La Gambie
La Gambie, un pays entouré par le Sénégal sauf au point d´ouverture sur l´océan atlantique, est située entre 13º 12 et 13º 35 de latitude Nord et 13º 47 et 16º 50 de longitude Ouest. Le pays s´étend de l a côte sur 470 K m à l’intérieur des terres et est divisé en deux par le fleuve Gambie. C’est un petit pays avec une superficie de 11300 Km².
Le climat est de type soudano-sahélien avec une longue saison sèche de huit à neuf mois (mi-octobre à mi-juin) et une saison des pluies de trois à quatre mois (mi-juin à octobre). La moyenne des précipitations peut varier de 650 mm à 1200 mm selon les années et les zones. Les températures mensuelles annuelles varient entre 28ºC et 30ºC (Ankers et al., 1994). Les températures moyennes mensuelles maximales peuvent atteindre 42ºC en avril et les minima moyennes mensuelles de 13ºC en novembre.
La végétation est de type savane boisée.
L´élevage
Principaux systèmes de production
La Gambie est un pays dont plus de 80% de la population vit de l´agriculture et de l´élevage. Au niveau des différentes espèces animales domestiques exploitées pour l’alimentation et l’agriculture, les systèmes de production extensifs utilisant très peu d’intrants constituent les modes de production dominants. Ces systèmes qui se sont façonnés au fil du temps reposent sur l’élevage de races animales qui sont adaptées aux conditions du milieu. Les systèmes de production existant traditionnellement dans les différentes zones agro-écologiques ont dû s’adapter aux nouvelles conditions du milieu (réduction des parcours naturels, diminution de la pluviométrie, demande urbaine importante et plus exigeante).
L´élevage occupe une place importante dans l’économie du pays et dans la société. Il est pratiqué par les hommes en majorité. Il est dominé par la transhumance et participe environ à 5% du PIB de l ´économie nationale. Par contre un élevage de type semi-intensif se développe de plus en plus dans les zones périurbaines de la capitale (Banjul) avec les races croisées. L’élevage de type extensif intéresse toutes les couches ethniques de la société : Peulh, Diola, Mandinka, Wolof et Sérère. L’élevage semi-intensif est par contre pratiqué par les hommes qui ont des moyens financiers.
En Gambie, beaucoup d’espèces animales domestiques sont élevées (bovins, ovins, équins, porcs et volailles). On note par ailleurs le développement et la modernisation de l´aviculture qui était jusque là traditionnelle.
Cheptel bovin
La majorité du cheptel national est constitué par la race Ndama (Sock et al., 2001). Les bovins sont regroupés dans des troupeaux dont le nombre varie de 4 à 27 têtes. Le nombre de bovins par troupeau est estimé de 35 à plus de 100, la plupart appartenant à des hommes. Les femmes possèdent 20 à 30% des bovins dans un troupeau, acquis à travers le paiement de la dot, échange de petits ruminants avec un bovin ou directement par achat. Mais même si les bovins leur appartiennent, elles ne contrôlent pas toujours la gestion et la commercialisation.
Les troupeaux de bovins sont gérés à 64% par des bergers membres de la famille ou à 36% par des bergers rémunérés soit par mois soit à la fin de l´année (Sock et al., 2001). Les bergers rémunérés ont souvent la totalité du l ait qui leur revient. Dans les Central River Division (CRD) et Upper River Division (URD), la majorité des troupeaux est conduite au pâturage par leurs propriétaires et dont le lait est consommé par la famille ou est vendu.
Le recensement des volailles et des porcs n´a pas été effectué par la direction de l´élevage depuis plusieurs années. L´élevage de ces espèces se développe de plus en plus dans tout le pays. L´élevage porcin se développe en zone périurbaine et intéresse les non musulmans qui représentent moins de 5% de la population. L´aviculture, de mode traditionnel extensif est caractérisée par la production d’un petit nombre de sujets. En zone périurbaine certaines couches de la population s´intéressent aux souches exotiques pour la production d´œufs.
Les races bovines élevées en Gambie
La race Ndama
Le bovin Ndama est une race locale de l ’espèce Boss taurus africanus. Le berceau de cette race se situe au Fouta Djalon en Guinée et s´est étendue dans toute la zone du s ahel (Sénégal, Mali, Togo, Burkina Faso). Cette extension s´explique par la tolérance aux trypanosomes, agents de la trypanosomose transmise par les mouches tsé-tsé. En revanche son e xpansion est limitée au nord de l’Afrique par sa faible adaptation à la sécheresse. Le bovin Ndama a servi de base à des croisements avec des races européennes plus productives. La couleur de la robe varie allant du noir au froment, en passant par diverses nuances de brun fauve. Les muqueuses sont claires et le cornage court. C´est une race rustique, de petite taille dont la hauteur au garrot varie de 0,95 à 1,10 m. A l´âge adulte un bœuf atteint de 250 à 350 kg.
Cette race a de bonnes aptitudes bouchères, offrant une viande de bonne qualité et un rendement de carcasse supérieur à 50%. Ses aptitudes laitières sont assez limitées. La production atteint environ 500kg par lactation (Ageymang et al., 1997). Sa force de travail est utilisée pour le labour ou la traction de charrette
Les races croisées ou F1
En Gambie, comme dans beaucoup de pays de l´Afrique de l´ouest le gouvernement importait presque la plus grande partie du l ait durant ces dernières décennies pour réduire le déficit qui existait entre la demande et la production nationale. Pour diminuer les importations de lait l´Etat a encouragé l´introduction d´espèces européennes à potentiel laitier élevé pour augmenter la productivité par le biais d´insémination artificielle. Des croisements entre les vaches laitières européennes et les vaches locales (Ndama ou Gobra) ont été préconisés dans plusieurs pays tropicaux pour augmenter la production de lait par animal. Ainsi, dans beaucoup de pays sahéliens dont la Gambie, des programmes basés sur la production continue de F1 (Madalena, 1993) ont été appliqués entre les vaches européennes à rendement laitier élevé et les vaches locales (Vaccao, 1974 ; MCDowell, 1985 ; Syrstad, 1989 ; Syrstad, 1990 ; Rege et al., 1994 ; Tawah et al., 1999).
En 1999, une insémination artificielle a été effectuée dans la zone périurbaine de Banjul sur 187 vaches Ndama (Diack, et al., 2005). Le recensement de 2000, a permis d´identifier 23 naissances soit un pourcentage de 12,29%. Le taux de réussite de l’insémination a été vraiment faible. La production lactée par jour a été estimée de 4 à 5 litres pour les F1 Friesian et de 3.5 à 4.7 litres pour les F1 Jersey. La production de lait des F1 Ndama est sensiblement égale à la production des vaches Gobra mais largement supérieure à la production des vaches Ndama.
Le poids moyen de 19 gé nisses à l´âge de la puberté (16 m ois), pesées à la station de l’I.T.C à K err Serign a été de 113 k g. Les métis mâles peuvent atteindre des poids de 500 à 650 kg lorsqu´ils sont élevés en station. Cependant, on rencontre des croisements entre Ndama X Gobra nommés Djakoré. On note aussi des zébus Maure en provenance du Sénégal.
Les contraintes sanitaires
Depuis quelques années, les maladies infectieuses du bétail resurgissent régulièrement sur l a scène médiatique, avec des conséquences parfois dramatiques en termes de santé animale ou de santé publique. D’autres maladies entraînent des pertes, plus discrètes mais récurrentes, pour les éleveurs des pays tropicaux telles que : péripneumonie contagieuse bovine, peste porcine africaine, trypanosomose… (Lefèvre et al., 2005).
Les maladies infectieuses
Les maladies qui affectent le bétail gambien ont un impact significatif sur la productivité et la production animales, sur le commerce des animaux vivants, de la viande et des autres produits d’origine animale, sur la santé humaine et par voie de conséquence, sur le processus de développement économique. Lorsque le bétail destiné à l’alimentation est frappé par des épidémies, les inquiétudes du public sur la sécurité alimentaire se font plus vives. Certaines maladies animales n’ont toutefois aucune répercussion sur la chaîne alimentaire. Par contre d’autres maladies animales ont des conséquences désastreuses sur la santé publique, car elles sont transmissibles de l’animal à l ’homme, d’où l eur appellation de zoonoses. Ces pathologies sont très nombreuses et diversifiées. Parmi celles qui affectent le plus le bétail gambien, citons : la péripneumonie contagieuse bovine, la peste bovine, la tuberculose, les pasteurelloses, la fièvre aphteuse et la dermatose nodulaire cutanée.
Les maladies parasitaires
Les parasitoses sont des maladies très répandues dans la zone subsaharienne et entraînent beaucoup de pertes directes ou indirectes chez les bovins dans ces localités. Parmi ces maladies, citons : les gales mais surtout la trypanosomose bovine qui est très ancienne en Afrique pour l aquelle aucun vaccin n’est encore disponible.
La trypanosomose bovine
Les trypanosomoses sont des affections parasitaires graves provoquées par des protozoaires appartenant à l a famille des Trypanosomatidés et au genre Trypanosoma, qui se multiplient chez les mammifères dans le sang, la lymphe et divers tissus, dont le muscle cardiaque et le liquide céphalorachidien. Ce sont des maladies infectieuses, inoculables, non c ontagieuses, qui évoluent généralement sous une forme chronique, et s’accompagnent d’une symptomatologie variable suivant l’espèce animale infectée et l’agent pathogène incriminé. Nous distingueons, les trypanosomoses africaines des bovins transmises par les glossines, regroupées sous le terme de Nagana. Elles sont dues T. brucei, T.vivax, T. congolense. Sont touchées l’Afrique centrale et de l’ouest.
Les principaux vecteurs des trypanosomes sont représentés par différentes espèces de glossines ou mouches tsé-tsé. Les différents sous-groupes et espèces de glossines occupent différentes niches écologiques plus ou moins sensibles aux modifications apportées par l’homme et ses activités. En Gambie, les espèces de glossines les plus importantes sur le plan économique sont largement distribuées dans les différentes zones agro-écologiques du p ays. Les résultats entomologiques indiquent que deux espèces seulement de gl ossines sont retrouvées à savoir : Glossina morsitans submorsitans et Glossina palpalis gambiensis. Cette dernière espèce se trouvant dans les zones qui longent le fleuve Gambie. Glossina morsitans submorsitans est présente presque dans tout le territoire excepté les environs de la côte et dans la partie nord du pays.
Cependant, Ceesay (2002) a montré, par une étude menée par I.T.C en Gambie que 75% des glossines infectées l’étaient par Trypanosoma vivax.
Notons que la présence de trypanosomes chez un hôte sensible ne se traduit pas nécessairement par une expression clinique. De nombreux facteurs d’ordre génétique (races trypanotolérantes), individuel (état nutritionnel, antécédents pathologiques) influent sur la multiplication et la sensibilité des hôtes. Les parasites sont transmis par divers insectes hématophages, ceux-ci peuvent être des vecteurs mécaniques (transmission passive lors de repas sanguins multiples et rapprochés, le parasite étant transporté sur les pièces buccales souillées de l’insecte) ou des vecteurs biologiques (le parasite effectue un cycle évolutif plus ou moins complexe dans l’insecte avant d’être transmis).
De multiples insectes hématophages peuvent jouer le rôle de vecteurs mécaniques. Les plus importants sont les tabanidés et les stomoxes. Seules les glossines (ou mouches tsé-tsé) sont des vecteurs biologiques. Les trypanosomes se multiplient et connaissent des phases de maturation à l’intérieur de différents organes de l’insecte. Les cycles diffèrent selon les espèces de trypanosomes.