qui sont raccourcies à chaque division cellulaire participant ainsi au vieillissement de la cellule. La limite de Hayflick72 ou plateau de sénescence réplicative correspond au nombre maximal de divisions cellulaires que peut subir une cellule. Chez les cellules cancéreuses, cette limite n’est pas observée, car une enzyme nommée télomérase est capable d’ajouter des fragments de télomère lors des divisions cellulaires 74. C’est ainsi que la cellule cancéreuse présente un pouvoir de prolifération quasi illimité. Résistance aux signaux de mort Afin de gérer l’homéostasie cellulaire et l’élimination de cellules potentiellement dangereuses, l’organisme à recours à trois principaux types de mort cellulaire: l’apoptose, l’autophagie et la nécrose (Figure 1-4) .

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Table des matières

Résumé
Abstract
Publications & Conférences
Remerciements
Table des figures
Liste des tableaux
Liste des abréviations
Eléments chimiques
Introduction
Partie I : Contexte de l’étude
Chapitre 1 – Le plasma et ses applications
1.1 Physique des plasmas
1.1.1 Généralité sur les plasmas
1.1.2 Création et entretien de la décharge
1.2 Processus physico-chimiques élémentaires du plasma
1.2.1 Processus d’ionisation
1.2.2 Mécanismes de recombinaison électron-ion
1.2.3 Attachement et détachement électronique
1.3 Applications du plasma
1.4 Les dispositifs de plasma froid
1.5 Conclusion
Chapitre 2 – Le plasma en oncologie
2.1 Le cancer
2.1.1 Fonctionnement de la cellule
2.1.2 Caractéristiques d’une cellule tumorale
2.2 Les deux types de traitement au plasma : indirect vs direct
2.3 Objectifs de la thèse
Partie II : Matériels & Méthodes
Chapitre 3 – Caractérisation du jet plasma d’hélium
3.1 Configuration du jet d’hélium
3.2 Outils de diagnostic
3.2.1 Diagnostics électriques
3.2.2 Diagnostics optiques
Chapitre 4 – Caractérisation des milieux activés par plasma
4.1 Résonnance Paramagnétique Électronique (RPE)
4.1.1 Principe de la résonnance paramagnétique électronique
4.1.2 Utilisation de piégeur
4.2 Fluorescence
4.2.1 Principe de fluorescence
4.2.2 Dosage du peroxyde d’hydrogène
4.3 Colorimétrie
4.3.1 Principe de la colorimétrie
4.3.2 Dosage des nitrites/nitrates
4.4 Chromatographie en phase liquide et spectrométrie de masse (LC/MS)
4.4.1 Principe de la LC/MS
4.4.2 Analyse de la dégradation des acides aminés par LC/MS
Chapitre 5 – Supports biologiques in vitro et in vivo
5.1 Lignées cellulaires
5.1.1 Cellules issues d’un cancer colorectal humain : lignée HCT-116
5.1.2 Cellules issues d’un cancer tête et cou humain : lignée FaDu
5.2 Culture cellulaire
5.3 Culture cellulaire en 3D : sphéroïdes tumoraux
5.4 Activation du milieu par jet plasma et traitement cellulaire
5.5 Analyses biologiques in vitro
5.5.1 Suivi de volume (courbe de croissance)
5.5.2 Viabilité cellulaire
5.5.3 Caractérisation de l’intégrité de la membrane plasmique
5.5.4 Détection de la mort cellulaire par apoptose : observation de l’activation des caspases
5.5.5 Analyses statistiques in vitro
5.6 Expérimentations biologiques in vivo
5.6.1 Éthique
5.6.2 Modèle murin : la souris nude
5.6.3 Implantation et traitement des tumeurs humaines dans un modèle murin
5.6.4 Suivi de la croissance tumorale
5.6.5 Analyse statistique in vivo
5.7 Conclusion
Partie III : Résultats expérimentaux – Caractérisation du jet plasma & Interactions avec une cible liquide
Chapitre 6 – Caractérisation du jet plasma d’hélium
6.1 Caractérisation électrique
6.2 Etude de la dynamique du jet du plasma
6.2.1 Jet libre
6.2.2 Cible de DMEM à 2 cm
6.2.3 Vitesse de propagation
6.3 Analyse par spectroscopie d’émission
6.4 Conclusion
Chapitre 7 – Interaction plasma/milieux : caractérisation physico-chimique
7.1 Analyse du pH et de l’osmolarité après exposition au plasma
7.2 Analyse du radical hydroxyle ●OH
7.3 Formation de l’anion superoxyde O2
7.4 Quantification de la concentration du peroxyde d’hydrogène H2O2 115
7.5 Production d’oxygène singulet 1O2
7.6 Production du radical hydrogène ●H
7.7 Formation d’oxyde nitrique ●NO
7.8 Anions nitrite NO2
– et nitrate NO3
7.9 Traitement plasma des acides aminés en milieu aqueux
7.10 Conclusion
Partie IV : Résultats expérimentaux – Effets biologiques du PAM sur les cancers du côlon
(HCT-116) et de la tête et du cou (FaDu)
Chapitre 8 – Analyse in vitro et in vivo de l’activité cytotoxique et génotoxique du PAM sur les cellules de la lignée de cancer colorectal (HCT-116)
8.1 Le PAM comme traitement anti-tumoral : mécanismes in vitro et preuve de concept in vivo
8.1.1 La croissance des sphéroïdes est ralentie avec l’augmentation du temps de contact avec le PAM
8.1.2 Le PAM altère la viabilité cellulaire et la mitochondrie
8.1.3 Induction de la mort cellulaire par apoptose et nécrose suite à un traitement PAM
8.1.4 Traitements successifs et effet cumulatif anti-cancéreux
8.1.5 Effets anticancéreux d’injections successives de PAM in vivo dans un modèle murin
8.1.6 Conclusion
Chapitre 9 – Analyse in vitro de l’activité cytotoxique et génotoxique du PAM sur les cellules de la lignée de cancer tête/cou (FaDu)
9.1 Effets biologiques du PAM sur des FaDu cultivées en monocouche, 24h après exposition
9.2 Étude en 3D, 24h après traitement
9.3 Effet du PAM sur les sphéroïdes
9.4 Comparaison entre les études 2D et 3D : Effets à 48h
9.5 Le PAM augmente la viabilité cellulaire des micro-tumeurs FaDu
9.6 Effet du peroxyde d’hydrogène
9.7 Traitements successifs des sphéroïdes FaDu par du PAM ou de l’H2O2
9.8 Conclusion
Conclusions & Perspectives
Bibliographie

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